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Nadia
J'ai avorté à 19 ans, en octobre 2000 à Paris, dans un hôpital public,
par voie médicamenteuse. J'étais étudiante et je vivais encore chez mes
parents, j'avais un copain depuis un an, c'était mon premier grand
amour.
J'avais arrêté la pilule depuis un mois car j'avais contracté la fièvre
typhoïde durant des vacances au Sahara. J'ai donc été très malade,
bourrée d'antibiotiques. …et pourtant! j'ai eu quelques rapports à la
fin de ma convalescence et voilà, je suis tombée enceinte. Pour moi, il
n'y a pas eu le moindre doute, il fallait interrompre la grossesse parce
que j'étais bien trop jeune et en plein dans des études qui me
passionnaient. Mon copain m'a soutenue jusqu'au bout. Quand j'ai fait le
test, je n'ai pas paniqué, je me suis dit que j'irais dès le lendemain
au planning familial et qu'ils me donneraient les informations là-bas.
En effet, ils m'ont absolument tout expliqué et j'ai choisi la méthode
par RU 486. L'avortement a eu lieu une semaine plus tard après deux
visites chez la gynécologue. Pour moi, ça ne s'est pas très bien passé.
J'ai eu très mal au ventre, des nausées et rien n'y faisait. Ils ont dû
me redonner de la prostaglandine et ça a marché mais au bout de longues
heures et d'angoisses. Finalement je n'ai pas eu de complications à part
des saignements abondants pendant un mois. Heureusement, j'ai eu affaire
à des infirmières très compatissantes et rassurantes à l'hôpital. Mais
ma gynécologue m'avait fait culpabiliser en nous traitant, mon copain et
moi, d'irresponsables. Je suis triste quand je pense à cet épisode
de ma vie, mais pas au point de déprimer réellement!
Mais tout ça est fini et je pense sincèrement qu'il vaut mieux passer
par là que mettre un enfant non désiré au monde!
Anastasia
J'ai 19 ans et je viens de subir une ivg par voie médicamenteuse.
Depuis plus d'une année j'étais avec le même ami, mais depuis quelques
mois ça n'allait plus tellement bien, nous étions si différents. Alors
je l'ai quitté pour quelqu'un d'autre, sur un coup de tête. Au début
tout était génial. Il avait 26 ans, il était mûr, il me correspondait
totalement. On utilisait le préservatif, cependant un jour il a craqué
et j'ai pris la pilule du lendemain. Mais j'ai commencé à avoir des
nausées, des maux de ventre, enfin des symptômes d'une grossesse. J'ai
fait un premier test qui était négatif, mais j'étais sûre d'être
enceinte. Alors j'ai attendu quelques jours et j'ai refait un test qui
cette fois était positif. J'étais heureuse et je l'ai donc annoncé à mon
ami. Il fut surpris, mais il m'a dit qu'il était heureux lui aussi. Je
lui ai demandé plusieurs fois car j'avais peur, ça ne faisait qu'un mois
qu'on était ensemble. Il m'a dit qu'il voulait le garder. Je me
préparais à accueillir cet enfant, mais lui ne s'y intéressait pas,
alors j'ai commencé à avoir peur et je lui en ai parlé. Il m'a envoyée
promener. Puis il ne me parlait plus.
Je n'en pouvais plus, la grossesse me rendait malade et j'avais perdu
mon travail. Le jour ou je lui ai dit il m'a hurlé et m'a dit que je
devais avorter. Pour moi d'abord c'était hors de question, mais je me
suis rendue compte que je n'arriverais jamais à le garder seule. Je me
suis rendue compte aussi que je n'aimais pas vraiment cet homme et que
je ne souhaitais pas faire ma vie avec. J'ai bien réfléchi et je me suis
dit que l'avortement était la meilleure des solutions. Le jour ou
j'aurais un enfant je souhaiterais tout son bonheur avec deux parents
qui s'aiment et qui l'aiment, je souhaiterais tout lui apporter et là
c'était impossible.
J'ai quitté cet homme et le lendemain j'ai revu mon ex. Je lui ai tout
expliqué et il m'a beaucoup aidé. C'est lui qui m'a soutenue durant
l'avortement et qui était là pour moi. Cela m'a aidé à surmonter cette
décision, et je me suis rendue compte que c'est lui que j'aime et c'est
avec lui que je souhaite plus tard avoir des enfants.
Je ne regrette pas, mais parfois ça fait quand même mal. Je n'ai pas
souhaité être suivie psychologiquement, je pense que c'est à moi seule
de faire un travail sur moi pour bien voir qu'au fond c'était mieux pour
moi et pour l'enfant ainsi. Je suis soutenue par mon ami. Je l'aime plus
que tout. Ma famille me soutient aussi et a toujours respecté mes choix.
Priscilla
J'ai 24 ans et j'habite en Belgique. Il y a 3 mois j'ai avorté par la
prise de médicaments (ce qui se fait en deux prises).
Vous allez sûrement vous dire que pourtant je suis en âge de garder un
enfant, mais il se fait que dans la vie il y a des choses que l'on ne
peut pas prévoir!!
J'avais une relation avec un garçon depuis quelques mois, mais je savais
pertinemment qu'il ne voulait pas s'engager. Je suis restée avec lui
parce que j'ai toujours eu un espoir qu'il change d'avis…
Quand j'ai me suis rendu compte que j'étais en retard de quelques jours
je me suis dit que ce n'était pas grave car ça m'était déjà arrivé. De
plus j'avais toujours des crampes dans le ventre ce qui fait que je
pensais que ça ne tarderait plus.
Mais c'est là ou on se trompe, car justement c'est un des premiers
symptômes de la femme enceinte. Plus les jours passaient, plus je me
doutais de ce qui m'arrivait!
Mais au fond de moi je n'avais pas vraiment envie de savoir. Par peur
sûrement! Puis je me suis confiée à ma cousine, qui elle directement a
été acheter un test. Quand j'ai fait le test il n'a pas fallu 1 min pour
que l'on soit fixé! Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer!!!
Mais je vous avouerai qu'après quelques minutes je me suis effondrée.
Pour moi il est hors de question d'avoir un enfant sans que le père et
la mère soient ensemble et qu'il y ait un minimum d'amour! Car un enfant
c'est quand même le fruit de l'amour.? Et si moi j'étais malheureuse lui
aurait été malheureux, et ça je ne me l'aurais jamais pardonné! En plus
il faut pouvoir assumer un enfant tant mentalement que
financièrement….
Je me suis posé des milliers de questions… Ce qui est certain c'est
qu'il faut se confier à quelqu'un pour que l'on vous accompagne dans les
démarches. Moi je me suis confiée à ma maman, et elle m'a accompagnée
partout!! Je dois dire que sans elle je n'aurais jamais su surmonter
ça!!!
Pourtant j'ai fait ça dans une clinique où tout le monde a été super
gentil et très très à l'écoute de ce que je ressentais. Tout d'abord ma
gynéco ma rassurée, et très bien expliqué comment ça allait se passer.
Après j'ai vu la psychologue qui elle a essayé de savoir si c'était bien
ma décision personnelle! Ensuite elle m'a donné son numéro de téléphone
au cas où j'avais des questions… Mais surtout elle ne ma pas jugée !!!
Toutes les décisions prises à ce sujet ne peuvent pas être jugées, car
chaque personne est différente et chaque personne a ses raisons bien à
elle!!!
Ils ont tout fait pour que je ne me sente pas coupable. Mais on se sent
toujours coupable… C'est un mal-être que l'on ne peut pas gérer, j'y
pense tous les jours, mais je vis avec!!
La seule chose que je déconseille, c'est que quand on fait une écho, ne
la regardez pas!! Moi je me sentais forte, et j'ai regardé. Je peux vous
dire que je me suis effondrée!!!
Si mon expérience peut aider quelqu'un, ça me ferait vraiment plaisir!
Mais quelle que soit la décision que vous prenez, faites-le pour vous et
pour personne d'autre!!!!
Ninon
Je suis une jeune fille de 18 ans et il y a quelques semaines je me suis
fait avorter. Je suis avec mon chum depuis un an et nous n'avions aucune
intention d'avoir un enfant et même que notre décision était prise il y
a bien longtemps. J'avais arrêté la pilule car j'avais beaucoup de mal
de ventre et de tête. Je l'ai dit à mon chum et nous avons fait très
attention. Malgré ça… je suis tombée enceinte. Alors, j'ai appris
qu'il fallait mieux se protéger.
L'avortement c'est très bien passé et je n'ai absolument rien senti. Les
infirmières et le médecin étaient très gentils et compréhensibles.
Alors, un conseil: ne négligez jamais de vous protéger…
Pascale
J'ai 35 ans. J'ai été enceinte au début de l'année 2003. Je suis avec un
homme marié, qui habite l'étranger. Je lui ai parlé une fois de ce sujet
: et si on attendait un enfant par accident qu'est-ce qu'il se
passerait? Sa réponse a été qu'on le garderait… Mais la réalité a été
tout autre. Fin janvier je lui ai dit qu'on attendait un enfant. J'étais
heureuse, cool, sereine, quoi hyper bien. Je voulais qu'on le garde,
même si j'assumais tout toute seule, cela ne me dérangeait vraiment pas.
Il n'a pas dit grand chose! Un mois après, il m'a demandé d'avorter.
J'en ai parlé à trois amies, j'avais besoin de parler… chose vraiment
rare chez moi qui écoute les autres. Je me suis retrouvée bien seule…
Elles m'ont tourné le dos, pris pour une mythomane. Avec mon ami la
situation se dégradait très souvent en colère, il fallait penser à sa
femme, ses trois enfants, sa notoriété, sa fortune, son poste à haute
responsabilité dans une multi-nationale. J'ai fait cette interruption de
grossesse, pour sauver mon semblant de couple. Depuis, je ne suis pas
moi. J'ai vraiment une grande tristesse. J'ai essayé d'avoir de l'aide
psychologique… mais il y a beaucoup d'attente. Ce n'était pas ma
première IVG, l'autre je l'ai très bien assumée… Mais celle-ci je n'ai
pas compris pourquoi j'ai dû la faire.
Lara
J'ai 28 ans et 3 enfants dont une petite fille qui a 11 mois. J'ai vécu
des moments difficiles dans ma vie. Alors que mes deux premiers enfants
avaient 8 mois et 20 mois, mon mari nous a abandonnés le soir de Noël.
Ont commencé les tumultes du divorce. Mon mari était violent avec moi
parfois, mais malgré tout je l'aimais. J'ai réussi à m'en sortir et puis
un jour j'ai cru que le bonheur était venu sonner à ma porte comme un
renouveau, j'ai commencé une nouvelle vie. Il a accepté mes enfants
comme les siens et nous avons eu une petite fille. Tout c'est passé bien
jusqu'au jour où tout a basculé et là le cauchemar…. J'ai resubi des
violences…. Et puis je suis tombée enceinte dernièrement alors que
nous étions en pleine séparation."Il m'aime" m'a -t-il dit, il regrette,
il ne recommencera plus. J'ai tellement voulu le croire que je me suis
laissée aller naïvement. Aujourd'hui avoir un enfant serait de la pure
folie, il ne pourrait pas être heureux, je suis perdue et désemparée, je
ne veux pas que mes parents le sache, je ne veux pas mettre au monde un
enfant conçu dans la séparation. Je suis fatiguée de ces conflits
perpétuels avec ces deux hommes. J'ai rendez-vous demain avec le
spécialiste, j'ai très peur, j'essaie de cacher tout ça…. Hier j'ai vu
un médecin généraliste qui m'a donné les démarches à suivre et j'ai
craqué, j'ai pleuré mais il a été rassurant et je me suis rendu compte
qu'il valait mieux interrompre une grossesse plutôt que de donner
naissance à un enfant qui sera malheureux…
Nicole
J'ai 35 ans, mariée depuis 8 ans. Mon mari et moi voulions cet enfant.
