Avortement - Interruption de grossesse : Pour le droit au libre choix



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Des femmes témoignent (archives 4)

Laura
ça s’est passé fin juin 2006 juste après mon bac. J’avais 17 ans et je connaissais mon copain depuis quelques mois seulement, je ne prenais pas encore la pilule et, un jour, on a eu envie de le faire, je ne sais pas ce qui nous a pris, pourtant après tout ce qu’on nous dit à l’école et chez nos parents, je ne suis même pas foutue de faire attention !! J’ai pris la pilule du lendemain mais évidemment ça n’a pas marché, je vois que je n’ai pas encore mes règles, le stress monte, j’ai peur tellement peur, mes amies me rassurent en me disant que je suis si anxieuse que c’est pour cette raison que je n’ai pas mes règles, mais cela ne me calme pas, je fais mon premier test: il ne marche pas, je vais à la pharmacie avec mon copain, le pharmacien l’examine, nous dit qu’il était défectueux et nous en donne un autre, la peur, le regard des autres, je me sens sale comme si j’étais une criminelle. Je fais le second test le lendemain matin, il est tout de suite positif, je me rassois sur la cuvette totalement déboussolée, puis je l’annonce à mon copain. Son premier mot " merde " – je ne savais plus quoi faire, on en a parlé pendant des heures et des heures et là je prends ma décision, je dois avorter, je suis trop jeune, j’ai mes études supérieures, je suis en plein bac, mon copain je le connais à peine, en plus il a des enfants, nous avons 7 ans de différence, c’était impossible trois enfants: 2 garçons de 3 et 6ans IMPOSSIBLE!! + un bébé IMPOSSIBLE, il ne faut pas que je le dise à mes parents, je ne pourrais pas leur dire j’ai trop honte! Puis les rdv tjs des rdv, je suis toute seule à affronter cet enfer, je sais que je l’ai mérité. Les médecins ont été gentils avec moi, peut-être le fait que je suis mineure, je ne sais pas, puis on m’annonce que j’ai des problèmes sanguins et que je risque de faire une hémorragie lors de l’intervention, je dois donc changer d’hôpital car ils ont peur, ils n’ont pas le matériel pour. Etant donné que je suis mineure, je dois l’annoncer à mes parents, c’était le pire moment de ma vie, les pleurs les cris et les reproches, seul mon père a été là pour moi, on m’a rabaissée, influencée mais j’ai tenu bon, c’est MA vie, je savais que c’était la bonne solution.
A l’hôpital on m’a appelée le dimanche soir pour passer la nuit là-bas et faire l’intervention à 8h. Un infirmier me donne des médicaments, je ne dois ni boire ni manger ni fumer, ça tombe bien je ne fume pas et je n’avais pas un grand appétit en ce moment, mais le lendemain on annule, on me donne des médicaments à me mettre dans le vagin, je ne comprends pas, je suis perdue mais j’obéis, ils me laissent toute seule pendant toute la journée, l’intervention n’a eu lieu qu’a 16h, je n’avais rien bu depuis la veille au soir ni mangé, pas même un biscuit, j’ai souffert pendant des heures appuyant sur le bouton sans cesse, personne ne venait. Les médicaments que j’ai dû me mettre dans le vagin ce matin-là faisaient leur effet, je savais que c’était ma punition, mais j’ai résisté, je me suis forcée à ne pas pleurer et enfin quand les infirmières ont vu que je saignais abondamment ils m’ont emmenée tout de suite au bloc. Après l’intervention je n’ai rien senti de douloureux, mais plutôt un grand soulagement. C’est peut être idiot mais avant l’ivg j’avais posé la main sur mon ventre, je lui ai demandé de me pardonner, je sais que c’est idiot, mais j’avais besoin de me justifier, de lui faire comprendre que ma vie avec un enfant est encore impossible. Désormais j’ai 19 ans, je suis en fac de lettres en 2e année, j’y pense encore avec de la tristesse et de la culpabilité, mais je m’en veux plus pour ma bêtise (le fait de ne pas m’être protégée). Le prix à payer a été terrible et j’ai beaucoup mûri, je sais que je dois lui faire honneur, lui montrer que je suis une battante, je n’oublierai jamais cet enfant car il faut une mort pour comprendre ses erreurs. Et maintenant j’avance dans la vie, je veux tjs des enfants même si j’appréhende un peu. Les enfants de mon copain m’aiment et je leur raconterai mon histoire quand ils seront plus grand, pour leur montrer qu’il faut faire attention et ne pas être insouciant comme je l’ai été.
Ne désespérez pas mais tirez une leçon de cette décision si difficile à prendre, écoutez votre coeur.


Bastianne
L’intervention a eu lieu le 11 juin 2007 dans un hôpital public en Ardèche. J’étais en première année de formation d’assistante de service sociale, j’ai 22 ans et je sortais avec mon copain depuis environ 6 mois. Cette grossesse était un accident étant donné que je n’ai jamais oublié ma pilule mais que celle-ci n’était en réalité pas assez dosée.
Au premier hôpital où je suis allée, une visite m’a été imposée avec une conseillère familiale. IMPOSEE alors que pour les majeures elle est facultative. Durant cet entretien les choses étaient clairement établies: Je devais garder cet enfant. Je n’ai pas eu en face de moi des personnes à mon écoute mais plutôt dénuées de toute neutralité. Ensuite la visite avec le médecin a été pire! Il m’a fait un touché vaginal avec une violence extrême. Puis lors de l’entretien il m’a expliqué avec un calme déconcertant qu’après l’intervention "il le prenait et le jetait à la poubelle". Quelle délicatesse!!!! 
L’hôpital où a eu lieu mon intervention a été beaucoup plus accueillant. Toute l’équipe était attentive et aucun jugement n’a été porté à quelque moment que ce soit. J’ai été hospitalisée un jour car l’intervention s’est déroulée sous anesthésie générale. Le réveil et les moments après se sont physiquement bien passés.
Je débutais mes études, je n’étais pas depuis longtemps avec mon copain et les conditions financières dans lesquelles nous nous trouvions ne nous permettaient pas de subvenir à mon sens à ses futurs besoins. C’était à mes yeux et aux yeux de mon copain et de notre entourage la meilleure solution. Mais je le sentais, j’ai vu à l’échographie qu’il y avait une activité cardiaque, j’avais l’impression d’être déjà liée avec lui. J’avais beaucoup d’idées préconçues avant, je pensais que ça serait "simple" mais la réalité a été différente. Je n’ai pas pu regarder mon ventre pendant plusieurs jours, je ne me sentais plus maîtresse de mon corps, je ne supportais plus de me voir, qu’on me touche. Mais je me suis ressaisie et j’ai voulu aller de l’avant. Je me suis reprise en main et j’ai avancé. Aujourd’hui je me consacre pleinement à ma formation car je lui dois cela. Je repense souvent à tout cela et ne l’assume pas encore pleinement, loin de là, le temps guérira peut être ma blessure.
Ce que je retire de tout cela c’est qu’il faut prendre cette décision en accord avec soi-même et pas forcément avec son entourage pour pouvoir l’assumer après. Il ne faut pas écouter les gens qui jugent cet acte car chaque parcours est différent et que notre vie nous appartient. Malgré tout cela il faut penser à l’avenir qu’on pourrait offrir à cet enfant, ne pas partir avec une idée fixe et s’y cantonner quelle qu’elle soit, sans s’interroger vraiment.


