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Chona
Début juin 2004 au CHUV à Lausanne… J’avais rencontré mon ami
depuis peu. Cette grossesse s’est produite car nous n’avions pas utilisé
de protection. Nous avions des rapports "à la retirette". C’était
bien sûr pas raisonnable, je ne sais comment l’expliquer, nous n’étions
pas du tout conscients de ce que l’on faisait.
J’ai trouvé cette épreuve traumatisante. Je me suis rendue au CHUV. Je
savais pas trop comment parler de ça à mon médecin. Bref, en arrivant
au CHUV, j’ai vu une personne du planning familial. On ne m’a pas spécialement
posé de questions détaillées. L’avortement est un libre choix. C’est
peut-être pour cette raison que l’on ne pousse pas la personne à
remettre son choix en cause. Avec du recul, il me semble que c’était un
peu léger. Mes sentiments n’étaient pas vraiment pris en considération.
Je me suis ensuite rendue au contrôle et à l’échographie. Ces deux
visites se sont passées normalement.
Rendez-vous a été pris pour la semaine suivante pour une IVG médicamenteuse.
Je suis passée prendre ma première dose de médicament. Résultat, j’ai
eu de très importants saignements qui m’ont vraiment gênée. 2 jours
plus tard, je me suis à nouveau rendue au CHUV pour la 2ème prise de médicament.
Je devais y passer la matinée. On m’a installée dans une chambre, on m’a
donné le médicament et j’ai dû ensuite patiemment attendre que ce petit
… (je ne trouve pas de mots) soit rejeté. Rien ne se passait. Presque
pas de contractions. Une assistante sociale est venue me rendre visite. J’étais
passablement paumée et complètement inconsciente de ce que j’étais en
train de faire. Cette visite ne m’a pas réchauffé le coeur.
Le … n’étant toujours pas rejeté à la fin de la matinée, j’ai été
priée d’attendre la visite du médecin. J’ai dû patienter quasiment tout
l’après-midi. La visite a été plus que brève. Il m’a simplement tendu
un certificat médical me donnant 1 semaine d’assurance. Il m’a conseillé
d’être attentive si je voyais sortir ce … dans les prochaines heures.
J’ai pu ensuite partir. C’était un vendredi. Le samedi j’ai pu voir
cette minuscule chose et j’ai su que c’était fini.
J’ai commencé à avoir de fortes contractions qui n’ont cessé
d’augmenter jusqu’au lundi. Je suis allée travailler quand même. Je ne
savais pas si j’étais malade ou pas. Comment fallait-il interpréter
cette ordonnance. Etait-ce que je devais rester à la maison si je me
sentais mal et aller travailler si ça allait. Je me sentais seule et avais
peur. Je me suis dis, maintenant c’est fait et la vie continue mais c’était
aussi très abstrait.
En fin de matinée du lundi, j’ai commencé à avoir de très fortes
contractions. J’ai senti la panique me gagner. J’ai prévenu une de
mes collègues et elle a appelé une ambulance. J’ai été emmené au
CHUV. Entre deux j’avais pris un anti-douleur qui m’avait été
prescrit et la douleur s’estompait gentiment. J’étais persuadée en
arrivant au CHUV qu’on me dirait que j’avais rien. Mon ami m’a
rejointe à mon chevet et a patienté avec moi. On m’a fait un examen
qui m’a confirmé que j’avais rien. Et je suis repartie sans que
l’on m’ait rassurée vraiment.
Cette fois, je ne suis pas retournée au travail. J’ai passé quelques
jours chez mon ami, où je vis maintenant. Nous étions bien seuls et je
tenais beaucoup à rester avec mon ami et lui souhaitait que tout ça
reste un peu entre nous. Il se sentait gêné par ce qui arrivait. Nous
avions prévu de partir 10 jours en Bretagne dans la maison de ma mère.
Nous avons décidé de maintenir ce projet en pensant que ces vacances me
feraient du bien. En fait, ça a été la catastrophe. J’ai eu un mal de
ventre épouvantable et je suis même à nouveau partie en ambulance à
l’hôpital pour finalement y passer la nuit. C’est dans cet hôpital
de Quimper qu’un infirmier nous a gentiment suggéré que ces maux de
ventres venaient peut-être de ma tête… Nous avons tenté d’y réfléchir
et avons en effet rapidement pu analyser que ça ne se passait pas du tout
bien dans ma tête.
J’ai passé la nuit sous anti-douleurs, le lendemain nous avons décidé
de rentrer à la maison. Le soir les douleurs ont repris de plus belle
pour ne plus s’arrêter jusqu’au retour en Suisse. Ma mère nous a
accueillis et a tenté de nous réconforter. C’était le jeudi (10 jours
après l’IVG). Le lundi matin, je me suis rendue chez le médecin de mon
père qui m’a prescrit du Xanax pour quelques jours et m’a demandé de
le rappeler pour l’informer de mon état quelques jours plus tard. Je ne
l’ai pas fait. Je pense qu’à ce moment là, le mal de ventre étant
parti, j’avais envie d’oublier. J’aurais dû le rappeler, je le
sais… J’ai eu l’échographie de contrôle quelques jours après.
Celle-ci a confirmé que le bébé n’était plus.
Jusqu’à maintenant, on est en mars 2007, ces maux de ventre me
poursuivent encore de temps en temps. J’ai eu une période dépressive
pas grave mais éprouvante tout de même. Je vois maintenant une
psychiatre ce qui me fait le plus grand bien. Mais quel chemin … C’est
dur !!!
Je pense que chaque femme doit avoir la liberté d’effectuer ce geste.
On ne peut pas la priver de ce choix, mais ne pourrait-on pas estimer un
peu plus cette petite vie qui s’en va. On ne peut pas, à mon avis,
traiter cette opération comme une fracture de jambe ou je ne sais quoi.
Ça a des répercussions… ET SI TABOU …
Hélène, 26 ans
C’est vraiment un sujet délicat, et ce serait tellement mieux de ne
jamais avoir à consulter ce site parce qu’on songe à avorter.
Je l’ai fait et avant de prendre la décision, en fouillant sur internet
j’ai trouvé des choses épouvantables, des sites pleins de jugements et
d’incompréhension.
J’en avais marre de voir des histoires d’avortement se solder avec de la
tristesse et de la confusion. Comme si c’était toujours la mauvaise décision
et qu’on essaie de se convaincre que c’est la bonne… Je suis libre
aujourd’hui et avoir gardé ce bébé aurait été une soumission à la
pression extérieure. Voici le meilleur moment de vous connaître et de
savoir qui vous êtes au fond. C’est un test ultime de maturité, et même
si ça a été dur ( oui ça l’est même si on veut faire semblant de rien
) pendant une période, tout c’est arrangé par la suite et je me suis du
même coup délivrée de ceux qui me mettaient la pression et me poussaient
vers une voie qui n’était pas la mienne. Dire NON a été le choix le
plus important que j’ai fait qui m’a sortie de l’illusion dans laquelle je
m’enfonçais doucement! La vie m’a ensuite prouvé que j’avais bien
choisi, les rêves pour lesquels je me suis battue pendant des années se
concrétisent enfin, et je suis en quelque sorte née à nouveau après
cet avortement. J’ai trouvé ma voie. Cet enfant n’était pas au programme
mais il m’a poussée vers mon destin. Un événement extrêmement positif
se cache dans ce qu’on croit être le pire des malheurs. L’important c’est
d’aller toujours de l’avant! Les épreuves rendent plus fortes et la
douleur reste tant qu’on lui fait de la place !
Ariane, 22 ans
Je suis actuellement étudiante et cette grossesse était plus ou moins désirée
du fait que je connais mon ami depuis très longtemps, nous nous aimons,
mais ne vivons pas encore en couple et ce bébé malgré tout l’amour
entre le papa et moi, aurait manqué de tout..n’ayant pas de ressources
propres. Être enceinte de cet homme que j’aime était pour moi normal, c’était
comme un rêve, avoir un bébé, vivre heureux à trois, mais la réalité
m’a vite rattrapée.
J’ai eu une relation ayant pris un risque, j’ai pris la pilule du
lendemain, j’ai eu mes règles quelques jours après, j’ai même effectué
un test de grossesse qui fut négatif, donc je me suis dit que je ne suis
pas enceinte, puis arrivaient les nausées, les étourdissements, les
seins qui gonflent, la sensation oui d’être enceinte, j’effectuai donc un
test, puis un autre qui furent tous deux positifs. Je me suis donc rendue
chez mon médecin, j’ai fait un test sanguin, toujours positif, puis une
échographie. Du fait du nombre de rendez-vous, j’ai du attendre deux
semaines pour faire l’écho, quand je me suis rendue à la clinique j’étais
enceinte de 11 semaines et quelques jours, j’ai eu peur, je ne savais plus
quoi faire, de plus n’étant pas vraiment informée j’ai perdu du temps,
donc j’ai avorté par aspiration. Les contractions furent douloureuses,
j’ai cru mourir.. surtout j’ai réalisé que je faisais disparaître ce bébé
à jamais… après l’intervention j’étais cependant soulagée, car c’est
un choix murement réfléchi… avoir ce petit c’était oublier mes études
pendant un bon moment, contraindre le papa à tout assumer, finances… de
plus organiser très vite un plan de vie qui peut-être n’aurait pas tenu.
Je suis croyante et je sais que cet acte me suivra toute ma vie…. je
regrette, mais c’était la solution, je ne pouvais pas assumer ce bébé
et je ne voulais pas qu’il vive dans la misère.
Je n’oublierai jamais mes échos, j’y penserai chaque jour à ce petit bébé,
qui est venu sans rien demander, j’aurais dû faire plus attention… je
pense que j’avais trop idéalisé la vie, alors qu’en fait elle est très
dure si on n’a pas les moyens d’assumer ses actes. Je regrette d’en être
arrivée là… mais justement je me bats chaque jour pour réussir..
aller de l’avant pour ce bébé perdu.. et qui sait peut-être aurai-je la
joie d’être maman quand le moment sera venu.. lorsque je serai plus femme
et surtout disposée à combler mes enfants… faire en sorte qu’il ne
leur manque rien. J’avoue qu’avant l’ivg j’ai beaucoup pleuré..
maintenant je vais mieux, j’espère avoir mon diplôme, bosser et avoir de
nouveau un bébé, car la prochaine fois, si Dieu m’accorde de nouveau ce
cadeau… je serai prête… en tout cas je fais tout pour… j’espère
que ma vie se construira pour accueillir un bébé et tout lui donner.
COURAGE !
L’avortement est un acte douloureux, mais j’ai eu de la chance, cela s’est
bien passé… le personnel médical était très attentionné, avant et
après l’IVG, j’ai rendez-vous dans une semaine pour l’écho de contrôle…
j’ai confiance en l’avenir…
Merci pour ce site car mis à part mon homme, personne n’est au courant..
il a été là. Et ce petit est dans mon coeur.
A vous qui souhaitez avorter, parlez-en, cela soulage…
Olivia
J’ai 33 ans et je viens de subir une ivg par pilule abortive en France
(février 2007). Tout s’est bien passé et je ne regrette absolument pas d’avoir
pris cette décision avec mon compagnon. Cela fait 15 ans que nous sommes
ensemble et nous avons un enfant. Nous avions décidé d’avoir un deuxième
il y a quelques mois de cela, donc j’avais arrêté la pilule. Notre
situation professionnelle et financière est difficile actuellement (cela n’est
pas récent mais ça ne fait qu’empirer), ce qui engendre des disputes
plus importantes que d’habitude et un climat non serein, donc non propice
à l’arrivée d’un bébé. D’ailleurs je n’étais pas heureuse du tout
lorsque je me suis rendue compte que j’étais enceinte. Ayant vécu un
bonheur total depuis le début avec notre premier enfant je me suis dit qu’il
ne fallait pas continuer, c’est trop important comme moment et ne pas
prendre cette décision équivalait à ne pas respecter ce futur être
vivant et ne pas nous respecter nous-mêmes. Cela s’appelle prendre sa vie
en main. Pouvoir faire ce choix est une chance dans notre pays mais c’est
aussi un choix légitime.
C’est ma première ivg et la dernière, cela étant parti d’une décision
pas assez réfléchie. Nous sommes responsables de ce qui s’est passé,
responsables jusqu’au bout par notre acte d’arrêt de grossesse, il arrive
de faire des erreurs.
