Avortement - Interruption de grossesse : Pour le droit au libre choix



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Des femmes témoignent (archives 2)

Germaine
J'ai décidé de recourir à une IVG en 2002. A cette époque j'étais séparée du père de mes deux enfants, et ma grossesse était issue d'une histoire d'amour quelque peu turbulente. La grossesse est survenue lors d'un rapport pendant lequel nous n'avons pas mis de préservatif. Mon partenaire était plutôt réticent au préservatif, cela tombait dans une période où je ne prenais pas la pilule, et je n'ai pas eu assez de force personnelle à ce moment-là pour exiger le préservatif tout le temps, à tout prix.  Je ne savais pas si cette histoire avait un avenir, et je ne voulais pas m'embarquer dans quelque chose qui aurait hypothéqué non seulement mon avenir et celui de mon partenaire, mais aussi celui de mes enfants.
J'ai pris conseil auprès d'une amie sage-femme, qui a pu m'indiquer la démarche à entreprendre, ainsi que les implications financières (pas de problème avec mon assurance maladie). C'est mon gynécologue qui a opéré l'IVG par curetage, et tant lui-même que le médecin conseil (c'était avant la loi sur le délai !) ont été tout à fait compréhensifs. Cela s'est donc fait facilement, sans conséquences, ni avant, ni après. La décision était réfléchie et logique.
Elle a été plus difficile pour mon partenaire, qui lui aurait tenu à garder cet enfant. Il a cependant accepté ma décision qu'il a comprise. Depuis, nous ne sommes plus ensemble et je prends la pilule !!! Je pense avoir acquis davantage d'assurance pour exiger une protection avec préservatif, la pilule au cas où…


Celia
Mon ivg a eu lieu le 2 juin 2005 dans un planning famillial. Je suis déjà maman de 3 enfants de 5 à 2 ans et au moment des faits mon dernier avait 7 mois. Je l'allaitais et prenais la pillule d'allaitement. Et là j'ai appris que le bébé était là déjà depuis 8 semaines. Les visites chez la psy avant et après ont été bénéfiques pour moi. Je savais comment tout ce déroulerait par le fait qu'avant ma 1ère fille j'ai du subir une ivg car le bébé était mort. La méthode que j'ai choisie c'était l'aspiration car ça va plus vite, mais je ne voulais pas tout voir comme pour la 1ère fois. Donc avec l'infirmière on en a beaucoup parlé et le jour de l'intervention elle s'est mise devant moi. Je n'ai rien senti et surtout rien vu. Après l'opération je me suis mise à trembler et je vivais dans une autre dimension, c'était bizarre, il n'était plus là. Au moment même ça allait. Mais c'est maintenant que tout va mal, après 2 ans j'arrive pas à m'y faire. Mon couple est en balance. J'en veux à mon mari et à moi-même aussi car après avoir eu 3 enfants on n'aurait jamais dû devoir passer par là.


Noelle
J'ai avorté – intervention chirurgicale – il y a une semaine dans un centre de planning familial, ce qui m'a semblé très bien car il ne s'agit pas d'un milieu ayant la froideur d'un hôpital. Dans mon cas, le centre était chaleureux, colore, familial avec du personnel médical et paramédical – psychologues.. – attentif, compétent.. je me suis sentie à chaque instant une personne, pas un numéro, bien que le centre accueille de nombreuses femmes, dont beaucoup plus défavorisées que moi.
J'ai pris cette décision en le sachant aux alentours de la sixième semaine et en souhaitant me donner le plus de temps possible – c'est à dire jusqu'au dernier moment possible légalement – pour décider. En ce qui me concerne, c'était la bonne solution – attendre le plus possible -, j'ai 31 ans et je m'en serais voulue de ne pas bien considérer la possibilité d'avoir un enfant, chose que je souhaite dans l'avenir, …alors que je peux me le permettre matériellement et que, dès le premier instant, j'avais senti qu'il s'agissait d'une création vitale impossible à ignorer. De plus mon ami et moi avions couru le risque d'une grossesse, en ayant quelques rapports non protégés – sans pilule – sans avoir recours à la pilule du lendemain. D'une certaine manière j'ai considéré qu'inconsciemment il y avait eu un certain désir de grossesse, ou du moins que le destin l'avait voulue. Le hic essentiel est que mon ami est beaucoup plus jeune que moi et surtout a un âge où la formation de la personnalité doit encore se compléter. Notre relation était encore fragile, et bien qu'il y ait des sentiments forts entre nous, et surtout que lui était tout à fait pour la naissance, j'estimais que le moment n'était pas venu pour donner à un enfant une base stable, voire à mon ami une charge irréversible à un âge où ses décisions de vie pouvaient encore changer énormément et être freinées par l'existence d'un enfant. Cet aspect irréversible dans un moment encore fragile pour nous me semblait le plus déterminant, si je le comparais avec le fait que j'aurais d'autres occasions de tomber enceinte, y compris avec lui bien entendu.
Par ailleurs j'ai été bien épaulée par des amies et amis et par des personnes qui avaient déjà avorté… savoir que d'autres pas si loin de moi en étaient passées par là m'a beaucoup aidée, je me suis sentie moins seule et légitime dans ma décision. J'ai décidé de ne rien dire à ma famille, malgré ma relation symbiotique avec ma mère, étant donné la volonté de n'être influencée en aucune manière par celle-ci d'une part, et de ne pas l'inquiéter outre mesure, d'autre part.
L'acte n'a pas été simple en soi, mon ami intervenant le jour où je devais en théorie effectuer l'ivg, pour m'en dissuader, et en y réussissant partiellement… ensuite je me suis décidée sans lui dire le rdv finalement fixé une autre fois pour réaliser l'intervention, pour être plus tranquille. Je l'ai moins vu dans la période précédant immédiatement l'avortement – nous ne vivions pas ensemble -, mais un jour après il m'a écrit une belle lettre et ensuite dit oralement qu'il aurait 'été à mes côtés'. J'ai été rassurée par cette déclaration et je me suis sentie respectée par ces paroles. En quelque sorte cet épisode nous a permis de tisser d'autres liens ensemble et peut-être d'aller plus loin dans l'acceptation de l'autre – paradoxalement.
Sur le plan physique, j'ai eu des douleurs de 'règles' pendant l'opération et, peu, les jours derniers.. j'ai encore des saignements semblables à ceux de menstruations. Mais j'étais soulagée physiquement et moralement tout de suite après l'intervention et elle n'était pas si douloureuse que cela.
Je pense avoir pris une bonne décision – comme m'a dit une amie 'en âme et conscience' … même si bien entendu il est difficile de ne pas penser un peu au projet d'enfant et à la force de la vie en soi, au lien et à l'amour qui nous lie à elle ne serait-ce que l'espace d'un instant. Peut-être que cela m'a fait me rendre compte du poids que le désir d'enfant avait désormais pour moi. J'imagine que chaque femme doit respecter ce qu'elle est au plus profond de soi-même pour prendre la bonne décision pour elle.


Emilie
J'ai 24ans, et j'ai fait un test de grossesse aujourd'hui, il est positif..
J'ai décidé d'arrêter la pilule il y a quelques mois avant de rencontrer mon copain. Je n'avais jamais eu aucun problème avant, je l'ai prise pendant 4 ans. De ce fait, nous pratiquons la méthode OGINO avec retrait.. sauf ce fameux soir où il n'a pas pu se retenir. Immédiatement, le lendemain, j'ai pris une pilule NorLevo (pilule du lendemain) et j'ai attendu mes règles avec impatience mais elles ne venaient pas. Pendant ce temps, j'avais mal au ventre, mes seins étaient durs et j'avais parfois des nausées, symptômes que j'attribuais tout d'abord à l'arrivée de mes règles.. mais je n'avais jamais ressenti ça aussi longtemps. Tout était anormal et me confortait dans l'idée qu'il était bien possible que je sois enceinte. J'ai donc fait un test deux semaines après la date prévue de mes menstruations, après en avoir longuement parlé avec mon copain dès le 1er soir. Nous ne voulons pas d'enfant, bien que tous les deux très amoureux. Nous nous considérons comme trop jeunes, pas de situation stable (je suis encore étudiante) et notre relation est trop récente. J'ai beaucoup pleuré en voyant le résultat du test. Je ne pensais pas que cela me bouleverserait autant. C'est une situation dramatique pour moi. Je ne me sens vraiment pas prête. J'ai donc pris rendez-vous chez mon gynécologue pour une IVG la semaine prochaine. J'espère que j'avorterai par voie médicamenteuse, le curetage me fait terriblement peur. Personne n'est au courant, bien que je sois très proche de ma mère et de ma soeur. J'ai peur de leur en parler. J'attends que cela se finisse. Je me sentirai plus libre.


Melissa
J'ai subi un avortement en 2006, au mois de mai. Je venais de rejoindre mon mari dans son pays, et pour moi c'était une nouvelle vie qui commençait, une nouvelle langue à apprendre, de nouveaux défis auxquels il fallait faire face. Mon mari a déjà une fille, fruit d'une relation qui n'avait pas duré longtemps et qui a résulté d'une grossesse non désirée, mais la mère prit son choix et décida de garder l'enfant, mon mari dût assumer sa part de responsabilité, il a tout fait pour préparer l'accueil de l'enfant, ils se sont séparés 8 mois après la naissance de leur fille, mais ils partagent la garde, et il est chargé de tous les frais, son ex le poursuit en justice s'il ne paie pas. Je raconte tout cela parce que ceci a influencé la décision de mon avortement. 
Je suis tombée enceinte après deux mois de mon arrivée, ce n'était pas attendu, il m'a dit que ce n'était pas le bon moment, que financièrement il n'était pas prêt et moi non plus d'ailleurs, que cela allait me poser des problèmes dans ma recherche d'emploi et dans nos projets futurs, donc on a opté pour l'avortement. Nous sommes partis tous les deux à la clinique, ils nous ont donné d'abord un rendez-vous avec une assistante sociale qui a essayé de m'expliquer quelles étaient mes possibilités si je voulais garder le bébé, j'avais refusé de les entendre pour ne pas changer d'avis, je voulais avorter, pour lui, pour qu'il ne vive pas la même expérience deux fois, je ne voulais pas que mon enfant soit non désiré. Après on a eu le rendez-vous pour l'opération, le médecin m'a fait une échographie et j'ai vu le foetus, je ne l'oublierai jamais, j'étais perdue entre ce que je voulais et ce que je voulais pour mon mari, j'ai finalement avorté, tout s'est passé en un court moment. Aujourd'hui je regrette, je me sens coupable d'avoir privé MON enfant de la vie. Le sentiment d'être une mauvaise mère ne me lâche pas, je n'arrive pas à pardonner mon mari, il comprend pas mes souffrances et mes regrets, on se dispute à chaque fois que j'essaie d'en parler, il a marre que j'en parle tout le temps, il ne me soutient pas moralement. Il ne fait que me faire sentir que je le fatigue avec cette histoire. J'ai l'impression que mon sacrifice était en vain. Quand je vois combien il aime sa fille et tout l'amour qu'il lui apporte, j'ai mal en pensant qu'il s'est débarrassé de mon enfant pour bien s'occuper du sien. J'aime beaucoup sa fille aussi, une adorable petite fille, je la vois grandir et je pense à mon enfant qui ne verra jamais le jour. Sa mère était elle plus courageuse que moi, elle était prête à affronter tous les défis pour garder son enfant, moi j'étais lâche, j'ai agi par amour pour mon mari, que m'apporte aujourd'hui cet amour, des regrets, des souffrances dont je suis la responsable. Aux combats de tous les jours pour intégrer une nouvelle société, une nouvelle culture, s'ajoute le sentiment de culpabilité et je sens son âme qui ne veut pas me pardonner. J'en veux à mon mari, je m'en veux, je n'arrive pas à oublier.