Stessie
J’ai 22 ans et je viens de subir une ivg médicamenteuse (15/10/07) par le biais d’un centre hospitalier.
Mon fiancé et moi sommes ensemble depuis presque 2 ans. Nous partons à l’autre bout du monde dans exactement deux semaines afin de parfaire notre cursus universitaire. Bref, nous sommes encore étudiants, sans revenus à part ceux de nos parents.
Partant pour l’étranger pendant deux mois, je décide d’en profiter pour arrêter la pilule qui me donne du cholestérol, des migraines atroces et qui m’a fait prendre 6 kilos au fil du temps. Une fois de retour, me sentant revivre, je ne l’ai pas reprise et n’ai pas consulté de gynéco car les rendez-vous étaient toujours durs à obtenir. Je continue à avoir des rapports non protégés avec mon fiancé et pense faire assez attention durant les périodes d’ovulation. Quand j’y pense, quelle idiote, c’est archaïque comme méthode! Bref.
FIN SEPTEMBRE: je n’ai toujours pas mes règles au bout d’une semaine de retard, je décide donc de faire un test… qui s’avérera positif. Là c’est la panique, ma mère me voit sortir des toilettes et comprend tout de suite. Heureusement qu’elle a été là pour moi tout au long de cette épreuve. J’avais entendu parler de l’ivg médicamenteuse qqs jours auparavant dans une émission tv. Je savais que j’étais dans les temps étant donné que cette méthode est utilisée jusqu’à 7 semaines de retard. Nous appelons l’hôpital car je n’ai pas de gynéco régulier ici. Nous sommes lundi, on me donne un rendez-vous pour mercredi matin.
MERCREDI MATIN: Nous voilà ma mère et moi dans une salle d’attente bondée… de femmes enceintes. Super! Pour le moral c’est dur. J’avais l’impression d’être une criminelle. A noter la discrétion des secrétaires: "Oui mademoiselle, avec qui aviez vous rdv?" "je ne sais pas" "Ah mais pour quelles raisons avez-vous rdv?"… Franchement, ils ne peuvent pas mettre une note ou autre pour éviter ce genre de questions?
Le médecin m’appelle, il est d’une froideur… Il me pose des questions basiques: dates des dernières règles? Est ce la 1ère grossesse? 1ère IVG? Comment ça se fait que vous vous retrouvez dans cette situation? Puis il me fait une écho à l’aide d’un spéculum qu’il ne manie pas très délicatement. Il me dit de revenir lundi pour les informer de ma décision finale. MERCI AUREVOIR. Je suis sortie défaite de cet "entretien" qui a duré au maximum 5 minutes. Je ne sais pas ce qu’il aurait pu faire de plus, mais je me suis sentie sale en sortant de là. Je prends RDV pour le lundi après-midi.
LUNDI: J’attends une heure pour finalement revoir ce même médecin qui me fait signer un papier comme quoi je suis consentante à cette ivg. Oui je confirme mon choix, je ne peux pas avoir un enfant maintenant. Et mon fiancé est de mon avis. Je tente de poser quelques questions sur l’effet des cachets sur le corps et sur ce qui va être expulsé: C’est gros? Je vais le voir, le sentir passer? J’ai pour seule réponse: "C’est comme des règles douloureuses et abondantes". Bon d’accord…
…pour la suite du témoignage


Djou
Je me suis fait avorter il y a deux ans, soit le 23 aout 2005. Deux jours après, je commençais au cégep, pour devenir une infirmière. J’avais déja deux fils, de 4 et 2 ans. J’étais toujours avec le même père. J’avais oublié une pilule contraceptive, alors nous n’avons pris aucun risque: nous avons mis un préservatif. Malgré tout, un jour, j’ai senti que j’étais de nouveau enceinte. Je n’ai pas eu besoin de test pour le savoir. Nous avons beaucoup réfléchi, mais ma décision était prise dès que j’ai su que j’étais enceinte. Je ne pouvais pas garder ce bébé. Je n’avais que 22 ans, deux fils (qui étaient planifiés). 
J’ai très bien été traitée lors de ma démarche. Mais ici, au Québec, lorsque nous sommes jeunes, nous devons rencontrer une travailleuse sociale, histoire de ne pas prendre une mauvaise décision et pour avoir de l’aide dès le début. Mais on n’était pas suffisamment à l’aise pour avoir un troisième enfant, et j’avais pris la décision de retourner aux études pour avoir une sécurité financière, et je le fesais pour mes fils. Bref, je n’ai jamais regretté ma décision, mais lorsque je travaille à l’hôpital et que je me retrouve dans la même pièce que celle où je me suis déjà trouvée deux ans auparavant, je me sens nostalgique. J’avais 11 semaines de grossesse. En dehors de mes deux meilleures amies et de mon conjoint, personne n’est au courant de mon IVG.   -djou- Québec, Canada