L'hiver dernier alors que je n'arrivais pas à tomber enceinte, nous
avons été chez mon médecin qui a détecté une endométriose, ce qui rend
stérile. Il m'a opérée et soignée et même pas un mois après, j'ai été
enceinte. C'était trop beau pour être vrai ! Mais lorsque nous avons été
chez le médecin pour faire la prise de sang habituelle pour vérifier
tous les facteurs, il a détecté que j'avais fait des anti-corps du
cytomégalovirus (CMV) alors que je n'en avais pas au mois de juin…
C'est alors que nous avons vécu 1 mois entre espoir et désespoir. En
effet, j'ai dû subir plusieurs examens (amniocentèse, ponction de sang
sur le foetus) pour savoir si le foetus était atteint par le virus ou
non. Le verdict est tombé la semaine dernière. Oui, il est atteint. Nous
avons alors pris la décision, mon mari et moi, de procéder à une IVG,
car ce virus peut provoquer de graves atteintes chez le bébé et
certaines ne peuvent être détectées qu'à la naissance.
Je tiens surtout par ce message, à remercier toutes les personnes qui
nous ont entourés et surtout mon médecin, car, étant donné que ce virus
ne touche que 1% à 3% des femmes enceintes, tous les gynécologues ne
procèdent pas au test pour détecter le CMV. Nous n'osons pas imaginer
notre vie, si mon médecin n'avait pas fait le test ! Aujourd'hui j'en
suis à la 22ème semaine et dimanche je rentre à l'hôpital pour cette
intervention.
Ce que j'aimerais encore ajouter, c'est que la décision ne fut pas du
tout facile à prendre, mais nous croyons qu'il vaut "mieux une fin avec
douleur, qu'une douleur sans fin". Je tiens également à dire que nous,
femmes, avons besoin de soutien, mais n'oublions pas le mari et la maman
qui a parfois vécu une situation semblable, mais dans des années où il
n'existait pas encore de péridurale et où la femme n'avait pas le même
statut qu'aujourd'hui. Nous êtres humains avons de la chance d'oublier
la douleur et nous estimons, mon mari et moi, avoir beaucoup de chance
dans notre malheur, déjà parce que nous savons que cela fonctionne. Je
ne souhaite à personne cette période que j'ai vécue. Mon mari et moi
savons qu'elle fera partie dorénavant de notre vie, mais nous ne
désespérons pas de voir notre famille s'agrandir.
Bon courage à toutes et à tous..
Angeline
Il y a 6 mois environ, on a 'diagnostiqué' chez moi la ménopause. Mon
médecin m'a dit que je n'avais plus besoin de contraceptifs.
Pourtant il y a quelque temps, j'ai eu un pressentiment, j'avais une
tension dans les seins qui aurait pu être due à la ménopause, et
parfois, comme une sorte de fatigue. J'ai fait un test de grossesse qui
s'est révélé positif. Je me suis rendue le jour même chez le médecin et
à l'échographie il a vu un sac embryonnaire (environ 4 semaines).
La question ne s'est presque pas posée, j'ai 45 ans, 2 enfants encore
petits ( 7 et 4 ans). La deuxième grossesse (à 40 ans) avait déjà été
difficile. Mon mari et moi ne désirions pas d'autre enfant.
J'habite à Zurich. Entre le test de grossesse et l'IVG il s'est passé 8
jours. Dès le premier jour je me suis informée sur l'évolution de
l'embryon, sur les interruptions de grossesse, sur la Mifégyne etc… Il
y a des sites des organisations anti-IVG qui donnent une information
biaisée. J'ai aussi contacté un centre de planning familial à Lausanne
pour avoir un entretien.
Le médecin m'a donné la pilule (Mifégyne). De passer à l'acte et
d'avaler les cachets a été dur, mais il me semblait que je devais le
faire, que c'était la meilleure décision pour le bien de la famille. Je
ne suis pas pratiquante ni pas vraiment croyante mais j'ai éprouvé le
besoin de me recueillir.
Je me suis rendue chez le médecin pour la deuxième prise de médicament,
je devais rester en observation l'après-midi. J'ai pu faire garder mes
enfants par une amie. J'étais avec l'assistante médicale dans un centre.
Elle contrôlait la pression artérielle toutes les 1/2 heures.
J'ai eu les premiers saignements environ 20h après la prise de Mifégyne.
Pas de grandes douleurs, juste une petite tension dans le bas ventre,
les saignements ont été très modérés. J'ai presque regretté que cela se
passe sans même s'en apercevoir, comme si j'aurais du souffrir car c'est
pour moi un acte grave.
Le médecin s'est excusé, il m'a dit qu'en 15 ans de pratique il n'avait
jamais vu une femme être enceinte avec de telles valeurs de FSH (une
hormone). Il m'a dit (pour me consoler?) que j'avais plus de 50% de
chance de faire une fausse couche et qu'à 45 ans il m'aurait découragée
d'avoir un enfant si je l'avais désiré.
Christelle, 20 ans
En décembre 2000, je n'ai pas eu mes règles. Je ne m'inquiétais pas à ce
moment, je faisais une dépression, je ne mangeais pratiquement plus
rien, je pensais que je n'avais pas mes règles car j'avais perdu trop de
poids. Puis les semaines passaient, et en janvier 2001 mon copain avec
qui j'étais depuis un an déjà, m'a acheté un test de grossesse. Là le
choc, c'était positif, je n'avais pas eu mes règles depuis presque 2
mois, je n'avais donc pas beaucoup de temps pour prendre une décision.
Je suis allée au planning familial avec mon copain, on a discuté pour
arriver à la conclusion que c'était mieux pour moi que j'avorte. J'avais
17 ans, encore en études et pleine de projets avant de vouloir fonder
une famille. Mon copain étant lui aussi très jeune, 16 ans et en
apprentissage. Je ne voulais pas que cela se sache, je voulais pas en
parler à mes parents. Pourtant il a bien fallu. Je ne l'ai dit qu'à ma
mère. Elle a bien réagi, elle m'a écoutée et je pense comprise sur mon
choix. J'ai donc subi l'aspiration à l'hôpital Pourtalès de Neuchâtel.
J'ai été très bien accueillie, je me sentais en sécurité et pas toute
seule. Le moment difficile a été de voir l'embryon à l'échographie, et
avant de partir pour l'intervention, là je me posais plein de questions.
Après tout ça, je pensais pouvoir surmonter cette épreuve, mais j'ai
beaucoup pensé à cet enfant que j'aurais pu avoir, c'est seulement à ce
moment que j'ai réalisé véritablement que j'avais été enceinte. Le
soutien des conseillères du planning familial m'a beaucoup aidée. J'ai
commencé la pilule que je n'avais jamais prise auparavant. La relation
avec mon copain fut difficile pendant quelque temps, mais notre couple a
survécu.
Un an plus tard, j'ai arrêté la pilule. Je n'allais pas bien, je
repensais à cette IVG de l'année d'avant. Je pense qu'inconsciemment
je voulais à nouveau être enceinte pour soulager ma conscience. Mai
2002, à 19 ans je découvre que je suis enceinte à nouveau. Toujours avec
le même copain et en pleine période d'examens, c'est la panique. Nous
décidons ensemble d'interrompre cette grossesse. Je suis retournée au
planning qui m'avait bien aidée lors de mon précédent avortement.
J'étais enceinte de 5 semaines, j'ai pu donc avorter avec la pilule
RU486 [Mifégyne]. Personne ne m'a jugée du fait que c'était la deuxième
fois et ce geste m'a beaucoup touchée.
Aujourd'hui, je suis toujours avec le même copain, cela fait 3 ans qu'on
est ensemble. Souvent je pense à ce que serait ma vie maintenant si je
n'avais pas eu ces interruptions de grossesses. Je regrette parfois…
la première intervention me fait plus de mal, peut-être parce que
j'étais presque au 3ème mois de grossesse, je ne sais pas.
Véronique
J'ai 27 ans et il y a quelques semaines, je venais de découvrir que
j'étais enceinte, toute seule, à l'autre bout du monde, à New York. Je
suis hôtesse de l'air.
Je me sentais terrifiée. J'aime mon ami plus que tout au monde. Il est
l'homme avec qui je veux passer le reste de ma vie, avec qui je veux
avoir des enfants. Mais pas maintenant. Pour plusieurs raisons. J'ai un
grave désordre alimentaire : après plusieurs années d'anorexie
accompagnée d'aménorrhée, j'ai basculé dans la boulimie, et à présent,
j'ai à nouveau de fortes tendances anorexiques. Je ne suis donc ni en
santé physique, ni en santé mentale pour élever un enfant maintenant.
Finalement, mon ami va bientôt se retrouver au chômage pour
restructuration conjoncturelle. Alors je me disais que ma seule
solution, c'était l'IVG. Car un enfant dans cette situation, ça n'était
pas concevable pour moi, ni pour lui. Pourtant, je me sentais coupable.
Ayant été élevée dans la religion catholique stricte, l’avortement est
un péché mortel. Même si je ne suis plus croyante. Je me sentais
terrorisée et coupable…
J'ai finalement pris ma décision, en accord avec mon ami. J'ai subi une
IVG par voie médicamenteuse. La décision était pour moi assez claire, vu
que je ne me sens pas en état de mener une grossesse à terme. J'ai eu
une longue discussion avec mon gynécologue. Je lui ai expliqué ma
situation : mes 3 tentatives de suicide, les abus émotionnels de ma
famille pendant 27 ans, mes abus médicamenteux, mon instabilité
émotionnelle en voie de guérison, ma thérapie. Il n'avait aucune idée de
ce qu'impliquait vraiment une boulimie ou une anorexie. Il voyait dans
ma grossesse l'occasion de m'en sortir. J'ai vraiment eu l'impression
qu'il ne me croyait pas. Il a d'ailleurs voulu une lettre de ma
psychologue.
Elle m'a tout à fait soutenue, en me disant que j'avais raison de
m'occuper de moi en premier. Elle m'a dit que c'était en quelque sorte
une preuve d'amour de ma part, car plus tard, je pourrai accueillir cet
enfant avec toute l'attention nécessaire. C'est en fait juste un report.
"Parlez à votre enfant, et dites-lui que vous le voulez, mais qu'il faut
qu'il attende encore un peu."
Parler avec ma psy m'a aidé. Je suis soulagée d'avoir fait ce choix qui,
je le crois, était le plus raisonnable, le plus adulte et le meilleur
pour moi et mon ami.
J'ai en moi la volonté de m'en sortir pour avoir une relation saine et
solide avec mon ami et pour que nous ayons un jour des enfants que nous
aurons voulus et planifiés. Et pour que mes enfants ne soient jamais
prisonniers de schémas destructeurs comme je l'ai été de mes parents et
de leurs schémas.
Voilà… Je voulais vous remercier d'avoir créé ce site. J'ai pu trouver
des conseils précieux et de la documentation précise. Merci.