Marjorie
Mon ivg a eu lieu le mois dernier; je ne pouvais pas me permettre de garder cet enfant car je ne suis pas mariée (religion, parents) et mon copain n'a pas de travail sûr; j'ai préféré être responsable malgré ma forte envie d'avoir des enfants depuis des années. Mes visites chez le gynéco étaient dures; car mon chéri était en déplacement à l'étranger. J'ai voulu l'attendre pour prendre la décision ensemble, car je ne savais pas quoi faire. Je savais que c'était pas possible. Je suis tombée enceinte accidentellement. Depuis 6 ans je ne suis jamais tombée enceinte alors que je n'avais aucune protection, car j'ai eu beaucoup de problèmes gynécologiques, kystes; ovaires; trompes; infections et cette grossesse est intervenue 2 mois après une enième opération aux trompes. Donc je suppose que d'avoir nettoyé tout ça m'a permis de tomber enceinte. L'ivg s'est bien passée mais il manque vraiment le contact humain. Les seules personnes qui m'ont aidée à la clinique sont la secrétaire à l'accueil et une dame au bloc opératoire. Elles m'ont aidée car je pleurais beaucoup; j'étais très nerveuse. Je crois en Dieu, cela me fait tenir. Je n'ai pas eu une vie facile, mais je ne me plains pas, car il y a pire que moi dans la vie; je remercie le bon Dieu de m'avoir donné la chance de croire en lui depuis toute petite. Pourtant je n'ai pas eu un père ni une mère spécialement croyants. C'est vrai je suis malheureuse au fond de moi. Depuis cette intervention de mauvais souvenirs ont réapparu, ça ne m'a pas aidée; dès que je vois 1 femme enceinte, des bébés, 1 émission à la télé, je pense à mon bébé que j'ai perdu, que je n'ai pas pu garder. J'étais vraiment contre l'ivg sauf pour les personnes violées; donc cela a été encore plus dur, car j'ai fait qq chose que je m'étais interdit. Qq jours après l'intervention je me suis interdit d'en parler avec mes proches pour ne pas souffrir davantage. Grâce à votre site j'ai pu en parler par écrit,  merci. J'ai 23 ans et la vie devant moi si Dieu le veut.


Roxanne
J'ai eu recours à une IVG cette année, j'ai 27 ans et je souhaite par mon témoignage apporter un peu de chaleur à celles qui ont à vivre cela et cherchent à être comprises ou simplement continuer dans leur questionnement.
Avec le recul de 6 mois, j'accepte à l'heure actuelle ce qui m'est apparu très difficile dans un premier temps et aujourd'hui je suis heureuse dans ma vie. Je suis toujours la femme que j'étais, peut-être un peu plus sensible, plus aimante, plus attentive aux autres, plus mûre c'est sûr. Je ne croyais pas pouvoir vivre ce chagrin et j'y suis arrivée, je sais que je garderai toujours dans mon coeur ce premier enfant que je n'aurai pas, c'est mon histoire.
C'est le coeur déchiré que j'ai opté pour ce choix car je ne pouvais pas donner vie à un enfant sans père et sans le minimum de stabilité que j'aurais voulu si fort lui offrir; j'ai appris à m'accepter dans ce choix, à même dire à l'homme qui m'a trahie (il disait vouloir un enfant et devant le fait accompli m'a quittée) que je lui pardonnais s'il me promettait d'y réfléchir aussi et ne plus jamais refaire vivre cela à une femme; ni la haine ni la culpabilité ne font avancer les choses (même si la colère est normale dans un premier temps), ce sont des sentiments qui rongent et quand on souffre il faut bien se garder de cela, je crois.
Chaque parcours de femme est bien sûr personnel, chaque histoire est différente, chaque choix mérite le respect et la tolérance quel qu'il soit. Se poser beaucoup de questions est normal et même sain lorsque l'on apprend que l'on est enceinte sans l'avoir prévu précisément. Accueillir un enfant demande maturité, amour et sécurité à mon avis; viscéralement je pense que la femme dès qu'elle prend conscience de son état se sent mûre et capable d'amour et c'est une chose très belle et troublante de découvrir ce potentiel en nous.
Et je pense que c'est important d'accepter cela, de s'écouter dans ces moments-là, de se poser les bonnes questions; toutefois tout ne dépend pas forcément de nous et d'autres éléments sont à prendre en compte, il peut arriver que les conditions soient douloureuses ou difficiles; il faut bien réfléchir car ce n'est jamais un acte anodin et savoir (je le dis car personnellement je n'avais pas été prévenue) que l'intervention chirurgicale se déroule peut-être dans le pavillon mère-enfant et que voir des femmes au ventre bien rond peut être difficile quand on a fait ce choix (car c'est comme une projection, vision dure à supporter, on devrait être préservée de cela à mon avis). Il faut dans ce cas ne surtout pas culpabiliser quand la décision est prise. Par contre, par respect pour nous-mêmes et ce qui aurait pu être, essayer d'avoir une belle vie après en adéquation avec cet événement afin que cela ne se reproduise pas et qu'un jour on puisse vivre ce bonheur auquel on aura le droit (plus mûre, plus posée, avec cette fois-ci un homme qui nous mérite). C'est tout ce qui compte, faire comme on peut, au mieux.


Laura
J'ai un copain avec qui ça fait maintenant 9 mois, bientôt 10 mois. Il a 17 ans et moi 15. J'ai eu mes premiers rapports avec lui au bout de 4 mois. Je prenais la pilule mais lui ne mettait pas de préservatif. Mes dernières règles étaient en novembre et vu que je prenais irrégulièrement ma pilule ma mère m'a dit d'arrêter ce mois-ci et que le mois prochain dès que j'aurais eu mes règles je reprendrais ma pilule pour que mon cycle soit régulier. Elle ne savait pas que j'avais déjà eu des rapports sexuels.
Vu que mes règles ne venaient pas ma mère me disait que dès qu'elle reviendrait de ses vacances en Tunisie (vacances de Noël) si je n'avais toujours pas mes règles je devrais aller chez le gynécologue.
Moi je me doutais que j'étais enceinte, donc le 30 décembre 2006 j'ai fait mon premier test de grossesse qui m'indiquait positif et le lendemain j'en ai refait un pour voir si l'autre test ne s'était pas trompé et celui-ci disait aussi positif. J'ai tout de suite appelé mon copain qui lui s'en doutait aussi, on a longuement parlé et décidé que j'avorte car nous étions encore très jeunes tous les 2 et qu'il y'avait les études.
J'en ai parlé tout de suite avec la mère de ma meilleure amie qui elle a eu son premier enfant à 16 ans et qui était donc bien placée pour m'aider.
Le 2 janvier 2007 je suis allée au planning familial où la personne qui m'a prise en charge a pris un rendez-vous avec un gynécologue fixé au lundi 8 janvier. Donc j'étais obligée de dire à ma mère que j'étais enceinte dès qu'elle est revenu de ses vacances le 6 janvier. J'ai tout dit à ma mère, mon père, mon frère qui eux ont bien réagi mais m'ont fait la morale ce qui est normal.
Lundi 8 janvier, je suis allée au rendez-vous qui avait lieu à 8h30. Le rendez-vous s'est bien passé, j'ai fait des prises de sang pour les maladies sexuellement transmissibles et aussi des examens gynécologiques. La gynéco m'a dit que j'étais enceinte de 5 semaines et que l'embryon ne faisait que 5mm. Je pouvais donc choisir d'avorter ou par médicament ou par l'aspiration. Mais l'aspiration ne se fait qu'à 7 semaines. J'ai choisi l'aspiration, car les médicaments peuvent provoquer de forts saignements et des douleurs très fortes au ventre. Alors la gynécologue m'a donné un rendez-vous pour mon curetage le 22 janvier.
J'ai dû être à l'hôpital à 7h du matin. A 8h30 j'étais déjà dans la salle d'anesthésie ensuite une heure plus tard on m'a emmenée dans le bloc opératoire, on m'a endormie avec un masque. Je me suis réveillée dans la salle de réveil à 10h30, l'intervention elle-même a duré 15min max. Quand je me suis réveillée j'avais de petites douleurs supportables. Vers 16h30 j'ai pu partir pour rentrer chez moi.
Je suis un peu triste d'avoir avorté, car moi-même je voulais le garder cet embryon qui serait devenu mon enfant, mais je l'ai fait pour mon copain et pour le bébé. Mais la vie continue. Alors je souhaite à toutes les filles qui prennent la pilule et qui l'oublient d'aller au planning familial, car la décision que j'ai prise me fait beaucoup souffrir.


Garance
Je me fais avorter la semaine prochaine. Lundi, je prends la pilule abortive, mercredi, je passe la matinée à la clinique sous surveillance d'infirmière au cas où.
Je suis certaine de mon choix; trop jeune, pas de ressources financières, une histoire toute neuve avec le papa.
Je n'ai pas paniqué outre mesure quand j'ai appris ma grossesse. Féministe convaincue, je savais quoi faire. Je le savais, je ne pouvais pas le garder, et on ne doit pas culpabiliser de se faire avorter. Mais j'avoue que ces derniers temps je flanche.
Je ne pensais pas sentir sa présence si fort, au travers d'ailleurs de "symptômes" aussi désagréables les uns les autres, je ne pensais pas que j'allais être si accaparée à l'imaginer dans mon ventre, je ne pensais pas être si troublée devant l'échographie.
Je m'aperçois que cette grossesse se concrétise petit à petit dans ma tête, et c'est douloureux.
J'angoisse pour la suite. Je voulais dire merci à toutes les femmes qui ont laissé leur témoignage et on fait preuve à leur manière d'un grand courage qu'il va falloir maintenant que je trouve aussi.


Nadine
j'ai  subi un avortement en 2003. J'ai 40 ans maintenant. J'avais déjà 3 enfants, le dernier par fécondation in vitro après beaucoup de difficultés et les médecins m'avaient dit que je n'avais quasiment aucune chance de retomber enceinte normalement. Du coup, j'avais choisi de ne pas m'embêter avec une contraception. Je crois surtout que quelque part, je n'étais pas contre le fait d'avoir un autre enfant. J'aurais dû à l'époque en parler avec mon mari.
Mais quand je suis tombée enceinte, j'ai eu du mal à y croire et mon mari à l'envisager. Il a fallu se rendre à l'évidence et c'était vraiment une mauvaise période pour nous, je risquais d'être licenciée, mon dernier enfant n'avait pas 2 ans… Mais je n'ai jamais songé à l'avortement. C'est mon mari qui a complètement refusé cet enfant et qui m'a dit que cela mettrait en péril toute notre vie. J'ai essayé de le faire changer d'avis mais rien n'y a fait. Je me suis résignée mais j'ai vraiment du mal à vivre cela; je n'arrive pas à lui pardonner au fond de moi et maintenant je fais semblant.
J'ai eu un avortement chirurgical. Quand j'ai pris le rendez vous, j'ai cru que j'allais m'écrouler, je n'arrêtais pas de pleurer. C'est une amie qui m'a accompagnée et soutenue ce jour là. Avant l'intervention, quand ils sont venu me faire une échographie, j'avais envie de m'enfuir, mais l'anesthésiste a été très gentil et il m'a endormie le plus vite possible pour que je ne vis plus rien. Quand je me suis réveillée, je pleurais.
Maintenant je vis pour mes trois enfants et aussi pour mon travail, mais j'ai l'impression que ma vie de femme s'est arrêtée ce jour là. Mes 3 enfants ne sont pas au courant et j'aurai honte de leur en parler. Je ne sais pas si je guérirai un jour. Je vis pourtant, je ris, je m'amuse et je profite des moments heureux, mais quelque chose est cassé en moi. Je suis toujours avec mon mari, mais rien n'est comme avant. Il ne parle plus du tout de cet avortement et ne comprend pas mon attitude quand j'essaie d'en parler. J'ai l'impression d'avoir fait un sacrifice qui ne sert à rien. Je me rassure en me disant que cela aurait été pire si j'avais choisi l'autre solution.
Je conseillerai à ma fille d'éviter au maximum de se retrouver dans une situation pareille parce que c'est trop difficile à vivre. Mais quelquefois on ne peut pas faire autrement. Cependant, je crois que j'ai manqué de courage pour m'opposer à mon mari. Surtout qu'aujourd'hui je n'ai pas été licenciée et j'ai une bonne situation.
Je trouve que ce qui est dur, c'est d'avoir peu de temps pour prendre une décision et de ne pas pouvoir en parler vraiment sérieusement. Aujourd'hui, j'aurais besoin d'aide, mais je ne sais pas trop à qui m'adresser. J'ai aussi du mal à en parler de peur d'être jugée.