Le planning familial pour les infos de départ reste une valeur sure, pour
trouver un centre où l’attente ne sera pas trop longue (pour pouvoir bénéficier
de la pilule abortive, puisqu’il y a un délai à respecter) c’est plus
difficile, il ne faut pas hésiter à appeler tous les numéros de la
liste fournie par le planning. J’ai été très bien accueillie
personnellement, je n’ai pas été jugée ni assistée lourdement, tout était
bien "dosé". Lors de la prise du misoprostol (2ème prise médicamenteuse,
pour l’expulsion de l’oeuf) j’étais tranquille, seule avec moi-même et
cela m’a fait un grand bien, on venait juste me prendre ma tension toutes
les heures, ça m’allait bien comme ça, j’avais déjà posé toutes mes
questions à la personne qui m’avait accueillie, donc plus envie de parler.
Moi qui peux m’angoisser pour des bêtises je ne l’étais pas du tout pour
cet acte important parce que j’avais pris la bonne décision, je le savais.
En quittant l’hôpital j’étais soulagée. Je n’ai pas eu très mal, juste
un peu, (douleurs de règles en un peu plus fort + légères
contractions), tout à fait gérable, mais bon on est toutes différentes,
les pertes de sang étaient très importantes, il faut bien prévoir des
serviettes hygiéniques très épaisses et 1 pantalon de rechange.
Je suis fière d’avoir été honnête avec moi-même, de m’être rendue
compte à temps que je n’étais pas prête pour un deuxième enfant. Je
vois tellement de gens qui ne prennent jamais de décisions dans leur vie
dans pleins de domaines différents. En tout cas je crois en moi, je me
fais confiance même si je fais des erreurs, c’est humain, j’assume, ,je
suis maître de moi même, c'est ça le secret.
Jodie
J’ai 21ans, je venais tout juste de les avoir quand je me suis fait avorter
en décembre 2006. J’étais enceinte de 23 semaines et je l’ignorais.
Physiquement ça ne paraissait pas vraiment. J’avais fréquenté quelqu’un
pendant l’été, j’étais à l’extérieur du Québec et cette relation ne
voulait rien dire du tout pour moi. Une relation de passage sans plus. De
retour au Québec j’ai eu des chutes de pression, des maux de coeur,
beaucoup de fatigue mais je croyais que c’était normal, je commençais
l’université après avoir voyagé plusieurs mois, le stress du travail,
du retour à la routine…
Une amie m’avait tout de même traînée à la clinique de santé pour un
diagnostic, la doctoresse m’avait fait part de la possibilité que je sois
enceinte mais ça me semblait tellement farfelu, je ne suis pas allée
passer les prises de sang et je me suis habituée à vivre avec une
fatigue omniprésente, après tout j’avais vraiment un horaire chargé et
ignorer mes problèmes a toujours été ma solution ‘gagnante’.
Je ne suis pas régulière, mes dernières menstruations étaient en août,
mes dernières relations sexuelles de retour au Québec en septembre, mais
comme c’était des relations protégées j’avais la conscience tranquille.
Début décembre j’ai commencé à envisager que je pouvais être
enceinte. J’ai acheté un test de grossesse et comme si le fait d’avoir
fait l’effort de l’acheter me protégeait, je l’ai simplement laissé de côté
quelques jours. J’ai fini par le faire à tout hasard. J’ai passé près
de vomir quand j’ai vu qu’il était positif. Je ne comprenais pas, comment
ça pouvait m’arriver à moi… J’ai pleuré toute la nuit chez mon
ami, j’ai été au planning dès que possible, détruite. J’avais
toujours eu un fort préjugé par rapport à l’avortement et c’était
maintenant moi la fille irresponsable qui y avait recours. Ça a fait mal,
malgré toute la douceur du personnel, j’ai pleuré tout le long du
processus.
Je ne pouvais pas avoir un enfant maintenant. Ma famille n’est pas au
courant et ça fait maintenant 4 mois, le ‘père’ n’est pas au courant non
plus, certains amis intimes m’ont aidée à passer au travers mais ce
n’est définitivement pas quelque chose que j’irai crier sur les toits. Je
suis maintenant terrorisée à l’idée d’avoir une relation sexuelle, je
n’ai plus aucun désir de toute manière, j’aimerais aller consulter mais
je ne saurais pas quoi dire.
J’ai quand même trouvé un réconfort à lire vos témoignages, de voire
que des femmes normales, hors champ de mon préjugé sur les femmes qui
avaient recours à l’avortement, je me sens moins seule mais tout aussi
mal, ou du moins tourmentée avec mon geste. Avec le temps…
Soukeina
J’ai 28 ans, je suis marie et j’ai un enfant, ma vie maritale est un désastre
(disputes continuelles, très peu de partage …) je continue malgré tout
à rester avec cet homme par principe familial. Or j’ai récemment
rencontré un homme (marié lui aussi), coup de foudre, très forte
passion qui aboutit à l’adultère et grossesse. J’ai dû faire appel à
l’avortement. C’était au mois de janvier de cette année. Premier rdv
chez le radiologue pour datation de grossesse : accueil très froid et
fameuse réflexion "certaines font la galère pour avoir des enfants
et d’autres qui en ont la chance s’en débarrassent" – inutile de
vous exprimer le sentiment de culpabilité que j’ai pu ressentir, 2ème
rdv à l’hôpital pour l’avortement par pilule RU486, échographie et là
nouveau concept de culpabilité – "son coeur est en place, tenez, écoutez
ses battements" – rdv avec conseillère psychologique autant dire un
rdv de formalité. 3ème rdv pour la prise du deuxième médicament, aucun
conseil, si vous posez trop de questions même refrain sur chaque lèvre
: Etes -vous sûre de votre choix, mais aucune réponse à mes inquiétudes.
J’ai gardé une expérience terrible de cette histoire, déjà le fait que
j’ai avorté car mon amant ne pouvait pas assumer ses responsabilités,
trop peur du jugement de sa famille. Seule à faire un choix pour lequel
j’ai pris en considération les conséquences que pouvaient engendrer
cette grossesse et je n’étais pas prête d’assumer toute seule. Je ne
pouvais pas garder cet enfant. Pour moi un enfant est le fruit de 2 êtres,
et ces deux êtres doivent être en mesure de pouvoir lui donner ce dont
il a besoin. Aujourd’hui je vis très mal cette aventure, surtout que
personne ne peut m’aider à vivre tout cela. J’aurais eu besoin de plus
d’aide au niveau du suivi mental et non un accueil froid empli de
jugement. J’aimerais dire à tout le personnel hospitalier qui travaille
dans ces services que vous avez en face de vous des êtres humains et non
pas des personnes sans coeur et qu’il ne faut pas juger, car généralement
vous avez en face de vous des femmes en détresse, car il n’est jamais
facile d’avorter.
Sequana
J'ai eu 20 ans en septembre 2006. Je suis avec mon copain depuis bientôt
7 mois. Il va avoir 23 ans. En décembre 2006, j'ai constaté un retard de
règles. Mais je me disais qu'elles allaient arriver. J'avais de fortes
tensions dans les seins et des maux de ventre réguliers, comme ce que je
pouvais ressentir lors de règles. Mais cela faisait plus de deux
semaines que ce scénario durait. D'habitude, ces douleurs se
manifestaient la veille ou l'avant-veille de mes règles.
Cependant, je ne voulais pas croire à une grossesse. Mon cycle menstruel
avait été très perturbé ces derniers temps, pour je ne sais quelle
raison. Alors, je me disais : "j'attends au premier janvier, et si je
n'ai toujours pas mes règles, je fais un test."
Je n'en avais pas encore parlé à mon copain. J'avais un peu peur de sa
réaction. Nous ne nous protégions pas, par ma faute, parce que j'étais
persuadée de ne pas pouvoir avoir d'enfants. (pour diverses raisons,
trop longues à exposer ici.) Finalement, c'est lui qui m'en a parlé. Il
m'a demandé, un peu inquiet : "Tu n'as toujours pas tes règles, c'est
normal ?" C'est à ce moment là que nous avons commencé à en discuter. Je
lui ai dit que j'avais un retard de 7 jours, mais que ce n'était pas
dramatique, étant donné mes variances de cycles de ces derniers mois.
Le 29 décembre, nous sommes allés au restaurant pour fêter nos six mois.
Petite relation, mais saine et basée sur la confiance, le respect et
l'amour. Nous avons même blagué sur une éventuelle grossesse…
J'ignorais à ce moment là que j'étais enceinte. Le lendemain matin, j'ai
fait le test : positif. Je me suis assise et j'ai pleuré. Mes sentiments
étaient ambigus. Je savais que, quel que soit le résultat, j'aurais été
triste, mais contente. Là, j'étais contente de savoir, enfin, que je
pouvais avoir des enfants, mais désespérée à l'idée d'avorter.
C'était pourtant clair dans ma tête, avant… Je savais qu'en cas de
grossesse, j'avorterais. Nous faisons tous les deux nos études, notre
relation est trop récente, nous n'avons aucun revenu… Bref, c'était
clair. Mais, lorsque l'on se retrouve dans la situation, c'est bien
différent.
Je sais que je n'ai pas d'autre choix que d'avorter. Je ne pourrais rien
apporter de bon, en l'état actuel des choses, à mon enfant. Mais je
n'arrive pas à me faire à l'idée d'avorter. Je pleure constamment.
Aujourd'hui, j'ai pris le premier rendez-vous au planning familial, qui
aura lieu mardi 16 janvier 2006. C'est la rencontre avec le médecin. La
semaine suivante aura lieu l'intervention. Je suis enceinte de huit
semaines et je crois n'avoir que très rarement autant pleuré de ma vie.
J'aime cet enfant qui grandit en moi, il fait partie de moi. Il est
l'union d'une partie de l'homme que j'aime et d'une partie de moi. J'ai
très peur. Mon copain me soutient du mieux qu'il peut. Et je sens bien
qu'il essaie tout pour me remonter le moral. Mais, face à ça, je ne sais
que me montrer méchante. Il emploie des termes qui me font mal, parce
qu'il ne ressent pas la même chose. Il voit cet embryon comme "un amas
de cellules pour le moment". Je sens bien qu'il est désemparé face à ma
détresse et qu'il essaie de me faire sourire et de m'aider. Je sais bien
qu'il est juste maladroit. Et je me dis que ce ne doit pas être facile
pour lui non plus.
Mais je souffre terriblement. J'aime mon enfant. Je culpabilise beaucoup
à l'idée d'avorter, mais je dois le faire parce que je n'aurai rien à
lui apporter. Ce n'est pas le bon moment. Ce sera par voie chirurgicale.
Je ne veux pas d'anesthésie locale, je ne veux pas être consciente de ce
qui se passe. J'ai peur de l'intervention, j'ai peur de ne pas m'en
remettre, de culpabiliser. J'ai peur que ça casse quelque chose dans
notre couple. Et j'ai peur de ne plus jamais pouvoir avoir d'enfants…
Et si c'était le cas ? Je m'en voudrais toute ma vie d'avoir laissé
passer ma chance d'être mère… Voilà mes peurs, ma souffrance et mes
doutes.
2 semaines plus tard:
Mon intervention a eu lieu lundi 22 janvier (je n'oublierai pas
cette date !) à l'hôpital de la mère et l'enfant à Nantes. Mon copain et
un ami m'ont accompagnée. J'étais si mal que le seul moyen d'évacuer
cette tension a été de rire jusqu'à l'intervention.
Tout s'est très bien passé. Le personnel a été formidable. Mon copain
aussi d'ailleurs. Je n'ai pas eu de douleurs post-opératoires, ni
énormément de saignements (ça ressemble à des règles normales). Donc,
niveau physique, tout va bien.
En revanche, au niveau psychologique, ce n'est pas le cas. Je ne cesse
de pleurer tous les soirs. Je culpabilise énormément, je m'éloigne de
mon copain qui m'a pourtant tant soutenue… Je n'arrive pas à passer du
temps avec lui. Je pense sans cesse à mon enfant,… Je n'avais pourtant
pas d'autre solution. Mais rien y fait… La culpabilité et la
souffrance morale sont bien là… Je me dis que ça va passer. Que c'est
normal parce que c'est récent… Mais j'ai peur que cette horrible
histoire ne me mène à la rupture… Ca m'angoisse. Je l'aime tellement
!!
Je ne veux pas baisser le moral des femmes qui me liront, je voulais
juste exorciser mes maux. C'est mon histoire.
PS : Je tiens à préciser que tout le personnel, que ce soit
anesthésiste, infirmières et médecins, ou au planning familial a été
formidable avec moi. Personne ne m'a jamais jugée. Tout le monde m'a
écoutée et soutenue. Un grand merci à eux pour tout ça.
Christine
j'ai 30 ans et je suis maman de trois enfants que j'adore! 6 mois après
la naissance de ma petite dernière je suis tombée enceinte par accident.