Magali
J'avais 26 ans, j'étais célibataire et j'avais repris des études de
sociologie depuis une année. Je gagnais ma vie en étant temporaire à 40%
comme infirmière. Mon ami était aussi aux études. Nous avons décidé
ensemble de ne pas assumer cette grossesse complètement imprévue. Notre
situation à tous deux rendait cette éventualité impossible.
J'étais d'abord fière de constater que je pouvais concevoir. Mais cet
embryon était irréel, complètement imaginé. Il n'avait pas de sens,
malgré l'amour que nous avions mon ami et moi l'un pour l'autre. Un
embryon, ce n'est pas un enfant, c'est un être vivant qui ne peut pas
vivre en dehors du corps de la femme. Il n'a pas de sens tant que le
couple ne lui en donne pas un.
Mon ami et moi en avons discuté ensemble et décidé d'interrompre cette
grossesse. Ma gynécologue a compris notre problème. Mon ami m'a
accompagnée à la clinique. Je me rappelle mon SOULAGEMENT après
l'intervention. Le soulagement était total. Je n'ai eu aucun problème.
J'ai repris ma vie de femme en considérant que j'étais davantage adulte
et femme après ces événements.
Aujourd'hui, j'ai 41 ans, mariée depuis 3 ans, j'ai une petite fille de
20 mois et je travaille à 40% comme sociologue. J'attache de
l'importance à la vie de famille, ainsi qu'à mes propres besoins
d'épanouissement. J'essaie de vivre dans la sérénité, la tolérance et le
respect des autres, et de faire découvrir les richesses du monde à ma
fille, sans céder à la société de consommation.
Sincèrement, je ne pense pas souvent à cette interruption de grossesse.
J'y ai pensé quand j'ai été enceinte de ma fille. Je me sentais très
sereine et contente d'avoir pris ce chemin avant d'être mère.
Serena
J'ai avorté en décembre dernier et je suis dans une situation
particulière parce que je suis tombée enceinte en étant néanmoins encore
vierge. Je voudrais lancer un appel pour informer toutes les jeunes
filles et leur dire qu'elles peuvent tomber enceintes même en étant
vierge, simplement en s'asseyant sur du sperme (ou dans d'autres cas que
m'a confiés mon gynécologue) et que ce cas là, mon cas, est peut-être
"particulier" mais qu'il existe néanmoins.
Je vous remercie pour votre site qui est une véritable bouffée
d'oxygène, chaleureux et très informatif!! Merci beaucoup pour tout ce
que vous faites pour nous!
Nathalie
Je me suis fait avorter le 10 septembre 2002. L'IVG a eu lieu dans une
clinique. Au moment des faits, j'avais 21 ans, étudiante, j'habitais
chez mes parents et j'avais un petit ami depuis plus d'un an et demi
(avec lequel je suis toujours).
Cette grossesse s'est produite alors que j'avais oublié ma pilule. J'en
ai parlé à mon petit ami, au début, je ne savais pas quoi en penser.
Après plusieurs jours de réflexion, nous avons décidé de garder cet
enfant. Nous en avons parlé à nos parents respectifs et eux ont mal
réagi. Pour eux, la meilleure solution était l'avortement sachant que
nous étions tous deux étudiants et que ni l'un ni l'autre nous voulions
arrêter nos études.
Après avoir longuement discuté avec eux, et sans que cela soit vraiment
MA solution, j'ai décidé de me faire avorter compte tenu des propos
réalistes que me tenaient nos parents. Je suis donc allée voir un
généraliste que je ne connaissais pas, il m'a très mal reçue (je pense
qu'il était contre l'avortement), il m'a fait encore plus culpabilisée
que j'étais… Il m'a tout de même conseillé d'aller voir un
gynécologue. C'est ce que j'ai fait, lui, m'a accueillie très
chaleureusement en me rassurant. J'ai subi l'intervention chirurgicale.
Aujourd'hui, 1 an plus tard, j'ai des sentiments mélangés et cela est
très mystérieux. Il y a du bon et du mauvais. Allez comprendre… Je me
sens coupable, mais en même temps je me dis que je suis étudiante, je
n'ai ni l'argent, ni le temps. Il y a tellement d'enfants malheureux, je
ne veux pas que mes enfants fassent partie de cela. Je veux tout ce
qu'il y a de mieux pour eux. C'est pourquoi mon petit ami et moi, nous
attendons avec impatience d'avoir un enfant quand nous pourrons tout lui
donner…
Sûrement nos parents nous ont influencés, ce n'était pas notre décision,
mais probablement, ils ont eu raison… En tout les cas, cette décision
nous appartient, c'est notre âme, notre coeur et notre corps seulement
qui doit parler. Ce n'est peut-être pas ce que j'ai fait.
Lisa
Merci de ce site sur l'avortement que j'ai trouvé bien
construit et clair, nuancé et intelligent.
J'ai décidé de subir un avortement dans quelques jours, principalement à
cause d'un médicament dont je ne peux pas me passer et qui pourrait
avoir des conséquences très néfastes, sinon fatales pour l'enfant, et
également parce que je ne me sens pas du tout capable, à l'heure
actuelle, de supporter une grossesse (accidentelle au demeurant) que je
perçois davantage comme une maladie et qui me cause des problèmes très
douloureux.
Or, il me semble que nous sommes trop nombreux à procréer pour des
raisons égoïstes, sans réellement nous soucier de l'avenir de nos
enfants et de ce qui est nécessaire à leur bon développement
psychologique.
Votre site m'a renforcée dans mes opinions personnelles sur le sujet de
l'avortement. Je me sens mieux apte à affronter les opposants qui
manifestent devant la clinique où je vais me rendre aux Etats-Unis, et
me lanceront sans doute des regards bien déplaisants, si ce n'est plus.
Tout le monde se permet de juger tout le monde, mais chaque situation
est différente, et les choses sont bien rarement manichéennes. Je trouve
également inadmissible que l'on puisse traiter les femmes enceintes
comme des êtres à part, n'ayant plus le droit à la parole dans certains
cas.
Les opposants à l'avortement s'imaginent que les femmes considèrent
l'avortement comme un moyen de contraception. Il existe certainement des
cas, mais je pense qu'ils sont rares dans la mesure où la grossesse
entraîne des effets secondaires déplaisants très peu de temps après la
fécondation.
Stéphanie
J'ai subi une IVG en 1993 : il était évident que nous n'allions
pas garder cet enfant. Je faisais mes études, j'étais (à mon avis) trop
jeune, nous ne vivions pas ensemble. Enfin, pour moi, ça ne ressemblait
pas à "ça", un couple qui attend un bébé. Nous n'en avons parlé à
personne, à l'époque. Maintenant, je ne le cache plus, et c'est très
libérateur même si ça ne change rien à ma responsabilité. Je ne regrette
absolument pas cette décision. Quand je réfléchis, c'est une évidence :
il n'y avait que cela à faire. Nous avons depuis une petite fille qui a
8 mois 1/2.
Fanny
J'ai eu une première interruption de grossesse à 20 ans en 1961:
Manque d'information pratique concernant la contraception – manque de
capacité d'en parler avec le partenaire qui croyait que je m'étais
protégée. Je suis tombée enceinte lors de notre deuxième relation
sexuelle. Mon partenaire était prêt à m'épouser par obligation morale,
j'ai refusé. J'ai senti une grande tristesse due au fait que je m'étais
aperçue que "l'amour de ma vie" n'était pas amoureux de moi. Ce n'est
pas l'avortement, mais la rupture et l'écroulement du rêve qui m'a
déprimée.
A 24 ans, toujours célibataire, j'ai eu une deuxième interruption de
grossesse. Je n'ai eu aucune difficulté – si ce n'est les désagréments
de l'organisation de l'intervention à l'époque (1965).
A 40 ans – j'étais mariée – j'ai subi ma troisième interruption de
grossesse suite à une erreur de calcul de la période fertile.
Je n'ai jamais eu de problèmes de santé ni physique, ni psychique liés à
ces interruptions de grossesse.
Elodie
Quand je suis tombée enceinte j'avais a peine 16 ans. J'habitais
toujours chez mes parents et il était impossible pour moi de garder cet
enfant. Je suis tombée enceinte car je ne prenais pas de moyen de
contraception. Je me suis donc renseignée auprès d'un planning familial,
et là j'ai eu affaire à des personnes qui m'ont vraiment bien prise en
charge. J'ai d'abord passé une entrevue avec une psychologue qui voulait
savoir les raisons pour lesquelles j'avortais et m'a expliqué comment ça
se passerait ce jour-là. Mon ami m'a accompagnée. C'était un drôle de
sentiment – la honte, l'angoisse, la peur de ce qui allait se passer.
Mais tout s'est très bien passé. Le médecin et les infirmières étaient
vraiment très gentilles avec moi. J'avais peur de ne plus pouvoir tomber
enceinte après, mais maintenant, j'ai 19 ans et je suis maman d'un petit
garçon de 6 mois. Voilà, j'espère que mon témoignage vous aidera.
Carole
Demain matin, j'ai rendez-vous dans un centre hospitalier
I.V.G. français. En cherchant des informations sur le Net, pratiques,
médicales, et surtout psychologiques, je suis arrivée sur une multitude
de sites anti I.V.G.. Cette décision, lourde de conséquence est toujours
(je pense) l'occasion d'une mise au point de son propre système de
valeur. Militante de gauche et féministe, cette décision est néanmoins
extrêmement difficile et je ne peux dire à quel point ces sites
pro-life ont accru cette angoisse. Je n'ose penser les
répercussions que leurs théories peuvent déclencher chez plus
vulnérables. Votre site est le seul à aborder les vraies
questions avec clarté, chaleur et à donner réponses à leurs
allégations fallacieuses. Je précise que j'ai 36 ans, que je
suis mariée, cadre, et que j'ai 2 enfants en bas âge. Encore merci pour
votre travail.
Anne
Merci beaucoup de vos renseignements. J'ai été, sous vos
conseils, voir mon médecin qui a fait une prise de sang. J'ai de la
chance, je ne suis pas enceinte!
J'étais avant contre l'avortement, mais quand on commence à sentir qu'on
va en avoir besoin, alors on change d'avis.
En tout cas merci, car vous êtes les premiers avec qui j'ai parlé. Je
voulais vous remercier pour ce que vous faites. Bonne continuation.
Maria
Les femmes n'avortent pas par commodité. Voici le témoignage de
Maria: "Dans 4 jours exactement je vais subir une interruption de
grossesse. J'ai 18 ans. Sincèrement, ça fait mal. Je voudrais ne pas le
faire, mais je n'ai pas le choix. J'ai regardé l'échographie, j'ai vu ce
petit machin qui loge dans mon ventre – je ne suis pas stupide, je sais
que ce n'est pas encore un enfant, mais c'est déjà en moi, c'est une
partie de moi-même… Je n'y peux rien changer … je me sens mal."
Maryse
Je me suis fait violer au mois de mars par un garçon avec qui je
suis sortie pendant un an et demi. J'ai été voir le médecin car je ne me
sentais pas bien et c'est là que j'ai su que j'étais enceinte. Cela
faisait un mois et demi après que ça arrive. J'ai dix sept ans donc
c'est pas mal dur de garder un enfant, puis je n'ai pas fini l'école.
J'ai décidé de me faire avorter. Je ne savais plus quoi faire, où aller.
Mes parents m'ont soutenue. Je suis allée à la clinique la plus proche.
Mon rendez-vous était le 17 juin. À la clinique ils étaient très
gentils. Maintenant je me sens mal car plusieurs personnes ne me parlent
plus à cause de l'avortement. Je ne suis pas heureuse de ce que j'ai
fait, mais vu mon âge et ma situation c'était la seule chose à faire.
