Avortement - Interruption de grossesse : Pour le droit au libre choix



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Des femmes témoignent (archives 1)

Chona
Début juin 2004 au CHUV à Lausanne… J’avais rencontré mon ami depuis peu. Cette grossesse s’est produite car nous n’avions pas utilisé de protection. Nous avions des rapports "à la retirette". C’était bien sûr pas raisonnable, je ne sais comment l’expliquer, nous n’étions pas du tout conscients de ce que l’on faisait.
J’ai trouvé cette épreuve traumatisante. Je me suis rendue au CHUV. Je savais pas trop comment parler de ça à mon médecin. Bref, en arrivant au CHUV, j’ai vu une personne du planning familial. On ne m’a pas spécialement posé de questions détaillées. L’avortement est un libre choix. C’est peut-être pour cette raison que l’on ne pousse pas la personne à remettre son choix en cause. Avec du recul, il me semble que c’était un peu léger. Mes sentiments n’étaient pas vraiment pris en considération. Je me suis ensuite rendue au contrôle et à l’échographie. Ces deux visites se sont passées normalement.
Rendez-vous a été pris pour la semaine suivante pour une IVG médicamenteuse. Je suis passée prendre ma première dose de médicament. Résultat, j’ai eu de très importants saignements qui m’ont vraiment gênée. 2 jours plus tard, je me suis à nouveau rendue au CHUV pour la 2ème prise de médicament. Je devais y passer la matinée. On m’a installée dans une chambre, on m’a donné le médicament et j’ai dû ensuite patiemment attendre que ce petit … (je ne trouve pas de mots) soit rejeté. Rien ne se passait. Presque pas de contractions. Une assistante sociale est venue me rendre visite. J’étais passablement paumée et complètement inconsciente de ce que j’étais en train de faire. Cette visite ne m’a pas réchauffé le coeur.
Le … n’étant toujours pas rejeté à la fin de la matinée, j’ai été priée d’attendre la visite du médecin. J’ai dû patienter quasiment tout l’après-midi. La visite a été plus que brève. Il m’a simplement tendu un certificat médical me donnant 1 semaine d’assurance. Il m’a conseillé d’être attentive si je voyais sortir ce … dans les prochaines heures. J’ai pu ensuite partir. C’était un vendredi. Le samedi j’ai pu voir cette minuscule chose et j’ai su que c’était fini.
J’ai commencé à avoir de fortes contractions qui n’ont cessé d’augmenter jusqu’au lundi. Je suis allée travailler quand même. Je ne savais pas si j’étais malade ou pas. Comment fallait-il interpréter cette ordonnance. Etait-ce que je devais rester à la maison si je me sentais mal et aller travailler si ça allait. Je me sentais seule et avais peur. Je me suis dis, maintenant c’est fait et la vie continue mais c’était aussi très abstrait.
En fin de matinée du lundi, j’ai commencé à avoir de très fortes contractions. J’ai senti la panique me gagner. J’ai prévenu une de mes collègues et elle a appelé une ambulance. J’ai été emmené au CHUV. Entre deux j’avais pris un anti-douleur qui m’avait été prescrit et la douleur s’estompait gentiment. J’étais persuadée en arrivant au CHUV qu’on me dirait que j’avais rien. Mon ami m’a rejointe à mon chevet et a patienté avec moi. On m’a fait un examen qui m’a confirmé que j’avais rien. Et je suis repartie sans que l’on m’ait rassurée vraiment.
Cette fois, je ne suis pas retournée au travail. J’ai passé quelques jours chez mon ami, où je vis maintenant. Nous étions bien seuls et je tenais beaucoup à rester avec mon ami et lui souhaitait que tout ça reste un peu entre nous. Il se sentait gêné par ce qui arrivait. Nous avions prévu de partir 10 jours en Bretagne dans la maison de ma mère. Nous avons décidé de maintenir ce projet en pensant que ces vacances me feraient du bien. En fait, ça a été la catastrophe. J’ai eu un mal de ventre épouvantable et je suis même à nouveau partie en ambulance à l’hôpital pour finalement y passer la nuit. C’est dans cet hôpital de Quimper qu’un infirmier nous a gentiment suggéré que ces maux de ventres venaient peut-être de ma tête… Nous avons tenté d’y réfléchir et avons en effet rapidement pu analyser que ça ne se passait pas du tout bien dans ma tête.