Je pratiquais la méthode de calcul d'ovulation, mais pas de chance, j'ai
ovulé les derniers jours avant mes règles d'après le gynéco. Impossible
pour nous de garder ce bébé, financièrement! et pourtant le désir
d'avoir encore un enfant était très fort… la décision que j'ai dû
prendre fut très dure et je n'en suis pas encore remise aujourd'hui. Il
m'est impossible de lire un article sur les femmes enceintes ou de voir
un ventre rond, mais il faut continuer. La méthode par médicament n'a
pas été douloureuse, mais il faut pouvoir assumer le fait de voir. Le
planning familial a été super et l'écoute géniale. Mon mari m'a toujours
soutenue, mais je rejette ma haine sur lui dans mes moments
difficiles… Je pense qu'il faut en parler, mais cela reste tout de
même un sujet tabou d'où la difficulté. Le plus facile serait de parler
à quelqu'un de professionnel, ce qui me reste à faire. Courage à toutes,
le choix que vous ferez sera le bon, même si les remords jaillissent
après, c'est normal et naturel. Les blessures se guérissent avec le
temps.
Isa
J'ai 18 ans, mon ami et moi sommes en couple depuis 7mois. Il y a 2 mois
j'ai arrêté la pilule, sans vraiment avoir conscience de ce que ça
entraînerait, je n'en ai parlé à personne, pas même à mon copain avec
qui j'ai des relations non protégées. Depuis longtemps j'ai le désir
d'être mère, de pouvoir porter la vie à mon tour. Et voilà il y a 3
jours, j'ai fait un test qui fut positif, ça m'a fait un choc et j'en ai
pleuré, mais en 3 jours beaucoup de choses ont basculé dans ma vie, dans
ma tête. Malgré mon désir de maternité il m'a fallu réfléchir en femme
et plus en adolescente que je suis, après la joie d'apprendre que
j'étais "maman" et l'euphorie en disant que je le garderai, il m'a fallu
penser à ce bout de chou que je portais en moi et j'ai dû, avec l'aide
de mon copain, réfléchir en adulte et me dire que cette grossesse que je
désirais tant n'était pas possible, car mon bébé méritait le meilleur et
que je ne pouvais lui offrir cela!
Je l'ai appris à ma maman en premier (car mon copain était parti 2 jrs à
Paris et je voulais pas lui annoncer la nouvelle par téléphone), elle a
bien réagi, certes choquée de savoir sa petite fille enceinte, elle a
été extra car elle m'a dit que quoi que je choisisse elle serait
d'accord avec moi et me soutiendrait à 100%.
Le lendemain je l'ai annoncé à mon ami qui a bien réagi, j'ai eu peur
qu'il parte et me laisse affronter seule cette situation, mais au
contraire, nous avons pris la décision les deux, je vais donc me faire
avorter par médicament.
J'aimerais dire à toutes les jeunes filles que pour avoir un bébé il
faut une situation stable, un copain stable, un appart' et bien sûr un
travail. Car l'enfant que nous portons n'a rien demandé lui, il est là
car il y a eu fécondation au bon moment. J'ai peur de me faire enlever
l'enfant que je porte, même s'il ne mesure que 4mm je l'aime, car il est
le fruit de l'amour que mon copain et moi avons l'un pour l'autre, mais
n'oubliez pas que dans la vie il y a une étape pour tout, pour
pleurnicher, pour sortir et avoir un couvre feu pour ne plus rentrer
avant le lendemain midi etc et il y a une étape pour avoir un bébé et
pouvoir le rendre heureux. Bonnes chances à vous toutes dans cette étape
qui n'est pas facile ni pour vous ni pour moi….
Quelques jours plus tard:
J'ai donc pris 3 pilules lundi qui en fait ont stoppé ma grossesse comme
disent les médecins. Personnellement j'ai plutôt ressenti cela comme la
mort de mon bébé. Pourtant, contrairement à ce que je pensais je ne
regrette pas mon choix et sais que j'ai pris la meilleure décision, j'ai
également la chance d'être beaucoup soutenue autant par mes médecins que
par ma famille et mon copain.
Le mercredi 24 janvier, je suis allée à l'hôpital pour prendre les 2
pilules qui me feraient avoir mes contractions, j'y suis allée avec ma
maman. Je voulais personne d'autre avec moi. Lorsque je les ai prises je
me suis sentie mal psychologiquement. J'ai dû rester 4 heures dans cet
hôpital. J'avais l'impression que les infirmières me regardaient comme
un monstre, j'étais seule, personne n'est venu me voir à part ces
infirmières en me disant "vous l'avez perdu?" j'étais déjà si fragile
moralement que leur comportement ma détruite. Je me suis sentie encore
plus coupable. J'ai perdu mon bébé le lendemain.
Chaque jour qui passe, je pense à mon bébé qui restera dans mon coeur
toute ma vie.
On me dit que j'ai été courageuse! Oui, courageuse mais pas pour moi,
pour mon bébé car étant maman (même de 5 semaines) je ne voulais que son
bonheur et je savais que je ne pourrais pas le lui apporter. La relation
que j'ai avec mon copain à présent est plus profonde. Nous avons pris la
décision de l IVG ensemble et nous portons le deuil ensemble, car il ne
faut pas croire que tous les hommes partent ou ne nous comprennent pas,
si on leur parle de nos sentiments, de nos craintes et de nos peurs, ils
nous comprennent plus souvent qu'on ne le croit, j'en suis persuadée. Il
faut juste leur laisser le temps de comprendre et d'analyser la
situation. Nous pleurons notre enfant, mais nous savons que c'était la
meilleure chose à faire pour lui.
Laure
Le 9 octobre 2006 à Namur. Le pire jour de ma vie! Je ne sais pas
comment j'ai fait pour en arriver là!
Mi-juillet, j'ai fini par sortir avec le mec qui me plaisait beaucoup,
Messut, un musulman. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne tombe amoureuse
que d'hommes pas faits pour moi … soit marié ou futur marié, ou qui
finit par ne plus m'intéresser. Notre relation a vite été chaotique,
après 2 semaines déjà de grosses disputes et bien vite déjà une première
rupture, mais je l'aime et je fais tout pour toujours le récupérer. J'ai
déjà un petit garçon de bientôt 2 ans, c'est en quelque sorte lui qui
m'a dit que j'étais enceinte, j'ai pensé que ça faisait un moment que je
n'avais pas eu mes règles, et Ethan venait près de mon ventre et me le
montre du doigt en disant "bébé", alors j'ai été chercher 2 tests de
grossesse pour en faire un le jour même au soir et s'il avait été
négatif, faire l'autre le lendemain matin. Le premier a été positif, je
n'ai pas été choquée, j'étais même contente. Mais le dire à mon copain,
j'avais peur, il est déjà bien compliqué (si je lui écris de trop, il
râle. Si je ne lui écris pas assez, il râle. Il est jaloux… Et
aujourd'hui, je sais aussi qu'il est … pas très futefute!). C'est de
lui même qu'il s'est rendu compte que j'étais peut-être enceinte, lui
aussi a remarqué que je n'avais plus mes règles. Il a été me chercher un
test à la pharmacie, j'ai fait comme si je ne savais pas, je tremblais
de tous mes membres, le test était évidemment positif, il a pleuré et
pas de joie, son super monde s'effondrait, il m'a dit que si je le
gardais ce ne serait plus en BMW qu'il roulerait mais en mobilette et
qu'il devrait partir de chez ses parents parce qu'ils n'accepteraient
jamais et que lui ne pourrait pas voir un de ses enfants grandir sans
lui.
Je lui ai dit que je ne pourrais jamais avorter, mais il a quand même
réussi à me convaincre en me disant que tout irait mieux entre nous si
j'avortais. Mais avant ça, j'avais été voir mon médecin pour faire la
prise de sang qui confirmerait ma grossesse et depuis combien de temps
je l'étais, presque 8 semaines. Il m'a demandé si ce n'était pas un
problème pour moi comme je suis déjà mère célibataire, j'ai dit non,
mais aujourd'hui …
Je ne savais plus où j'en étais, j'ai dit à Messut que j'allais avorter
mais je n'étais pas convaincue de pouvoir le faire. J'ai suivi toute la
procédure pour le faire et j'ai cru jusqu'au dernier moment qu'il
m'appellerait pour me dire de ne pas le faire, mais il n'a pas appelé.
On est le 17 janvier 2007, je suis toujours avec Messut, mais ça ne
durera plus parce que je n'arrive pas à lui pardonner. Il va
probablement se marier pendant les grandes vacances avec une musulmane,
c'est à dire pas moi, parce que monsieur trouve qu'il a bien vécu sa
jeunesse et qu'il veut maintenant avoir sa femme qui l'attend pour
l'accueillir quand il rentre du travail et qu'elle soit dans son lit,
c'est lui qui le dit, comment ne pas lui en vouloir??? Et il dit qu'il
m'aime, si c'est ça l'amour, je ne veux plus jamais qu'on m'aime!
Je suis en pleine dépression, heureusement que j'ai Ethan sinon, je ne
sais pas si je serais encore là aujourd'hui.
Catarina
L'ivg a eu lieu le 27.07.05. Le personnel (à part
l'anesthésiste) ne m'a pas du tout aidée psychologiquement. Ils ont été
très durs, très secs alors que la seule chose dont on a besoin à ce
moment-là c'est du soutien et du réconfort…
Alors voilà, je découvre avec stupéfaction ma grossesse à 6 semaines le
06.07.06. Il est vrai que je me pose un tas de questions : Comment
est-ce possible? Pourquoi maintenant? Je n'ai que 19 ans! Je suis en
apprentissage donc un salaire ridicule! Quoi faire? J'appelle tout de
suite mon copain pour lui annoncer la nouvelle et on décide d'en parler
le soir chez lui. J'arrive chez lui, il m'accueille avec un sourire
jusqu'aux oreilles et me sert fort dans ses bras avec une tendresse que
je ne lui connaissais pas encore, on se pose sur le canapé et voilà
qu'il me dit le plus naturellement au monde "en fait il faudra que
t'avortes".
C'est à ce moment-là précis que je me suis rendue compte que cet enfant,
j'en étais déjà folle dingue amoureuse. Que ma foi on serrerait la
ceinture un temps et qu'après, les bonnes finances arriveraient un
jour… et avec toutes les aides qu'il y a de nos jours, je me faisais
pas trop de souci, ils sont là pour ça.
Je n'ai jamais eu l'impression d'être une sous-merde avant le jour de
l'avortement. Et non pas pour ce que je faisais, parce que je comprends
qu'il y ait des femmes qui optent pour cette solution, bien qu'elle soit
difficile pour toutes celles qui passent par là, mais à cause de mon
copain qui au lieu de m'épauler me traite de tous les noms, ne prend pas
soin d'moi, ne veut pas me voir verser une seule larme pour ce "machin
que j'avais dans bide" comme il dit si bien, et j'en passe. Et en + le
personnel qui était apparemment de son côté pour me pourrir encore +
l'existence, j'vous dis pas la haine, le regret, l'envie de mourir,
l'envie de tuer celui qui me disait je t'aime encore 4 semaines avant et
qui là, c'est à peine s'il me crache pas en pleine tronche. Qu'ai-je
fait pour mériter ça et pour en arriver là?
Ma famille étant en vacances à ce moment-là j'ai vécu la chose plutôt
solitairement, mais ils m'ont soutenue du mieux d'eux-mêmes. Ils
continuent à m'aimer comme si rien ne s'était passé. ça ne les a
peut-être pas marqués, mais moi oui et à vie. C'est d'autant plus
difficile de savoir que j'aurais dû accoucher le jour de mon
anniversaire…
J'ai laissé tomber ce crétin, j'voulais plus avoir à faire à lui.
Pendant les trois mois qui ont suivi, je l'ai pratiquement pas revu, je
faisais aller-retour entre le boulot et mon lit pour m'effondrer sous la
couette et vider mon corps de toutes ses larmes.
On a fini par se remettre ensemble, un peu obligée vu qu'il me menaçait
de se tuer, que si ceci que si cela… Quelques semaines plus tard, je
lui dis que je partirai en vacances avec mon amie d'enfance, une semaine
au soleil, que ça nous fera du bien parce que ça fait longtemps que je
la vois pas etc. Il me dit ok mais tu pars seulement si t'es enceinte de
moi à ce moment-là. Comment a-t-il osé me dire ça, alors que 5 mois
avant il m'a obligée à avorter!?!? Pour éviter engueulade et tout le
tralala je ne dis rien, je n'y ai même pas répondu. J'avais de plus en
plus de haine contre lui malgré le fait que je l'aimais.