Cécile
J’ai eu 20 ans il y a très peu… Je suis folle amoureuse d’un homme qui a trente ans de plus que moi. Nous sommes "ensemble" depuis plus de quatre ans. Il est marié…
Je n’ai jamais pris la pilule et je pensais que jamais je ne pourrais tomber enceinte, car il faisait attention. Mais seulement c’est arrivé. Un jour avant cela, bien avant cela.. Il m’a dit "j’ai envie d’avoir un enfant avec toi, je t’aime". Cette phrase il me l’a répétée et répétée. J’en avais envie de cet enfant avec lui, car nous nous aimons énormément. Seulement notre histoire est très claire, lui ne veut pas divorcer et moi j’aimerais me trouver qqun à moi! (J’aurais tellement aimé que ce soit lui). Enfin bref. Je suis tombée enceinte et je ne le savais pas. C’était lors d’un contrôle chez mon gynéco au mois d’août de cette année. Il m’a dit que j’étais enceinte… Ça m’a fait un choc.. Dans un sens je désirais tellement cet enfant, et dans un autre il m’était impossible de garder ce bébé.. alors moi et mon "ami" nous avons beaucoup parlé, et on a décidé de ne pas garder cet enfant. Cela causerait trop de problèmes. Alors je me suis fait avorter le 11 octobre 2007 c’est à dire il y a 4 jours. Les médecins ont tous été super avec moi, vraiment gentils. Et l’homme que j’aime est venu me chercher à l’hôpital, c’était le plus beau moment de ma journée lorsque je l’ai vu arriver dans la chambre.. Mais maintenant je souffre beaucoup. J’aurais tellement voulu avoir un enfant de cet homme dont je suis tellement amoureuse. Mais il ne faut pas s’affoler, cela ne fait pas mal physiquement, mais pour moi en tout cas, c’est très dur moralement car cet homme et moi, nous aurions tellement avoir voulu ce bébé, mais le destin a fait que cela n’était pas possible… La vie est injuste. Bon courage à toutes.


Géraldine
Mon IVG a eu lieu en 2006, j’avais alors 18 ans et j’allais passer ma maturité. Ma grossesse a été le fruit d’une énorme imprudence, mon ami et moi n’avons simplement pas pris de précaution. J’ai toujours eu une attitude ”légère” dans le domaine, persuadée que ce genre de chose ne pouvait pas m’arriver (un psychiatre vous dira, il s’agit d’un acte manqué doté d’une signification).
Tétanisée mais malgré tout excitée lorsque j’ai appris mon état, j’ai rapidement pris contact avec ma gynécologue. Celle-ci a confirmé le diagnostique et m’a donné un délai de réflexion. Bien que jeune, l’idée d’être mère était envisageable, ma situation n’avait rien de catastrophique. Pendant 2 semaines (délai approximatif, je ne me souviens pas exactement), j’ai vu et revu tous les aspects de la question. Personne, hormis ma mère, ne m’a donné d’avis ou n’a été disponible pour discuter. Le mot d’ordre était, ”fais comme tu le sens”. C’est, je pense, la pire des réactions à avoir. Sans avis extérieur, aucun moyen de se positionner. Si la décision doit venir de soi, il est primordial d’avoir des gens autour avec qui échanger ses impressions. J’ai donc évalué les ”pour” et les ”contre” moi-même, avec une certaine rigueur, consciente de l’horreur que peut représenter une démarche raisonnée dans ce genre de situations. Ma mère seule a pris le risque d’émettre un avis. Malheureusement, sa position était sans nuance. ”Tu ne PEUX pas avorter”. Elle en était bouleversée, ses convictions étaient touchées. A aucun moment, elle n’a tenu compte de ce que JE pouvais ressentir. Face à l’attitude ”totalitaire” de ma mère, et grâce à un dialogue avec une enseignante, j’ai pu prendre une décision: garder le bébé nuirait à ma formation et à ma vie, et fondamentalement je ne souhaite pas cet enfant. En outre, l’aspect physique me révulsait, m’imaginer grossissant m’angoissait au plus.
Je n’ai jusque là pas parlé du "père", c’est pour une bonne raison: il a été, au même titre que mes autres relations, incapable de me soutenir et de discuter avec moi.
Les rendez-vous se sont suivis, j’ai été mise en contact avec une personne formidable dans le cadre du planning familial. Elle m’a soutenue et m’a permis d’appréhender la chose avec une certaine sérénité.
Après 10 semaines et un rendez-vous peu convaincant à l’hôpital – le papier à signer, stipulant qu’il faut être dans une situation de détresse -, je subis l’intervention accompagnée d’une amie. L’hôpital ne s’est à nouveau pas illustré par sa finesse, j’ai eu droit à une remarque douteuse de la part du médecin: il y avait déjà ”beaucoup de matériel”. Par miracle, je n’ai ressenti aucune douleur. Je n’ai jamais eu besoin de prendre de médicaments et me porte très bien à l’heure actuelle.
Là où les choses se sont sérieusement compliquées, c’est lorsque je suis rentrée chez moi. Ma mère ne m’a pas adressé la parole pendant une semaine, et du  côté des autres membres de la famille – mon père et mon frère – silence radio. J’ai donc dû, seule encore une fois, apprendre à accepter cette intervention. Avec cette expérience j’ai découvert ce qu’est la solitude et ce que représente la véritable prise de responsabilité.
Je vais aborder ici le dernier aspect de cette malheureuse aventure, celui du sentiment de culpabilité. Je ne suis pas férue de religion et ne me laisse contraindre par aucun impératif moral. Pourtant, j’ai souvent l’impression d’avoir empêché la potentialité d’une vie et par là d’avoir commis un geste d’une infinie tristesse. Si, par la raison, je n’ai aucune peine à m’assurer de la justesse de mon choix, une petite voix me rappelle parfois qu’un nouvel être aurait pu venir par moi.
Décider d’interrompre une grossesse est un choix gigantesque, probablement universellement douloureux, aussi doit-il être considéré avec une extrême prudence: je ne pense pas qu’il faille être ”fière” de pouvoir jouir de son corps une fois l’embryon conçu; par contre, il faut être fière d’avoir la capacité, à un moment critique, de prendre une décision responsable.