J’ai passé la nuit sous anti-douleurs, le lendemain nous avons décidé de rentrer à la maison. Le soir les douleurs ont repris de plus belle pour ne plus s’arrêter jusqu’au retour en Suisse. Ma mère nous a accueillis et a tenté de nous réconforter. C’était le jeudi (10 jours après l’IVG). Le lundi matin, je me suis rendue chez le médecin de mon père qui m’a prescrit du Xanax pour quelques jours et m’a demandé de le rappeler pour l’informer de mon état quelques jours plus tard. Je ne l’ai pas fait. Je pense qu’à ce moment là, le mal de ventre étant parti, j’avais envie d’oublier. J’aurais dû le rappeler, je le sais… J’ai eu l’échographie de contrôle quelques jours après. Celle-ci a confirmé que le bébé n’était plus.
Jusqu’à maintenant, on est en mars 2007, ces maux de ventre me poursuivent encore de temps en temps. J’ai eu une période dépressive pas grave mais éprouvante tout de même. Je vois maintenant une psychiatre ce qui me fait le plus grand bien. Mais quel chemin … C’est dur !!!
Je pense que chaque femme doit avoir la liberté d’effectuer ce geste. On ne peut pas la priver de ce choix, mais ne pourrait-on pas estimer un peu plus cette petite vie qui s’en va. On ne peut pas, à mon avis, traiter cette opération comme une fracture de jambe ou je ne sais quoi. Ça a des répercussions… ET SI TABOU …


Hélène, 26 ans
C’est vraiment un sujet délicat, et ce serait tellement mieux de ne jamais avoir à consulter ce site parce qu’on songe à avorter.
Je l’ai fait et avant de prendre la décision, en fouillant sur internet j’ai trouvé des choses épouvantables, des sites pleins de jugements et d’incompréhension.
J’en avais marre de voir des histoires d’avortement se solder avec de la tristesse et de la confusion. Comme si c’était toujours la mauvaise décision et qu’on essaie de se convaincre que c’est la bonne… Je suis libre aujourd’hui et avoir gardé ce bébé aurait été une soumission à la pression extérieure. Voici le meilleur moment de vous connaître et de savoir qui vous êtes au fond. C’est un test ultime de maturité, et même si ça a été dur ( oui ça l’est même si on veut faire semblant de rien ) pendant une période, tout c’est arrangé par la suite et je me suis du même coup délivrée de ceux qui me mettaient la pression et me poussaient vers une voie qui n’était pas la mienne. Dire NON a été le choix le plus important que j’ai fait qui m’a sortie de l’illusion dans laquelle je m’enfonçais doucement! La vie m’a ensuite prouvé que j’avais bien choisi, les rêves pour lesquels je me suis battue pendant des années se concrétisent enfin, et je suis en quelque sorte née à nouveau après cet avortement. J’ai trouvé ma voie. Cet enfant n’était pas au programme mais il m’a poussée vers mon destin. Un événement extrêmement positif se cache dans ce qu’on croit être le pire des malheurs. L’important c’est d’aller toujours de l’avant! Les épreuves rendent plus fortes et la douleur reste tant qu’on lui fait de la place !


Ariane, 22 ans
Je suis actuellement étudiante et cette grossesse était plus ou moins désirée du fait que je connais mon ami depuis très longtemps, nous nous aimons, mais ne vivons pas encore en couple et ce bébé malgré tout l’amour entre le papa et moi, aurait manqué de tout..n’ayant pas de ressources propres. Être enceinte de cet homme que j’aime était pour moi normal, c’était comme un rêve, avoir un bébé, vivre heureux à trois, mais la réalité m’a vite rattrapée.