Nathalie
J'ai subi une IVG chirurgicale, il y a une semaine à la Maternité de Genève. Mon compagnon et moi-même avions désiré cet enfant… enfin je le croyais. Cette grossesse est arrivée très vite et quand j'ai annoncé la nouvelle au papa, celui-ci nous a complètement rejetés le bébé et moi, avec des mots et des attitudes qui m'ont marquée à vie. Quelques semaines plus tard nous nous séparions définitivement et dans d'horribles circonstances. Restait à savoir si je décidais de continuer cette aventure seule ou pas, mon compagnon me persécutant et me menaçant régulièrement si je ne pratiquais par l'avortement au plus vite. Malheureusement, il ne s'est pas arrêté à des menaces, il a aussi agi…
A 10 semaines de grossesse je me suis dis que connaissant les risques (un père qui rejetait ce bébé, le détestait déjà et capable de tout) je n'avais pas le droit, par égoïsme, de garder cet enfant. Je ne voulais pas vivre avec l'angoisse perpétuelle que cet homme réapparaîtrait un jour dans nos vies et nous fasse du mal, car malheureusement il n'y a pas de lois contre la folie et la bêtise des hommes.
J'ai déjà élevé mes deux premiers garçons seule, qui connaît mieux que moi les tenants et les aboutissants d'un père absent ou pire irresponsable et haineux. Non, je n'avais pas le droit de faire ça à ce petit être qui grandissait en moi, même si je l'aimais déjà.
Pour arriver à cette décision finale il m'aura fallu batailler entre ma raison et mon coeur mais aussi avec mon psychologue et des gens de confiance qui m'ont écoutée, soutenue et guidée… idem pour mes amis que je ne pourrai jamais assez remercier. Mais aussi mes enfants de 19 et 15 ans qui n'ont porté aucun jugement et qui étaient prêts à accueillir ce petit bout dans leur vie et à s'impliquer pour lui.
10 jours après l'intervention, je suis encore très fragile et très triste. Je n'ai pas cessé de pleurer pendant les 3 jours qui ont suivi l'intervention. Je me suis sentie vide… et soudain terriblement seule. Pourtant je sais que j'ai fait ce qu'il fallait et je n'ai aucun regret par rapport à ma décision. J'ai rendu ce petit Ange là d'où il venait avec beaucoup de tristesse mais aussi beaucoup d'amour… il y a des décisions, toujours difficiles à prendre, qui peuvent parfois aider les blessures à cicatriser, ou, à l'opposé, lient les gens pour la vie… la Vie est ainsi faite.


Laurence
Comme beaucoup de filles de 18 ans, on pense que tomber enceinte n'arrive qu'aux autres… mais non, à a peine 18 ans, je suis tombée enceinte (beau cadeau d'anniversaire), le monde s'est écroulé autour de moi. Cela faisait peu de temps que j'étais avec mon copain, je ne pouvais garder ce bébé qui s'offrait à nous alors qu'on était tous les 2 en plein dans les études, sans être sûrs de vouloir passer notre vie ensemble.. Je savais qu'avorter était la seule solution car le bébé n'aurait pas eu la vie qu'il méritait. L'épreuve des rendez-vous a été très difficile car j'ai dû supporter tout cela seule, je ne voulais plus voir mon copain qui évitait toujours le sujet et cela me rendait colérique… Seule ma mère a été au courant, elle ne l'a pas trop mal pris alors que j'attendais d'elle une vive réaction, c'était une des seules à me comprendre. Aujourd'hui, cela fait 3 semaines que j'ai avorté, je l'ai fait par cachets, cela a été douloureux physiquement et moralement le jour même, mais aujourd'hui je me sens beaucoup mieux, prête à réapprendre à être heureuse. Un avortement c'est arrêter une petite vie, ça vous fait du mal, mais c'est soit ça ou soit vous rendez le bébé malheureux et vous avec…


Céleste
J'ai 22 ans, je vis en France et au mois d'août 2005 j'ai subi une IVG… Je suis tombée enceinte par accident. Etant encore étudiante, sans moyens, vivant dans un studio avec mon ami depuis 4 ans, nous avons décidé de ne pas garder ce petit bout de nous… Cette décision fut vite prise d'une manière très objective. Je me rendis donc, après avoir fait un test de grossesse acheté en pharmacie, chez un médecin généraliste sur le lieu de mon travail saisonnier.
Je lui explique dès mon arrivée que je ne veux pas garder cet enfant… Son regard me pétrifie… Je sens un jugement de valeur à mon sujet planer dans son bureau… Elle me prescrit un test de grossesse par prise de sang… je retourne la voir trois jours plus tard avec l'idée en tête qu'elle va me prescrire un avortement médicamenteux.. et bien non! elle me dit qu'elle ne sait pas le faire et me dirige vers le planning familial…
J'obtiens un rendez vous une semaine plus tard, mais l'équipe est en vacances… une sage femme me reçoit… elle se démène pour me refourguer à un service identique dans une autre ville située à 40 km… Pas un mot sur mon état psychologique, pas un brin de compassion, je craque en entendant ce qu'elle me dit: "je vous ai obtenu un rendez vous dans une semaine, personne n'est disponible avant." Je m'effondre, et je pleure à chaudes larmes… L'avortement médicamenteux c'est foutu…
Je commence à avoir vraiment peur à ce moment là… Dans le même temps je continue à travailler, je suis incapable d'avaler quelque chose sans le vomir, je pense sans arrêt à ça. Je ne peux en parler à personne sauf à mon ami, toute cette pression sociale, le regard de mes amis, mes parents (qui sont pourtant de fervents défenseurs de l'avortement), je ne pouvais pas en parler et c'était très dur, je l'ai vécu comme une punition. Je ne pensais pas qu'à notre époque l'avortement soit encore considéré si négativement, pourquoi ai-je si honte?? les autres ne se rendent pas compte de la douleur qu'ils m'ont infligée…
Une semaine plus tard je me rends au rendez vous dans cet autre hôpital. Je suis reçue par un gynécologue vraiment très spécial. Il m'emmène dans une salle afin de faire une échographie, il oublie de préciser que c'est une échographie vaginale. Jamais un gynéco ne l'avait pratiquée auparavant sur moi. Il y va comme une brute et ça fait super mal, il me touche les cuisses, je le trouve bizarre voire même pervers. Nous retournons dans son bureau, il me dit qu'il y a un délai légal à respecter avant de pouvoir avorter et que pour l'avortement médicamenteux il était trop tard.
Il fixe donc une date pour l'IVG environ 2 semaines plus tard. Le jour de l'intervention j'arrive à huit heures, vraiment sous pression, mon ami est avec moi. L'infirmière nous installe dans un renfoncement entre deux chambres avec des sièges donnant face à un mur.. je n'ai jamais attendu dans un lieu aussi austère. L'infirmière nous conduit ensuite dans une chambre tout aussi horrible.
Vers dix heures la brancardière vient me chercher. Le chemin jusqu'au bloc fut un supplice. Personne ne m'avait réellement expliqué ce qui allait se passer, j'ai eu le temps de tout imaginer.
Et là le gynéco arrive, pose sa main sur mon ventre et me dit: allez on y va!! on m'assoit sur une table, on m'attache les bras on me met nue, le gynéco me fait une toilette vaginale, toujours sans ménagement, mais là j'explose et je lui dis qu'il me fait mal et qu'il pourrait me prévenir de ce qu'il va faire. Il me dit que ça ne fait pas si mal (est-il dans mon corps pour se permettre de dire si j'ai mal ou non??), je ne réponds rien. Il me dit ensuite qu'il va utiliser un outil pour écarter mon vagin, et que je ne vais rien sentir. Mon oeil!! jamais on n'avait non plus utilisé ça sur moi sans y aller doucement, j'ai eu trop mal et j'ai éclaté en sanglots. Le gynéco me dit que j'exagère… j'essaie de me calmer. Il pratique des injections d'anesthésiant dans mon vagin, puis il gratte et aspire, il dit que ça va juste faire un peu mal comme les jours des règles, encore un mensonge… mais je me tais et essaie de m'imaginer ailleurs… je pense à l'océan… puis à la fin je lui dis que j'ai énormément souffert, que je trouve ça honteux de souffrir sans qu'on ne vous vienne en aide. Il me répond que cette intervention doit se faire dans la douleur pour me décourager de recommencer…
L'intervention est terminée et trois heures plus tard je rentre chez moi. Personne dans ce service ne s'est posé la question de savoir si j'allais bien dans ma tête… seul mes fonctions vitales les intéressaient.
Un mois plus tard, la visite de vérification obligatoire. Le gynéco qui me reçoit n'est pas celui qui m'a opérée, il m'emmène dans la salle d'échographie et m'explique ce qu'il va faire. Lui, il est clean, il ne me touche pas, pratique l'échographie en se positionnant sur le côté, ne me fait absolument pas mal, me rassure, me montre ce qu'il fait sur l'écran. Enfin quelqu'un qui fait attention à moi! Nous retournons dans son bureau et il s'intéresse à ce que je vis, il compatit, me rassure, me déculpabilise, critique le système.. bref j'étais enfin entendue et comprise.
Aujourd'hui toujours personne n'est au courant, j'y pense encore tous les jours. L'IVG c'est très dur à vivre, mais je crois que j'ai fait le bon choix pour ce bébé et pour moi… c'est la première fois que j'en parle librement, c'est très libérateur.

Commentaire: nous avons presque partout en Europe le droit à l'avortement – pourtant les choses ne se passent pas encore bien pour toutes, en voici un exemple… Il ne faut pas s'étonner que Céleste éprouve un sentiment de honte après le traitement qu'on lui a fait subir.


Claire
J'ai effectué une IVG il y a un peu plus d'un mois. J'ai bientôt 16 ans. Mon copain m'a énormément soutenue, a été très présent. Nous avons tout d'abord été confrontés au problème de l'organisation car en semaine, je ne pouvais vraiment pas me libérer. On a pensé aux vacances: la personne que j'avais eue au téléphone pour prendre le RDV a été très gentille… elle s'est rendue compte que j'étais très stressée que mes parents l'apprennent… j'étais exécrable avec mon copain, mais il ne disait rien, il savait que c'était "normal"… Tout s'est finalement très bien passé: je me suis faite opérer… Les deux semaines qui suivirent j'ai été très heureuse, je me sentais libérée… Mais je n'en parlais jamais, je suis comme ça, j'ai la chance et le malheur à la fois de pouvoir prendre énormément sur moi, de ne pas exprimer mes sentiments… trop, et ça me dessert… j'en suis à un moment où je me remets beaucoup en question…


Zouzou
J'ai bientôt 18 ans et j'ai avorté le 4 avril 2006. J'étais enceinte de 10 semaines et demie, mais dès les premiers jours j'ai senti au fond de moi que j'étais enceinte, mais je me voilais la face en me disant que ce n'était pas possible. Sortant d'une profonde déprime et de 4 ans d'anorexie, j'étais persuadée ne pas pouvoir tomber enceinte, du moins aussi vite. Amoureuse depuis plus de 2 ans de ce garçon, je faisais l'amour avec lui sans préservatif, et je ne prenais pas la pilule. Il se retirait juste au moment d'éjaculer. Nous étions totalement irresponsables. J'ai attendu un peu plus de 2 semaines de retard de règles avant de faire le test, j'en ai parlé à ce garçon un peu avant et il m'a dit d'arrêter de dire n'importe quoi, que je n'étais pas enceinte. Plus les jours passaient, plus je stressais et j'ai décidé de faire le test … et là c'est l'effondrement, le test était positif, j'ai pas cessé de pleurer, toute la nuit. Le lendemain au travail a été très dur, des femmes enceintes venaient au magasin, toutes fières d'attendre leur bébé… pendant ma grossesse (quand je ne le savais pas encore) je prenais de la drogue (cocaïne), ce qui a provoqué un décollement du placenta, je compris enfin pourquoi j'avais si mal au ventre depuis quelque temps… je me suis rendue au planning familial sans encore savoir ce que j'allais faire, garder cet enfant qui n'aurait jamais eu de père, ou avorter… j'ai choisi pour son bien de ne pas le garder. Il était trop tard pour les cachets, j'ai dû aller à l'hôpital pour une aspiration, j'avais peur, mon ex m'a accompagnée le matin et il est parti de suite, il est juste venu me récupérer en fin d'après-midi et a refusé d'en parler. Le moment d'attente à l'hôpital était horrible, on entendait les bébés pleurer, on voyait les femmes prêtes à accoucher… le soir même et les quelques jours qui suivirent je me sentais bien, je pense que je ne réalisais pas, et quand j'ai réalisé, ce fut terrible, j'ai passé des nuits entières à pleurer. Il me manque beaucoup, c'est bête à dire mais je me sens vide de l'intérieur… il aurait dû naître 15 jours après mon anniversaire, c'est horrible de connaître la date, même si ce n'est pas sûr à 100%, mais on nous a dit une date. Au jour d'aujourd'hui j'ai cessé tout contact avec ce garçon, même si au début on se revoyait, j'ai arrêté la drogue, et je veux aller mieux, et fonder une famille avec un homme qui voudra de notre bébé et qui ne le fera pas souffrir. Ma mère n'est toujours pas au courant et je ne pense pas lui dire un jour.