Agnès 39 ans
J’ai avorté il y a tout juste un an, il n’y a pas un seul moment où je n’ai pas souffert de la décision que j’ai prise l’an passé… même si intellectuellement je comprends le pourquoi de ma décision, si ma psy (je consulte depuis) m’affirme que c’est une décision mature, responsable et respectueuse de lui et de l’enfant, je me sens coupable de n’avoir pas été assez forte, de ne m’être pas plus battue pour faire accepter cet enfant, je n’arrive pas à ne pas en souffrir….
Tous le monde me dit qu’avec le temps, la douleur va s’estomper, qu’il est normal d’avoir encore aujourd’hui un profond mal être, surtout que même le corps garde en souvenir cette epreuve et vient me rappeler aussi que je n’ai pas encore fait le deuil de cet enfant et maintenant de la relation avec cet homme que je ne vois plus depuis 6 mois, sans savoir pourquoi, il s’est détourné sans explication ni préavis, il n’a jamais su m’aider, je pense que pour lui aussi cela a été très douloureux à vivre et que le seul moyen a été pour lui de mettre à distance ses émotions, et de cesser de me voir.
Ce qui est aussi très culpabilisant pour moi c’est que j’ai une fille de 7 ans d’une première union et que cela l’a beaucoup perturbée, elle a senti en moi ce désir d’enfant, cela s’est traduit par une régression, elle voulait être ce bébé que je n’ai pas gardé…
Aujourd’hui je veux à nouveau regarder l’avenir positivement mais j’ai conscience que je garderai toujours une blessure importante mais que je dois apprendre à vivre avec et à continuer à avancer.


Servane
16.07.2007 = mon IVG à eu lieu! Je me sens libérée!
Début de l’histoire.
Je ne suis plus avec mon homme depuis le mois d’avril et depuis ce jour là je n’ai eu que 2 rapports!
1er le 5 mai= avec préservatif
2ème le 10 juin= le préservatif se casse je prends la pilule du lendemain, mais 2 jours plus tard le pharmacien me dit que ce n’est pas sûr à 100 %!
9 juin= toujours pas mes règles! je fais un test qui se révèle POSITIF! Se bébé je ne le veux pas !!!! Ce n’est ni le moment, ni le bon papa!
12 juin= RDV chez la gynéco! Je pensais donc être enceinte de 1 mois environ! Résultat après l’écho vaginale 11 semaines… là je tombe presque dans les pommes. Elle m’annonce que si je ne veux pas le garder, faut que je cours à l’hôpital aujourd’hui!
Arrivée à l’hôpital: je suis prise en charge par une gynéco super sympa! On discute, elle me refait une écho.
RDV pour l’IVG le lundi 16.07.2007.
16.07.2007= j’arrive à l’hôpital à 7heures on me prépare, me donne un calmant. 9h15 direction le bloc! 10h15 salle de réveil, tout s’est super bien passé! je n’ai pas de douleurs!
13heures sortie de l’hôpital, je me sens en pleine forme!
J’espère que mon témoignage pourra rassurer certaines filles, vous ne commettez pas un crime, l’embryon ne sent rien, L’AVORTEMENT EST UN DROIT!


Fiorella
L'ivg a eu lieu dans le service de maternité à l'hôpital régional.
J'étais ivre et j'ai terminé la soirée avec un homme que je fréquentais à l'époque, rien de sérieux, il ne m'aimait pas et j'étais amoureuse. Il savait que je ne prenais pas la pilule. Nous avons fait la grosse bêtise de ne pas mettre de préservatif, je venais de terminer mes règles.
J'allais commencer mes études (soins infirmiers), je n'avais pas d'argent, il ne m'aimait pas. M'a laissé tomber dès qu'il a appris la nouvelle. J'ai pris la décision très vite, je savais que c'était le mieux à faire, mais avec l'impression d'être une moins que rien.
La gynécologue qui m'a reçue m'a fait la morale en me disant qu'elle avait eu ses enfants en même temps qu'elle faisait ses études de médecine, donc que ce n'était pas une excuse.
M'a fait regarder l'échographie en me disant que c'était dommage, m'a montré l'embryon et dit que son coeur battait déjà. M'a dit qu'il fallait que je me dépêche de savoir si je voulais avorter car j'étais presqu'à la 7ème semaine, j'ai confirmé, m'a donné les comprimés et rdv pour l'expulsion le mercredi (on était un lundi). La méthode était la Mifégyne.
Le mercredi, j'y suis allée. On m'a pris la tension 2x, donné du Dafalgan pour les douleurs, dit d'uriner dans un pot de chambre posé sur le wc et si qqch de plus dur venait, d'évacuer dans une alèse. Quand c'est venu, la gynécologue est venue regarder si c'était bien l'oeuf et l'a laissé à côté du lavabo.
J'ai pleuré tout le long. Par la suite, j'ai perdu du sang pendant un mois, tandis que le "père" s'était trouvé quelqu'un d'autre. Je suis tombée en dépression, perdu quelques kilos et il a fallu aller à l'école tout de même.
C'était il y a bientôt 4 ans. J'ai bientôt fini ma formation. Je fais mon mémoire sur la prise en charge de l'avortement par les infirmières, vu que celui que j'ai vécu était nul. Oui, je l'ai mal vécu, mais je suis convaincue que la femme doit pouvoir choisir. Le fait d'ignorer que, psychologiquement, ça peut mal se passer ne va pas améliorer la prise en charge à l'hôpital. Et n'oublions pas que c'est le personnel médical qui va, par son attitude, culpabiliser ou non la personne.


Noelle
J’avais 17 ans et étais lycéenne. Par insouciance, je suis tombée enceinte. Quand je l’ai su, j’en étais à ma 9ème semaine de grossesse et à l’étranger en vacances avec mes parents. J’ai dû attendre mon retour en France, mi-août 1999 pour le dire à ma mère de peur de gâcher les vacances de toute la famille. A ce moment là, j’étais à un peu plus de 11 semaines de grossesse. A deux jours près, je ne pouvais plus me faire avorter. Mon copain m’a quittée.
Je n’oublierai jamais ce 20 août 1999. Le jour de mon avortement. Je suis restée enfermée chez moi pendant un an après ça. Je ne sortais plus. Je n’ai jamais repris mes études. Je pensais ma vie gâchée. Je haïssais les hommes.
Mais aujourd’hui, j’ai 26 ans, un petit garçon de 4 ans et demi et suis à nouveau enceinte de 9 semaines. Je pensais que cette expérience allait à jamais changer mon regard sur la maternité. Aujourd’hui et bien que je n’oublie pas cette expérience, je pense surtout à mon fils et à ce bébé qui va naître. Toutes les blessures cicatrisent un jour.