Aurélie
L'IVG a eu lieu il y a un an. J'allais faire ma rentrée en licence
(j'avais 22 ans). Cette grossesse s'est produite parce que je ne peux
pas prendre la pilule à cause d'une maladie au foie et que nous ne nous
sommes pas protégés. J'avais plus de 10 jours de retard dans mes règles
et, bien que ça n'inquiétait pas mon copain, j'ai décidé d'en parler à
ma mère. Elle m'a tout de suite conseillé de faire un test. Je suis
allée à la pharmacie aussitôt, le test était positif. Surprise sans
l'être vraiment, car je savais que j'étais enceinte. Je le ressentais
(mal à la poitrine, nausée…). Aussitôt j'ai appelé mon copain pour lui
dire. Il était au boulot et n'a pas pu répondre, mais le plus dur a été
de le dire à mon père. J'avais certes 22 ans, mais je savais que pour
lui ce serait un véritable choc, surtout que je n'étais avec mon copain
que depuis 2 mois… Moi, si sérieuse pour mon père… Il l'a assez mal
pris.
Au départ, il était clair que je voulais avorter tout de suite, mais au
fil du temps, on y pense, on se dit qu'on a une petite "chose" qui
pousse en nous, on croise des mamans avec leur bébé, et on se dit,
peut-être après tout moi aussi je serais une bonne mère. Mais après, la
raison prend le dessus, et on se dit qu'on ne peut pas garder un petit
être si on n'en a pas les moyens (financièrement mais aussi dans sa
tête). Et puis commence le parcours du combattant: trois visites chez le
gynéco, un temps de réflexion, une écho, on me conseille de faire l'ivg
par voie médicamenteuse car c'est "moins risqué" parait-il… au début
je ne voulais pas, je voulais être endormie, mais ils ont réussi à me
convaincre. 1 semaine après, il a fallu mettre deux cachets au fond du
vagin, puis aller au centre hospitalier dans un lit, pour attendre…
attendre des heures d'expulser "cette petite chose". C'est douloureux
aussi bien physiquement que mentalement. Quand on va aux toilettes, on
ne peut s'empêcher de penser… Enfin bref.
Quelques semaines après, on me refait une visite pour voir si tout va
bien. Et là, manque de chance, l'ivg médicamenteuse n'a pas fonctionné.
l faut que je subisse une autre ivg avec anesthésie générale… Dur dur
pour le moral.
J'ai vécu cette expérience très difficilement, je ne me suis pas sentie
soutenue. Entre mon père qui me disait "il faut se débarrasser de ce
truc" et mon copain qui ne me comprenait pas. Il faut le vivre pour
comprendre, pour comprendre qu'on doute toujours dans ces moments là…
Et si je le gardais?… J'ai eu l'impression de faire cet avortement
seule. Aujourd'hui, je vais bien, je n'y pense plus, du moins pas tous
les jours, il est vrai que souvent je me dis, "tiens, je devrais être
enceinte de tel mois", "aujourd'hui il aurait un mois", etc… Je pense
que j'ai fait le bon choix, mais si ça devait m'arriver à nouveau, je le
garderai, c'est tout.
Michèle
J'ai encore du mal à faire le ''deuil'' mais voilà… J'me lance et puis
comme tout le monde dit.. Parler ça fait du bien…! 🙂 ..Je suis tombée
enceinte au printemps 2005, ça faisait à peu près 4 mois avec mon chum.
Je vais avoir 18 ans en septembre et mon chum en à 20. Mes règles
étaient dues au 19 mars… 2 semaines après la date prévue, j'ai décidé
d'aller passer 1 test. J'me sentais fatiguée, l'humeur changeante… Et
je savais très bien que nous n'avions pas fait très attention au niveau
contraception le mois précédent. Stressée, pleine d'idées qui me
trottaient dans la tête, le test s'est avéré positif…! J'me disais
qu'est-ce que je vais faire?…Qu'est-ce que mon chum va
dire?…Qu'est-ce qu'on a fait?! J'étais tellement sûre dans ma tête que
ça arrivait juste aux autres que j'ai passé 2 autres tests… Vraiment
sceptique la fille! Mais bon j'me suis fait à l'idée… J'suis enceinte
pour vrai. Oui, ça t'est arrivé la grande… réveille-toi…! Après
plusieurs réflexions… entre mon chum et moi versus ma conscience et
moi, j'allais faire mon choix… Gros pincement au coeur… Mon p'tit
bébé, j'ai décidé que j'le garderais pas… Pas parce que j'ferais pas
une bonne maman… Pas parce que mon chum ferait pas un bon papa…
J'suis sûre qu'on ferait des supers bons parents. On aime incroyablement
les enfants tous les 2, mais j'suis trop jeune hélas… mon chum aussi,
on a plusieurs choses à vivre encore, pas seulement chacun de son côté
mais en couple aussi. On vient d'emménager ensemble… ça fera 7 mois
qu'on s'aime dans quelques jours… et 3 mois que je me suis fait
avorter le 10 août. J'ai encore le coeur déchiré d'avoir ''perdu'' mon
bébé. Je ne suis pas stable financièrement, moralement, familialement et
affectivement encore pour en élever un. Je rentre dans le monde adulte
bientôt! mais je sens que j'ai encore besoin de mes ailes et de forger
ma carapace contre les épreuves de la vie… La même carapace qui
protégera tant bien que mal mes enfants plus tard… Je dis un gros
MERCI au planning familial pour leur soutien, leur professionnalisme
durant toutes les étapes de mon avortement. Je refais mon petit chemin
de vie, je construis mon nid d'amour avec mon chum et espère que la vie
me sourira dans quelques années en m'offrant mon 2e petit bébé…
Mariejoe
J'ai 22 ans et j'ai avorté il y a environ 8 mois… Mon histoire n'est
pas banale, c'est une suite de pas de chance et de médecins qui n'ont
pas pris le temps de faire correctement leur travail.
Septembre 2004 : J'oublie ma pilule comme je l'avais déjà oubliée
plusieurs fois en 5 ans et je m'en préoccupe absolument pas (c'est pas
en oubliant une fois la pilule de temps en temps que je vais tomber
enceinte, du moins c'est ce que je croyais…)
Courant septembre : 1ère douleur de ventre, mais pas de nausées, des
douleurs comme des spasmes, je commence à être constipée, à maigrir et
je vais consulter un médecin qui ne prend même pas le peine de
m'ausculter et me dit ce que je sais déjà, que je suis constipée. Il me
donne des médicaments, point final. (A ce moment là je suis enceinte d'1
mois et je ne le sais toujours pas)
Octobre : Etant sous pilule, j'ai quand même eu mes règles – je ne
saurai que beaucoup plus tard que c'était des "fausses" règles
déclenchées par la pilule. Les douleurs toujours présentes, je commence
à perdre 2/3 kg et je n'ai aucun symptôme d'une grossesse
(malheureusement). Je décide donc d'aller en urgence dans un hôpital
privé pour voir ce qu'il en est.
Je suis tombée sur des gens très compétents qui m'ont fait faire
plusieurs analyses (radio du ventre etc. …) mais ils n'ont pas pensé
une seconde que j'étais enceinte. – Je l'étais depuis 2 mois et rien ne
le montrait. Le corps humain est étrange, n'ayant jamais songé un seul
instant que j'étais enceinte, mon corps ne s'est pas développé. (J'avais
déjà entendu parler de ce genre d'histoire, mais j'étais plutôt
sceptique, maintenant j'y crois) – J'en reviens à ma consultation: le
médecin me donne une panoplie de médicaments et m'envoie consulter un
spécialiste des intestins. (Quand j'y repense c'est presque comique)
Fin octobre : RDV chez ce spécialiste, il ne fait que confirmer ce
qu'ont déjà dit les 2 autres médecins, sans se poser la vraie question :
"Pourquoi du jour au lendemain je suis constipée au point d'avoir mal au
ventre comme ça" ?
Novembre : Les douleurs sont parties, grâce aux médicaments ou du fait
que j'ai passé les 2 mois qui sont souvent douloureux dans une grossesse
? telle est la question …
Courant Novembre : Je constate que mes règles sont différentes et je
vais donc voir ma gynéco. Elle fait tout ce qu'il faut (frottis, toucher
du ventre, de la poitrine etc. … ). Mais rien, elle voit pas que je
suis enceinte de 2mois 1/2. (A l'heure actuelle je suis en procès pour
faute)
Cette année 2004/2005 a été la pire de toute ma vie. – Bref, je laisse
passer le temps vu que je ne suis plus malade, et je me crois guérie.
Décembre : Je commence à grossir ("enfin"), je reprends d'abord les 2/3
kg que j'avais perdus au début et je grossis encore… C'est à ce moment
là, que je me dis que je dois être enceinte et en effet à la fin du mois
je n'ai plus mes règles. Je confirme dans un 1er temps avec un test puis
par une prise de sang.
Début janvier : Je prends à nouveau RDV avec ma gynéco, je me dis que je
l'ai vue il y a 2 mois, donc logiquement je suis enceinte au maximum de
2 mois. A cet instant, je sais que je vais avorter.
Mais les choses sont bien plus dures que je ne le pensais. Ma gynéco
aussi étonnée que moi m'annonce que je suis enceinte de 4mois 1/2. Vous
pouvez pas imaginer le choc ! J'ai jamais autant pleuré de toute ma vie.
Comment pouvez-vous penser à l'avortement quand on vous dit 4mois 1/2 ?
Heureusement mon copain a été très présent ainsi que mes parents.
Mais j'ai pas vraiment le choix, moi je veux le garder et mon copain
n'est absolument pas prêt… On est ensemble depuis 5 ans et à 21 ans
c'est vrai que rien n'est prêt pour l'accueillir (pas d'appart, pas
d'argent, je suis étudiante…). Mais moi je le veux quand même.
Et puis les médecins me disent, que j'ai pris trop de médicaments au
début, et que c'est pas bon pour le bébé, et que si je le garde je
prends un risque. Alors le 18 janvier, direction la Hollande,
accompagnée de mon copain et de ma mère. A ce moment là, je le vis
mieux, je me suis faite une raison, je me persuade que si j'avorte c'est
uniquement parce que ce petit bébé est malade. Et pourtant je ne le
saurai jamais… il était peut-être en pleine forme.
Quand je suis rentrée, je crois que je ne réalisais pas vraiment, j'ai
essayé de tourner la page. Aujourd'hui, cela fait environ 8 mois et
chaque jour j'y pense de plus en plus, ça devient une obsession … Je
veux un bébé, même dans des conditions difficiles… Cet avortement à
juste accru mon désir d'enfant.
Le pire dans tout ça, c'est que je ne regrette pas, c'était quand même
la meilleure solution. Je suis toujours avec mon copain, je ne lui en
veux pas, ses raisons étaient justifiées… Quant à moi j'espère que je
vais bientôt relever la tête.