J’ai eu une relation ayant pris un risque, j’ai pris la pilule du lendemain, j’ai eu mes règles quelques jours après, j’ai même effectué un test de grossesse qui fut négatif, donc je me suis dit que je ne suis pas enceinte, puis arrivaient les nausées, les étourdissements, les seins qui gonflent, la sensation oui d’être enceinte, j’effectuai donc un test, puis un autre qui furent tous deux positifs. Je me suis donc rendue chez mon médecin, j’ai fait un test sanguin, toujours positif, puis une échographie. Du fait du nombre de rendez-vous, j’ai du attendre deux semaines pour faire l’écho, quand je me suis rendue à la clinique j’étais enceinte de 11 semaines et quelques jours, j’ai eu peur, je ne savais plus quoi faire, de plus n’étant pas vraiment informée j’ai perdu du temps, donc j’ai avorté par aspiration. Les contractions furent douloureuses, j’ai cru mourir.. surtout j’ai réalisé que je faisais disparaître ce bébé à jamais… après l’intervention j’étais cependant soulagée, car c’est un choix murement réfléchi… avoir ce petit c’était oublier mes études pendant un bon moment, contraindre le papa à tout assumer, finances… de plus organiser très vite un plan de vie qui peut-être n’aurait pas tenu.
Je suis croyante et je sais que cet acte me suivra toute ma vie…. je regrette, mais c’était la solution, je ne pouvais pas assumer ce bébé et je ne voulais pas qu’il vive dans la misère.
Je n’oublierai jamais mes échos, j’y penserai chaque jour à ce petit bébé, qui est venu sans rien demander, j’aurais dû faire plus attention… je pense que j’avais trop idéalisé la vie, alors qu’en fait elle est très dure si on n’a pas les moyens d’assumer ses actes. Je regrette d’en être arrivée là… mais justement je me bats chaque jour pour réussir.. aller de l’avant pour ce bébé perdu.. et qui sait peut-être aurai-je la joie d’être maman quand le moment sera venu.. lorsque je serai plus femme et surtout disposée à combler mes enfants… faire en sorte qu’il ne leur manque rien. J’avoue qu’avant l’ivg j’ai beaucoup pleuré.. maintenant je vais mieux, j’espère avoir mon diplôme, bosser et avoir de nouveau un bébé, car la prochaine fois, si Dieu m’accorde de nouveau ce cadeau… je serai prête… en tout cas je fais tout pour… j’espère que ma vie se construira pour accueillir un bébé et tout lui donner.
COURAGE !
L’avortement est un acte douloureux, mais j’ai eu de la chance, cela s’est bien passé… le personnel médical était très attentionné, avant et après l’IVG, j’ai rendez-vous dans une semaine pour l’écho de contrôle… j’ai confiance en l’avenir…
Merci pour ce site car mis à part mon homme, personne n’est au courant.. il a été là. Et ce petit est dans mon coeur. 
A vous qui souhaitez avorter, parlez-en, cela soulage… 


Olivia
J’ai 33 ans et je viens de subir une ivg par pilule abortive en France (février 2007). Tout s’est bien passé et je ne regrette absolument pas d’avoir pris cette décision avec mon compagnon. Cela fait 15 ans que nous sommes ensemble et nous avons un enfant. Nous avions décidé d’avoir un deuxième il y a quelques mois de cela, donc j’avais arrêté la pilule. Notre situation professionnelle et financière est difficile actuellement (cela n’est pas récent mais ça ne fait qu’empirer), ce qui engendre des disputes plus importantes que d’habitude et un climat non serein, donc non propice à l’arrivée d’un bébé. D’ailleurs je n’étais pas heureuse du tout lorsque je me suis rendue compte que j’étais enceinte. Ayant vécu un bonheur total depuis le début avec notre premier enfant je me suis dit qu’il ne fallait pas continuer, c’est trop important comme moment et ne pas prendre cette décision équivalait à ne pas respecter ce futur être vivant et ne pas nous respecter nous-mêmes. Cela s’appelle prendre sa vie en main. Pouvoir faire ce choix est une chance dans notre pays mais c’est aussi un choix légitime.