Sylvie
J’ai subi une IVG en janvier 2007, juste après le nouvel-an, au CHUV à Lausanne. J’avais 22 ans.
Quand j’ai su que j’étais enceinte ça a été très dur. Je n’avais plus mes règles depuis quelques semaines mais c’est seulement au bout du 3ème test de grossesse, qu’il s’est révélé positif. J’avais oublié de prendre la pilule une seule fois et jamais je n’aurais pensé à de telles conséquences. Au début, mon copain et moi voulions le garder. Mais j’ai vite compris que ce serait impossible parce que, bien que je travaillais, mon copain n’avait aucune source de revenu et nous n’habitions pas encore ensemble. Et puis, je ne me sentais pas prête. J’ai pu en parler à mes amies, celles à qui je faisais confiance et elles ont compris ma décision. Le plus dur a été de l’annoncer à ma mère. Mais chacun m’a laissée libre de choisir, y compris mon copain qui m’a beaucoup soutenue et m’a accompagnée à tous les rendez-vous. Sans lui, je n’aurais pas tenu le coup. Le personnel qui m’a reçue a été très compréhensif, surtout au planning familial. Elle m’a expliqué beaucoup de choses sur la contraception.
Moi qui croyais déjà tout savoir, je me trompais… J’étais enceinte de 8 semaines et j’ai avorté par aspiration. Le jour de l’intervention a été terrible. Nous étions 3 dans la chambre depuis 7 heures du matin pour la même intervention. Les 2 filles ont été opérées à 8 heures et moi j’ai dû attendre jusqu’à 14 heures. C’était interminable… L’intervention s’est bien passée. Je n’ai eu aucune douleur physique après.
J’ai choisi de consulter une psychologue afin de pouvoir parler de tout ça. Je pense que ça m’a fait beaucoup de bien, même si j’y pense encore aujourd’hui à chaque fois que je vois une femme enceinte ou n’importe quoi qui m’évoque ce qui s’est passé il y a quelques mois. Je n’oublierai jamais cette expérience, et surtout, je n’oublierai jamais plus de prendre ma pilule contraceptive…
Je ne souhaite à personne de vivre cela, mais, je sais que j’ai fait le bon choix et que cela peut arriver à n’importe qui et pas seulement à quelqu’un d’inconscient ou d’immature comme les gens le pensent souvent. Lire les témoignages sur ce site m’a beaucoup aidé à prendre ma décision. Surtout, prenez seule votre décision, écoutez vos sentiments et ne regrettez rien.


Zaza
J’ai subi l’avortement le 16 Mai 2007 et suis encore affectée par cela. Je suis avec mon copain depuis 5 ans et demi, nous vivons en couple, j’ai 23 ans et depuis toujours j’ai envie d’avoir des enfants… J’ai jamais pris de contraception avec lui, j’ai subi il y a près de 3 ans une fausse couche et depuis je n’avais jamais réussi à retomber enceinte jusqu’au jour où… Il sait parfaitement que je ne prends pas de contraception et lui ne met jamais de préservatif, donc nous sommes conscients tous les 2 qu’une grossesse pouvait s’envisager… Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai eu un mauvais pressentiment, j’ai immédiatement appelé mon copain qui lui n’était pas content du tout et qu’il ne le désirait pas et qu’il ne changerait pas d’avis. J’étais consternée par ses paroles blessantes. Il m’a beaucoup mis la pression et j’ai cédé à son chantage, j’ai donc avorté… Je ne dirais pas que je l’ai fait par amour mais je n’envisageais pas d’élever un enfant toute seule, j’estimais que le bébé n’avait rien demandé et qu’il voudrait avoir un père et une mère…
Le jour de l’intervention, il est venu avec moi et son "pseudo-soutien" n’était pas à la hauteur de mes attentes dans un cas pareil. Après l’intervention, à la salle de réveil, dès que j’ai ouvert les yeux les larmes coulaient, je pleurais pleurais, je me sentais vide, seule, je ne servais à plus rien. J’ai eu un grand choc psychologique. Aujourd'hui, mes sentiments envers mon copain ont beaucoup changé, on se dispute tous les jours, je ne le supporte plus et surtout JE LUI EN VEUX ENORMEMENT. Je m’en veux à moi-même, je culpabilise, nous sommes au bord de la séparation, depuis l’avortement, il ne m’en a jamais plus reparlé alors que justement j’ai besoin d’en parler. Je lâche toute ma colère sur lui. Je regrette, même si je ne peux plus revenir en arrière, je sais que j’ai pris la mauvaise décision et que j’aurais dû le garder avec ou sans mon copain. C’est très dur pour moi, j’en souffre terriblement et je suis déçue de moi-même, je me trouve monstrueuse. Depuis le temps que je l’attendais, j'aurais dû être plus forte aux pressions mais j’ai été faible. J’ai peur que le bon dieu me punit et que je ne pourrai plus avoir d’enfants… Je ne sais pas si les choses vont s’atténuer par la suite… Je n’ai pas encore fait le deuil de tout ça…


Cindy
J’ai 20 ans, et je suis enceinte de 6 semaines maintenant. Je n’ai jamais envisagé de le garder parce que ma situation financière et sociale ne me le permet pas: je suis au chômage et séparée du "père".
Je ne voulais pas croire que j’étais enceinte au départ et c’est pour ça que j’ai attendu 3 semaines après la date prévue de mes règles. Je suis allée au planning familial où j’ai fait un test de grossesse (positif évidemment)… C’est pendant ce court instant où j’ai vu ce test m’annoncer ce à quoi je ne voulais pas croire, que tout a basculé.
Le "père" a 11 ans de plus que moi, nous nous aimions, mais j’ai dû quitter pour lui ma région, mes amis, et je n’ai pas supporté ces changements, je suis donc revenue dans ma région d’origine. Cette histoire me fait beaucoup souffrir car elle est encore récente, et de savoir que je suis enceinte n’arrange rien. J’en ai discuté avec lui et nous sommes d’accord pour ne pas le garder. Cependant, quand je lui ai fait part de mes craintes, de mes angoisses, de mon mal-être il a pensé que j’avais changé d’avis et décidé de le garder… Son soutien s’est peu à peu transformé en pression même si ma décision était prise.
Il y a un facteur qui complique toute mon histoire… je me sentais seule et délaissée, et mon ancien petit ami, avec qui j’ai fait 4 ans de ma vie était là pour moi, je me suis donc remise avec… Il m’aide et me soutient, il va m’accompagner dans mes démarches, mais je voudrais que le jour de l’avortement, ce soit le "père" qui soit là pour me soutenir… Tout cela me fait du mal. Je ne sais plus où j’en suis, j’appréhende cet événement, la douleur, qu’elle soit physique ou morale, j’ai peur de ne pas réussir à surmonter tout ça. Si je témoigne c’est pour que les filles qui sont plus ou moins dans la même situation sachent qu’aussi compliquée soit-elle, il y a toujours une solution, et que de vivre un avortement même si c’est dur, peu être la solution la moins douloureuse. Je veux dire par là que tous les doutes, toutes les craintes ne doivent pas empêcher une femme de faire ce qui est mieux pour elle et pour un enfant…