Cathy
J'ai 22 ans et j'ai avorté il y a 4 ans. Je suis allée a l'hôpital,
j'étais à 8 semaines de grossesse. J'ai fait une ivg par aspiration sous
anesthésie générale… tout s'est bien passé et ça a été assez rapide…
J'étais encore étudiante, et j'étais sous pilule mini-dosée car je fais
des migraines ophtalmiques et la pilule m'en provoque beaucoup… Mon
copain avait aussi 18 ans et il était en 1ère année de BTS. Nous ne
vivions pas ensemble, cela faisait 6 mois que l'on était ensemble…
Pour ce qui est des entretiens avant l'ivg ça s'est bien passé malgré
mon désir de cette grossesse. Mais je ne pouvais pas faire autrement, je
n'étais pas prête à accueillir ce bébé tout de suite (financièrement et
sentimentalement)… Ce fut surtout l'entretien avec l'assistante
sociale qui m'a fait peur car elle a vu que j'avais un désir d'enfant et
a essayé de me faire culpabiliser pour que je le garde… Mais je savais
pertinemment que je ne pouvais pas…
Du côté de mon copain, à 18 ans on pense à autre chose que de devenir
papa!!! c'est normal, on avait d'autres priorités, surtout les études…
Le moment plus dur c'était lors de la visite chez mon gynéco pour
confirmer ma grossesse… j'avais cette écho dans la main… et là tout
s'est chamboulé dans ma tête!!!! le noir total de ne pas savoir
réellement quoi faire… mais bon, je me suis raisonnée et j'en arrivais
toujours au mêmes conclusions "ce bébé, tu ne peux pas, attends et tu
pourras être maman dans peu de temps!!!"
Le jour "J" arriva… avant d'être menée au bloc opératoire… la
panique totale… mon copain et ma mère étaient là heureusement, je
n'aurais pas tenu sinon….
Je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie… aussi mal à l'aise
et aussi coupable… on m'a mis le masque, j'ai pris deux ou trois
grandes bouffées d'air et puis plus rien… Je me réveille 30 minutes
plus tard… tout s'est bien passé… j'ai regardé une dernière fois
cette pièce où cette petite vie s'était envolée et je lui ai dit tout
bas "je te demande pardon"!!! on me redescend dans ma chambre… je me
sentais vidée comme jamais… ma mère et mon copain étaient là… quel
soulagement!!! J'ai pu rentrer chez moi quelques heures plus tard.
C'est là que tout a commencé… stress, culpabilité, pleurs la nuit…
j'ai vraiment souffert. Je ne supportais pas de voir mon copain s'en
remettre aussi facilement… je lui en ai fait voir de toutes les
couleurs, et puis 3 ans et demi après, ces mots déchirants "toi et moi
c'est fini"!!! … là sincèrement je ne sais pas comment je m'en suis
sortie… Je me suis retrouvée du jour au lendemain toute seule…
Je me suis tournée vers un cahier où j'ai écrit à ce bébé qui me
manquait et qui me faisait tant souffrir… je lui ai parlé pour me
soulager et vider mon sac… et puis un jour un site internet a changé
ma vie… un forum de discussion où j'ai trouvé soutien, réconfort,
réponses aux questions qui me hantaient… partage d'expériences…
depuis, tout va beaucoup mieux, j'ai fait la part des choses et j'y vois
plus clair. J'y pense encore mais avec beaucoup plus de recul…
Je suis aujourd'hui modératrice de ce forum que je tiens à vous faire
connaître car il a changé ma vie…
Rose, Belgique
Il y a une semaine, le 17 août 2005, j'ai subi une ivg. Le mot 'subir'
n'est ici pas de rigueur, je dirais plutôt que ce fut libérateur de 10
semaines de malaise en permanence (maux de tête, nausée, épuisement), je
ne vivais plus, je passais mes journées dans mon lit, j'ai même assimilé
cette grossesse à une dépression. Si je suis restée si longtemps dans
cet état, c'est que j'avais effectué un test, qui s'est révélé négatif
(alors que la notice affiche 99,9% de fiabilité). Quelle ne fut pas ma
surprise d'apprendre que j'étais enceinte de 9 semaines. Cela m'a
vraiment bouleversée. Ce qui accentue encore cette peine, c'est les
nombreuses heures d'attente pour accéder à tous les rendez-vous (psy,
gynéco), de DEVOIR être enceinte et de savoir qu'une cellule se
développe chaque jour en vous.
Je pense que l'information sur la pilule dans les écoles par exemple
n'est pas suffisante, l'oubli d'un seul comprimé peut être fatal et je
ne le savais pas.
J'ai choisi l'ivg par anesthésie locale pour assumer jusqu'au bout mon
choix (de moins en moins pratiquée selon ma gynécologue). Ce ne fut pas
douloureux, je pense qu'il faut juste être rodée psychologiquement, la
douleur est liée au psychique, à aucun moment de l'intervention je n'ai
pensé que c'était un 'bébé',,je pense que ce fut important dans le
déroulement. Bien sûr j'ai eu peur. Les hôpitaux sont austères et la vue
d'une table gynécologique et d'un spéculum me met mal à l'aise.
Tout le personnel fut vraiment compatissant, personne n'avait un regard
inquisiteur. Je n'ai pas eu de douleur post ivg. C'est assez étonnant,
j'ai eu besoin d'en parler autour de moi à des personnes de confiance.
Aujourd'hui je me sens heureuse et en pleine forme.
Aucune femme ne doit subir une grossesse contre sa volonté. Elle sera
mal vécue et l'enfant en ressentira les conséquences tôt ou tard….
Cet avortement est une force à présent, j'ai remplacé la cellule de mon
ventre par de l'amour, il n'y a aucun manque à présent, je pourrais en
parler pendant des heures.
Nancy, 35 ans, mariée et 2 garçons (7ans
et 2ans).
J'ai subi un premier avortement il y a maintenant 10 ans. Je venais
juste de terminer mes études (je suis secrétaire médicale) et mon copain
et moi n'étions pas du tout prêts à assumer cet enfant et donc nous
avons opté pour l'IVG pratiquée dans un planning familial où j'ai été
très bien accueillie et ça c'est très bien passé, malgré quand même la
douleur de l'aspiration (je m'en souviens encore comme si c'était hier)
– enfin bon!
Si je témoigne aujourd'hui c'est parce que je suis à nouveau enceinte et
je ne désire pas du tout garder cet enfant, mais mon mari (qui était mon
copain à l'époque ) est cette fois-ci contre car d'après lui c'est
peut-être une fille et c'est le destin.
Du coup, il me laisse l'entière responsabilité de ce qui va arriver!
Et donc demain, je pars pour faire l'intervention, sans remords pour
l'instant, mais bon …. j'espère seulement que tout ira bien!!!
Mariette
voila, j'ai 25 ans et suis éducatrice. J'ai appris ce matin par test de
grossesse que je suis enceinte…. ravie mais terrorisée à la fois car
tous mes projets sont en suspens… j'ai un bon boulot, mais souhaite
reprendre mes études dans un mois, mon ami et moi cherchons un terrain
pour construire la maison de nos rêves.. tout allait si bien!! et le
bébé devait arriver après tout ça.. mais il arrive avant.. je me dis
qu'à mon âge on est capable de prendre des décisions importantes et
c'est pourquoi je pense qu'il est mieux d'opter pour l'IVG… c'est
peut-être égoïste de ma part, mais je me suis toujours dis que mon bébé
ne manquerait jamais de rien… mais j'avoue que c'est dur de passer par
là… car je doute quand même…….
Sabine
J'ai 35 ans. Mon mari est parti de la maison il y a un an, me laissant
seule avec mon fils de 4 ans. Un an de peine, un long tunnel, un an sans
faire la moindre rencontre. Et puis il y a un mois, lors d'une réunion
de travail en Autriche, j'ai connu quelqu'un de la même société. Nous
n'avons eu qu'un seul rapport, protégé. Mais le préservatif s'est rompu.
Rentrant en France 10H après, j'ai pris la pilule du lendemain, par
sécurité. En fait, je n'étais pas trop inquiète car je n'étais qu'au
8ème jour de mon cycle. Mais malgré tout cela je suis aujourd'hui
enceinte. Je vais faire une IVG dans 4 jours, et je dois dire que ce
n'est pas une décision facile malgré tout. Car je n'arrête pas de
m'interroger sur le sens de ce qui m'arrive, sur ce pourcentage infime
malgré toutes ces précautions, qui a fait qu'aujourd'hui je suis
enceinte. Il va me falloir du courage pour ces prochains jours… mais
je ne me vois pas élever encore un enfant seule, sans même connaître le
père qui vit d'ailleurs dans un autre pays.
Stéphanie
J'ai avorté il y a maintenant 5 ans et la douleur, même si elle s'est
estompée, est toujours présente. Mon enfant, même si son corps ne fait
plus partie du mien depuis quelques années, a toujours sa place dans mon
coeur. J'avais 17 ans quand je suis tombée enceinte de mon ami, ça
faisait seulement 3 mois que nous étions ensemble et je suis responsable
de mon inconscience et de la sienne. Nous ne nous sommes pas protégés du
tout, en disant tout simplement "ça n'arrive qu'aux autres…". J'ai eu
un retard de règles, quelques étourdissements, mais je crois
qu'instinctivement j'ai su que j'étais enceinte. Le test me l'a
confirmé. Mon copain m'a aussitôt proposé l'avortement et je ne lui en
ai pas voulu. Je passais mon bac de français à cette période et j'avais
des projets d'études… tout à vivre encore. Je suis allée au planning
familial seule la première fois et avec la mère de mon ami ensuite, lui
étant en déplacement professionnel. Je ne pouvais pas aborder le sujet
sans pleurer, je ne désirais pas cet enfant, mais il était là et je
commençais à l'aimer, c'est inexplicable si on ne porte pas la vie.
J'ai été assez mal reçue au planning familial, pas d'écoute, un
personnel assez froid… J'étais enceinte de 9 semaines ! Malgré toutes
mes craintes, ma tristesse… j'ai pris rdv pour mon avortement et j'ai
mis mes parents au courant. Ils m'ont beaucoup entourée, comprise aussi.
Pour mon copain et sa famille ça n'était plus qu'une formalité je crois.
J'y suis allée avec ma mère, j'ai hésité jusqu'au bout et en 20 min je
n'étais plus une future maman, juste une jeune fille qui venait de payer
le fruit de son inconscience. C'est ce que j'ai cru pendant 6 mois, on
me disait d'oublier, que j'étais jeune, j'avais eu raison…
J'essayais de lutter contre mon mal-être, mais impossible d'oublier ce
vide que je ressentais en moi. Et puis dans le cadre de mon bac SMS j'ai
rencontré une psychologue qui m'a ouvert les yeux. Elle m'a fait
comprendre que rien ne servait de lutter et d'essayer d'oublier cet
avortement, que maintenant cela faisait partie intégrante de ma vie.
Elle me disait le contraire de tout le monde : "tu aimes ton enfant ?
alors dis-le lui, n'aie pas honte, tu l'as porté et ça restera ton
enfant". Elle m'a déculpabilisée de mon geste et m'a fait comprendre que
je n'avais pas été qu'une sale gamine inconsciente mais au contraire que
je m'étais comportée comme une mère à part entière, car j'avais pris la
meilleure décision pour mon enfant, pour son avenir et le mien. J'avais
pensé à lui avant tout et que même s'il n'était plus de ce monde,
j'avais le droit de l'aimer et de le lui dire.
Je me suis séparée de mon ami 2 mois après cette épreuve. Et j'ai
accompli ce que je voulais faire : bac, permis, BTS, travail… Grâce à
cet enfant, malgré sa courte existence et son court passage dans ma vie,
il m'a donné une force indescriptible qui me permet de supporter
beaucoup de coups durs.
Steve
J'ai 30 ans et je témoigne en tant qu'homme.