C’est ma première ivg et la dernière, cela étant parti d’une décision pas assez réfléchie. Nous sommes responsables de ce qui s’est passé, responsables jusqu’au bout par notre acte d’arrêt de grossesse, il arrive de faire des erreurs.
Le planning familial pour les infos de départ reste une valeur sure, pour trouver un centre où l’attente ne sera pas trop longue (pour pouvoir bénéficier de la pilule abortive, puisqu’il y a un délai à respecter) c’est plus difficile, il ne faut pas hésiter à appeler tous les numéros de la liste fournie par le planning. J’ai été très bien accueillie personnellement, je n’ai pas été jugée ni assistée lourdement, tout était bien "dosé". Lors de la prise du misoprostol (2ème prise médicamenteuse, pour l’expulsion de l’oeuf) j’étais tranquille, seule avec moi-même et cela m’a fait un grand bien, on venait juste me prendre ma tension toutes les heures, ça m’allait bien comme ça, j’avais déjà posé toutes mes questions à la personne qui m’avait accueillie, donc plus envie de parler. Moi qui peux m’angoisser pour des bêtises je ne l’étais pas du tout pour cet acte important parce que j’avais pris la bonne décision, je le savais. En quittant l’hôpital j’étais soulagée. Je n’ai pas eu très mal, juste un peu, (douleurs de règles en un peu plus fort + légères contractions), tout à fait gérable, mais bon on est toutes différentes, les pertes de sang étaient très importantes, il faut bien prévoir des serviettes hygiéniques très épaisses et 1 pantalon de rechange.
Je suis fière d’avoir été honnête avec moi-même, de m’être rendue compte à temps que je n’étais pas prête pour un deuxième enfant. Je vois tellement de gens qui ne prennent jamais de décisions dans leur vie dans pleins de domaines différents. En tout cas je crois en moi, je me fais confiance même si je fais des erreurs, c’est humain, j’assume, ,je suis maître de moi même, c'est ça le secret.


Jodie
J’ai 21ans, je venais tout juste de les avoir quand je me suis fait avorter en décembre 2006. J’étais enceinte de 23 semaines et je l’ignorais. Physiquement ça ne paraissait pas vraiment. J’avais fréquenté quelqu’un pendant l’été, j’étais à l’extérieur du Québec et cette relation ne voulait rien dire du tout pour moi. Une relation de passage sans plus. De retour au Québec j’ai eu des chutes de pression, des maux de coeur, beaucoup de fatigue mais je croyais que c’était normal, je commençais l’université après avoir voyagé plusieurs mois, le stress du travail, du retour à la routine…
Une amie m’avait tout de même traînée à la clinique de santé pour un diagnostic, la doctoresse m’avait fait part de la possibilité que je sois enceinte mais ça me semblait tellement farfelu, je ne suis pas allée passer les prises de sang et je me suis habituée à vivre avec une fatigue omniprésente, après tout j’avais vraiment un horaire chargé et ignorer mes problèmes a toujours été ma solution ‘gagnante’.
Je ne suis pas régulière, mes dernières menstruations étaient en août, mes dernières relations sexuelles de retour au Québec en septembre, mais comme c’était des relations protégées j’avais la conscience tranquille. Début décembre j’ai commencé à envisager que je pouvais être enceinte. J’ai acheté un test de grossesse et comme si le fait d’avoir fait l’effort de l’acheter me protégeait, je l’ai simplement laissé de côté quelques jours. J’ai fini par le faire à tout hasard. J’ai passé près de vomir quand j’ai vu qu’il était positif. Je ne comprenais pas, comment ça pouvait m’arriver à moi…  J’ai pleuré toute la nuit chez mon ami, j’ai été au planning dès que possible, détruite.  J’avais toujours eu un fort préjugé par rapport à l’avortement et c’était maintenant moi la fille irresponsable qui y avait recours. Ça a fait mal, malgré toute la douceur du personnel, j’ai pleuré tout le long du processus.