Un an et demi après cet avortement, je suis toujours avec ce garçon. ça
va bien mieux, même si je ne lui pardonnerai jamais ce qu'il a fait. Je
ne me le pardonnerai jamais à moi-même non plus! Je pense que je le
regretterai jusqu'à l'éternité à cause du fait que ce n'est pas moi qui
ai pris la décision, mais lui!
Mais tout va pour le mieux maintenant (il n'empêche qu'il y ait des
hauts et des bas et il y en aura toujours, comme dans tous les couples)
mais on fait aller. Il y a deux jours, j'ai appris que j'étais de
nouveau enceinte. Ma gynéco étant en vacances, je dois attendre quelques
jours pour prendre rdv. Je suis super heureuse! Lui il est hésitant, il
a peur, on est jeune, lui en train d'achever sa formation, moi à la
recherche d'un emploi. J'ai aussi mes craintes, mes doutes, mes
questions et tout, mais une chose est sûre c'est que je ne compte plus
jamais repasser par ce que j'ai dû vivre ce mercredi 27 juillet 2005. Je
préfère devoir élever mon enfant seule…
N'oubliez pas, c'est à vous seule de prendre le choix de donner
naissance ou non à l'être vous habitant, pas aux autres! Pas même au
père!
Catherine, 27 ans
Il y a maintenant près de trois semaines que j'ai la confirmation de la
grossesse. J'en suis à huit semaines. Je suis à l'étranger ce qui me
forcera à revenir prématurément dans mon pays (Québec) pour effectuer
l'intervention. Lire ces témoignages me fait sentir moins seule. Alors
je vous dis merci.
J'en ai parlé à deux amies, l'une qui m'accompagnera et une autre que
j'ai accompagnée par le passé. J'aimerais pouvoir échanger avec ma mère
sur l'IVG mais je sais qu'elle souffrirait de savoir que je vais
avorter, alors je préfère l'épargner. Mon conjoint est ambivalent. Mais
en parler nous fait du bien. Notre pensée évolue. J'avais toujours dit
que si ça arrivait, sachant les risques de notre méthode contraceptive
(calendrier-condom), je le garderais, ce à quoi il n'avait jamais
répondu mais je connaissais sa position: ce n'était jamais le bon
moment. Surprise, le moment venu, c'est ma propre réaction qui fut
inattendue.
Mon choix semble maintenant être fait pour mon propre bien, celui de
l'enfant et celui du "père". Ce qui ne veut pas dire que je ne deviens
pas émotive quand je vois des images d'embryon et de foetus, que je
pense à la date de naissance, ou le sexe possible… et je n'ose pas
imaginer ces femmes enceintes que vous décrivez dans les salles
d'attente.
Avant, je n'avais jamais considéré les conditions matérielles ou
économiques comme pouvant être un frein à la venue d'un enfant. Je me
disais qu'on trouve toujours les ressources nécessaires. Maintenant que
ça m'arrive, je réalise que c'est plus important pour moi que je
n'aurais pu le croire auparavant. Avant, je ne jugeais pas le choix des
autres mais je ne l'envisageais pas pour moi. Contrairement à mes
attentes, la confirmation venue, je n'ai pas senti le ciel me tomber sur
la tête. J'étais triste, je ne voulais pas que ça se passe ainsi – dans
un sens comme dans l'autre. Mais ça s'est clarifié. Je ne me suis
jusqu'à maintenant pas jugée, ni culpabilise, et de ça je suis très
fière. Il n'était pas question de garder un enfant qui ne soit pas
désiré pour toutes les complications à venir pour lui comme pour moi.
Puis je n'arrivais pas non plus à me voir en prendre la charge seule
connaissant l'incertitude de la relation présente (7 ans ensemble, 2 ans
de séparation, reprise récente et fragile).
Bien sûr je réalise que peu importe le choix… on n'est jamais libre
des jugements des autres. Mais cela ne m'a que rendue plus tolérante
envers moi-même et les autres. Ce n'est qu'une raison de plus pour faire
son propre choix. J'ai réalisé aussi qu'il y avait bien plus d'amour
derrière un tel geste que je ne pouvais l'imaginer.
Au départ, je ne voulais pas parler à ce petit bout même si spontanément
j'en avais le goût. Je ne voulais l'envisager que comme un élément
essentiellement biologique. Je ne voulais pas m'attacher pour ne pas
souffrir. Maintenant, je crois que le temps qu'il est là il mérite toute
ma considération. Nous sommes deux entités. Il pourrait me quitter, et
je peux le quitter. Je me réconcilie ainsi davantage avec ma propre
humanité, ma propre dignité. Et puis ensuite ce sera le moment pour lui
de retourner vers une autre mer…
La personne du centre de planification des naissances à qui j'ai parlé a
été très compréhensive et empathique. Je pense que cela m'aidera à mieux
traverser cette épreuve psychologique et physique qui aura de surcroît
lieu durant la période du temps des fêtes. Rendez-vous après…
Julie
Mon IVG va avoir lieu dans 1 semaine. Je suis étudiante en soins
infirmiers, mon projet professionnel étant de travailler auprès de
nourrissons. Je suis avec mon ami depuis presque deux ans, il a déjà 2
enfants et ne souhaite pas en avoir d'autre, pour l'instant, je pense
qu'il me dit cela pour que je garde l'espoir d'en avoir avec lui plus
tard, mais je n'y crois pas beaucoup, ce qui me rend d'autant plus
triste.
Ma grossesse s'est produite car on utilisait la méthode ogino, suite à
un traitement que je prenais qui n'était pas conseillé avec la pilule.
J'ai pris ce traitement pendant environ un an et je n'ai pas repris la
pilule après l'arrêt de ce dernier. La méthode ogino a fonctionné
pendant 2 ans jusqu'au jour où je suis tombée enceinte.
Au début, j'ai pensé à l'avortement sans trop de souci et puis je me
suis mise à imaginer les solutions possibles pour mener cette grossesse
à terme. Je suis seule dans la région et ma famille n'est pas soudée au
point de m'aider. Mon ami m'a tout de suite donné les arguments pour que
je réalise cet avortement, les problèmes financiers, le fait de ne pas
pouvoir terminer mes 3 ans d'études, les problèmes de garde, etc, etc.
Je vais avorter à contre coeur, car je ne le souhaite pas du tout, mais
je me sens tellement seule et perdue que je préfère en souffrir plutôt
que de prendre une seule seconde le risque que mon bébé en souffre. Je
suis sure que je m'en serais sortie car j'ai tout ce qu'il faut pour me
débrouiller seule, mais je ne veux pas non plus qu'il vive sans papa,
car ce dernier ne veut absolument pas de son bébé. Je ne sais pas si
notre couple va résister à cette étape de la vie, car il est vraiment
maladroit dans ses paroles et banalise l'avortement.
Mes consultations chez les professionnels ont été soit très
déculpabilisantes et rassurantes ou au contraire un vrai désastre, une
non compréhension, un manque de tact, de finesse, d'humanité !!! Le
gynécologue qui va réaliser l'intervention à l'air blasé, il vous en
parle comme si c'était un arrachement de dents !!! Moi qui suis élève
infirmière, cela me donne vraiment le courage de persévérer dans mes
études pour faire évoluer les choses, à une toute petite échelle.
Je vais donc subir un avortement par aspiration sous anesthésie
générale, je rentre à 7h30 du matin et repars pour 17h le soir même. Je
serai à 10 semaines de grossesse. Je vais prendre rendez vous chez un
psychologue pour en parler dès demain car c'est tellement dur, je me
sens tellement seule, j'ai mal au coeur, je suis brisée, surtout depuis
que je l'ai aperçu à l'échographie.
Je pensais jeter tout le dossier de mon IVG après que cela soit réalisé,
mais je m'aperçois que c'est la seule chose concrète que je pourrai
conserver. Je dédie ce témoignage à mon bébé que j'aime de tout mon
coeur.
Sophie
j'ai 28 ans, il y a 6 mois, j'ai eu recours à l'IVG. Maman d'une petite
fille de 6 ans et d'un petit garçon de 3 ans, je m'aperçois que je suis
enceinte alors que je prends la pilule. J'en parle à mon ami qui est le
père de mes enfants, mais sa réaction est comme la mienne: cela n'était
en aucun cas prévu et nous ne savons plus quoi faire. Nous en parlons à
des amis qui nous aident beaucoup et nous prenons la décision de ne pas
le garder. Nous aimons nos enfants et nous voulons leur donner ce que
nous pouvons pour leur éducation future. A partir de ce moment commence
un long parcours, mais aussi rapide car lorsque j'ai appris que j'étais
enceinte, il ne me restait plus que 3 semaines pour avorter. Je suis
allée au planning familial d'un centre hospitalier et là ce fut
l'horreur. J'étais un numéro, une femme qui n'avait pas fait attention
en prenant sa pilule, la sage-femme n'a pas du tout essayé de me
rassurer et m'a parl tout de suite d'IVG par médicaments et ne voulait
pas me faire la méthode chirurgicale – pourquoi je ne sais pas. Pendant
ce temps, je voyais une femme dans le couloir qui était en train
d'avorter, elle vomissait, ne tenait plus debout et était là dans le
couloir devant tout le monde en train d'attendre son tour pour
l'échographie de surveillance, c'était l'horreur. Personnellement, je ne
voulais pas de cette méthode, je ne voulais m'apercevoir de rien et mon
médecin de famille ne m'avait parlé que de la méthode chirurgicale.
Le rendez-vous est quand même fixé, je dois venir un dimanche matin aux
urgences de la maternité prendre ce fameux médicament et y retourner le
mardi matin pour la phase finale. Cependant entre temps je suis venue
sur votre site et me suis renseignée pour la méthode médicamenteuse, il
y avait un délai de préférence et j'ai commencé à avoir très peur, j'ai
dit à mon ami "dimanche je n'y vais pas". Je me suis renseignée chez un
gynéco privé et lui m'a dit : je vous le fais par méthode chirurgicale
et n'aurais jamais tenté par médicaments. Il a été très gentil avec moi,
m'a expliqué comment cela allait se passer et surtout m'a dit que
jusqu'à la dernière seconde avant que je m'endorme, si je ne voulais
plus le faire que je lui dise, pour lui cela serait normal. Le 11 mai
2006, le rendez-vous était fixé à 14h30, j'étais sur la table
d'opération et mon ami a attendu et est resté avec moi toute la journée
ce qui m'a rassurée. Tout s'est très bien passé et je me suis sentie
soulagée, je suis sortie le lendemain de la clinique et ai retrouvé mes
2 enfants.
Cette épreuve à été pour notre couple quelque chose que nous avons
surmonté ensemble et sans lui je n'y serais pas arrivée. Aujourd'hui je
ne peux pas vous dire que je n'y pense plus, mais nous sommes bien et je
profite de mes enfants encore plus malgré mon travail qui me prends du
temps. A vous toutes qui avez fait ce choix : ne regrettez rien c'était
le bon choix pour vous et votre future vie.
Anouk
j'ai avorté en mai 2006, à 25 ans. J'étais en Guyane française lorsque
j'ai appris que j'étais enceinte et ce fut une nouvelle qui m'a mise
dans une grande détresse. J'étais en CDD et je ne souhaitais pas
d'enfant. De plus mon histoire avec mon ami était trop récente selon
moi. J'ai voulu de bonnes raisons, non pas pour justifier mon acte mais
surtout pour ne pas le regretter.
Ce n'était pas facile car j'étais seule, sans famille et peu de
personnes pour m'épauler. Je revenais de France ou j'avais vu mon ami,
je rentrai en fait d'un congrès maladie et il me restait 2 mois à passer
en Guyane.
J'ai avorté par médicaments à 7 semaines d'aménorrhée chez moi (je fais
parti du corps médical). J'avais pris de quoi me soulager. Ma grossesse
a été découverte tôt, à 5 semaines, donc j'ai décidé de me laisser 2
semaines de réflexion pour être certaine de prendre la bonne décision.
Mais plus je laissais le temps passer, plus je m'attachais à mon bébé,
et plus la décision devenait dure à prendre. Cela dit avec le recul je
ne regrette pas de m'être laissé autant de temps…
Je n'avais pas de contraception hormonale car je ne vivais pas avec mon
ami et le voyais très peu puisque nous n'étions pas sur le même
continent. Alors je choisissais ou la méthode OGINO avec retrait, ou le
préservatif. Je suis tombée enceinte sous méthode OGINO et retrait.