J'ai vécu 10 ans avec une femme qui voulait que je lui fasse un bébé, et
après 9 ans, j'ai finalement voulu fonder une famille avec elle. Quatre
mois plus tard, elle m'annonçait qu'elle était enceinte. J'étais fou de
joie.
Malheureusement une semaine avant la première écographie, mon ancienne
amie a eu des rapports avec un autre homme et je l'ai découvert. Je lui
ai pardonné pour donner toutes les chances à mon futur bébé. Après une
semaine, j'ai découvert que le jour de conception, elle avait eu
d'autres rapports avec encore un autre homme. Le point de non-retour
était franchi car elle ne pouvait même pas dire qui était le père de son
enfant.
Dans l'intérêt de tout le monde, la meilleure solution était
l'avortement. J'ai toujours été contre cet acte, mais visiblement
c'était le choix le plus raisonnable. Madame a finalement avorté et m'a
tenu au courant quelques jours plus tard.
7 mois après l'avortement, je fais encore des cauchemars. Je pense que
je ne dois pas être le seul à souffrir de cette histoire. Désormais, je
ne jugerai plus les personnes qui optent ou qui n’optent pas pour
l’avortement.
Lucia
J'ai 46 ans. J'ai subi un avortement à l'âge de 18 ans, mon petit ami en
avait 19. Nous étions très amoureux, mon petit ami et moi. Nous
pratiquions la méthode "du retrait"…sans doute la méthode de
non-contraception la plus radicale qui soit… Mais nous étions
ignorants. Et lorsque nous avons appris que j'étais enceinte,
catastrophe. Surtout pour lui, en fait. Pendant quelques jours, je me
suis prise à rêver de ce bébé en devenir. Mais nous ne vivons pas dans
un monde rêve! Nous étions étudiants.
Je n'ai pas pu en parler à ma famille. J'avais été moi-même une enfant
non désirée. L'enfant n° 5 d'une mère de 40 ans.
Lorsque j'avais 18 ans, l'avortement était illégal. Je ne donnerai aucun
détail concernant "l'intervention".
L'important pour moi est que les femmes aujourd'hui puissent vivre cela
de manière relativement sereine. Aussi bien psychologiquement que
physiquement. Parce que pour moi ce fut la honte, la peur, la douleur et
surtout pas se "plaindre", je l'avais bien cherché… Je me ressentais
comme une criminelle, parce que j'étais désignée comme telle. Et
personne à qui en parler.
J'étais à la fois soulagée, très triste et emprisonnée dans un énorme
sentiment de culpabilité. Mon petit ami et moi nous sommes séparés
quelques jours après l'avortement. J'ai fait une dépression.
Et je me réjouis qu'à présent, le temps de la honte et de la peur soit
(presque?) révolu. Envers ceux et celles qui osent proférer que la
libéralisation de l'avortement entraîne sa banalisation, je n'ai pas de
mots assez durs. A mes yeux, à mon coeur, l'insensibilité c'est eux qui
la portent. Et non les femmes qui avortent. Pour qui en aucun cas, ce ne
pourrait être un acte banal.
28 ans après!!!
Cora
Je suis tombée enceinte à 20 ans, en janvier 2005 de mon copain. Nous
étions tous les deux étudiants. Nous n'utilisions aucune véritable
contraception. Nous pratiquions la méthode du retrait pendant la période
ovulatoire, même si je savais que ce n'était pas fiable, surtout avec
mes cycles irréguliers. Avec le recul, je pense que je désirais
inconsciemment tomber enceinte. Mais lorsque j'ai fait le test, j'ai
quand même eu un choc énorme. J'étais à la fois très heureuse d'être
enceinte, mais en même temps je ressentais un poids énorme sur la
poitrine, comme si la venue au monde de cet enfant était complètement
impossible, comme si le monde se serait écroulé. J'en ai tout de suite
parlé à mon copain qui voulait le garder. Mais pour moi c'était
impossible. Lorsque ma décision définitive à été prise, je me
suis sentie plus "malade" qu'enceinte.
Ma gynécologue m'a aiguillée vers un hôpital privé ou j'ai subi, après
d'interminables délais d'attente (3 semaines), l'IVG instrumentale,
accompagnée par ma mère. ça c'est plutôt bien passé, le personnel était
froid mais respectueux. Pendant les jours qui ont suivi l'intervention
je me suis séparée de mon copain et je me suis mise à "faire le bébé"
avec ma mère. Puis tout est rentré dans l'ordre, petit à petit.
J'ai beaucoup cherché ce qui m'avait si fortement poussée à avorter. Je
pense aujourd'hui que cette mise enceinte m'a permis de me séparer
symboliquement de ma mère avec qui j'ai toujours eu des liens très
forts. C'était comme si la venue au monde de cet enfant l'aurait
détruite, je ne pouvais pas lui faire ça. Aujourd'hui je suis de nouveau
avec mon copain, j'ai enfin trouvé une pilule qui me convienne (un
hasard?) et j'ai vraiment très envie d'avoir un bébé, mais quand je
l'aurai décidé. Je continue d'acquérir, petit à petit, mon indépendance
vis-à-vis de ma mère. Cette expérience a été très douloureuse mais je
pense indispensable, même si cela peut paraître étrange.
Marie
Je ne sais pas vraiment à qui en parler, c'est la raison pour
laquelle je témoigne. Je suis tombée enceinte en août 2004 de quelqu'un
que j'aimais très fort. C'était un accident, je m'en suis rendue compte
au bout de 8 semaines de grossesse. J'ai automatiquement aimé ce qui
était pour moi mon bébé, mais je n'ai été soutenue que dans le sens d'un
avortement par mon "ami" et par mes parents. Agée de 20 ans, encore
étudiante, sans véritables revenus, je me suis sentie obligée d'avorter,
je n'ai pas eu le courage d'aller au bout de mon désir de garder cet
enfant, j'ai dû faire comme si de rien était, alors que j'ai pleuré des
nuits entières avant et après. J'ai en revanche été très bien reçue par
médecins, infirmières et conseillers conjugaux du centre de planning
familial et de l'hôpital : j'ai avorté par aspiration sous anesthésie
générale, ce n'est pas très douloureux. J'ai malgré cela ressenti un
profond sentiment de solitude avant, pendant et après, en partie du fait
du désengagement complet de celui dont j'étais enceinte qui se
contentait de suivre les choses de loin, qui a eu l'air on ne peut plus
soulagé quand l'ivg a eu lieu et qui n'a pas daigné venir me voir après.
Aujourd'hui je suis plus sereine quand j'y pense, j'en pleure cependant
encore, et mon désir d'enfant est très fort…
pour résumer, je dirais que ce moment a été le plus difficile de ma vie,
et qu'il y a laissé des séquelles gérables mais importantes.
Julie, 17 ans
Je suis tombée enceinte en avril dernier, il y a donc un an. Très vite
j'ai été au courant de cette grossesse et il n'y avait bien sûr pas de
choix a faire! à 16 ans, le choix s'impose à vous et au bout de 2
mois de grossesse, je me suis rendue à l'avant-dernière visite avec le
planning familial d'Annecy pour l'avortement. C'était le 3 juin 2004,
juste avant mes épreuves anticipées du baccalauréat de Français.
Mes parents n'ont été au courant de rien, seul mon copain m'a soutenue
du début jusqu'à la fin et s'est rendu à chaque rendez-vous médical avec
moi. Pas facile, pas facile, lorsque l'on est mineure, les rendez-vous
(selon la loi française) sont plus nombreux : psychologue, assistante
conjugale, médecins, infirmières….
Les filles, même si vos parents ne sont pas au courant n'ayez pas peur
de vous rendre au planning familial le plus proche : ça ne vous coûtera
bien sûr pas un sous! Mais ne prenez pas ce risque : protégez vous !
L'avortement ne se prend pas à la légère et depuis cette épreuve, mon
envie d'être maman s'est accrue, dès que cela sera possible….
ça a été très dur les mois suivants, on parle souvent "d'après coup", ce
qui fut le cas pour moi: je croyais aller bien, mais il m'était
impossible de voir une mère ou une femme enceinte sans pleurer. –
Maintenant, je vais mieux et je ne peux pas parler de "mauvais
souvenir"!
Je remercie mon copain d'avoir été là pour moi à chaque instant. Quoi de
plus important?
Valérie
Mon avortement a eu lieu la semaine passée…
Comme pour beaucoup de femmes, je ne m'y attendais pas du tout puisque
j'avais eu une relation protégée. Malheureusement, le préservatif n'est
pas infaillible, il n'a pas tenu le coup et je ne me suis rendue compte
de rien! La prévention ça m'connaît, je travaille comme bénévole dans
une association de lutte contre le HIV et pourtant je ne me suis rendue
compte de rien. Le jeune homme en question, de passage, s'est il rendu
compte de quelque chose mais n'a rien dit ? Je ne le saurai jamais.
J'ai 30 ans et je n'ai jamais eu envie d'avoir des enfants. La question
du choix ne s'est donc pas posée en ce qui me concerne. J'étais au clair
avec ce que je désirais et l'intervention était la seule alternative
pour moi. Malgré tout, c'est difficile. Mon entourage amical et familial
fut très présent et je ne les en remercierai jamais assez pour cela.
Vivre une IVG dans le silence et la honte est une chose inimaginable! Je
ne peux concevoir la douleur de toutes ces jeunes filles, livrées à
elles-mêmes et ne pouvant se décharger de leur secret…
Mon intervention s'est bien passée. Aucune complication. Mais il est, et
il reste difficile de mettre fin à une vie tout simplement. Même lorsque
cela est pour de bonnes raisons.
Je voudrais vous remercier car j'ai trouvé, grâce aux nombreux
témoignages du courage et de l'énergie pour dépasser cette épreuve et
m'en sentir grandie.
Odette
Il y a presque 2 ans, durant l'été 2003, je suis tombée enceinte 2 fois
en 3 mois. J'avais 20 ans. Je sortais à l époque avec un homme de 27
ans. Je le connaissais depuis 1 an. La première fois, la décision n'a
pas été trop dure à prendre car je prenais un traitement avant de tomber
enceinte qui m'interdisait de garder l'enfant en cas de grossesse.
J'étais donc obligée de subir une ivg, mais ça a quand même été dure
psychologiquement. La deuxième fois a été encore plus dramatique…
j'étais déjà avancée dans la grossesse. Je suis allée faire une
échographie pour savoir depuis combien de semaines j'étais enceinte. Je
n'ai pas dit au médecin que j'hésitais à garder le bébé. Alors ne
sachant pas il a positionné l'écran devant moi et là, j'ai pu le voir…
J'ai fondu en larmes.
Le problème c'est qu'à cette époque je ne m'entendais pas bien du tout
avec mon copain. Depuis le début de notre relation il était violent avec
moi et ces derniers mois c'était carrément devenu de la torture…
j'étais partagée entre l'envie de garder cette petite chose de chair et
de sang qui prenait vie en moi et l'envie de couper tous les ponts avec
ce monstre qui faisait de ma vie un enfer.
Finalement j'ai pris la décision la plus douloureuse de toute ma vie et
j'ai avorté. En me réveillant après l'intervention j'ai fondu en larmes.
Je me sentais vide et seule. Pendant 2 mois et demi nous étions 2, je
portais la vie et en quelques minutes cette vie ne faisait plus partie
de moi. J'ai décidé que ce petit bébé qui n'a jamais vu le jour serait à
partir de maintenant ma bonne étoile, mon ange gardien, et qu'il
veillerait sur moi de là où il est. J'ai mis plusieurs mois avant de
m'en remettre. Maintenant ça va mieux. J'ai un nouveau copain depuis 1
mois et demi et il doux, si doux….