Je ne pouvais pas avoir un enfant maintenant. Ma famille n’est pas au courant et ça fait maintenant 4 mois, le ‘père’ n’est pas au courant non plus, certains amis intimes m’ont aidée à passer au travers mais ce n’est définitivement pas quelque chose que j’irai crier sur les toits. Je suis maintenant terrorisée à l’idée d’avoir une relation sexuelle, je n’ai plus aucun désir de toute manière, j’aimerais aller consulter mais je ne saurais pas quoi dire.
J’ai quand même trouvé un réconfort à lire vos témoignages, de voire que des femmes normales, hors champ de mon préjugé sur les femmes qui avaient recours à l’avortement, je me sens moins seule mais tout aussi mal, ou du moins tourmentée avec mon geste. Avec le temps…


Soukeina
J’ai 28 ans, je suis marie et j’ai un enfant, ma vie maritale est un désastre (disputes continuelles, très peu de partage …) je continue malgré tout à rester avec cet homme par principe familial. Or j’ai récemment rencontré un homme (marié lui aussi), coup de foudre, très forte passion qui aboutit à l’adultère et grossesse. J’ai dû faire appel à l’avortement. C’était au mois de janvier de cette année. Premier rdv chez le radiologue pour datation de grossesse : accueil très froid et fameuse réflexion "certaines font la galère pour avoir des enfants et d’autres qui en ont la chance s’en débarrassent" – inutile de vous exprimer le sentiment de culpabilité que j’ai pu ressentir, 2ème rdv à l’hôpital pour l’avortement par pilule RU486, échographie et là nouveau concept de culpabilité – "son coeur est en place, tenez, écoutez ses battements" – rdv avec conseillère psychologique autant dire un rdv de formalité. 3ème rdv pour la prise du deuxième médicament, aucun conseil, si vous posez trop de questions même refrain sur chaque lèvre : Etes -vous sûre de votre choix, mais aucune réponse à mes inquiétudes. J’ai gardé une expérience terrible de cette histoire, déjà le fait que j’ai avorté car mon amant ne pouvait pas assumer ses responsabilités, trop peur du jugement de sa famille. Seule à faire un choix pour lequel j’ai pris en considération les conséquences que pouvaient engendrer cette grossesse et je n’étais pas prête d’assumer toute seule. Je ne pouvais pas garder cet enfant. Pour moi un enfant est le fruit de 2 êtres, et ces deux êtres doivent être en mesure de pouvoir lui donner ce dont il a besoin. Aujourd’hui je vis très mal cette aventure, surtout que personne ne peut m’aider à vivre tout cela. J’aurais eu besoin de plus d’aide au niveau du suivi mental et non un accueil froid empli de jugement. J’aimerais dire à tout le personnel hospitalier qui travaille dans ces services que vous avez en face de vous des êtres humains et non pas des personnes sans coeur et qu’il ne faut pas juger, car généralement vous avez en face de vous des femmes en détresse, car il n’est jamais facile d’avorter.


Sequana
J'ai eu 20 ans en septembre 2006. Je suis avec mon copain depuis bientôt 7 mois. Il va avoir 23 ans. En décembre 2006, j'ai constaté un retard de règles. Mais je me disais qu'elles allaient arriver. J'avais de fortes tensions dans les seins et des maux de ventre réguliers, comme ce que je pouvais ressentir lors de règles. Mais cela faisait plus de deux semaines que ce scénario durait. D'habitude, ces douleurs se manifestaient la veille ou l'avant-veille de mes règles.