Valérie
Et bien comme beaucoup je me suis retrouvée enceinte il y aura bientôt 1 an (février 2005).
Je ne prenais plus la pilule car je ne la supportais plus et j'avais renoncé à obtenir un stérilet, comme nullipare aucun des gynécos rencontrés n'acceptaient de m'en poser un). Nous faisions donc très attention et n'avions jamais de rapport sans préservatif avec bien entendu une vigilance accrue dans les périodes "à risque". Seulement voilà, malgré toutes nos précautions, je me suis retrouvée enceinte. Je m'en suis doutée très vite car j'ai des cycles d'une régularité exemplaire, et fin février 2005 la date de mes règles étant dépassée, j'ai fait un test qui s'est révélé négatif, mais persuadée d'être enceinte, j'en ai fait un second positif…
Nous avons eu tous les deux le sentiment que le ciel nous tombait sur la tête, pas que nous ne voulions pas d'enfant mais surtout parce que nos familles respectives sont à l'affût d'une grossesse afin de pouvoir mettre la main sur notre enfant (c'est très long à expliquer je m'en tiendrai donc là). Bref, nous imaginions mal de prendre le risque de faire un enfant et par conséquence de le mettre à la merci de ces personnes. L'IVG s'est donc imposée rapidement.
Nous avons pris RDV chez notre médecin généraliste (un homme formidable merci à vous Pierre) qui a fait le nécessaire et nous a obtenu un RDV chez un de ses collègues gynécologues (merci à vous aussi de votre gentillesse, ainsi qu'aux infirmières de la maternité).
Le surlendemain direction la clinique et échographie pour confirmer la grossesse et surtout la possibilité d'avorter par médicaments. – Physiquement tout s'est bien passé, mais même si je/nous savions que c'était le meilleur choix possible ce fut malgré tout dur. Nous savons que nous n'aurons pas d'enfant, et là tout d'un coup cela était devenu réel, avant nous étions dans l'abstraction totale sur le sujet. Ce fut ça qui fut le plus dur pour nous deux. Je dis nous deux parce que mon mari ne m'a pas quittée un seul moment et a tout vécu avec moi. Il a supporté mes larmes quand il m'a fallu admettre que ce que je savais était une réalité (ne pas avoir d'enfant) et il a supporté toutes mes colères et mes coups de blues le mois qui a suivi.
Aujourd'hui, je ne regrette pas notre décision, je sais qu'elle était la bonne. J'ai repris ma vie et j'ai l'impression que cet épisode est bien plus lointain que cela.
Une IVG même si c'est dur on s'en remet à condition d'être sure de son choix et de l'assumer. Notre couple est plus soudé que jamais et notre vie est celle que nous voulons.
Merci aux femmes (et aux hommes) qui se sont battu(e)s pour cette liberté des femmes. Et comme je suis française un immense merci à Mme Veil, pour toutes les femmes que vous avez aidées grâce à votre volonté et votre courage.


Renée
J'ai 32 ans, mariée, avec deux enfants adorables et je viens d'apprendre il y a une semaine que je suis enceinte ! Mon mari et moi souhaitons un troisième enfant, mais pas tout de suite, dans 2 ou 3 ans ! A l'annonce de la nouvelle, mon mari n'a pas bien réagi ! Il m'a proposé l'avortement, c'est vrai que nous sommes dans une situation changeante en ce moment, mon mari vient de racheter une entreprise, on se lance dans une affaire où il faudra donner beaucoup de notre temps, nos deux enfants ont peu d'écart d'âge et c'est vrai que ça représente un grand investissement personnel, c'est déjà difficile de gérer nos deux bouts de choux, alors un troisième maintenant, on explose !!
On a beaucoup dialogué, et il a raison, il y a le coeur et la raison, cette fois ci c'est la raison qui l'emporte !!
J'ai déjà passé une échographie, et j'ai rdv lundi prochain avec un gynéco, je pense être dans le délai pour avoir recours aux médicaments. Nous verrons bien, mon mari me soutient et sera présent pour les rdvs, je suis sereine et paniquée en même temps, difficile d'expliquer ce que je ressens.
Ce qui est sûr, c'est que si mon mari m'avait dit : super on le garde, je n'aurais pas pensé à l'avortement. Je ne lui jette pas la pierre, il est très respectueux, et fait tout pour notre famille, on a beaucoup dialogué et finalement la décision est commune, même si elle est difficile.


Vanessa
Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir subi un avortement. Je prends la pilule depuis maintenant passé 2 ans. Je n'ai jamais eu de problème ni tombée enceinte en la prenant.. Alors je me disais, pourquoi me faire du soucis ? J'ai pris ma pilule correctement. Au bout du 10ème jour où je n'ai pas eu mes règles, je suis allée avec la mère de mon copain à la pharmacie chercher un test de grossesse. Je n'ai même pas eu besoin d'attendre 5 min comme c'était prescrit sur la notice. En 40 secondes j'avais déjà la réponse. C'était positif, je n'arrivais pas à y croire et mon copain était aux anges. Mais je me suis dis tout de suite que je ne pouvais pas le garder, je suis au plein milieu de ma formation et lui il n'a toujours pas de travail. Alors j'ai pris très rapidement rendez-vous chez ma gynéco, j'y suis allée mardi dernier, et c'est là que j'apprends que je ne suis pas enceinte d'un petit bout de chou mais de 2. ça m'a fait encore plus mal. Alors j'ai dû prendre ces 3 pilules de Mifégyne le mardi, mercredi les douleurs avaient déjà commencé, je souffrais horriblement (j'ai toujours mal aujourd'hui, vendredi). Ensuite jeudi matin je suis allée en clinique pour me faire redonner 2 pilules.. et là je les ai perdus les 2.. Malheureusement pour moi je les ai regardés, car maintenant j'ai toujours un regret. Mais heureusement mes amies ainsi que mon copain sont toujours à mes côtés et me soutiennent.

Commentaire: des douleurs très fortes et prolongées sont plutôt l'exception et d'autres femmes sont parfois soulagées de voir combien "l'oeuf" est petit à ce stade de la grossesse…


Adeline (23ans)
Je me lance aujourd'hui… j'ai avorté le 7décembre 2003, il y a bientôt 2 ans.
Avec mon petit ami cela ne faisait qu'un mois que nous étions ensemble, je n'avais jamais eu de relations sexuelles. Ce moment où nous avons fait l'amour pour la première fois reste un des plus beaux moments de ma vie (même si désormais nous ne sommes plus ensemble). Que ce soit lui ou moi nous ne pensions pas que ce moment arriverait si tôt, il est arrivé si spontanément que nous ne nous sommes pas protégés (et je ne prenais pas encore la pilule)… Le moment était magique, c'est seulement le lendemain que je me suis rendue compte de ce qu'on avait (pas) fait, j'ai décidé de prendre la pilule du lendemain, mais d'après le gynéco qui m'a vue par la suite, je l'ai mal prise.
Bref, 2 ou 3 semaines se passent, j'attends mes règles (avec impatience) mais elles n'arrivent pas… je commence à sérieusement stresser… et je commence à en parler à des amies…
Tout s'est passé très vite entre le moment où j'ai su que j'étais enceinte et le moment ou j'ai avorté, une semaine. Je pensais, selon mes premiers calculs, ne pas pouvoir être enceinte, mais le test que j'ai passé avec une de mes meilleures amies m'a prouvé le contraire! C'était un mardi midi… l'après midi, accompagnée de cette amie je suis allée voir un médecin pour qu'il me prescrive une prise de sang et je suis tout de suite allée faire cette prise de sang… J'ai eu le résultat, positif, le soir même.
La mère de cette amie travaille dans un hôpital et grâce à elle j'ai pu obtenir un rdv dès le lendemain. Je ne pouvais avoir cet enfant ce n'était pas possible (j'étais étudiante et le suis tjrs et lui n'avait pas de travail stable)… Le lendemain j'ai appelé mon petit ami pour le lui annoncer… ce fut un moment très dur, il n'aimait pas l'idée d'un avortement, mais il comprenait le fait qu'on ne pouvait pas le garder. Cela faisait à peine 2 mois que nous étions ensemble, nous ne nous connaissions pas assez et ne pouvions pas assumer une famille (malgré son désir d'en construire une).
Je suis donc partie à l'hôpital avec mon amie qui m'a bcp aidée. Le rdv s'est très bien passé, même si j'étais très mal à l'aise, le médecin n'a pas essayé de me dissuader ou quoique ce soit, il m'a écoutée et m'a conseillé l'ivg médicamenteuse (qui quelque part me faisait bcp moins peur). Il m'a fait une échographie, mais je n'ai pas regardé… (même si d'après lui on ne voyait rien, j'étais enceinte de 4 semaines).
J'ai eu un second rdv 3 jours après pour la première prise de médicaments, et 2 jours après ça je me suis rendue à l'hôpital avec mon petit ami pour la seconde prise de médicaments. J'ai un très mauvais souvenir de ce jour là surtout par rapport à mon petit ami… Quand on est entré dans la chambre, l'infirmière m'a demandé de me changer et de mettre la tunique d'hôpital, je me suis sentie affreusement mal à l'aise et angoissée et au moment où elle a demandé à mon petit ami s'il désirait rester je lui ai dit que je préférais qu'il m'attende dehors… il est donc, très compréhensivement, sorti et il m'a attendue pendant plus de 4 heures dehors…
Pendant ce temps, le médicament faisait son effet… Je dormais, je lisais, j'allais aux toilettes… je n'ai pas eu beaucoup mal au ventre, mais j'étais dans un état assez "vaseux", les infirmières m'ont apporté à manger et je suis sortie de l'hôpital… Je revois encore ce moment où j'ai retrouvé mon petit ami… c'était affreux… Je m'en veux énormément de lui avoir demandé de partir, car même aujourd'hui où nous ne sommes plus ensemble, je ne sais pas vraiment ce qu'il a ressenti ce jour là…
A présent, lorsque je vois un bébé où une femme enceinte, ça me fait tjrs un petit quelque chose, parfois je me demande quel âge il ou elle aurait eu…
Je n'en ai pas parlé à mes parents, pourtant ils ont vu que ça n'allait pas trop à cette période… Quelques ami(e)s sont au courant ainsi que ma soeur, mais ça reste tout de même une épreuve très difficile et j'aurais bcp de mal à mettre le sujet sur la table comme ça. Pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque d'en parler, seulement j'ai encore peur du regard de certaines personnes comme certains amis à qui je n'ai pas pu le dire encore et surtout celui de ma famille…
Aujourd'hui j'ai l'impression qu'avec cet avortement, la séparation d'avec mon petit ami (mon premier amour), je prends les choses plus philosophiquement, mon regard a évolué sur certains points, je sais également plus de choses sur moi-même, la personne que je suis vraiment, mais le chemin sur la construction de soi (et la reconstruction aussi) n'est pas un chemin qui se fait rapidement!
Je suis toute à fait pour le fait de partager mon expérience avec d'autres femmes, mais également des hommes car leur point de vue m'intéresse beaucoup.
Je tiens à remercier le personnel de cet hôpital tout d'abord, ainsi que les amis qui m'ont accompagnée dans cette épreuve (en me suivant à l'hôpital par exemple ou en étant là simplement), mais surtout je tiens à remercier la personne avec qui j'ai failli avoir ce bébé, qui m'a énormément soutenue et qui a été très patiente avec moi, et qui m'a offert à cette époque la chose la plus belle, son amour. Aujourd'hui toute cette épreuve est représentée matériellement par un collier qu'il m'a par la suite offert et qui m'a aidée dans les moments difficiles à me rappeler que je ne suis pas seule et que j'ai l'amour (le sien, mais également celui de mon entourage).
Pour M.