Stéphanie
J'ai dû avoir recours à l'ivg il y a deux semaines. La décision a été
dure à prendre! J'ai 23 ans et je désirais vraiment profiter encore de
ma jeunesse.
Je me suis présentée une première fois à l'hôpital, mais je suis sortie
du service 10 minutes après car c'était trop dur. Ce qui m'a aidé
ensuite, c'est mon médecin, le fait d'en parler avec lui m'a réellement
rassurée et dès le lendemain je suis allée à l'hôpital. Les infirmières
m'ont très bien accueillie et je ne me suis sentie jugée à aucun moment!
Elles m'ont donné un premier rdv le vendredi pour voir le médecin et un
deuxième le vendredi d'après pour l'intervention. Le médecin m'a
expliqué comment se déroulerait l'opération. J'ai dû prendre un premier
comprimé le mercredi pour stopper l'évolution de la grossesse et deux
comprimés le jour de l' intervention.
Le jeudi j'ai commencé à saigner ce qui est normal. Le vendredi je suis
arrivée à l'hôpital, on m'a installée dans une chambre avec deux autres
jeunes filles et les infirmières nous ont donné un cachet à prendre pour
se détendre et un antibiotique pour éviter tout risque d'infection. Puis
l'infirmière est venue me chercher et je suis partie en salle
d'opération. On a hâte que ça se finisse, mais on a peur et on se sent
fautive d'agir de manière égoïste. J'avoue que depuis le jour ou j'ai su
que j'étais enceinte jusqu'au jour de l'opération, je n'avais pas pleuré
une seule fois, mais quand je me suis retrouvée sur la table, j'ai
beaucoup pleuré, car malgré tout on nous retire quelque chose qui
faisait parti de nous.
L' intervention s'est bien passée, elle a duré un quart d'heure en
comptant la préparation, c'est désagréable mais ça ne fait pas mal. Je
suis retournée dans ma chambre et mon ami est venu me chercher une heure
après. C'est important d'avoir quelqu'un qui soit présent et je l'en
remercie. Nous avions interdiction de sortir de chez nous l'après-midi
mais je me sentais en forme et je suis sortie dans un parc, ça m'a
permis de me changer les idées.
Je ne regrette rien, et l'amour que nous nous portons avec mon ami s'est
renforcé…
Olive
L'IVG a eu lieu il y a deux semaines (j'étais enceinte de 6-7 semaines
(8 semaines en comptant depuis le dernier jour des règles). Je travaille
comme écrivaine, ce qui signifie que je ne gagne pas assez d'argent.
La grossesse était un "accident": pilule probablement oubliée et en plus
le préservatif a craqué (parce que je ne voulais en aucun cas un enfant,
j'utilise toujours deux méthodes de contraception pour en être vraiment
sûre). Mais comme une conne, j'ai mal calculé, au lieu de prendre une
pilule du lendemain, j'ai agi d'une manière irresponsable en me disant
que je ne pouvais pas être enceinte aussi peu de jours après mes règles.
Les visites chez mon gynécologue, au centre de planning familial, chez
le médecin pratiquant l'interruption etc. se sont très bien passées:
tout le monde a été aimable et jamais j'ai eu l'impression que l'on me
reprochait quoi que ce soit, même si d'une manière très douce mon
gynécologue et la conseillère du centre de planning m'ont suggéré de
bien réfléchir, si j'avais le moindre doute (que j'avais effectivement).
L'intervention même (aspiration sous anesthésie totale) s'est passée
sans complications et le médecin et les infirmières ont été très
gentils.
Je me sens soulagée, mais je pleure beaucoup, surtout quand je vois des
bébés. Je regrette avoir dû renoncer à un enfant – je refuse d'appliquer
d'autres critères ou "principes moraux" que les miens. Ni l'église, ni
ces gens fascistes qui estiment pouvoir se mêler de ce qui ne les
regarde pas et créent des sites internet camouflés comme des sites
d'aides et montrent des statistiques vieilles de 20 ans et des photos
falsifiées m'ont influencée ou ont réussi à me faire culpabiliser: si je
me sens triste aujourd'hui, c'est uniquement parce que j'applique MES
convictions personnelles.
Jamais je n'aurais laissé les choses en arriver là: la grossesse a été
évitable; mon grand-père est décédé deux jours avant "l'accident" et je
n'arrivais pas à gérer le deuil, mais j'ai l'impression de vouloir me
trouver des excuses.
Toutefois, la seule chose que j'ai ressenti en apprenant ma grossesse
était la terreur et un désespoir, je ne voulais, je ne pouvais pas avoir
un enfant maintenant!
Ma décision a été la plus grave des décisions que j'ai jamais prise, et
mon choix n'a pas été facile. Jamais, plus jamais je veux devoir prendre
ce choix. Mais cela est mon avis personnel. Je suis contente que j'ai pu
choisir.
Remarque de la rédaction: il est quand même incroyable qu'une femme se fasse des reproches, alors qu'elle a pris toutes les précautions! Chère Olive, arrête de t'affoler. Des accidents, ça arrive à tout le monde. Nous ne sommes pas des robots!
Cécile
J'ai 17 ans – vous allez vous dire que c'est très tôt pour avoir eu un
avortement… je suis d'accord … dans quelques années je vais sûrement
qualifier cette épreuve d'erreur de jeunesse, mais je ne crois pas que
je vais l'oublier.
Tout c'est produit si rapidement… moi et mon petit ami sortions
ensemble depuis 6 mois et nous avions décidé de fêter cela! une petite
soirée romantique, sans parents. C'était la première fois pour nous
deux. Je ne prenais pas encore la pilule, mais nous nous étions tout de
même protégés (des accidents ça arrive). Alors une semaine plus tard je
me suis rendue compte que j'avais un peu trop de nausées à mon goût! je
suis allée voir un médecin, j'ai fait un test de grossesse… c'était
positif! J'étais bouleversée… A mon âge c'était hors de question que
je garde un enfant! Comment l'annoncer à mon copain? mais surtout à ma
famille! J'ai commencé par en parler à une amie et le soir même j'ai
appelé mon copain. Nous nous sommes vus, il était bouleversé lui aussi
et ne savait pas quoi dire. Il a tout de suite demandé si ça faisait mal
un avortement – je n'en avais aucune idée mais je lisais bien le fond de
sa pensée. Il en a parlé deux ou trois jours plus tard à ses parents,
ils ont totalement flippé. J'en ai parlé de mon côté. Eux ils ont été
compréhensifs, ma mère m'a emmenée voir son gynécologue et nous avons
parlé des solutions (bien sûr mon ami était là). Etrangement je désirais
garder ce petit. Mais ma mère et mon petit ami n'étaient pas du même
avis. Je dois avouer qu'ils avaient bien raison. Mais quelques semaines
plus tôt j'avais parlé d'avortement avec mon prof de morale et je disais
que les filles n'ont qu'à prendre la pilule et à se protéger
convenablement… j'avais tort – on ne choisit pas de tomber enceinte,
cela peut arriver n'importe quand… finalement j'ai subi l'avortement.
Mon copain m'a accompagnée, j'ai demandé à mes parents de ne pas venir,
je voulais vivre cela avec lui, pour que l'on prenne pleinement
conscience de ce qui se passait… Je dois dire que pour une première
fois ça a été assez mouvementé! nous avons décidé de ne plus avoir de
rapports!! mais ça n'a duré qu'un mois, le temps de se remettre de
toutes ces émotions! mais tout le monde a été si gentil, autant la
famille que les médecins et les infirmières!
Sophie
j'ai 22 ans, mon ami en a 21. Nous sommes ensemble depuis 2 ans. Nous
sommes tous les deux étudiants. J'ai oublié ma pilule 2 fois en début de
mois, et nous avons continué d'avoir des rapports normalement par
habitude… Ce n'est jamais arrivé, alors pourquoi maintenant? ça ne
risque rien!! … et puis mes règles n'arrivaient pas… J'ai fait un
test: positif!! Le choc!
On a pris le temps d'en discuter tous les deux. On s'est fixé sur une
décision: celle d'avorter. On est passé par toutes les décisions
possibles, en revenant sur celle que l'on venait de prendre… sentiment
de culpabilité, d'irresponsabilité, de part nos éducations respectives!
Pour nous ce n'est pas le moment. On souhaite de tout coeur avoir des
enfants, mais on veut les accueillir dans de bonnes conditions
psychologiques, matérielles… et surtout qu'ils soient de tout coeur
désirés, et attendus. Effectivement je pense que l'amour porté à son
enfant est très important, mais il faut mettre les pieds sur terre: un
enfant ça a besoin de manger, de couches, de vêtements, de place, de
temps….. alors que pour l'instant on a déjà du mal à tout ça à 2. Je
ne me sens pas prête, et mon ami non plus.
Etant un peu informée sur le sujet, je savais qu'il existait deux
méthodes : médicamenteuse et chirurgicale. Pour moi le mieux était
d'éviter l'intervention chirurgicale. Je suis allée voir mon gynéco
habituel. Il m'a rassurée, déculpabilisée, expliqué simplement ce qui
allait se passer… Il a été super. J'ai choisi de le pratiquer à
domicile.
J'ai eu rendez vous pour la prise de Mifégyne quelques jours plus tard.
Pas de sensation particulière au niveau physique, au niveau
psychologique le cheminement vers la fin de la grossesse commence… Je
suis allée prendre mes comprimés de Cytotec deux jours après et suis
rentrée chez moi. Les saignements ont commencé au bout d'une demi heure.
J'avais très mal au ventre, les saignements étaient assez forts et sous
forme de gros caillots. J'ai ensuite pris une douche afin de me
soulager. Cela m'a fait beaucoup de bien et j'ai ensuite pu me reposer
calmement. Les saignements ont diminués au fur et à mesure pour devenir
un tout petit peu plus abondants que les règles. Au niveau
psychologique, je pense que chacune doit le vivre différemment mais pour
moi cela c'est bien passé, je savais que c'était la fin d'une grossesse
non désirée. Effectivement cela n'est pas simple, on y pense, on se
questionne, pendant tout cette période. On se dit et si je l'avais
gardé… et on revient vite les pieds sur terre, à la réalité que ce
n'était pas possible. Et puis je me suis dit qu'une erreur peut arriver
mais que je ferai tout pour que le prochain soit désiré réellement…
La méthode médicamenteuse en ville j'ai vraiment trouvé cela bien car
j'ai pu être au calme chez moi accompagnée d'une amie proche, avec le
numéro de portable de mon gynéco au cas où. Au final, j'ai trouvé ça un
peu dur physiquement pendant une à deux heures maximum, et
psychologiquement je pense que j'y penserai souvent, que je ne peux pas
oublier, mais que je pourrai vivre avec et que cette expérience m'aura
appris sur moi et m'aura fait grandir.
Les saignements doivent durer environ dix jours, et j'aurai ensuite
l'écho de contrôle. Les signes de grossesse ont totalement disparus
(plus de nausées…), et je peux enfin penser et passer à autre chose!!!
Je suis convaincue que c'était la bonne décision.
Maria Isabel, 20 ans et 5 mois
Hier, 17 février 2005, je me suis rendue à 7h30 du matin à l'hôpital (en
Suisse), pour une ivg (les infirmières se sont bien occupées de moi
ainsi que tous ceux qui m'ont suivie tout au long de mon séjour!).