Pour le vécu, je dois dire que faisant partie du corps médical, je n'ai
pas vraiment rencontré de problèmes. Seulement un médecin était au
courant. A cette époque je voyais d'autres femmes qui avortaient, je
m'occupais d'elles, et cela m'a aidé car je ne me sentais pas seule dans
ma situation. J'ai beaucoup pleuré pendant mes deux semaines de
réflexion, ne voulant pas garder cette grossesse, mais ne souhaitant pas
non plus tuer mon bébé… parfois je le haïssais et parfois je me
surprenais à lui parler… et puis j'ai pris ma décision. J'ai consulté
une psychiatre qui m'a beaucoup aidée. J'ai donc avorté seule chez moi,
expulsé dans les WC. Drôle de sensation lorsque l'on tire la chasse sur
son oeuf.
Après l'avortement je ressentais un soulagement car tout était enfin
terminé… et au fond de moi je savais que j'avais pris la bonne
décision. Mais quelques semaines plus tard, un ou de mois peut-être ça a
été difficile. Sentiment de m'être trompée, de regretter mon acte…
Depuis, cela fait (attendez je compte)…6 mois… je dis je compte car
ouf, je n'y pense pas chaque mois à la date "anniversaire"… je
souhaite oublier ce 4 mai, même si je sais que je penserai à mon ainé
jusqu'à la fin de mes jours. Je lui demande pardon. Mais je sais que
c'était la solution à l'instant
Bouchra
Je viens d'apprendre aujourd'hui même que je suis enceinte, j'ai fait un
test ce matin au boulot, je me sens toute bizarre, ma décision est
prise. J'ai lu tous vos témoignages, j'en ai pleuré, car j'ai déjà subi
une IVG il y a quatre ans. J'ai un retard d'une semaine, j'ai 24 ans, je
viens de me marier, et contrairement aux autres témoignages j'ai une
relation stable avec mon mari, ça fait 6 ans qu'on est ensemble, on
s'aime, on vient de commencer nos carrières professionnelles et ni lui ni
moi ne sommes prêts à avoir un enfant, à avoir une responsabilité. Je
viens d'intégrer un nouvel emploi depuis un mois et je ne me sens pas
devenir mère. Je vais prendre rendez-vous avec un médecin et faire le
nécessaire, je suis triste je suis désemparée de ne pas me donner le
choix de le garder, mais c'est la vie.
Pierette
J'espère que mon témoignage pourra servir à celles qui subissent une
pression extérieure, que ce soit pour subir ou non l'avortement.
Je suis tombée enceinte par accident en mai 2006 : la pilule du
lendemain n'a pas marché. Après maintes réflexions j'ai décidé de garder
mon enfant seule et j'ai fait face aux menaces de mon compagnon (ex
maintenant).
Ceci n'a pas été facile mais je ne pense pas que j'aurais pu vivre
l'avortement. J'ai failli le faire tant il m'a mis la pression. Je
tenais à rappeler la phrase de mon médecin quand il m'a vu en pleurs
devant l'écho "oubliez le père, c'est à vous de décider".
J'ai assez de courage pour vivre cette situation seule. J'ai le soutien
de ma famille et mes amis proches, mais seule moi ai les responsabilités
de cet enfant. Il a permis de relier les liens tendus entre ma mère et
moi. De plus je bénéficie d'une aide de l'Etat mais je ne m'y repose pas
trop : il vaut mieux gagner son propre argent car c'est une
revalorisation personnelle et une bonne image pour mon enfant.
Aujourd'hui je suis une jeune maman comblée !!! Je vais reprendre les
études en septembre.
Courage à toutes celles qui hésitent et n'oubliez pas, subir c'est déjà
souffrir !!! Votre choix est à respecter. Qu'importe votre décision,
n'oubliez pas qu'elle vous appartient!!!
Catherine
Mon IVG a eu lieu le 21 février 2006… j'avais 43 ans… mère déjà de
deux merveilleux ados dont une presqu'adulte! Wow le choc !!!!!
J'avais rencontré celui qui est toujours mon amoureux 4 mois auparavant.
Je me croyais en pleine pré-ménopause mais oufffffffff un test
positif… croyant que c'était une erreur je passe un deuxième test qui
s'est avéré lui aussi positif ! Dans ma tête tout était clair… c'était
l'avortement! Tout s'est déroulé à Québec. Tout n'a pas été simple dans
mon cas. Après plusieurs examens, j'ai subi l'IVG. J'étais tellement
contente, le personnel a été tellement compréhensif, j'avais peur des
préjugés ! Mais même si nous sommes certaines de notre décision, nous
devons penser au après… en parler! en parler c'est cicatriser le
coeur!
Olivia, 35ans
Je suis enceinte de 7 semaines. Je dois subir une ivg vendredi 1er
septembre par médicament. J'ai appris par le gynécologue que c'était une
grossesse jumelée et c'est vrai que pour moi c'est très dur, mais mon
choix est fait. Mon ami n'est pas au courant, car notre relation n'est
pas stable du tout. Nous ne vivons pas ensemble, ,je ne travaille pas et
j'ai déjà deux enfants. Mais c'est vrai que ça me fait mal de le faire,
car j'adore les enfants.
Lisa
J'ai vécu en septembre 2002 une IVG. A l'époque cela faisait 6
mois que je connaissais mon petit ami, nous avions 19 ans et plein de
projets en tête… c'était idyllique et dans notre tourbillon de folie
(ou connerie plutôt avec du recul) nous faisions l'amour sans arrêt, je
ne prenais pas la pilule et au fond de moi, je ne me l'avoue que
maintenant, j'étais consciente de ce que cela pouvait engendrer, mais
j'étais sur mon nuage. Puis un jour d'août, ma très chère maman (que je
remercie encore pour sa dévotion) m'a demandé si j'avais eu mes règles,
elle pressentait quelque chose me disait-elle. Alors pleine de
nonchalance je lui dis que non, mais qu'elles ne devraient plus tarder.
Prise d'initiative… zéro chez moi à cette époque, elle m'a donc
invitée à faire une prise de sang, et le lendemain dans l'après-midi
j'avais les résultats… j'étais enceinte, j'ai cru que le ciel
s'écroulait sur moi, des tremblements, un noeud dans la gorge… non je
n'y croyais pas. Je suis directement allée chez mon gynécologue, qui a
confirmé le diagnostic, j'étais enceinte de 4 semaines. Je voyais sur
l'écran mon enfant, mais je ne réalisais pas encore. J'ai appelé mon
ami, qui m'a bien fait comprendre que ce n'était pas le moment, ce qui
n'était pas faux, nous étions dans nos études et n'avions pas de revenu.
J'ai donc fait seule les démarches pour subir une IVG. Mon ami trouvait
cet acte "normal"… je me suis retrouvée dans une chambre la veille de
l'intervention (c'était une aspiration) avec une autre fille qui
subissait une IVG, et dans les couloirs du service de maternité on
voyait vaquer les femmes enceintes… heureuses et nous… nous étions
dans notre chambre dite pour "IVG" (c'est une infirmière qui a dit
cela). J'ai été très soutenue par ma famille lorsque je me suis
retrouvée à l'hôpital. J'ai eu des douleurs et des écoulements de sang
après l'intervention, mais mon gynécologue était formidable, il m'a très
bien suivie après l'intervention, et juste après celle-ci il est même
venu dans ma chambre pendant que je somnolais me demander si tout allait
bien. J'ai beaucoup pleuré une fois l'acte fait, j'en ai voulu à la
terre entière, même à ma famille qui m'a soutenue…
Avec du recul, je me dis que cet enfant aurait été malheureux car il n'y
avait rien en place encore dans ma vie pour l'accueillir, mon ami et
moi nous nous sommes séparés après 3 ans de bonheur – notre rupture
n'avait rien à voir avec l'IVG (je le précise pour celles qui
s'inquiètent de voir leur relation couler suite à une IVG). Actuellement
je suis dans ma 5ème semaine de grossesse avec un homme que j'aime et
qui désire cet enfant, je suis heureuse, mes souvenirs s'estompent peu à
peu, mais à tout jamais je garderai une place dans mon coeur pour ce
bébé.
Bon courage à toutes et dites vous bien que la vie vous réservera encore
de bonnes surprises, croyez-y.
Roxanne
j'ai dans un mois 39 ans, je suis maman divorcée d'une petite fille de 6
ans, et j'ai subi une IVG chirurgicale, le 11 septembre 2006 à 11
semaines et demi de grossesse. L'hospitalisation et la prise en charge
médicale ont été de qualité, peut être même trop banalisées, mais rien
ne m'a été proposé à un niveau psychologique alors que dès ma
première visite j'avais fait part de mes hésitations quant à une IVG, à
aucun moment on m'a proposé un espace de parole.
Le père de cet enfant avec qui j'ai une relation complètement instable
depuis 4 ans n'en voulait pas. Il ne souhaite pas s'engager. Je pense
que c'est une souffrance pour lui, cette impossibilité et incapacité à
être homme et père. Pendant un mois j'ai décidé de garder la grossesse
et de ne plus revoir cet homme ni lui demander d'assumer. Il faut savoir
que je suis très amoureuse de cet homme et que je souhaitais un enfant
de lui, inconsciemment ou non on a pris tous les deux le risque d'une
grossesse car on n'a jamais utilisé de moyens contraceptifs… A
l'annonce de ma grossesse j'ai été paniquée, puis épanouie, je me
projetais avec ce bébé, cherchais un prénom, puis malheureuse car j'ai
pris la décision d'avorter ne pouvant me résoudre à l'obliger à être
père (il n'en voulait pas mais il ne pouvait pas non plus ignorer cet
enfant et ne pas l'assumer en tant que père), et mesurant ce que cela
impliquait pour un enfant. Je n'étais pas sûre de pouvoir lui procurer
une sécurité affective suffisante pour grandir. Depuis j'ai mal, je ne
sais plus où j'en suis, entre doute et tristesse, culpabilité, je me
sens vide et très seule. Le père je ne l'ai pas revu, il me fuit alors
que j'aurais besoin de lui pour tourner la page. Depuis 3 semaines je
pleure énormément, je sens que cette IVG a réveillé mes blessures
d'enfant, peur de l'abandon, de ne pas être aimée. je sens que je suis
en pleine remise en question, qu'il va me falloir réagir et accepter de
regarder en moi pour avancer. Je pressens que la route va être longue et
je choisis aujourd'hui de me faire aider par une prise en charge
psychologique afin de comprendre pourquoi je voulais un enfant dans ces
conditions, quel vide il devait combler?
Merci pour cet espace de parole.
Cécile
J'ai avorté il y a 4 ans maintenant. A ce moment là, je venais d'avoir
18 ans, j'étais encore au gymnase et ma situation financière et
familiale ne me permettait pas de garder ce bébé. Lorsque je me suis
aperçue que j'étais enceinte j'en étais déjà au troisième mois de
grossesse. La question ne s'est pas posée tout de suite puisque je n'ai
eu aucun signe qui m'aurait fait penser à une éventuelle grossesse. Je
prenais la pilule à ce moment là et je ne l'ai jamais oubliée. – Cette
expérience était la plus dure que j'ai vécue.
Etant donné que j'étais déjà enceinte de trois mois le médecin ne
voulait tout d'abord pas m'opérer et elle m'a traitée comme la dernière
des merdes en me disant que j'étais inconsciente que j'aurais dû le
voir, etc…il était pourtant marqué sur mon dossier que je prenais la
pilule et que je m'étais donc protégée et que je n'avais pas eu un
comportement à risque.
Finalement elle m'a quand même prise et elle m'a expliqué comment allait
se dérouler l'opération avec des mots comme: "éclatement du foetus",
"refaire le puzzle à l'extérieur pour être sûr qu'il ne restait rien".
Le lendemain, le jour de l'intervention, j'étais super tendue et je
n'avais plus envie de la faire, même si je savais que je le faisais
autant pour moi que pour mon bébé.
L'intervention était un simple curetage.
Après l'intervention j'étais en premier lieu soulagée que tout se soit
bien passé, mais ce sentiment a vite changé et j'ai senti comme un vide
en moi et je me sentais seule car personne autour de moi n'a subi un
avortement. En parler à des copines? oui bien sûr mais elles ne peuvent
pas se mettre à ta place si elles ne l'ont pas vécu. ll m'a fallu je
pense en tout cas deux ans pour m'en remettre et même encore maintenant
j'y pense et ça me rend triste parfois. Et je me demande quelle aurait
été ma vie si j'avais eu ce bébé.
J'oublierais jamais ce jour ni cette période de ma vie mais je sais, au
fond de moi que c'était la bonne décision.