Véronique
Pour des raisons personnelles, mon copain et moi avions décidé que je ne prendrai pas la pilule, alors lors de nos préliminaires, on faisait attention et encore plus dans les périodes d'ovulation.
Le week-end du 15 août 2005, j'avais congé le lundi et décidé, puisque je n'avais rien de particulier à faire, de rester à Genève chez lui. On avait passé deux bonnes soirées. Je devais ovuler ce week-end là, donc on avait fait très attention et il ne s'était pas passé grand-chose (câlins, caresse, fellation). J'avais même fait attention de ne pas toucher le sperme, mais il ne portait pas de préservatif. Il y avait 0.45% de risques. Pour moi, autant dire zéro. De plus, à cause de la dureté de mon hymen (qui nécessitait selon mon gynéco une opération chirurgicale), on n'avait jamais pu avoir une pénétration. Il n'y avait que quelques petits trous.
Les jours suivants se sont passé, on ne s'est pas vu beaucoup et je me suis enfermée dans le travail, et puis, j'avais le sentiment qu'il y avait un truc qui clochait. Il a fallu attendre dix bons jours de retard de règles pour que je m'inquiète vraiment (j'ai toujours eu du retard) et en parler sérieusement avec mon chéri. J'étais convaincue d'être enceinte, même si je n'avais fait aucun test.
Je le savais et en même temps je n'y croyais pas. Mon copain était aux anges pendant les premiers jours, et puis il a réalisé ce que ça voulait dire et il a commencé à paniquer. Bizarrement c'est à partir de ce moment là que pour moi, j'ai réussi à me calmer et à réfléchir.
La situation ne nous permettait pas d'avoir un enfant et je n'en voulais vraiment pas. Il fallait prendre une décision rapidement. Ma belle-famille à qui on en avait parlé, nous laissait libre choix et nous assurait leur soutien quoiqu'on décide. On en a beaucoup parlé ensemble le mardi 5 septembre 2005 et on a décidé que j'allais faire une IVG. Ma belle-mère m'a pris rendez-vous en urgence chez un gynécologue à Genève pour le lendemain (6 septembre 2005). J'ai averti mes parents la veille du rendez-vous (l'avortement est tabou dans ma famille). C'est un gynéco très sympa, il m'a fait une échographie et m'a confirmé ce que je pensais : j'étais enceinte de 3 semaines. Voyant que j'étais convaincue de mon choix, il m'a envoyée chez un confrère qui pratique les IVG médicamenteuses.
Avec mon copain, on a payé l'IVG comptant (pas de facture, pas de traces) et je suis repartie avec des médicaments à avaler (Mifégyne) et des ovules à glisser dans le vagin (Cytotec). J'ai avalé la Mifégyne dès que je suis sortie du cabinet, puis suis rentrée chez moi (en Valais) peu après. Le lendemain, j'ai été travailler le matin, puis j'ai demandé un arrêt de travail dès que les contractions,
se sont fait sentir. J'ai mis le premier ovule à 0h00, la deuxième 4h00 plus tard. J'ai avorté aux alentours de 2h00 du matin le 7 septembre 2005. Même si on me dit que ce n'est pas possible, j'ai senti l'oeuf partir. Mon mec est arrivé le 8 septembre au matin, nous avons passé le week-end au chaud à se remettre tranquillement.
Le plus bizarre dans cette histoire, c'est que durant tout le temps de cette convalescence, les rapports conflictueux avec ma mère ont stoppé. Je suis redevenue une petite fille et elle était là pour moi. Mais dès que je fus remise sur pied, tout a repris comme avant. Ce qui m'a choquée, c'est la réaction de mes parents : interdiction formelle d'en parler avec les membres de la famille, ils doivent tout ignorer. Je n'ai pas pour habitude de faire des secrets, mais par faiblesse (qqs jours après seulement), j'ai dit oui. Par contre, ma belle-famille a été géniale et je me suis sentie très entourée et comprise. C'est sans doute ce qui nous a « sauvés ».
Je ne pense pas qu'on puisse oublier ces moments, on vit avec, et puis un jour, ils cessent d'être douloureux, c'est là qu'on comprend que le temps a passé…
Spécial MERCI : à tous les médecins que j'ai rencontrés et qui ont été formidables, à tous les membres des associations qui ont permis de rendre légal l'avortement en Suisse, à toutes les femmes qui se sont battues ou en sont mortes pour que l'avortement soit un droit, à l'équipe de SoutienInfoIvg qui m'a écoutée, à ma belle-mère à qui je dois tellement et à toi mon Amour (je t'aime) !


Eloïse
Le 14 juin 2005, j'ai subi une IVG et je le vis encore mal par moments. Je me remets en question, enfin le truc classique je crois…
J'ai 22 ans et mon ex 23. Nous étions ensemble depuis 7 mois et avions des rapports non protégés, car la pilule me donnait des migraines et nous avions tous 2 fait le test HIV donc pas de problème… Je pensais que j'avais un problème de fertilité, car je ne prenais plus la pilule depuis environ 2 ans et je n'étais jamais tombée enceinte.
J'avais un retard de 2 semaines et j'ai donc fait un test. En arrivant chez moi je me disais "mais non, c'est pas possible"… la suite vous la connaissez. J'avais un mélange de joie et de peur. Joie car je me sentais prête à avoir un bébé et peur car je savais que mon copain ne le voudrait pas. Je lui ai annoncé la nouvelle le soir même et il m'a tout de suite dit "si tu le gardes, je te quitte"… J'étais complètement perdue.
La première visite chez ma gynéco était rude, elle essayait de me convaincre de le garder en me disant que c'était mon corps, donc à moi seule de décider. J'hésitais. Elle m'a donné un délai d'une semaine pour lui dire mon choix. Passé cette semaine, je suis retournée la voir et lui ai annoncé mon "envie" d'avorter tout en pleurant. Je ne voulais pas perdre mon copain.
Elle m'a donc pris rdv à la maternité pour quelques jours plus tard. Les rdv se sont tous bien passés, mis à part le fait que j'ai vu les échos ce qui m'a fait très mal au coeur. J'ai dû voir une psy de la mat, car les médecins ont bien vu que j'hésitais encore.
Ensuite j'ai eu le dernier rdv où ils m'ont fixé la date de l'IVG en m'expliquant comment ça allait se passer. La nuit avant était horrible, je devais prendre 2 médic à 4h du matin et les médecins m'avaient bien dit: si vous hésitez encore, ne les prenez surtout pas… Je me suis réveillée pour prendre ces 2 médic et c'est là que je me suis rendue compte de ce que j'allais faire.
Ma mère et mon copain m'ont accompagnée à la mat. Moi évidemment en pleurs, ma mère aussi et mon copain, rien, tranquille comme si c'était banal. Le médecin m'a conduite dans une chambre, je me suis changée et il m'a descendue au bloc.
Là on m'a préparée, je ne me souviens pas exactement, tellement j'étais mal. Ensuite on m'a fait une anesthésie générale et on m'a enlevé ce petit bout qui était en moi.
A mon réveil, je me suis mise à pleurer, je ne savais pas où j'étais, je paniquais. Quand ils m'ont remontée à ma chambre, j'étais seule, ma mère avait dû repartir à son boulot et mon copain aussi. Le réveil horrible, personne à qui parler, je me sentais mal, abandonnée et coupable.
Environ 1 mois après nous nous sommes séparés mon copain et moi. J'avais appris peu de temps avant l'avortement qu'il me trompait. C'est aussi ça qui m'a poussée à faire ce choix.
En tout cas, encore maintenant je ne suis pas bien. Je le désirais, ce bébé, mais je l'aurais élevé seule et je ne veux pas ça pour mon enfant.


Julie
Je suis tombée enceinte lors de mes 14 ans, l'idée de l'avortement ne me plaisait pas du tout, mais lorsque vous avez 14 ans, qu'allez vous faire d'un enfant? Je préférais attendre encore quelques années pour avoir un enfant pour qu'il puisse être élevé dans de meilleurs conditions et pouvoir vivre pleinement avec lui, mon ami n'aurait pas pu s'en occuper, je préférais donc avorter. Toutes mes visites se sont bien passées sauf une: le rdv chez l'anesthésiste qui m'a dévisagée et m'a parlé comme à une espèce de fillette délinquante! A mon réveil de l'intervention je me suis mise à pleurer, mais qui n'a pas eu un coup de blues après son avortement? Malgré tout je vais très bien aujourd'hui, mon intervention s'est très bien passée et je n'ai aucun regret sauf peut-être celui de ne pas m'être protégée. Donc svp protégez-vous, cela peut vous éviter de gâcher une vie, que ce soit la vôtre ou celle de votre foetus.


Betty
J'avais dix sept ans et sans aucun doute une grande envie d'avoir un enfant, mais ce n'était pas le cas de mon copain… Evidemment nous étions encore jeunes, mais nous vivions chez ses parents, lui travaillait et nous pouvions nous en sortir à condition de le vouloir, car il faut dire que la société nous propose beaucoup d'aide (entre les aides au logement, les allocations familiales et un salaire on peut s'en sortir). Bref, sans le dire à personne j'acceptais son choix de l'avortement, avec une grande peine. 10 mois plus tard, après presque deux ans de relation, mon copain décide de me quitter… Me sentant seule, très seule sans lui, je fis l'erreur de sortir avec quelqu'un d'autre, quand mon ex l'apprit il fut très mal (moi aussi d'ailleurs). Nous avons décidé (surtout lui…) de nous (me) redonner une chance…
Deux mois plus tard, j'étais de nouveau enceinte (peur de le perdre??? envie d'avoir un lien à vie avec lui, envie de ce bébé et une grosse dose d'inconscience sans aucun doute). Sa première réaction m'étonna "tu peux pas savoir à quel point je suis content", mais me fit tellement plaisir. La joie fut de courte durée, il commença à réfléchir, se dire qu'il n'était pas prêt, à penser à la réaction de ses parents… Il ne savait plus trop ce qu'il voulait. (Avec le recul j'ai compris le sens de sa phrase "jsuis trop content", il était tout simplement content que ce bébé soit de lui, mais sil ne l'avait pas été, je ne me serais pas posé de question, je n'aurais pas voulu le garder, je voulais un bébé avec l'amour de ma vie.) Bref, sa mère une fois au courant, je partis de chez lui (je retournais chez ma mère qui ne voulait pas non plus du bébé) et lui est parti chez un de ses copains… J'ai avorté pour la deuxième fois… Cette fois j'ai essayé de le vivre plutôt bien, mais l'idée de construire une famille ne m'avait pas quittée…
Ces épreuves nous ont permis de partir de chez ses parents et de nous installer rien que tous les deux. Puis en mai 2004 (j'avais donc 19 ans) je retombe enceinte pour la troisième fois. Et cette fois je me suis dit: s'il ne nous accepte pas c'est qu'il ne m'aime pas… Je lui ai donc laissé une lettre en lui disant tout ce que j'avais sur le coeur, puis je suis allée dormir seule à l'hôtel… Je suis rentrée le lendemain, il m'en a beaucoup voulu, puis petit à petit il a accepté l'idée de devenir père. J'avais très peur de l'annoncer à mes beaux parents et à mes parents… Mais finalement cette fois-ci ma belle-mère était contente et ma mère a fini par l'accepter.
Aujourd'hui notre petit bout a radicalement changé notre vie, mais c'est que du positif, il nous apporte tellement, il a deux mamys qui l'aime très fort, pour les papys c'est exactement pareil. Et son père je n'en parle même pas, il est fou de son petit garçon… Sa mère? Elle regrette d'avoir fait ce qu'elle a fait, mais je peux vous dire qu'aujourd'hui j'ai compris que c'était lui qu'il nous fallait, lui et pas un autre.