Cependant, je ne voulais pas croire à une grossesse. Mon cycle menstruel avait été très perturbé ces derniers temps, pour je ne sais quelle raison. Alors, je me disais : "j'attends au premier janvier, et si je n'ai toujours pas mes règles, je fais un test."
Je n'en avais pas encore parlé à mon copain. J'avais un peu peur de sa réaction. Nous ne nous protégions pas, par ma faute, parce que j'étais persuadée de ne pas pouvoir avoir d'enfants. (pour diverses raisons, trop longues à exposer ici.) Finalement, c'est lui qui m'en a parlé. Il m'a demandé, un peu inquiet : "Tu n'as toujours pas tes règles, c'est normal ?" C'est à ce moment là que nous avons commencé à en discuter. Je lui ai dit que j'avais un retard de 7 jours, mais que ce n'était pas dramatique, étant donné mes variances de cycles de ces derniers mois.
Le 29 décembre, nous sommes allés au restaurant pour fêter nos six mois. Petite relation, mais saine et basée sur la confiance, le respect et l'amour. Nous avons même blagué sur une éventuelle grossesse… J'ignorais à ce moment là que j'étais enceinte. Le lendemain matin, j'ai fait le test : positif. Je me suis assise et j'ai pleuré. Mes sentiments étaient ambigus. Je savais que, quel que soit le résultat, j'aurais été triste, mais contente. Là, j'étais contente de savoir, enfin, que je pouvais avoir des enfants, mais désespérée à l'idée d'avorter.
C'était pourtant clair dans ma tête, avant… Je savais qu'en cas de grossesse, j'avorterais. Nous faisons tous les deux nos études, notre relation est trop récente, nous n'avons aucun revenu… Bref, c'était clair. Mais, lorsque l'on se retrouve dans la situation, c'est bien différent.
Je sais que je n'ai pas d'autre choix que d'avorter. Je ne pourrais rien apporter de bon, en l'état actuel des choses, à mon enfant. Mais je n'arrive pas à me faire à l'idée d'avorter. Je pleure constamment. Aujourd'hui, j'ai pris le premier rendez-vous au planning familial, qui aura lieu mardi 16 janvier 2006. C'est la rencontre avec le médecin. La semaine suivante aura lieu l'intervention. Je suis enceinte de huit semaines et je crois n'avoir que très rarement autant pleuré de ma vie.
J'aime cet enfant qui grandit en moi, il fait partie de moi. Il est l'union d'une partie de l'homme que j'aime et d'une partie de moi. J'ai très peur. Mon copain me soutient du mieux qu'il peut. Et je sens bien qu'il essaie tout pour me remonter le moral. Mais, face à ça, je ne sais que me montrer méchante. Il emploie des termes qui me font mal, parce qu'il ne ressent pas la même chose. Il voit cet embryon comme "un amas de cellules pour le moment". Je sens bien qu'il est désemparé face à ma détresse et qu'il essaie de me faire sourire et de m'aider. Je sais bien qu'il est juste maladroit. Et je me dis que ce ne doit pas être facile pour lui non plus.
Mais je souffre terriblement. J'aime mon enfant. Je culpabilise beaucoup à l'idée d'avorter, mais je dois le faire parce que je n'aurai rien à lui apporter. Ce n'est pas le bon moment. Ce sera par voie chirurgicale. Je ne veux pas d'anesthésie locale, je ne veux pas être consciente de ce qui se passe. J'ai peur de l'intervention, j'ai peur de ne pas m'en remettre, de culpabiliser. J'ai peur que ça casse quelque chose dans notre couple. Et j'ai peur de ne plus jamais pouvoir avoir d'enfants… Et si c'était le cas ? Je m'en voudrais toute ma vie d'avoir laissé passer ma chance d'être mère… Voilà mes peurs, ma souffrance et mes doutes.