Luna
J'ai procédé à une ivg il y a 2 mois à l'hôpital cantonal. Je suis
tombée enceinte une deuxième fois après une fausse couche, mais voilà
que mon ami ne voulait plus de cet enfant, même si ce n'était pas un
accident. Il me disait qu'il fallait que j'avorte ou il allait me
quitter, j'ai donc été sous pression, car il disait aussi que si je
décidais de le garder il me pourrirait la vie.
J'en ai longuement discuté avec mon médecin qui avait fait les
écographies, mais la décision était prise, j'ai donc avorté à la 11ème
semaine avec intervention chirurgicale, les soignants très compréhensifs
m'ont comprise et aidée. Je pense sincèrement que jamais je ne pourrais
oublier ce que j'ai ressenti avant d'entrer au bloc opératoire: le doute
et la tristesse m'envahissaient mais pour le bien de mon "futur" enfant
il en était mieux ainsi, car il allait venir au monde sans père. Le
coeur d'une femme heureuse me disait de le garder, mais pas celui de la
future maman que j'aurais pu être.
À toutes celles qui sont confrontées à ce choix, si votre ami vous dit
les mêmes choses qu'à moi, méfiez-vous, le mien me quitta le lendemain
de l'intervention ! et prenez en considération la femme et la mère,
parlez-en autour de vous et s'il vous plaît ne culpabilisez pas…
Eliane
J'ai avorté le 8/12/2004… après 8 semaines de grossesse… que
j'ignorais totalement.
J'ai arrêté ma pilule "comme ça", sûrement à cause d'un désir
inconscient d'enfant sans en parler à mon conjoint.
Après avoir parlé à ce dernier, j'ai décidé de ne pas continuer avec la
grossesse, car les conditions mêmes de la conception étaient
particulières… moi n'étant pas très consentante dans ce moment
d'intimité pour dire la vérité…
Quand j'ai récupéré ma prise de sang ce soir de novembre, je suis
rentrée chez moi sans même regarder les résultats et en lisant de plus
près, là j'ai vu le taux de HCG… j'étais donc enceinte. Quel sentiment
étrange à ce moment là, bonheur et inquiétude totalement mêlées. Je me
regardais dans le miroir et mes larmes coulaient toutes seules pendant
que je parlais à cet enfant qui ne verrait jamais le jour… Je lui ai
dit que je l'aimais et qu'il serait toujours dans mon coeur malgré tout.
Mon conjoint n'était pas contre, mais il n'a pas sauté de joie comme je
m'y attendais… il m'a dit "ton corps va changer au cours des 9 mois
prochains"…
Le Planning Familial de la ville a été très accueillant et très
chaleureux, sans jamais me juger. Le médecin qui m'a opérée est un
partisan de l'avortement, et ironie du sort : il m'avait administré une
pilule au Planning Familial environ un an et demi auparavant… c'est
lui même qui m'a reconnue quand j'ai été à la visite médicale avant ce
fameux jour de décembre.
Je vais bien, mais j'y pense parfois et je me dis que je ne pourrai
jamais mettre un visage sur ce début de vie… passée.
Liliana
J'avais 15 ans quand cela m'est arrivé. Mon IVG c'est passée à l'hôpital
cantonal de Genève. J'avais un copain qui a été là pour me soutenir –
d'ailleurs c'est toujours le même. Nous étions jeunes et ma mère ne
m'avait jamais proposé la pilule. Je croyais que ça ne m'arriverait
jamais… Je n'ai pas fait attention à la régularité de mes règles,
j'étais enceinte sans le savoir. Un jour, le 2 avril 2002 précisément,
j'ai eu un malaise, on m'a emmenée à l'hôpital, l'infirmière m'a
oscultée puis a fait sortir ma mère de la salle. Elle voulait m'informer
de ma grossesse. Tout s'est passé très vite après, car j'étais déjà
enceinte de 14 semaines. J'étais vraiment trop jeune pour le garder et
mes parents n'acceptaient pas ce qui m'arrivait, j'ai donc opté pour
l'avortement. Le problème est que le foetus était déjà grand et on m'a
provoqué une fausse-couche. Je suis restée 2 jours à la maternité.
L'infirmière m'a montré son sexe. C'était un petit garçon. Quand on a
l'identité du petit être, c'est très difficile. Je me suis sentie très
coupable, mais avec le temps cette culpabilité diminue. 5 ans plus tard,
je suis à nouveau tombée enceinte. Encore une fois trop tôt, à cause de
mes études. J'ai avorté le 24 avril 2006, cette fois j'étais plus mature
et le fait que cela me soit déjà arrivé une fois m'a donné la force pour
ne pas que je déprime. La présence de mon entourage a été très
importante, je le vis bien, et je sais que la prochaine fois ce sera le
bon moment.
Anne, 17ans
J'ai avorté il y a 4 mois. Depuis très longtemps j'étais en conflits
réguliers avec ma mère. Au début c'était des disputes qui ont vite
dégénéré en hurlements puis en coups. Je rêvais de quitter la maison
(devenue synonyme de dispute et d'incompréhension) pour faire ma vie
avec un enfant et mon copain. Un jour, j'ai décidé de passer à l'acte et
de faire un bébé. Je sortais avec mon copain depuis un an. On en avait
longuement discuté et il était d'accord. Il avait 25 ans. J'ai décidé de
quitter la maison quelques semaines au moins pour prendre l'air. Je
comptais séjourner chez mon copain. Avant de partir, ma mère qui se
doutait de mes intentions (faire un bébé) et qui ces derniers temps
surveillait mes cycles, m'a demandé de faire un test de grossesse. Sur
le moment, je pensais ne pas être enceinte puisque je ressentais une
douleur dans la poitrine qui survenait habituellement à l'approche des
règles. Le mois d'avant je n'avais pas eu mes règles, mais comme j'y
pensais trop je croyais que psychologiquement je me les avais arrêtées.
C'est lorsque le test s'est avéré positif que j'ai réalisé que j'étais
enceinte. Et là ce n'était plus du jeu. Il fallait prendre une décision
rapidement. A ce moment, mon cerveau s'est mis à fonctionner à toute
allure. Il y avait 2 présences en moi: la présence consciente qui était
la réalité (l'impossibilité de le nourrir car manque d'argent, la
situation non convenable pour ce petit bout) et la présence inconsciente
qui était l'envie, l'attente d'avoir un bébé et les sentiments. J'ai
choisi mon côté conscient et décidé d'avorter. Tous les entretiens avant
l'avortement ce sont passés avec mes parents et mon copain qui n'était
pas trop d'accord avec ma décision.
Au début j'ai choisi la méthode médicamenteuse qui était pour moi la
plus pratique, mais au moment de prendre le médicament j'ai pas pu le
mettre dans ma bouche à l'idée d'arrêter ma grossesse moi-même. Je pense
que je m'en serais voulue toute ma vie. Ils ont dû refaire tous les
papiers pour me prescrire la méthode par aspiration.
Maintenant que j'ai avorté je me dis que c'était la meilleure chose à
faire parce que je n'aurais pas pu lui offrir la vie que je rêvais de
lui faire découvrir. Mais l'inconscient revient régulièrement car les
sentiments ça ne se contrôle pas et cette partie qui dominait dans moi
se fait voir à certains moments. Je pense qu'on ne peut pas l'oublier et
qu'on doit apprendre à vivre avec en se disant que c'était le mieux pour
le bébé et moi. C'était plus facile à dire qu'à faire. Pour faciliter
les choses j'ai écrit une lettre à mon bébé et je l'ai enterrée. C'est
un message où j'exprime tous mes sentiments et où je lui fais comprendre
mon choix. Ça m'a beaucoup aidée.
Laure
Je suis rentrée de voyage en février 2004, j'étais enceinte. Très
amoureuse mais très perturbée par cette histoire toute nouvelle et si
loin de mon quotidien. J'en ai parlé à ma mère, en coup de vent, n'ayant
pas le temps d'en discuter longuement avec elle, je lui ai demandé de
tenir sa langue pour pouvoir en reparler avec elle. Mais elle en a
touché mot à mon père qui a eu une longue conversation téléphonique avec
moi. Il souhaitait que j'interrompe ma grossesse. Pour lui, ça semblait
être l'unique solution. J'avais 24 ans. Majeure, mais pas encore
indépendante financièrement. Nous nous sommes fortement disputés au
téléphone. J'ai beaucoup pleuré, beaucoup hésité, pesé le pour et le
contre, j'en ai beaucoup parlé aussi avec des amies et j'ai réalisé que
je n'étais ni la première à vivre cela, ni la dernière.
J'avais accompagné une amie dans ses démarches pour interrompre sa
grossesse quelques années plus tôt, mais quand il s'agit de soi-même
c'est beaucoup plus difficile de se prendre en main. Finalement je suis
sortie du cercle de mes connaissances proches: visite au planning
familial, juste avant la fermeture, mais quelqu'un m'a reçue: une femme
très à l'écoute qui m'a conseillé de garder mon calme, de réfléchir au
pour, au contre, de lister même si je le souhaitais et de revenir parler
avec elle ensuite. J'avais déjà réfléchi énormément. Je savais que mon
ami n'aurait pas hésité à garder l'enfant, mais je ne savais ni quand
j'allais le revoir, lui, ni s'il était possible qu'on se retrouve et
vive ensemble quelque part. En plus je me sentais très peu soutenue par
mes parents. J'en ai beaucoup discuté par téléphone avec mon ami,
j'avais très peur de ma décision, quelle qu'elle soit. Et puis j'ai eu
le sentiment que je devais me laisser le temps: Laisser partir cet
enfant cela ne veut pas dire que tu n'en auras pas…
J'ai appelé à la Maternité de Genève pour prendre un rendez-vous, comme
me l'avait conseillé la personne du planning, mais au téléphone on m'a
reçue de manière extrêmement désagréable. J'ai ensuite appelé un
gynécologue conseillé par ma gynécologue habituelle. J'ai pris
rendez-vous. Dans la salle d'attente j'avais envie de vomir en voyant
toutes les femmes rondes, souriantes et accompagnées, envie de partir en
courant.
Après l'échographie, le médecin m'a fait signer un papier, m'a donné 4
cachets et la photo du bb, et m'a dit texto: "amusez-vous bien".
J'aurais pu lui casser la figure. Je suis sortie et j'ai pleuré, pleuré
et repleuré. J'ai regardé l'image de ce petit truc en moi, cette image
qui d'habitude évoque la joie était tout à coup une source de tristesse.
J'étais toute seule. J'ai recommencé à hésiter, les cachets à la main.
J'ai appelé mon ami qui m'a dit pour la première fois depuis le début de
mes démarches: "je te soutiens, c'est notre décision, c'est pas le
moment d'avoir cet enfant". Je crois que ça m'a calmée. J'ai pris les
cachets et puis je me suis dit: c'est mieux comme ça, c'est notre
décision.
J'ai eu une grosse période de déprime ensuite. Une des amies avec qui je
voyageais est tombée enceinte en même temps que moi et elle à gardé son
bébé. Pour moi ce fut un énorme pas d'aller la voir avec sa petite fille
qui a l'âge qu'aurait mon enfant si je l'avais gardé. Je ne regrette pas
ce que j'ai fait. Mais ça m'a laissé un bleu au moral, j'ai très envie
d'avoir un enfant à présent mais j'ai peur de me sentir à nouveau
perdue. voilà.
Anne Sophie, 21ans
j'ai avorté le 3 mars 2006 et j'étais enceinte de 12 semaines. Un moment
douloureux de ma vie que je n'oublierai jamais et qui me hante. Je ne
voulais pas de l'enfant c'était une certitude: pas de relation stable
avec le père (malgré tout un très très bon ami), des projets d'études
longues, aucune ressource propre pour l'élever. Bref un désir d'être
mère mais dans quelques années. Pourtant ce petit bout est venu sans que
je ne lui demande rien. Après un rapport ou le préservatif a craqué,
j'ai pris la pilule du lendemain, persuadée de son efficacité. J'ai eu
des pertes de sang à la date de mes règles. Mais j'ai quand même
commencé à m'inquiéter: les seins qui gonflent, des vomissements à
répétition… j'ai décidé de faire un test qui s'est révélé négatif. Je
me suis donc dis que je n'étais pas enceinte. Mais mes règles suivantes
ne venant tjs pas,j'ai compris. Cette fois ci le test était positif.