Cécile
J'ai fait mon test de grossesse le jour de notre départ en vacances. Positif ! Nous étions heureux, cela faisait six mois que nous essayions mon ami et moi de faire un petit frère ou une petite soeur à notre petite fille de deux ans et demi. Vacances, sereines et raisonnables de mon côté, je prenais les précautions habituelles, n'étant pas immunisée contre la toxoplasmose. Selon mes petits calculs, le bébé devait arriver en avril et nous commencions mon ami et moi à songer à la réorganisation de la "chambre des petits". Fin août, prise de RV chez ma gynéco pour début septembre. Tout allait bien à l'examen. S'en suit la traditionnelle sérologie de la toxo au laboratoire d'analyse. Une pure formalité, enfin je le croyais. Nous étions alors le 12 septembre. 21h30, ma gynéco m'appelle sur mon portable : "il y a un petit problème…". J'avais attrapé la toxoplasmose, entre le mois de février et le mois de septembre, avant ou après le début de ma grossesse. Le monde s'est écroulé; début d'un long cauchemar. Ma gynéco m'a donné les coordonnées d'un éminent spécialiste à rencontrer d'urgence et le nom de l'antibiotique qu'il fallait que je fonce chercher le lendemain matin à la pharmacie pour "limiter les risques". Impossible de fermer l'oeil, j'ai passé une nuit, puis deux, à me documenter sur la toxoplasmose, les risques pour le foetus, les probabilités etc…
Le risque était beaucoup trop lourd pour que j'engage toute ma famille dans cette voie…,
pour la fin du témoignage de Cécile


Inès
J'ai 16 ans. Mon ex et moi étions depuis 2 mois ensemble quand c'est arrivé. Il y a un an ,j'étais enceinte. Après 2 semaines, mes règles n'étaient toujours pas là, c'est à ce moment là que je me suis dit, "lances-toi, achètes un test, tu sera fixée". J'avais si peur, qu'au moment où je l'ai su, ce fut une délivrance pour moi. Je me suis d'abord dit que ce n'était pas possible, que c'était un rêve, mais ensuite, après avoir pleuré un grand coup je me suis dit "allez! Tu peux y arriver!" Seul mon copain me faisait la vie dure me rappelant toujours que c'était "notre enfant". Je suis allée à l'hôpital pour prendre un rendez-vous pour l'IVG. J'ai fait tout ce qu'il fallait faire. Un beau jour la clinique m'a appelée pour me dire que, étant donné que je n'avais pas 16 ans, il fallait avertir ma mère (selon la loi française). Ma mère a d'abord pleuré, mais pour finir elle l'a bien pris. La nuit avant l'intervention, j'avais très peur et j'étais triste, ,j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Après l'opération j'avais très mal psychiquement, mais maintenant je suis prête à en parler, d'ailleurs je prépare un exposé sur l'avortement, et même si mon père me dit que je suis "un assassin", je le vis bien, sachant que plus tard j'aurai des enfants que j'aimerai plus que tout au monde: Je ne regrette rien!!


Delia
Je suis tombée enceinte début décembre. Ce n'était pas prévu. En arrivant en novembre dans le nouveau pays dans lequel je travaille actuellement, j'ai dû arrêter la pilule car je l'avais par inadvertance oubliée dans mes bagages. J'ai un copain avec lequel je me suis protégée en utilisant des préservatifs, mais nous avions une crise en décembre et j'ai eu un soir un rapport non protégé avec un autre homme. On n'avait pas de préservatif. Je l'ai supplié de faire attention car je ne prenais pas la pilule. Je ne me suis pas inquiétée, j'ai vraiment eu l'impression qu'il n'avait pas eu d'orgasme et je lui ai fait confiance. Mais le 10 janvier, j'ai fait un test de grossesse et j'étais bel et bien enceinte.
Je me suis retrouvée dans un tourbillon intérieur d'un seul coup. J'ai l'instinct maternel surdéveloppé, mais je me suis sentie désespérée. Je ne sais même pas à 100% qui est le père, ce qui me rend triste aussi. A 90% le père serait cet homme et non mon copain. Je ne m'imaginais jamais devenir mère avec un père qui n'est pas l'homme que j'aime. Il n'est pas du même pays que moi, nous n'avons pas du tout les mêmes perspectives d'avenir, pour moi il est inconcevable de fonder une famille ou un semblant dans ces conditions, même s'il m'a exprimé son soutien.
Après m'être connectée avec mon petit embryon (que je traite avec respect, même si j'avorte, ça peut paraître paradoxal), avec ma solitude de femme dans cette décision, mes rêves d'avoir des enfants avec l'homme de ma vie, avec mon coeur, ma culpabilité, mes croyances et ma détresse, j'ai décidé d'avorter. J'ai rendez-vous ce vendredi. Je suis heureuse d'avoir la possibilité de me faire avorter.
Si j'ai parlé de traiter mon embryon avec respect, c'est parce que je pense que les choses se cicatrisent avec amour. ça me fait beaucoup de bien d'en parler. Jamais je ne me suis sentie aussi seule dans une décision. J'ai appris combien ma vie est précieuse et qu'il faut faire très attention à soi pour ne pas se blesser ensuite.


Lea
Je me suis fait avorter le 1er mars 2003 (j'habite en France). J'avais déjà 1 petite fille de 4 ans et je suis séparée du papa. J'ai rencontré 1 homme avec qui tout se passait bien, qui avait lui aussi 1 enfant de 4 ans et venait de vivre une séparation difficile. Et puis le pire est arrivé pour moi. Après une gastro (donc rejet de la pilule à cause des vomissements), je suis tombée enceinte. Ma décision, je la connaissais déjà: je ne désirais pas d'enfant, car la situation était très compliquée, ce n'était vraiment pas le moment. Alors tout c'est mis en route, le gyné, les sages femmes qui ont été très désagréables avec moi, l'explication de l'avortement par voie médicamenteuse et puis le passage à l'acte. Je suis arrivée en maternité et là les sages femmes m'ont très mal reçue. Elles m'ont mise dans un lit et puis, un moment, elles m'ont dit que je prenais une place pour rien et je me suis mise sur un banc dans le couloir. Je ne perdais pas de sang, donc je suis retournée chez moi faire ma fausse couche.
Ne pas avoir gardé l'enfant, je ne le regrette pas, car je n'aurais pas pu l'assumer. Ce que je regrette, c'est la façon d'avoir été traitée! J'ai téléphoné à mon gyné pour lui dire ce qui s'était passé et j'ai menacé d'écrire au directeur de l'hôpital. Ce qui est sûr, c'est que si je devais avoir une nouvelle grossesse, je ne retournerais pas dans cet hôpital.


Catherine
Mon histoire ressemble à des milliers d'autres… J'ai 23 ans et j'ai subi un curetage il y a 6 mois. Je suis sortie avec un charmant jeune homme pendant 5 ans tout en prenant la pilule. Malheureusement j'ai dû me séparer de lui car nous pensions nous marier et justement faire des enfants, chose pas possible avec lui.
J'ai eu un flirt avec un garçon plus jeune que moi qui me met enceinte la première semaine de nos rapports, tout ça avec la pilule. Bien sûr je l'ai de suite mis au courant, et réaction inattendue il devient tout fou en pensant qu'il allait devenir papa. Pour ma part je pense qu'avant de vouloir faire l'avenir d'une personne il faut déjà s'en faire un à soi!
Dans ce genre de situation il peut y avoir toutes les personnes du monde bien intentionnées qui vous aiment, on est quand même seule, il n'y a que nous qui pouvons prendre la décision. Mon copain qui n'en pouvait plus, je l'ai gentiment congédié, car entre mes états d'âme, les siens et ceux de ma maman ça devenait pénible. Alors j'ai remercié tout le monde et je n'ai compté que sur moi. Je ne voulais pas m'encombrer de personnes qui ne m'apportaient rien dans ce moment. On est mieux seule que mal accompagnée.
Je suis entrée à l'hôpital le matin à 9h. On m'a donné un calmant, puis on m'a descendue au bloc. Le médecin m'a mis le masque (anesthésie complète), c'était 10h30. Je me suis réveillée à 11h30. Seul vrai désagrément, ils m'ont gardée une nuit à l'hôpital… car j'étais seule chez moi et le médecin m'a dit que je pouvais faire une hémorragie ou vomir tripe et boyaux après l'intervention, donc qu'il me gardait en observation.
Quant à la psychologie, mon conseil: ne penser qu'à soi et n'écouter que son coeur. L'avortement n'est pas traumatisant – attention je ne dis pas qu'il faut le prendre à la légère, c'est un acte qui marque à vie, mais ça ne sert à rien de se la jouer mélodrame, vous en verrez d'autres dans votre vie. J'ai rêvé souvent que j'avais un rapport et que je retombais enceinte. J'ai gardé le sourire tout au long, mais il m'a quand même fallu 2 mois de méditation et de solitude pour y réfléchir.
Je suis maintenant avec un autre compagnon et j'ai aussi changé de moyen contraceptif, j'ai opté pour l'Implanon.


Marilyn
J'ai 25 ans et j'ai eu recours à l'avortement le 07 janvier. J'ai appris ma grossesse le 22 décembre. Je vis en couple depuis 7 ans et nous avons déjà une petite fille de 3 ans 1/2. Je n'ai jamais supporté la pilule car elle me faisait très mal à la poitrine. Comme je ressentais de fortes douleurs aux ovaires quand j'étais en ovulation, je me suis dit que je m'abstiendrais pendant ces quelques jours. Cela a marché durant 3 ans. Nous ne désirions pas d'autres enfants. J'ai déjà fait le choix d'avoir un enfant et je souhaiterais maintenant démarrer une vie professionnelle. Le choix d'interrompre ma grossesse a été très dur. J'ai énormément culpabilisé me demandant si j'en avais le droit en tant que femme qui donne normalement la vie. ça a été une longue réflexion. Je me suis dit qu'un enfant devait être désiré, que si les deux parents ne se sentaient pas capables cela ne servait à rien.
J'ai choisi la méthode médicamenteuse pensant qu'elle était moins douloureuse et comme ça je n'aurai pas à aller en clinique, car je n'avais surtout pas envie de devoir supporter les remarques du personnel. Seulement, comparé à la méthode par aspiration qui se passe en une matinée puis suivent quelques pertes de sang, j'ai trouvé la Myfégyne assez barbare physiquement et psychologiquement. Avec une infirmière d'une clinique j'ai donc pris mes 3 cachets, deux jours après je devais quand même rentrer en clinique une matinée pour prendre le Cytotec, donc finalement cela revenait au même, sauf que de savoir que vous avez pris ces médicaments pour interrompre votre grossesse et que cela dure une semaine, je trouve que psychologiquement c'est très dur. J'ai perdu beaucoup de sang au bout du quatrième jour, j'avais très mal au ventre. Contrairement à mes idées reçues, le personnel a été très gentil et ça fait énormément de bien. Je ne voulais pas que l'on me juge, car j'estime que personne n'en a le droit et qu'il ne faut surtout pas accepter.
Je suis allée faire mon échographie hier chez ma gynécologue pour voir si tout s'était bien passé, c'est le cas à mon grand soulagement. J'ai décidé de mettre un stérilet même si cela m'effraie un peu. Je ne veux plus avoir à prendre une décision pareille. Je tiens à dire que j'ai la chance d'avoir une gynécologue en or qui met tout en oeuvre pour que cela se passe pour le mieux et c'est très important.
Merci à vous et à votre site car c'est grâce à ça que j'ai pu me renseigner et voir des témoignages, mille fois merci.


Juliane
J'ai 18 ans et j'ai subi une IVG il y a un peu plus d'un mois. Je l'ai très mal vécu car mon copain, que je connais depuis 4 ans, m'a totalement laissée tomber. Il ne s'est jamais senti concerné. Pour fuir ses responsabilités, la seule chose qu'il a réussi à faire c'est de retourner avec son ex. J'ai remarqué très tôt que j'avais du retard dans mes règles et j'étais à 5 semaines de grossesse lorsque j'ai appris cette nouvelle. Je n'osais pas prendre la pilule contraceptive car j'ai eu, cet été, une inflammation du foie et la pilule aurait pu avoir de graves effets! Il a donc fallu se protéger, mais un jour, un petit accident arriva. Mon premier réflexe a été de prendre la pilule du lendemain. Deux semaines après, je n'avais toujours pas mes règles, alors je suis allée acheter un test de grossesse. Il était positif. L'avortement même par médicament s'est très bien passé. Cela est douloureux, mais ce n'est pas grave. Je ne regrette pas ma décision, mais pour moi qui suis très maternelle, j'en veux à mon copain, qui est revenu vers moi une fois l'avortement terminé. Car s'il avait pris ses responsabilités, cet enfant aurait eu une vie, nous aurions pu nous en sortir, mais ENSEMBLE. Ma mère et mes amies m'ont beaucoup soutenue dans cette épreuve et je les en remercie infiniment.