Flore
J’ai 39 ans. Il y a 10 ans, j’ai eu un cancer avec une forte chimiothérapie. Suite à un traitement lourd de 8 mois, les médecins ont diagnostiqué et certifié que j’étais ménopausée. Ce qui n’est pas une chose facile quand on a 30 ans vous le comprendrez. Heureusement, j’avais déjà une adorable petite fille de 1 an à l’époque. Cela fait 10 ans que je prends un traitement pour pallier les soucis de la ménopause (bouffées de chaleur, absence totale de règles et j’en passe…). En janvier 2007, j’ai eu une absence de règles (comme cela m’était déjà arrivé les années précédentes), je ne me suis donc pas inquiétée. Je subis encore des contrôles par rapport à mon cancer (scanner, radio, prise de sang…). J’en ai d’ailleurs eus en décembre 2006, ainsi que des radio en février, mars et avril car j’ai un souci aux poumons. Loin de penser que je pouvais être enceinte, mon médecin m’a prescrit des antibiotiques et d’autres médicaments. Puis, une consultation normale chez ma gynécologue il y a dix jours où cette dernière découvre que je suis enceinte de… 13 semaines! Ma vie s’écroule : j’ai créé mon entreprise en janvier 2007, j’ai 2 autres enfants d’un second mariage. Je perçois les assedic (de par mon statut d’entrepreneur). Nous ne voulions surtout pas d’autre enfant : nous avons nos vies et enfin nous pouvons profiter de notre liberté… je me vois très mal porter un enfant et subir un accouchement… Nous ne voulons pas retourner dans les couches, nous n’en avons pas les moyens. J’ai consulté 4 hôpitaux en France, des gynécologues, des obstétriciens, des professeurs (tout cela en deux jours…) qui se sont tous défilés… car j’étais à 13 semaines + 5 jours, donc que 2 jours pour prendre une décision et trouver un hôpital français qui veuille bien pratiquer une IVG… Les médecins en qui je croyais il y a quelques années m’ont tous laissée tomber. Que faire ? Ils m’ont fait subir une trophoblastie pour éventuellement découvrir une trisomie. Je dois avoir les résultats aujourd’hui. Nous ne voulons pas garder cet enfant, j’en avais fait le deuil il y a 10 ans. Vous comprenez, pas de risque de grossesse donc pas de contraception car pas de crainte d’enfanter… ma vie professionnelle est en jeu. Nous n’avons pas les moyens financiers ni psychologiques d’assumer cet enfant… Nous envisageons sérieusement de partir à l’étranger faire une IVG. Mais la peur nous tenaille…

Je viens d’avoir les résultats et tout est normal dans ma grossesse, pas de trisomie 21 ni autre… Mon mari et moi voulons que je fasse procéder l’avortement et nous envisageons de nous rendre en Hollande car ils procèdent à l’avortement jusqu’à 22 semaines, or j’en suis déjà à 16 semaines…

Je suis revenue hier soir de la clinique de Bloemenhove dans laquelle j’ai été très bien reçue, malgré une très longue attente. – Nous sommes prêts pour un nouveau départ. Cela étant, je suis révoltée par le fait qu’en France il est impossible d’avoir ce type d’intervention car, en Hollande, cela semble presque banalisé. Que pourrait-on faire pour que cela change en France ?


Babette
J’ai mis au monde un enfant il ya 3 ans, je me suis séparée du papa et j’ai rencontré quelqu’un d’autre; nous ne vivions pas ensemble et je suis tombée enceinte. La décision a été directe, cet enfant n’était pas arrivé au bon moment, j’ai donc effectué une IVG. Il fallait que ma situation soit stable, après ma rupture et avec mon nouveau compagnon .
J’ai pris contact avec l’hôpital le plus proche. J’ai rencontré la gynécologue qui s’occuperait de l’intervention, nous avons commencé par une écographie, on ne voit pas l’embryon, mais j’avais connu ce moment dans le passé et c’était pas facile de faire cette démarche. L’éco a permis de connaître l’âge de la grossesse. Etant enceinte de peu de temps, j’ai eu recours à l’IVG médicamenteuse. Cela consiste à prendre un médicament, devant le gynéco, signer une décharge et 2 jours après aller à l’hôpital pour le deuxième médicament.
Tout c’est bien passé j’ai pris le médicament un mercredi matin et l’évacuation c’est fait à mon travail, j’ai eu des saignements plus abondants que les règles mais pas gênant. J’ai revu quelques jours après la gynéco pour une visite de routine et c’était fini.
J’ai eu du mal avec mon compagnon car on y pensait, mais très vite nous avons passé sur ce problème car nous avions bien fait.
Aujourd’hui, je suis à nouveau enceinte, 2 ans de vie commune et je vais revivre ce moment. Il est encore tôt, mon compagnon n’est pas prêt et je veux pas foutre tout en l’air. Je fais la démarche, il m’accompagne à nouveau, mais cette fois c’est trop dur, je ne sais pas de combien je suis enceinte, mais je ressens vraiment les symptômes et j'ai déjà mis au monde un enfant.
C’est trop tôt et ça foutrait tout en l’air, pourtant on pourrait, mais je me tais et garde cette sensation dans mon coeur.