Mais un gros doute sur la date de conception. Pour moi elle était
récente étant donné que le 1er test était négatif et que j'avais eu des
"règles". Le rendez-vous a donc été pris pour 1 IVG médicamenteuse. Mais
lorsque a été réalisée l 'écographie et que j'ai vu ce petit bout sur
l'écran j'ai compris que la grossesse était avancée (cette image m'a
marquée à vie). La peur m'a envahie quand le médecin m'a parlé de 11
semaines voir plus. Le délai était-il dépassé ou non? Je me suis
liquéfiée. Après des minutes terribles de silence, de calculs et de
photos du foetus on m'annonce que je suis tout juste dans les délais. Un
soulagement suivi de frissons lorsqu'on me parle de toutes les
complications possibles… au final j'ai donc pris des cachets quelques
jours avant l'opération vu le stade de la grossesse. Le jour j arriva:
un moment des plus difficiles de ma vie et surtout douloureux, toutes
ces contractions, un enfer… mais quel soulagement quand tout était
fini (même si j'ai rencontré quelques problèmes par la suite).
Heureusement le personnel médical a été extra et très adorable.
Egalement des parents géniaux: un grand merci à eux pour leur soutien.
Merci à mes amis. Une petite pensée aussi au "papa": malgré certaines
tensions je le remercie pour sa présence et précieuses câlineries. Je
souhaite beaucoup de courage à toutes celles qui se retrouvent dans mon
cas. Une pensée à vie pour ce petit bout qui n'avait rien demandé et à
qui j'ai ôté la vie, pour son bien…
Melissa, 17 ans
Au mois de février, je suis sortie avec un garçon, très peu de temps.
Nous avons eu des rapports sexuels sans préservatif … comme je prenais
la pilule, je ne me suis pas trop posé de questions … ensuite, mes
règles ne venaient pas … dans ma tête: impossible d'être enceinte …
on m'a toujours dit que la pilule était fiable à 99.9%, donc ce serait
vraiment très peu probable …
Après, dans ma tête c'était clair, je savais que j'étais enceinte …
j'en étais persuadée mais je n'osais toujours pas faire de test … je
prends mon courage à deux mains … je vais à la pharmacie et en achète
un … le lendemain, le test se révèle positif et je ne suis pas
surprise …
J'ai toujours dit que je n'avorterais jamais… pour moi, ça aurait été
trop dur… mais je respecte totalement les femmes qui l'ont fait… je
pense que c'est bien qu'une femme puisse décider de garder ou non le
bébé et que si elle ne désire pas le garder, c'est qu'elle a ses raisons
et que ce n'est sans doute pas facile pour elle…
L'heure est venue de dire à mon copain que j'attendais un enfant…
problème : on s'était séparés avant… sans que je lui parle de mes
doutes… Lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, j'en étais à 6
semaines… j'ai pris deux semaines où j'en ai parlé à personne… pour
ne pas être influencée… ensuite, j'en ai parlé à mon copain… au
début, c'était facile… il a super bien réagi … ça s'est corsé quand
je lui ai dit que j'allais le garder… à partir de ce moment-là, il
soutient que ce n'est pas le sien … j'attends donc de faire un test de
paternité, après ça … il ne pourra avoir aucun doute …
L'annonce à ma famille s'est plutôt bien passée … je désirais partir
de chez ma mère … pour moi, je ne pouvais pas être mère en étant chez
la mienne … à mes yeux, il fallait que je parte du cocon familial pour
me construire en étant mère à 100% … ce que j'entends par 100% c'est
la lessive, les courses, les repas, le ménage … une merveilleuse
solution s'est offerte à moi … aller dans un accueil mères-enfants …
j'y suis depuis le 20 septembre… là-bas, on est vraiment bien
soutenues … on est 3 à vivre dans un appartement, avec chacune notre
chambre et des pièces communes … ici, le principal c'est qu'on soit
bien avec notre bébé et qu'il soit en sécurité avec nous … si on n'a
pas de métier, ce n'est pas grave… on reçoit de l'argent pour les
courses et le petit …
personnellement, j'ai un apprentissage … j'aurai 16 semaines de congé
maternité durant lesquelles je devrai quand même suivre les cours …
j'en suis actuellement à 8 mois de grossesse … mon terme est prévu
pour le 5 novembre …
Peut-être certaines filles ou femmes aimeraient garder leur bébé mais
n'ont pas les moyens … moi, je voulais le garder et j'ai trouvé ces
moyens.
Mylène
j'ai subi 2 IVG (malgré la prise de pilules) et je vis avec cela depuis
12 et 11 ans. J'étais mariée et j'avais deux enfants de 1 an et 2 ans et
demi. Je ne me suis pas posé de question car mon mari m'avait dit tu
avortes ou je pars avec les enfants. Il avait un travail et moi pas,
donc j'ai eu peur de perdre mes enfants. J'en ai parlé à une amie qui
m'a parlé d'une clinique. J'ai pris RV et le gynéco très sympa me le
confirme et je lui explique que je ne peux pas garder cet enfant. Il me
rassure et me donne RV 4 jours plus tard pour l'IVG. Je me suis
débrouillée avec mes souffrances, mes doutes; mon ex mari me
laissant affronter cette douloureuse épreuve seule. Ma mère m'a pas
spécialement aidée car elle est contre.
Pour la seconde IVG, j'ai cru mourir, je me suis dis ce n'est pas
possible, mais que vais-je faire? et là mon ex me menace de nouveau, je
suis effondrée, et je prends RV avec un gynéco. Je lui dis que je ne
peux pas garder cet enfant parce que mon mari va me prendre mes enfants.
Il tente de m'expliquer qu'il ne peut pas etc.. mais je n'entends rien,
il faut qu'il m'aide à me faire avorter. RV fixé, je m'y rends, mon ex
me dépose devant la clinique, le personnel est super sympa et me
réconforte du mieux qu'ils peuvent mais je me sens si mal. J'avais
presque 25 ans et j'ai subi une 2éme IVG… tant de gens souhaitent un
enfant et moi je retire une vie de nouveau.
Je vis depuis avec ce poids, j'en ai parlé à mes enfants qui sont grands
maintenant et mon fils avait besoin de savoir. Je ne regrette pas mon
geste, même si depuis je suis en instance de divorce. Je n'aurais jamais
pu élever 4 enfants.
Bon courage à vous toutes et un grand merci aux femmes qui se sont
battues pour avoir le droit de choisir, même si moi cela n'a pas
forcément été mon choix.
Audrey, 26 ans
J'habite en France et j'ai eu une IVG. Je suis mariée et j'ai 2 enfants.
Je n'exerce pas de profession salariée. Je suis tombée enceinte à cause
d'un oubli de pilule… C'est vraiment nul. Si je n'avais pas oublié,
rien de tout cela ne serait arrivé. J'avais un retard de règles donc
j'ai fait un test. Comme il était positif, j'ai pris RDV le jour même
chez mon médecin généraliste.
Quand je suis sortie du cabinet, je suis allée faire une prise de sang
dans l'hôpital de ma ville. J'étais en larmes… Tout le personnel du
labo a été vraiment gentil avec moi: des infirmières m'ont consolée, la
secrétaire m'a proposé à boire, etc.
A la sortie du labo, je suis allée au planning familial de l'hôpital
avec un mot de mon médecin. Une personne pas très sympa m'a reçue, et
m'a dit qu'elle pouvait aider seulement les mères en difficultés, les
mineures, les démunies… Et que je devais avoir un entretien
obligatoire avec une assistante sociale avant de faire mes démarches.
Je n'ai pas écouté ses conseils et suis allée, par moi-même, au service
consultations de gynécologie. On m'a donné RDV le lendemain pour une
écho. Le gynéco a été très sympa. Il m'a posé qques questions du genre:
pourquoi c'est arrivé, etc. Il a fait l'écho, sans rien dire, sans
commentaires (ce que je redoutais). Il a daté le début de grossesse et
m'a demandé de patienter devant le bureau des infirmières. L'entretien
avec l'infirmière s'est bien passé. Quelques questions de routine,
m'explique ce qu'est une IVG, comment ça se passe. Elle prend RDV pour
moi chez l'anesthésiste.
J'ai deux semaines d'attente avant l'intervention, tellement la liste
d'attente est longue. Il y a autant de femmes qui se font avorter dans
ma ville? Je n'en reviens pas… Pour moi commence une grande réflexion.
Est-ce que je fais le bon choix? Est-ce que je ne vais pas le regretter?
J'ai deux enfants, mon couple qui bat de l'aile, et j'ai envie de
retravailler, de pouvoir sortir etc. Et surtout je ne me sens pas le
courage d'avoir un 3e enfant. Non, je n'en veux pas. Cette décision me
fait mal au coeur. Mais je sais qu'au plus profond de moi, c'est la
bonne.
Deux jours avant l'intervention j'ai pris un cachet qui dilate le col de
l'utérus. Et ce matin je suis rentrée à l'hôpital. Le temps de poser mes
affaires et de mettre la chemise ouverte derrière, et on est venu me
chercher. Je suis rentrée au bloc, perfusion, masque à oxygène et plus
rien… ça a duré 15 min.
Et je me sens tellement mieux. Le personnel du service gynéco a été
vraiment bien avec moi. Celui du bloc et de la salle de réveil
également. On a pris soin de moi, on m'a écoutée, on m'a traitée avec
professionnalisme. J'avais peur qu'on me traite comme une méchante
meurtrière qui n'avait qu'à pas oublier sa pilule, ou qu'on me fasse
culpabiliser. Evidemment il n'en a rien été. Je voudrais encore
remercier tout ceux et celles qui se sont occupés de moi.
Catia
J'avais 16 ans quand je suis tombée enceinte, je prenais la pilule mais
…Il y avait à peu près un an que j'étais avec mon petit copain, tout
allait pour le mieux, quand des nausées et une envie incontrôlable de
manger ont commencé à se faire sentir, 1 semaine passe, ensuite 2 et
ainsi de suite jusqu'à ce que mes règles arrivent enfin avec 3 semaines
de retard – donc aucune inquiétude, mais j'avais quand même ces nausées
et cette faim persistante… Je décidai de faire le test dans les
toilettes de chez moi, avec mon papa au salon… Le test s'avère
positif, je me souviens que ça a été le trou noir… que faire ? à qui
en parler ? pourquoi moi, pourtant je me protégeais ? je n'ai que 16 ans
…
Je décidai de le dire le jour même à mon copain de l'époque et il me
répondit une phrase qui résonne encore dans ma tête : "hé ben! c'est
rien, t'as qu'à avorter" comme si c'était comme aller acheter une livre
de pain….
J'ai décidé d'en parler à ma maman qui a eu un comportement admirable,
elle ne m'a pas imposé de choix, elle m'a simplement dit que quelle que
soit ma décision, elle sera toujours là pour moi et qu'elle m'aimait…
J'ai avorté à 14 semaines dans une clinique privée en mai 1993, il y a
un peu plus de 13 ans ! Je me souviens qu'après l'intervention je me
suis réveillée et que les nausées avaient complètement disparu… et que
je pleurais car je ne savais pas si j'avais pris la bonne décision…
J'ai aujourd'hui 29 ans et pas d'enfant… j'y pense encore souvent et
me demande quelle serait ma vie aujourd'hui avec un enfant de 13 ans –
aucune réponse – tout ce que je sais c'est qu'à l'époque, dans ma tête
de 16 ans, il était inconcevable de pouvoir élever un enfant et de lui
donner tout ce dont il a besoin, j'étais moi-même encore une enfant !
Cynthia, 19 ans
Je suis enceinte de 8 semaines et je l'ai appris il y a maintenant 3
semaines… Je vivais au moment une peine d'amour très douloureuse,
alors la première idée qui m'est venue à l'esprit était de garder
l'enfant parce que j'étais toujours amoureuse de mon copain et qu'en
faisant cela j'avais la certitude de rester en contact avec lui.. Je
sais maintenant que je ne pensais qu'à moi dans cette histoire et à mon
amour pour mon ex… Quand je le lui ai annoncé il a décidé de ne plus
m'adresser la parole, donc j'ai dû traverser ça seule en plus de vivre
une affreuse peine d'amour… J'ai pris un premier rendez-vous pour
l'avortement et j'ai renoncé… Peu de temps après, mon ex m'a téléphoné
après deux semaines de silence. Il est venu chez moi et m'a fait de
belles promesses qui ont duré à peine 2 jours… Il m'a une seconde fois
laissée tomber… J'ai alors pensé à moi et je m'ai beaucoup parlé à
moi-même et j'en ai conclu étant donné mes études et ma condition
présente qu'il était mieux d'avorter… Mon rendez-vous est prévu pour
demain et je dois vous avouer que j'ai vraiment très peur… J'aurais
aimé que mon ex soit là pour m'aider à traverser cette étape de ma vie
qui le concerne aussi, mais heureusement je suis bien entourée.. Le
conseil que je peux vous donner est d'en parler… J'ai vécu cela seule
et ça a été très difficile pour moi.. Je débute ma vie d'adulte et je
suis certaine de mon choix parce que certaines personnes m'ont aidée..