Doria
J'ai 25 ans aujourd'hui, je suis tombée enceinte il y a 2 ans. Je vis en Algérie, une société et une religion qui rejette totalement la sexualité et donc les enfants avant le mariage. J'ai connu mon petit ami à l'âge de 16 ans, je n'ai jamais connu un autre homme, nous voulions nous marier et fonder une famille. Mais notre situation financière ne nous le permettait pas encore. Nous faisions très attention, mais malheureusement ce qui ne devait pas arriver arriva. Une semaine de retard, on a acheté un test de grossesse, qui était positif. C'était pour moi une catastrophe, au début, nous avions décidé de garder le bébé, de nous marier le plus vite possible, mais cela m'aurait attiré de gros ennuis dont la répudiation de ma famille, ma mère aurait très mal vécu ça. Donc, d'un commun accord on a opté pour l'ivg, ce qui n'était pas évident puisqu'en Algérie, l'avortement est un crime passible d'emprisonnement.
On a donc cherché pendant deux semaines avant de trouver un médecin qui a accepté de le faire, cela nous a coûté l'équivalent du salaire d'un cadre supérieur. Cela s'est passé sous anesthésie générale. Personne n'a voulu répondre à aucune de mes questions, ensuite j'ai été réveillée à coups de gifle pour laisser la place à la prochaine fille. Comme je pleurais sans arrêt, le médecin est venu me voir non pas pour voir comment j'allais, mais pour me menacer en me disant que si quelqu'un savait ce que je venais de faire, j'irais en prison. Il m'a demandé de me ressaisir et de rentrer chez moi. Heureusement que mon petit ami était là. La semaine qui a suivi était la plus terrible de toute ma vie, je n'ai jamais eu aussi mal. Quand mon petit ami a demandé au médecin ce que je devais faire, il lui a dit qu'en cas de fièvre, je ne devais surtout pas aller à l'hôpital, et que je devais prendre l'antibiotique qu'il m'avait prescrit.
Cela fait bientôt deux ans que tout cela est arrivé, mais je ne peux pas dormir sans penser à tout ce que j'ai subi. En même temps, je me dis que cela en valait sûrement le coup, puisque je me marie le mois prochain avec mon petit ami, et on se met au boulot pour pouvoir bientôt avoir un beau bébé.


Héloïse
Je suis une jeune fille de 17 ans. Il y a bientôt un an, j'ai subi une ivg. Cette grossesse n'était pas désirée. J'étais restée 1 an avec le même garçon. Lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, je n'étais plus avec lui. Quand je lui ai annoncé que j'attendais un enfant, il n'a rien dit, il ne m'a pas soutenue, il était totalement absent .
Revenons en arrière, en novembre 2003. Je m'inquiétais de ne pas voir mes règles arriver et j'ai donc acheté un test en pharmacie. Le résultat n'étant pas clair, j'ai pris rendez-vous dans le planning familial de ma ville, pour faire un autre test. Celui-ci était négatif, c'est du moins ce que m'a dit la femme qui s'est occupée de moi au planning familial. Je suis rentrée chez moi contente, soulagée.
Mais mes règles n'arrivaient toujours pas. Je ne me suis pourtant pas inquiétée puisque les tests étaient négatifs. Ce n'est qu'au mois de janvier que ma mère a remarqué que mon ventre était gonflé, je l'avais remarqué moi aussi mais je ne voulais pas l'avouer. Elle a immédiatement pris rendez-vous chez le médecin. Il a suffi à ce dernier de poser sa main sur mon ventre durant 2 secondes pour affirmer "elle est enceinte".
A partir de là les événements se sont enchaînés, il a fallu que je fasse une prise de sang, puis une échographie, tout cela était très pénible, très dur à vivre. L'échographie a révélé que j'étais enceinte de 4mois!!!! Le délai pour avorter en France était dépassé. Nous avons trouvé une clinique privée à Londres où je me suis rendue, la veille de mon anniversaire. Puisque j'étais enceinte de déjà 4 mois, l'ivg a dû se dérouler en deux parties. J'ai donc dû passer une nuit en clinique et j'ai subi deux anesthésies. J'étais très faible, et j'ai dû rentrer chez moi, reprendre le train… j'ai beaucoup saigné. Mes parents étaient là, ils m'ont soutenue, heureusement!
Encore maintenant j'en souffre, j'y repense souvent, sûrement parce que je n'en ai pas beaucoup parlé.
Je ne regrette pas pour autant d'avoir avorté, 16 ans était pour moi beaucoup trop jeune pour avoir un enfant, je n'ai pas eu l'ombre d'une hésitation. J'encourage toutes celles qui s'apprêtent à avorter et surtout qu'elle pensent que l'avortement est un acte de courage!!!


Zahra
J'ai 19 ans et il y a un peu moins d'un an je suis tombée enceinte, j'ai dû alors prendre la pire décision qui était d'avorter. Je suis d'une famille nombreuse, je suis marocaine et pour ma famille les relations sexuelles (avant le mariage) sont un péché grave pour lequel j'aurais été punie, et la punition n'aurait pas été de me priver de sortie, mais je parle de coups, de la haine, j'aurais été rejetée de ma famille, j'aurais été une mal propre, une salope…
Je me suis donc retrouvée seule. Mon ex copain quand je lui ai annoncé que j'étais enceinte m'a reproché de ne pas avoir fait assez attention, et en plus de ses reproches il m'a demandé qui était le père, il en doutait! Mais je jure devant Dieu que c'était lui, il ne m'a pas cru. Soit, passons
Pendant ma grossesse qui a duré 3 mois, j'ai pris du poids, tout le monde et surtout mes soeurs n'arrêtaient pas de me taper (gentiment) le ventre en me disant que je ferais mieux de faire régime, et moi j'étais obligée de sourire, de faire comme si de rien n'était.
Quand j'ai pris contact avec le planning familial ils m'ont donné rendez-vous le jour même parce que j'étais déjà à 12 semaines de grossesse. Tout c'est passé très vite. Le lendemain je voyais déjà la psy, le soir même j'ai dû prendre un médicament pour faciliter l'intervention, le surlendemain j'étais allongée sur la table d'opération, le coeur rempli de tristesse et de haine envers ma faille qui aurait dû me soutenir à garder mon bébé. Quand l'intervention a été finie ce ne sont pas les pertes de sangs, les crampes, les maux de tête, les nausées qui m'ont torturée, c'est la comédie que j'ai dû jouer en rentrant chez moi quelques heures plus tard. Chaque fois que je me retrouvais seule je n'arrêtais pas de pleurer…
L'avortement est une chose difficile à oublier … le plus important c'est le soutien de vos proches.


Géraldine
Je viens d'avoir 26 ans. J'ai subi une IVG il y a 10 mois. Au tout début de l'année, j'ai changé de travail. Je suis devenue commerciale, poste que j'avais toujours voulu occuper. Cela faisait 2 mois que je sortais avec mon petit ami de l'époque. J'étais tout le temps malade, je vomissais, j'étais très fatiguée et très stressée. Je ne me suis pas inquiétée de la situation puisque je suis une ancienne anorexique et qu'il m'arrive de temps en temps d'avoir ces maux.
C'est ma mère qui, par mes changements inhabituels d'humeur, s'est doutée de quelque chose. J'ai donc fait un test de grossesse qui s'est révélé positif. Je n'y croyais pas. Je suis arrivée à avoir un rdv pour une échographie. C'est à ce moment que j'ai réalisé que ce truc était vraiment là.
Ma décision était déjà prise… Je savais que mon copain n'était pas l'homme pour être le père de mes enfants et que je voulais vivre pleinement mon nouveau travail. Seuls mes parents et ma soeur étaient au courant, je n'ai même pas informé mon petit ami de la situation.
J'ai pris rdv pour l'intervention par aspiration dans un hôpital de Lyon. Il ne me restait que très peu de temps… La date prévue survenait à plus de 2 mois de grossesse. Les démarches ont été moyennement rapides. J'y suis allée avec ma maman. Là bas, hormis une infirmière sympathique, l'accueil était déplorable. La palme de la non-compréhension revient au chirurgien qui m'a opérée. Des réflexions inappropriées… visant entre autres à me faire comprendre que si j'avais mal c'était de ma faute et que si ce n'était que de lui il ne ferait pas d'anesthésie locale… La remarque la plus sanglante reste celle juste après l'aspiration… Me disant qu'il n'y avait pas 1 foetus mais 2… C'est HONTEUX. Le respect existe et il y a certaines choses qui pourraient être tues.
J'ai été épaulée par mon entourage… Et quelques jours après je reprenais le chemin du travail. La vie devait reprendre son cours normal…
C'est seulement 2 mois plus tard au cours d'une soirée arrosée que tout est ressorti… Mon copain, qui entre temps était devenu mon ancien copain, était présent et je lui ai tout dit… Sa réaction a été inexistante… Ni il m'en voulait, ni il ne m'en voulait pas, il n'a rien su me dire… J'ai été confortée dans le choix que j'avais fait…
Aujourd'hui je rêve d'avoir des enfants, mais je ne suis pas encore prête… Je veux encore plus m'établir dans ma vie professionnelle, je veux que ce soit tout simplement le bon moment… J'ai rencontré quelqu'un il y 4 mois avec qui je suis bien, alors on verra…
Parfois j'y repense… Mais toutes ces pensées sont positives, car je sais que j'ai fait le bon choix… Je souhaite en tout cas énormément de courage à toutes celles qui affrontent cette épreuve… Mais rassurez-vous, elle nous rend encore plus forte…


Prescillia
J'ai 22 ans et je me suis faite avorter il y a un mois. Je prends la pilule depuis mes 17 ans, je n'ai jamais eu d'oubli. Je commençais à avoir des nausées, les seins qui gonflent, j'étais enceinte! Je suis allée chez mon médecin généraliste, qui n'a pas cru que j'ai pu prendre ma pilule consciencieusement et tomber enceinte… Il s'est contenté de m'ordonner une prise de sang et de m'indiquer le service de l'hôpital à contacter!
J'étais hors de moi! J'ai passé toute une après-midi à appeler hôpitaux, cliniques et gynécologues de Toulouse avant de tomber sur une clinique où l'on m'acceptait. J'ai obtenu un rendez-vous dès le lendemain avec le chirurgien, l'intervention s'est faite 1 semaine après sous anesthésie générale. Le plus choquant a été le réveil, je perdais beaucoup de sang, mais mon ami était là… 2h après je suis rentrée, c'était fini. Mais cette absence d'accompagnement, je l'ai très mal vécue. L'avortement est un DROIT, certes, mais on ne vous facilite pas la tâche pour y accéder dans des moments déjà si pénibles… C'est regrettable, mais il faut s'accrocher…


Cindy
Il y a presque 3 semaines que je me suis faite avorter. J'étais au 3ème mois de grossesse lorsque je me suis décidée. Moi pour commencer, c'est drôle à dire, mais j'étais contre l'avortement, mais j'ai pesé les pour et les contre et je me suis rendu compte qu'il y avait plus de contre que de pour. Premièrement même si je n'ai que 19 ans et que je travaille, je voulais que si j'ai un enfant qu'il puisse avoir le meilleur confort possible. Il est vrai que j'ai un bon entourage, mais je ne voulais pas que ce soit les autres qui élèvent mon enfant. Et je voulais finir mes études avant et avoir un emploi stable. J'étais prête mentalement, mais pas financièrement. Donc voilà pourquoi je me suis faite avorter et il n'y a pas de quoi avoir honte.