Je suis tombée enceinte bêtement et c'est un être innocent qui a dû
payer pour cette bêtise. Je ne peux pas dire que je vis une relation des
plus merveilleuses. Mais cela fera bientôt 1 année que nous nous
fréquentons. On s'est rencontré sur les lieux où nous allions faire
notre école. Le coup de foudre a été immédiat. Le gros soucis c'est
qu'il a une copine depuis bientôt 5 ans, mais ça n'a pas empêché qu'on
se voie durant des mois. Au début nous ne couchions pas ensemble car
j'avais un blocage dû à un viol à l'âge de 4 ans. Il me demandait
souvent ce que j'avais, mais je restais muette. Puis un jour je lui ai
dit le pourquoi. Il était si compréhensif et si doux avec moi. Depuis,
tout était parfait. Si parfait que je suis tombée amoureuse.
Mais il aime toujours sa copine. Quand je lui ai dit que j'étais
enceinte ça ne l'a pas beaucoup troublé au début, car pour lui c'était
clair que cette grossesse n'aurait pas lieu étant donné qu'il a sa
copine, qu'il l'aime et que je ne suis que secondaire dans cette
histoire. Moi, mon rêve c'était d'avoir un bébé avec ou sans père et
jamais d'avortement, comme ma mère. Mon père a voulu que ma mère avorte
en 1984 et elle ne l'a pas fait, car elle a voulu montrer son courage en
assumant. Aujourd'hui elle est dépressive, ne travaille plus (ordre
médical) et moi, ma vie a été ruinée dès mon 1er jour sur cette terre.
Pourquoi j'ai avorté? Quelque chose me disait au fond de moi que je ne
devais pas laisser ce bébé passer par la même misère que moi. Je m'en
serai voulue à vie si je n'avais pas pu lui offrir le meilleur des
mondes. Pour mon "petit ami", c'était impensable qu'il doive dire à sa
copine qu'il a fait un gosse dans son dos. Sur ce coup là, il a foiré
dans mon estime.
En sortant de l'hôpital (j'y suis allée seule…) je me sentais
autrement, comme si j'avais accompli quelque chose d'extraordinaire,
quelque chose de bien… ou de mal pour un bien. Je suis triste car mon
rêve s'est brisé, mais je sais qu'un jour je ferai le bonheur d'un
enfant car j'en aurai les capacités et la force pour l'aimer toute une
vie.
Je n'ai tué personne – au contraire, j'ai sauvé une vie du désastre et
empêché le pire de se produire: la tristesse et la culpabilité d'être
venu au monde sans avoir été désiré et qu'on puisse un jour vous dire
que vous êtes une erreur. Fallait y penser avant.
Pour moi c'est trop tard, pour mon bébé c'était trop tôt.
Stéphanie
C'était il y a près de 2 ans, au mois d'août 2003 que mon copain (avec
qui j'étais depuis 1 an et qui avait 19 ans) et moi nous nous sommes
rendu compte que j'étais enceinte. A l'époque je ne prenais pas la
pilule et lors de nos rapports il se retirait. J'avoue avoir été stupide
de croire que cela ne craignait rien… J'étais en vacances quand j'ai
commencé à voir mon corps changer, j'étais incroyablement fatiguée et
les nausées me pourrissaient mes vacances. Au fond de moi je sentais
bien qu'il y avait un problème… mais j'essayais de me convaincre que
non c'était pas possible, qu'on avait fait attention et que ça n'arrive
qu'aux autres! Je ne pouvais en parler à personne, même pas à mon chéri
(je voulais être sûre avant de lui en parler) et puis nous sommes
rentrés…
J'ai fait un test et il était positif… mon sentiment était un mélange
de bonheur immense et de peur. A l'époque avec mon chéri on plaisantait
sur le fait qu'on voulait un enfant et quand il a appris, pour lui son
rêve se réalisait… Mais c'était sans compter sur mes parents. J'ai
appelé ma mère qui se doutait de quelque chose et on a pris rendez-vous
chez le médecin…
C'est à partir de ce moment que toute ma vie a basculé: il fallait que
je fasse un choix!!! Entre ma mère qui ne voulait pas que je garde cet
enfant car je n'avais que 17ans et pas de travail, ni logement et mon
copain qui lui voyait son rêve le plus fou se réaliser, je ne savais pas
quoi faire!! Et puis, poussée par mes parents j'ai finalement cédé et
j'ai avorté… Il y a eu plein de rendez-vous et de prises de sang…
Comme je n'étais pas majeure il a fallu que j'aie un entretien avec une
psychologue. Elle m'a fait pleurer toutes les larmes de mon corps en
essayant de trouver une solution pour pas que j'avorte. J'ai eu droit à
des questions très personnelles auxquelles je n'avais nullement envie de
répondre, elle me saoulait à me parler alors qu'elle ne connaissait rien
de moi, déjà que c'était pas vraiment mon choix d'avorter. Mais elle n'a
rien fait pour m'aider. Après ça j'étais encore plus perdue!! Entre tout
ça il s'est écoulé 2 semaines environ et mon chéri et moi on faisait
comme si on allait le garder… On jouait un rôle de vrai/faux futurs
parents… Et le jour de l'intervention est arrivé… Je me suis levée à
6h, j'ai été à l'hôpital (seule car mon homme travaillait) et j'ai avalé
ces 2 petits comprimés… On m'a mise dans une chambre et j'ai
attendu… des infirmières venaient me voir de temps en temps. Tout d'un
coup j'ai eu très mal au ventre et j'ai senti que je le perdais, j'ai
été aux toilettes et tout était fini… Enfin c'est ce que je croyais!!!
Après ça j'ai été faire une éco pour voir si tout était bien parti,
c'était pas le cas, on m'a redonné des p'tits comprimés et j'ai encore
attendu… toute l'après-midi, alors que normalement à 14h j'aurais dû
pouvoir sortir, à 21h j'y étais encore… Le placenta était resté
coincé… les comprimés continuaient à faire effet et ça m'a fait
vraiment mal … Puis un médecin est venu me voir. On à été dans
une salle de consultation, je me suis mise sur les étriers et il a
enlevé le placenta. La douleur que je subissais depuis 5h maintenant a
disparu… C'était un soulagement car j'allais enfin ne plus avoir
mal… On m'a ramenée dans ma chambre et on m'a donné à manger, car je
n'avais ni bu ni mangé depuis la veille, et je suis rentrée chez moi…
Le lendemain, j'ai pris conscience de ce qui s'était passé et je me suis
sentie effroyablement vide… Avec mon chéri c'était tendu car je
sentais bien qu'il m'en voulait et j'ai eu beaucoup de mal à faire "mon
deuil" et lui encore pire!!! … Aujourd'hui encore nous souffrons tous
les 2 de ce qui s'est passé cet été là… J'ai écouté mes parents plutôt
que mon coeur. Heureusement que mon chéri était là car malgré le mal que
cela lui a fait il a toujours été là pour moi!! Cette épreuve nous a
tout d'abord éloignés car je me sentais sale, je ne voulais pas qu'il me
touche. Mais c'était pour mieux nous rapprocher, car maintenant on est
vraiment complice l'un de l'autre, même si cela aura pris environ 1 an
avant que je me remette, et nous attendons avec joie le jour où nous
aurons un enfant…
Je peux donc aujourd'hui me permettre de dire aux jeunes filles :
protégez vous, ne faites pas comme moi!!
Soledad
Comment faire l’amour à présent ? Un moment d’inconscience, un moment
d’abandon. La Femme, éternelle victime, après tout. Pourquoi donc, mais
pourquoi donc ? Pas de réponse, pas d’acquiescement. Drôle de rôle…
Oui c’est comme ça
C’est le grand vide
Et ta folie, ta jouissance
Ne tiennent vraiment qu’aux apparences
Pourquoi faut-il qu’il s’en souvienne
CARPE DIEM
Et pour le reste, on verra demain.
Demain.
Demain.
Sous la pâle toison des nymphes magiques
Question d’éthique
Mais rien ne changera, rien ne changera
Rien n’évoluera
Une pesanteur t’opprime…
Janvier 2003. Mon corps est las, je n’en peux plus. Mais laissez-moi
donc dormir ! Qu’ai-je alors ? Personne ne s’en préoccupe réellement.
Tout me dégoûte, je n’ai plus faim. D’une pâleur insondable, j’arpente
les rues de ma ville avant de m’écrouler quelque part, éreintée. Mes
seins sont gonflés, les étourdissements réitèrent. Plus de règles, plus
de protocole… Les doutes se muent en certitudes : un test, un verdict et
la menace tombe, tel un couperet.
Sort sordide ô combien… Liberticide
Pas un seul instant l’idée de le garder n’a effleuré mon esprit et celui
de mon amant d’alors, n’en déplaise à la bande à Boutin [parlementaire
conservatrice française. ndlr] et aux associations que je qualifierais
de régressives.
Mais pourquoi donc ? Me demande l’assistante sociale, avec qui j’avais
rendez-vous le jour de mon anniversaire, il y a bientôt deux ans.
Certaine de me heurter à une forme insidieuse d’incompréhension notoire,
j’ai prétexté notre situation, nos âges respectifs, oui, tous ces
truismes qui font office de bonnes raisons ou presque…
Une future « mère » éventuelle à mille lieues du désir d’enfanter, un
géniteur irresponsable et déphasé… constituent alors un couple de
fortune qui n’aurait certainement pas tenu la route bien longtemps
(l’avenir nous l’a bien évidemment prouvé), que rêver de pire pour
l’avenir de trois êtres ? J’ai donc mis un terme à ma grossesse deux
semaines plus tard (!) dans des conditions atroces pour notre époque
(pour parfaire le tableau, monsieur n’est pas venu m’accompagner, ce qui
a presque provoqué un scandale à l’hôpital). Bien entendu, mes proches
et ma famille n’ont jamais été au courant : « à quoi bon ? Ils ont assez
de problèmes comme cela ! Je ne vais pas les affoler », me disais-je
alors…
« Plus jamais », se dit-on juste après. Oui, je ferai attention… Mais
pourquoi diable la pilule est-elle si chère ? Gamine insouciante, j’ai
eu droit à ma petite leçon. Mon éphèbe s’en est plus que remis et pour
cause : il a effacé l’ « incident » de sa mémoire en quelques jours.
Tout rentrait dans l’ordre, se plairaient à dire certains.
Moi, je n’oublie pas. C’est affreux, en effet. Mais en aucun cas je puis
me considérer comme criminelle : je pense avoir agi au mieux pour tous.
Cette mésaventure était irréfléchie. À 8 semaines, il ne s’agissait
d’ailleurs pas d’un « bébé » comme certains se plaisent à dire, mais
d’un embryon de quelques centimètres. Priver quelqu’un de sa vie, c’est
aussi pour moi le priver de ce qu’il a vécu : visions du monde, odeurs,
sons, sensations, relations… Que dire alors d’un amas de cellules en
développement ?
Je vais avoir 26 ans, le temps cicatrise même si certaines saillies sont
visibles. J’y pense, mais je survis. J’ignore si j’aurai un enfant un
jour : mes choix de vie ne changent guère et d’ailleurs, rien n’est
programmé. Si l’occasion se présente et que je me sens motivée et
capable de m’en occuper, oui. En revanche, si un nouvel accident
survient, je réavorterai.
La vie m’a donné raison
De tout ce que
Je ne voulais pas entendre
Comprendre et analyser
Selon la bonne société
Qui me dicte des principes
Et me permet d’étouffer
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