Bénédicte
Hier, 18 Mai 2007 a eu lieu mon IVG. J’ai 20 ans et j’avais 11 semaines et 6 jours de grossesse.  Je suis mariée mais séparée depuis mars 2007, mon mariage n’a duré qu’un an. Notre relation allait très mal, on est les deux étrangers dans ce pays et à l’arrivée ici tous les changements on fait effet également dans notre couple. Depuis quelques mois, j’ai commencé à sortir avec un copain de l’école et je me suis réfugiée en lui, j’aimais le fait de me sentir aimée et importante pour quelqu’un. Mais je ne l’aimais pas. Je suis tombée enceinte de lui. Quand j’ai su que j’étais enceinte je pleurais et riais à la fois. J’ai toujours pensé que donner la vie c’était la plus belle chose qu’on peut faire, mais à la fois j’avais peur et j’avais du mal à réfléchir et à regarder la réalité en face. 
Quelques semaines plus tard on a décidé d’avoir l’enfant, mais au fond je ne sentais que peur. Le temps passait et j’ai commencé à haïr le père du bébé. Je ne pouvais plus le voir, même pas l’écouter ou penser à lui, et il me cherchait et ne me laissait pas tranquille un seul instant. J’ai commencé aussi à me sentir mal dans mon corps, à ne pas vouloir penser à ce qui m’arrivait. Je me sentais prisonnière et tout changeait dans ma vie. Enfin, j’avais peur parce que je savais que je n’étais pas prête à être mère et que je voulais pouvoir choisir le père de mon fils et le moment d’être mère.  Pour aggraver les choses, je n’ai pas de travail ni de formation, je fais l’école et c’est tout. Que pourrais-je lui offrir à cet enfant? J’ai commencé à déprimer, rien n’allait bien. 
Un jour, je me suis décidée. Je suis allée au Planning Familial. On a parlé, j’ai pu dire tout ce que j’avais dans le coeur et que je n’avais jamais dit avant. Ils ont fixé le RV à l’hôpital. Dès le début, ils m’ont traitée très bien, je me sentais soutenue et tranquille. Le jour de l’IVG, tout c’est très bien passé, j’ai seulement senti un peu de douleur avec des comprimés qu’ils m’ont donnés avant l’intervention pour ouvrir le col de l’utérus, c’était une douleur comme de menstruations, alors c’était plutôt supportable. Quand tout était fini, je n’avais plus mal et quand je suis arrivée chez moi, je me suis sentie libre et tranquille comme jamais. Je ne regrette rien, je sais que j’ai pris la meilleure décision. Mais c’est une expérience que j’espère ne jamais devoir revivre. Maintenant je ne veux que tourner la page et me donner l’opportunité de reconstruire ma vie.


Babette
Mon IVG à eu lieu à la maternité de Genève le lundi 30 avril, à 2 mois et 1 semaine (9 semaines) de grossesse. J’ai 23 ans et actuellement en fin de droit au chômage, je suis en stage de réinsertion. ça fait 2 ans que je suis avec mon copain, je viens de me remettre avec lui, nous avons eu une séparation de 4 mois. Cette expérience a été et est encore difficile pour moi. Du moment où j’ai su que j’étais enceinte et après mon IVG j’avais l’impression que mon copain ne s’impliquait pas dans cette épreuve avec moi. Mais après discussion avec lui il m’a dit que JE ne l’avais pas assez impliqué, que je ne lui ai pas dit que j’avais besoin de lui et aujourd’hui avec le recul je me rends compte qu’il a eu raison. Pour nous les femmes, c’est tellement naturel de se sentir concernée pour les gens qu’on aime qu’on le fait spontanément et on attend la même chose en retour. Mais pour certains hommes il faut leur dire ou leur faire comprendre qu’on a besoin d’eux, alors SVP n’hésitez pas à leur faire part de ce que vous attendez d’eux, le soutien de votre homme est un des plus importants dans cette épreuve…
Les visites chez le médecin se sont bien passées, j’ai été très bien suivie et très bien informée. Le jour de l’intervention également, tout le personnel a été d’une grande délicatesse. Après l’anesthésie je me suis endormie en pleurant et je mes suis réveillée en pleurant dans la salle de réveil. Aujourd’hui ça fait une semaine et demie que mon intervention a eu lieu et le moral n’est pas trop au rendez-vous… J’y repense sans arrêt, un bébé, une femme enceinte dans la rue et je reste fixée dessus…
La décision que mon copain et moi avons prise est la plus difficile mais la plus réaliste par rapport à notre situation actuelle.


Céline 18ans
Mon IVG a eu lieu dans une clinique à Ermont le 4 avril 2007.
Je vis chez mes parents, je n’ai pas d’économies, je suis toujours à l’école et mon petit copain est dans la même situation. J’accepte de parler de cette grossesse parce que je pense que ça peut arriver à tout le monde et je voudrais pouvoir donner mon avis pour en aider une autre qui pourrait se retrouver dans la même situation. Cette grossesse non voulu s’est produite parce que je n’ai pas pu aller chercher ma plaquette de pilule et mon copain et moi avions cru bien faire en se retirant avant éjaculation. Mais cette technique est visiblement inutile et inefficace.
J’ai fait un test de grossesse parce que je m’étais rendue compte d’un retard de règles. Il était positif, alors je suis tout de suite allée au planning familial où ils m’ont fait une ordonnance pour faire la prise de sang. En allant chercher les résultats j’ai appris être enceinte de 1moi, 2mois. Ensuite je suis retournée au planning où ils m’ont envoyée faire une échographie afin de déterminer la date exacte de ma grossesse, cela faisait 5 semaines et 5 jours. Le planning m’a ensuite remis une liste d’hôpitaux pratiquant les IVG. J’ai vite pris RDV en ayant pour seule devise l’IVG médicamenteuse car la méthode chirurgicale me faisait horriblement peur. Lors de cette consultation, le médecin a refait une échographie afin d’être sûr de la date de ma grossesse. Il m’a expliqué le déroulement de la méthode et m’a fait faire une prise de sang pour avoir une carte de groupe sanguin. Ensuite il m’a donné deux autres RDV.
Lors du premier RDV il m’a fait avaler 3 comprimés pour interrompre ma grossesse, il ne s’est rien passé. Deux jours après j’ai pris 2 autres comprimés pour expulser l’oeuf et j’ai eu des douleurs très rapidement, j’ai même vomi sur le chemin du retour chez moi. Très vite, il m’est sorti de gros caillots de sang, puis enfin l’oeuf est sorti, une sorte de poche visqueuse et blanchâtre. J’ai eu très mal durant 3 bonnes heures puis plus rien. Mais les saignements n’ont cessé qu’une dizaine de jours après. Lors de la visite de contrôle, le médecin m’a prescrit une pilule à prendre dans l’immédiat après avoir vérifié l’absence de complications.
Je pense que c’est le genre d’expérience à ne vivre en aucun cas seule. J’ai eu la chance d’avoir le soutien de mon petit copain tout le temps, moralement et financièrement et il est ma fierté, ses amis et les miens aussi étaient présents pour moi. J’ai plutôt bien vécu cette expérience car je n’étais pas seule et j’ai été très bien conseillée. Mais il est vrai que j’y pense chaque jour et cela me déstabilise un peu sexuellement mais je pense que ça passera. Cette expérience m’a servi de leçon car nous les jeunes on a tendance à prendre ça un peu trop à la légère.