Parlez-en!!
2 semaines plus tard, Cynthia écrit:
J'avais choisi l'avortement parce que je n'étais plus avec mon
copain et je ne voulais pas élever un enfant sans papa!! et je voulais
me consacrer à mes études. J'étais toujours amoureuse de lui, mais
maintenant je me sens beaucoup mieux. J'avais très peur et voilà
maintenant que c'est fait!! Je voulais vous en parler un peu parce que
je sais que beaucoup de femmes ont peur de l'avortement. J'y suis allée
très anxieuse, mais pourtant l'opération s'est très bien passée et pour
ma part je n'ai pas trouvé que c'était douloureux physiquement.. Les
premiers jours tu te sens un peu à l'envers, mais peu après je me
sentais tellement libérée! Un énorme poids sur les épaules qui avait
désormais disparu. Je suis allée avec une personne que j'aime beaucoup
et qui est importante pour moi. Je crois qu'il est important de bien
choisir la personne pour nous accompagner car son support est important.
Je vous souhaite à toutes bonne chance et pour ma part tout va pour le
mieux… 😉
Emilie, 25 ans
Cela fait 7 ans que je sors avec le même homme, âgé de 4 ans de plus que
moi, mais nous n'habitons ensemble que depuis 3 mois. Je suis tombée
enceinte parce que une seule, je dis bien une seule fois je n'ai pas
pris ma pilule. Et bêtement, de plus de par ma profession para-médicale,
je n'ai point pensé à prendre la pilule du lendemain. J'ai ressenti que
j'étais enceinte peu de temps après, mais je ne voulais pas y croire,
alors j'ai attendu 7 jours de retard de règles pour effectuer un test
qui s'est avéré positif. Après réflexions avec mon compagnon et des
réponses une fois et d'autres -, nous avons pris la résolution d'une IVG
médicamenteuses à 5 semaines de grossesse effectuée cet après-midi en
clinique. Le médecin m'a un peu engueulée, irresponsable, bref, je ne le
referai plus! Voilà, j'ai pris les 3 premiers cachets ce soir, les 4
autres vendredi en deux prises et j'ai rendez-vous au gynéco ds 15
jrs… Je ne regrette pas de l'avoir fait, et en hommage à la Journée de
la Femme…
Angeline
j'ai 22 ans et le 5 juillet 2005 j'ai avorté! Cet événement a bouleversé
ma vie! Je suis étudiante et réussi dans mes études je touche mon rêve
du bout des doigts!
Je prenais la pilule, mais je suis tombée enceinte, je vivais avec mon
ami. Lorsque j'ai fait le test et qu'il s'est avéré positif, ma vie a
défilé devant mes yeux. J'ai voulu garder cet enfant, puis je ne voulais
pas et mes sentiments se sont mélangés, j'ai pris rendez-vous a
l'hôpital sans que mon ami ne sache que j'étais enceinte. Après la prise
de sang et l'échographie je lui ai avoué, il le voulait absolument. On
est allé voir une conseillère, mais j'étais perdue! Je me suis décidée
le jour où mon copain m'a giflée. Je me suis dit que s'il le faisait
enceinte il le ferait devant notre enfant! J'ai pris rdv à l'hôpital où
tout s'est enchaîné! Le jour même j'ai hésité toujours, mais je l'ai
fait. Voyant mon mal-être les infirmières m'ont rassurée alors que je me
suis sentie sale face aux regards des médecins. Depuis, je suis toujours
avec mon copain, mais tout s'est dégradé. Pas un jour ne se passe sans
que je pense à mon bébé. C'est pour lui que j'ai fait ça. Moi, petit à
petit je tente de m'en remettre. Pourtant je ne regrette pas ce geste et
quand je vois 8 mois après, la relation qu'on a avec mon ami, je me dis
que si c'était à refaire je le referais, mais ça ne m'empêche pas
d'aimer mon enfant perdu, bien au contraire!
Pauline
J'ai 23 ans et j'ai subi mon avortement il y a maintenant 1 an et 4
mois. Pour commencer, j'ai senti ma poitrine gonfler et de légères
douleurs au ventre, mais l'idée que je puisse être enceinte était exclue
puisque j'avais eu mes règles 2 semaines auparavant. Malgré tout je me
rends à la pharmacie pour y acheter un test. Lorsque j'ai vu qu'il était
positif, j'étais au travail et le monde a fait mille tours… ça y est
je suis enceinte… Il faut que j'en parle à mon homme, comment il va
réagir? Plutôt bien, enfin du moins nous étions d'accord sur le fait que
nous ne pouvions pas garder cet enfant, même s'il était le fruit de
notre amour, nous n'étions pas prêts et notre couple à ce moment battait
un peu de l'aile.
J'ai aussi appelé ma mère, qui m'a également aidée à fond en faisant des
recherches sur le net, en appelant sa gynéco et surtout en me soutenant
moralement. S'en suit la visite chez le gynéco au planning familial, il
était censé m'aider, m'expliquer et non pas m'accabler de reproches,
presque à me culpabiliser…
Bref j'étais enceinte de 7 semaines et un jour, autrement dit il était
trop tard ou presque pour faire le traitement médicamenteux. Il me le
prescrit tout de même afin de m'éviter l'intervention chirurgicale. Pas
de chance!! Au bout de la 1ère prise de cachet, l'oeuf était bien sorti
– je ne pensais pas qu'il serait aussi grand – malgré tout il restait
quelques résidus. Je reprends donc un comprimé sur la demande du médecin
et là c'est le début de l'enfer: Comme je travaillais, cette prise s'est
faite sur mon lieu de travail. Je commençais mon service au restaurant,
mais le sang coulait le long de mes jambes et ne s'arrêtait plus. Je
rentre donc chez moi et appelle immédiatement le médecin.
Il me dit finalement qu'il va falloir effectuer un curetage, 2 jours
après j'étais hospitalisée et dieu merci c'était définitivement fini,
tout allait mieux, j'étais tellement soulagée que ce cauchemar soit
enfin terminé!!
Depuis, j'ai arrêté la pilule afin de me faire poser un implanon sous le
bras et c'est génial, ça change la vie. Je me suis séparée de mon ami,
mais je ne le remercierai jamais assez de m'avoir tant soutenue et
d'avoir assisté à tous les rendez-vous essentiels au bon déroulement de
cette épreuve.
Bon courage à toutes, la vie est belle et malgré ces aléas elle
continue…
Commentaire: Pauline n'a pas eu de chance! Elle compte parmi les 1 à 2 % de femmes qui saignent aussi massivement après l'IVG médicamenteuse.
Elodie
Lorsque j'avais 15 ans je suis tombée enceinte d'un homme qui a abusé de
moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je savais ce qui se passait à
l'intérieur de moi. Je me suis tue, murée dans un silence profond
pendant 11 semaines. Souvent, j'avais des nausées matinales, des envies
étranges de concombre et je le rejetais. Un matin, ma mère s'est
approchée de moi et m'a emmenée comme si de rien à la clinique. Je
marchais en regardant le mouvement de mes pas, je me sentais honteuse.
Au planning familial mon cas est passé en priorité, rdv au gynécologue,
avec l'anesthésiste et l'aide psychologique et là le plus dur la
question était-il majeur? A cette question j'ai répondu non, mais j'ai
menti. Mentie pour que ce cauchemar ce termine, pour en finir. Quatre
jour plus tard je me suis fait avorter, je suis sortie de la clinique,
j'étais libre et une nouvelle Elodie est apparue. Je ne regrette rien,
je n'ai jamais revu cet homme. Le problème c'est que je les crains, oui
j'ai peur que cela m'arrive à nouveau.
Céline
Mon IVG a eu lieu le vendredi 21 octobre 2005. Ce fut une IVG
médicamenteuse. Je n'ai que 18 ans et je suis avec mon petit ami depuis
2 ans environ. On savait très bien qu'il était impossible de garder ce
bébé car nous sommes tous les deux dans nos études. On a alors décidé de
consulter un médecin pour savoir ce qu'il fallait faire. Ce fut une
expérience très douloureuse au niveau psychologique car personne n'était
au courant à la maison. Mes parents ne le savaient pas et c'était très
difficile de tout cacher. Au niveau physique, l'avortement a été quelque
peu douloureux, mais c'est resté supportable. J'essaye petit à petit de
ne pas y penser, de vivre avec, mais c'est très difficile.
Justine
Ma première ivg je l'ai faite à 15 ans et j'en ai souffert malgré le
grand soulagement que j'ai eu quand je suis sortie de la clinique.
C'était ma première fois, il n'a pas mis de préservatif.
Je n'ai rien remarqué le premier mois ni le deuxième, je me suis dit que
mes règles ne venaient pas à cause du stress. Entre début août et mi
août je suis partie au planning familial d'un hôpital et là on m'a
informée que j'étais enceinte de 14 semaines et demie et que c'était
trop tard.
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, mais je n'ai rien dit à ma
mère. J'avais tellement peur qu'elle me rejette. J'ai laissé passer le
mois d'août puis le mois de septembre et là je l'ai dit à un ami qui a
prévenu l'assistante sociale de l'école. Elle a prévenu ma mère le
lundi, le mardi on est parti faire l'échographie et les examens
nécessaires, le mardi soir on prenait le car pour la Hollande, le
mercredi j'étais hospitalisée dans une clinique privée.
Les médecins et les infirmières m'ont aidée puis rassurée, on m'a opérée
en 2 fois, on m'a d'abord dilaté le col de l'utérus et ensuite on m'a
retiré le foetus. Quand je suis sortie de la clinique j'ai eu un grand
soulagement, mais une profonde tristesse s'est installée en moi.
Ensuite je suis retournée à l'école comme si de rien n'était.
2 mois après je me suis trouvé un petit copain avec qui je suis fiancée
depuis. Au mois de février, une deuxième grossesse, on avait mis des
préservatifs, mais il y a quand même des risques. J'ai avorté par
médicaments 2 jours après que j'ai appris ma grossesse .
Je suis heureuse d'avoir pu avorter, mais j'ai un grand vide en moi et
j'espère avoir des enfants dans les années qui arrivent.
Si une personne mineure lit ce message, je lui dis de dire la chose tout
de suite et de ne pas attendre.
Danièle
Quand je suis tombée enceinte de mon 4ème enfant en septembre 2002 je
ne voulais pas y croire. J'étais séparée de mon mari depuis 8 mois,
j'avais 3 enfants, j'étais sans emploi et je vivais une liaison
tumultueuse avec un homme marié. Quand je lui ai appris ma grossesse, il
l'a refusée tout net. J'étais désemparée et il s'est avéré que je ne
pouvais pas assumer un 4é enfant seule. J'ai pris r-v au centre d'ivg de
Nancy et le médecin a fait une échographie afin de dater la grossesse
qui était très récente. Toutes les personnes auxquelles j'ai eu affaire
ont été très compréhensives. J'ai passé la semaine de réflexion dans un
état second car je voulais cet enfant, je l'aimais déjà et je ne pouvais
pas le garder. J'ai versé des litres de larmes et quand je me suis
rendue au centre pour faire l'ivg, je suis restée à pleurer devant la
feuille que je devais remplir, j'avais le coeur déchiré et je ne pouvais
pas reculer. C'était une grossesse de 4 semaines et jamais je ne me suis
pardonnée d'avoir été si irresponsable car bien sûr je n'avais aucune
contraception.
J'ai tué mon enfant et je le pleurerai toute ma vie. Ca a été un des
plus durs moments de ma vie et je regrette amèrement de ne pas avoir
écouté mon coeur plutôt que ma raison car je me dis que j'aurais été
capable d'assumer ce bébé.
Pour la suite de l'histoire, j'ai un 4é enfant, une petite fille qui a
eu un problème de santé assez important à la naissance. A l'accouchement, j'ai
eu une 4éme césarienne et j'ai fait une hémorragie lors de la
délivrance. Les médecins accoucheurs n'ont pas eu d'autre choix que de
me faire une hystérectomie pour sauver ma vie. Maintenant je ne pourrai
plus jamais avoir d'enfant alors que j'aurais aimé en avoir encore et là
vraiment je n'ai pas mon mot à dire. Serait-ce ma punition??
Je ne peux m'abstenir d'un petit commentaire. J'ai écrit plus haut:
écoutez votre coeur et agissez conformément – sans pour autant perdre de
vue les réalités. Il me semble que dans ce cas particulier, Danièle a
mieux fait d'écouter la raison… et après 4 césariennes,
l'hystérectomie, loin d'être une punition, était plutôt peut-être le
signe pour lui faire comprendre: cela suffit!
Anne-Marie Rey
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