Ludivine
J'ai 20 ans et je suis enceinte. De plus je suis élève ingénieur. Je prenais la pilule, mais j'ai eu une gastro! Quand je me suis rendue compte que j'étais enceinte, j'étais d'abord heureuse et mon fiancé aussi. Mais après de multiples discussions avec lui et mes parents, j'ai pris la décision de subir une IVG car je ne voulais pas que mes parents s'occupent de mon bébé quand je vais à l'école. Mon avortement a lieu dans une semaine et ça me fait très peur, mais je pense que j'ai fait le bon choix pour l'enfant et pour moi.


Angeline
J'ai avorté il y a 1 an. Cette grossesse n'était pas un accident de pilule, mais une décision prise au bout de deux ans de relation. Il m'a quittée pour une autre tout en sachant qu'il était possible que je sois enceinte. Je me suis sentie tellement mal que j'ai mis plus d'un mois pour réagir. J'ai avorté à 2 mois de grossesse. Je l'ai mal vécu et toujours pas digéré. Aujourd'hui je ne suis pas sûre d'avoir fait le bon choix. Beaucoup de gens autour de moi m'ont conseillé d'avorter. J'étais tellement paumée que j'ai écouté ce que l'on me disait. J'ai été très mal reçue dans une clinique privée où on m'a fait clairement comprendre que l'on ne voulait pas de moi. J'étais désespérée en sortant et je me suis dit "mon dieu, on ne va pas m'avorter". Je suis allée à la polyclinique où j'ai été bien reçue, rendez-vous pris pour la semaine d'après, 3 entretiens avec le psy, le gynéco, l'anesthésiste. Le jour de l'intervention j'ai été très bien reçue et accompagnée par les infirmières. Ce que je reproche c'est l'après-avortement. On voit le psy avant, mais c'est après que l'on en a le plus besoin. Pour ma part je le vis mal, mais je ne veux dissuader personne de le faire, juste dire que c'est une décision grave à prendre, il faut être entourée, pouvoir en parler librement. En tout cas l'accès légal à l'avortement est une bonne chose, c'est un droit que j'espère ne jamais voir disparaître.


Jessica
Je suis âgée de 33 ans, mariée depuis 2 ans et demi et mère d'une magnifique petite fille de 18 mois. Tout a commencée il y'a 2 mois environ. Mon mari et moi, nous utilisions la méthode du retrait depuis des années sans aucun incident. Il y'a 2 mois, le jour où mes règles devaient débarquer, elles ne venaient pas. Au fond de moi-même, j'étais contente à l'idée que peut-être étais-je enceinte de nouveau. J'ai attendu quelques jours avant d'effectuer le test et il s'est avéré positif. Je l'ai annoncé à mon mari, il a bien réagi, s'est réjoui. Mais quelques jours plus tard, cette nouvelle ne l'enchantait plus, il a prétendu que ce n'était pas le bon moment étant donné que je ne travaille pas, et si je gardais l'enfant je ne serais pas en mesure de trouver un travail, puisque personne n'embaucherait une femme enceinte. Notre maison n'est pas vaste et ne nous appartient pas, nous vivons chez nos beaux parents.
Pour ma part, il n'était pas question d'avorter, je me suis mise à pleurer, nous nous sommes disputés, nos relations étaient très tendues alors qu'auparavant nous vivions en harmonie. J'ai menacé de le quitter et de partir avec notre fille.
Je me suis décidée à trouver le plus rapidement possible un job, peut-être, me suis-je dit qu'il renoncera à l'avortement si j'arrivais à décrocher un job. J'ai trouvé un emploi à Ikea. Je possède un bac stt +un bts, mais je n'ai rien pu trouver dans ce secteur. Mon mari s'est réjoui et m'a dit que dans ces conditions, on pourrait garder le bébé.
J'ai tenu exactement 10 jours. La grossesse me fatiguait, j'étais très faible, je vomissais, alors j'ai démissionné. Ensuite, j'ai eu des moments de réflexion, je me suis dit, peut-être que mon mari a raison, lorsqu'il a affirmé que je n'étais pas prête psychologiquement de mettre au monde ce futur enfant, et qu'il fallait que je m'occupe un peu de moi-même, que je ne pourrais faire vendeuse toute ma vie, si je gardais cette grossesse, ma vie professionnelle serait touchée.
J'ai décidé de pratiquer une ivg. J'ai choisi l'ivg par aspiration parce que je ne voulais rien voir ni sentir. Tout s'est parfaitement déroulé, je n'ai pas ressenti de douleurs, et je n'ai presque pas eu de saignements. Mon mari m'a accompagnée. Quelques jours qui ont suivi l'ivg, je ne me sentais pas bien psychologiquement, j'ai entamé des recherches sur le net, cela m'a fait beaucoup de peine de voir les images d'embryons.
Après quelques semaines, j'ai remonté la pente, mon mari et ma fille m'ont aidé à retrouver le sourire et la joie de vivre. J'essaye de trouver un travail qui correspond à ce que je recherche, et dans un an et demi peut-être nous envisagerons de faire un autre bébé. L'harmonie est revenue au sein de notre couple, nous nous aimons et notre amour est solide comme du roc.


Béa
Je venais de rencontrer celui qui est devenu mon mari. Nous nous connaissions depuis à peine un mois et je me suis rendu compte que j'étais enceinte. Grosse surprise vu que j'avais toujours eu des cycles irréguliers et jamais pris de précaution spéciale, en fait je pensais que j'étais stérile. J'avais 37 ans. Sous la pression de ma famille (mon mari est africain) je me suis fait avorter, aussi parce que je ne voulais pas vraiment devoir me marier à cause d'une grossesse. L'intervention s'est bien passée, c'était en mars 2001. Après je me suis sentie vide et j'ai beaucoup regretté. Nous avons décidé de nous marier et dès que nous avons essayé à nouveau d'avoir un enfant je suis tombée enceinte le premier mois où nous avons essayé, en juillet 2001. Une magnifique petite fille est née en avril 2002.
Depuis, la vie avec mon mari n'est pas du tout celle à quoi je m'attendais. Mon mari ne m'aime pas, m'ignore et souvent ignore sa fille, et surtout ne remplit pas ses obligations financières de père, me laissant presque tout à ma charge et gardant son argent pour lui seul. J'ai voulu divorcer mais j'ai renoncé car je n'arrivais pas à avoir la garde exclusive de ma fille et j'ai eu trop peur qu'il me l'enlève et l'emmène dans son pays musulman et exciseur de petites filles.
Donc nous sommes restés ensembles et mon mari bien sûr vient de temps à autre exiger ses droits d'époux. Depuis le printemps j'avais le patch contraceptif. Le 15 septembre mes règles ne sont pas venues, j'ai fait un test une semaine après, négatif, mais mes règles ne revenant pas, j'ai refais un test qui est positif. Après contrôle, je suis bien enceinte de 5 semaines. Mon désarroi est total car je n'ai pas les moyens financier d'assumer un 2ème enfant et mon mari garde tout pour lui et n'est pas décidé à me laisser gérer les finances de notre couple. Conclusion, mon gynéco m'a laissé une semaine pour prendre ma décision et à mon grand regret je vais être obligée de me faire avorter une 2ème fois. C'est sûr que ça va être très dur mais je n'ai pas vraiment le choix.
Par contre, une chose est certaine c'est que je vais me faire stériliser, j'ai 40 ans maintenant et je ne veux plus être confrontée à ce genre de choix. J'ai la haine contre mon mari et je suis très triste, mais dans la vie il faut souvent faire des choix, et le meilleur choix est de ne pas garder un enfant quant on a pas l'argent pour l'élever.


Nathalie
J'ai 25 ans et je suis mariée depuis quelques mois avec un homme dont je suis très amoureuse et qui est très amoureux également. Vous me direz quoi de plus beau qu'un enfant?
Mais voilà, ce mois-ci je n'ai pas eu mes règles, mais comme j'avais des crampes au ventre, je pensais qu'elles allaient arriver. Voyant que j'avais déjà 6 jours de retard, j'ai fait un test, négatif, j'ai refait un test 4 jours après, négatif, je ne comprenais pas car je n'avais toujours pas mes règles, j'ai donc fait une prise de sang qui elle était positive. Ma grossesse s'est produite par manque d'informations, en fait nous utilisions des préservatifs, je ne supporte pas les pilules, et début octobre une capote a craqué, comme je n'étais pas en période d'ovulation je pensais que je ne risquais rien, quelle conne. Si j'avais su j'aurais de suite pris la pilule du lendemain au cas où.
Mon mari et moi ne savions pas quoi faire, je me suis posé des milliers de questions. Il faut dire que moi je n'ai pas de travail et que j'avais trouvé un emploi en dehors de ma région et que nous devions partir début novembre pour mon nouveau poste. Je savais que si je gardais cet enfant je n'aurais pas eu ce travail, comment élever et aimer un enfant qui finalement est un obstacle à ta vie? Alors nous avons pris la décision d'avorter. C'était très dur, surtout après l'échographie, le gynécologue ne parlait pas de foetus mais de bébé, sans doute pour nous faire changer d'avis.
En fait je me suis dit que je n'avais pas le droit de garder cet enfant juste parce qu'il était là, qu'il allait avoir besoin d'amour et que nous n'étions pas prêts à lui en donner. J'ai avorté par médicament ce matin même, je ne sais pas comment je vais réagir… mais surtout ce que je voudrais dire c'est ne pas culpabiliser. Un enfant c'est de l'amour et si vous ne pouvez pas lui en donner, renoncez, car garder la grossesse serait égoïste.
Maintenant le processus suit son cours et j'attends de faire une fausse couche, c'est comme ça que je le vois.


Anne
J'ai 27 ans et suis avec mon ami depuis quelques mois seulement. Lui, sort d'une longue relation et a une fille de 3 ans qu'il a eue alors que son couple battait déjà de l'aile. En ce qui me concerne, je suis actuellement un traitement lourd visant à soigner une maladie grave et rare.
La situation avec mon ami est assez complexe. Malheureusement pour moi, je pense qu'il souhaite se remettre avec la mère de sa fille et qu'il n'ose pas se l'avouer. C'est donc dans ce contexte que j'ai appris ce matin, malgré la prise d'une pilule contraceptive, que j'étais enceinte d'environ 4 semaines. Le médecin qui traite ma maladie m'a fortement conseillé l'avortement vu les risques de malformations encourus à cause de mon traitement.
Pour ma part, avec ou sans handicaps, je ne me vois pas avoir un enfant avec une personne qui ne m'aime pas réellement. De plus, je ne veux pas qu'il se sente obligé de rester parce que je suis enceinte.
Je n'ai aucune envie d'en parler à mon ami, ce dernier n'ayant pas été là pour moi ces derniers temps. Je pense être suffisamment forte pour assumer toute seule cette décision.


Toutes les femmes ne vivent pas une grossesse – même désirée – comme un épanouissement
Le témoignage de Solange :

J'ai eu une 1ère IVG à 24 ans, la 2ème est dans quelques jours. Entre les 2 j'ai eu 2 enfants. Ma première grossesse venait trop tôt dans ma vie de couple, la 4ème trop tard.
Mon 2ème enfant a 2 ans, le 1er 7. Deux enfants nous suffisent, nous n'en désirons plus : à nos âges (33 et 35 ans), nous aspirons à autre chose. De plus, je déteste être enceinte, j'ai l'impression que mon corps ne m'appartient plus. Déjà mon petit dernier, désiré, je n'avais qu'une hâte, c'était d'.. ACCOUCHER. Puis nuits blanches, et la farandole infernale des biberons et des couches, avec en prime un corps douloureux. Heureusement que ça ne dure que quelque temps.
Ma première IVG était libératrice, nous nous connaissions depuis très peu de temps, ce fut un concours de combattant: nous sommes tombés sur une conseillère, véritable mégère… Quant à la 2ème, même parcours mais personnel super sympa.
J'ai mal en regardant mes enfants et me dire que ça aurait pu tomber sur l'un d'eux alors que je les aime tellement. Mais trois, c'est au dessus de mes forces, 2 ça remplit bien une vie, nous avons juste un peu de marge pour mener notre vie de couple. Si le préservatif n'avait pas éclaté je n'en serais pas là. Mais ce n'est pas possible de faire le deuil de tous les enfants que l'on n'aura jamais.
Je sais que c'est la meilleure solution pour moi, pour nous.


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