Mélanie
Mon avortemment a eu lieu à la fin de l’année 2003 dans un hôpital. J’avais 18 ans. J’étais à l’époque en terminale. Je me suis retrouvée enceinte à la suite d’un rapport non protégé avec un homme d’un soir. Je me souviens parfaitement de cette soirée arrosée, où j’ai un peu laissé les choses faire. J’ai très vite compris que j’étais enceinte, j’en ai parlé à l’infirmière de mon lycée, qui m’a donné un test de grossesse. Quand il s’est avéré que j’étais enceinte elle a aussitôt pris contact avec le planning de ma ville.
La femme qui m’a prise en rendez-vous au planning était un peu froide, elle avait l’air sympa, mais il y avait un ton inquisiteur quand elle a appris que j’avais eu un rapport non protégé. Ensuite, il y a eu un rendez-vous avec l’hôpital local, où si je me souviens je me suis rendue la première fois pour un entretien avec une psy et une gynécologue. Comme la grossesse était très récente, on pouvait opter pour un avortement par voie médicamenteuse (à vrai dire je n’ai pas eu le choix, on ne m’a rien expliqué). J’avais l’impression que l’on me prenait un peu pour une idiote, la gynécologue semblait me faire la morale sur mon mode de vie, et mon étourderie … Même si je n’y ai pas fait attention au début, plus ça allait plus je me sentais coupable … et terriblement honteuse.
Ensuite, première prise de médicament qui s’est bien déroulée, pas de saignement, pas de contractions. Puis deuxième rendez-vous, avec hospitalisation. Je n’avais aucun justificatif pour mon lycée, ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient faire aucun certificat médical. Lors de la prise de médicament tout allait bien. J’ai regretté que l’on m’accompagne j’aurais préféré être seule, car on parlait de tout et de rien et quand les contractions ont commencé, j’ai vraiment eu très mal … Les saignements ont commencé, puis la nausée. D’un seul coup j’ai senti que "ça partait", je suis allée aux toilettes, et j’ai vu ce qui venait de sortir. J’ai vomi (à cause des nausées et du choc). J’en ai parlé à l’infirmière, elle m’a redonné un médicament, car il n’était pas sûr que l’autre avait bien été absorbé, pourtant je leur avais dis que tout était parti … Ensuite, elle est revenue pour vérifier que je saignais (super !) et nous avons pu partir…
Je me souviens, que j’avais prévu peu de protection, car je ne pensais pas saigner autant, et l’aide soignante m’a difficilement donné des protections plus adaptées. De plus, quand j’ai réclamé un anti douleur, on m’a rétorqué que je pouvais en prendre un chez moi.
J’étais sous le choc, la personne qui m’accompagnait avait l’air indifférente, aujourd’hui elle n’aborde plus ce sujet. En rentrant j’ai malgré tout eu le sentiment d’un immense soulagement, jusqu’à la visite de contrôle.
À cette période en sport c’était natation, n’ayant pas de certificat, le professeur m’a soupçonnée de mentir quand j’ai parlé de règles, car ça durait depuis trop longtemps. Heureusement l’infirmière du lycée a pu me faire un certificat médical.
Aujourd’hui j’en garde encore un souvenir cuisant, … je sais une chose, plus jamais je ne souhaite revivre ça. Ce n’est pas le fait d’avoir avorté qui m’ennuie, c’est la manière dont on m’a accueillie et dont on m’a traitée. J’ai été trop humiliée, j’ai été traitée comme une moins que rien. Etait-ce pour me dissuader de reprendre de tels risques? Je pense que ce n’était pas nécessaire.
Aujourd’hui je comprends que je n’étais coupable de rien, du moins pas plus que cet homme qui lui non plus ne s’est pas protégé et qui pourtant n’en a subi aucune conséquence. Je garderai toujours en mémoire le fait que l’on m’ait en quelque sorte reproché de ne pas utiliser de contraceptif. Mais aujourd’hui j’ai compris que là encore personne n’avait le droit de le faire, ça peut arriver à tout le monde, il suffit d’une fois qui tombe au mauvais moment, c’est vraiment un mauvais concours de circonstances.
Cette expérience m’a appris que personne n’est infaillible. J’en retire quand même quelque chose de positif, jamais plus je n’ai eu de rapport non protégé, et surtout j’en parle autour de moi. J’incite mes ami(e)s à exiger le préservatif lors d’un rapport, et surtout à responsabiliser le partenaire face à une grossesse possible.


Marianne
J’ai 38 ans, mariée, 2 enfants. Il y a une année j’ai été déclarée en ménopause précoce avec risque de grossesse spontanée nul.
Il y a 3 semaines j’ai découvert ma grossesse surprise !
ça été un choc, je n’aurais jamais pensé me retrouver dans une telle situation. Il fallait choisir de continuer ou non cette grossesse involontaire. Les sentiments étaient la peur, la rage, l’angoisse, la culpabilité, la tristesse…. il n’y avait aucune joie.
J’ai opté pour une IVG médicamenteuse dans un cabinet privé genevois. Les contacts humains ont été très bon et le suivi aussi.
Mon sentiment après était un énorme SOULAGEMENT. Je suis heureuse d’avoir pu choisir.
Cette expérience m’a fait réaliser à quel point notre société fait pression sur le libre choix des femmes.
Merci et bravo pour votre engagement et votre site.


Elodie
4 mois avant de tomber enceinte – mon copain et moi on était ensemble depuis longtemps – je voulais un bébé, lui aussi d’ailleurs. On essaya d’avoir un enfant, ça ne marchait pas, j’ai laissé tomber et je lui ai dis que si ça marchait on le garderait. Quelques mois après, je suis tombée enceinte. Au début on le voulait tous les deux, mais on se voilait la face, on n’avait pas d’argent, on a un appart mais pas d’argent. Donc il m’a demandé d’avorter, mais moi je n’étais pas d’accord, je voulais ce bébé… J’étais enceinte de 13 semaines quand j’ai avorté, je me suis mise à pleurer rien que d’y penser, je voyais ce bébé à l’intérieur de moi… j’ai dû avorter car je l’aimais, mais aujourd’hui, je ne sais pas si j’ai fait le bon choix, je pense que oui.

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