2 semaines plus tard:
Mon intervention a eu lieu lundi 22 janvier (je n'oublierai pas cette date !) à l'hôpital de la mère et l'enfant à Nantes. Mon copain et un ami m'ont accompagnée. J'étais si mal que le seul moyen d'évacuer cette tension a été de rire jusqu'à l'intervention.
Tout s'est très bien passé. Le personnel a été formidable. Mon copain aussi d'ailleurs. Je n'ai pas eu de douleurs post-opératoires, ni énormément de saignements (ça ressemble à des règles normales). Donc, niveau physique, tout va bien.
En revanche, au niveau psychologique, ce n'est pas le cas. Je ne cesse de pleurer tous les soirs. Je culpabilise énormément, je m'éloigne de mon copain qui m'a pourtant tant soutenue… Je n'arrive pas à passer du temps avec lui. Je pense sans cesse à mon enfant,… Je n'avais pourtant pas d'autre solution. Mais rien y fait… La culpabilité et la souffrance morale sont bien là… Je me dis que ça va passer. Que c'est normal parce que c'est récent… Mais j'ai peur que cette horrible histoire ne me mène à la rupture… Ca m'angoisse. Je l'aime tellement !!
Je ne veux pas baisser le moral des femmes qui me liront, je voulais juste exorciser mes maux. C'est mon histoire. 
PS : Je tiens à préciser que tout le personnel, que ce soit anesthésiste, infirmières et médecins, ou au planning familial a été formidable avec moi. Personne ne m'a jamais jugée. Tout le monde m'a écoutée et soutenue. Un grand merci à eux pour tout ça.


Christine
j'ai 30 ans et je suis maman de trois enfants que j'adore! 6 mois après la naissance de ma petite dernière je suis tombée enceinte par accident. Je pratiquais la méthode de calcul d'ovulation, mais pas de chance, j'ai ovulé les derniers jours avant mes règles d'après le gynéco. Impossible pour nous de garder ce bébé, financièrement! et pourtant le désir d'avoir encore un enfant était très fort… la décision que j'ai dû prendre fut très dure et je n'en suis pas encore remise aujourd'hui. Il m'est impossible de lire un article sur les femmes enceintes ou de voir un ventre rond, mais il faut continuer. La méthode par médicament n'a pas été douloureuse, mais il faut pouvoir assumer le fait de voir. Le planning familial a été super et l'écoute géniale. Mon mari m'a toujours soutenue, mais je rejette ma haine sur lui dans mes moments difficiles… Je pense qu'il faut en parler, mais cela reste tout de même un sujet tabou d'où la difficulté. Le plus facile serait de parler à quelqu'un de professionnel, ce qui me reste à faire. Courage à toutes, le choix que vous ferez sera le bon, même si les remords jaillissent après, c'est normal et naturel. Les blessures se guérissent avec le temps.


Isa
J'ai 18 ans, mon ami et moi sommes en couple depuis 7mois. Il y a 2 mois j'ai arrêté la pilule, sans vraiment avoir conscience de ce que ça entraînerait, je n'en ai parlé à personne, pas même à mon copain avec qui j'ai des relations non protégées. Depuis longtemps j'ai le désir d'être mère, de pouvoir porter la vie à mon tour. Et voilà il y a 3 jours, j'ai fait un test qui fut positif, ça m'a fait un choc et j'en ai pleuré, mais en 3 jours beaucoup de choses ont basculé dans ma vie, dans ma tête. Malgré mon désir de maternité il m'a fallu réfléchir en femme et plus en adolescente que je suis, après la joie d'apprendre que j'étais "maman" et l'euphorie en disant que je le garderai, il m'a fallu penser à ce bout de chou que je portais en moi et j'ai dû, avec l'aide de mon copain, réfléchir en adulte et me dire que cette grossesse que je désirais tant n'était pas possible, car mon bébé méritait le meilleur et que je ne pouvais lui offrir cela!
Je l'ai appris à ma maman en premier (car mon copain était parti 2 jrs à Paris et je voulais pas lui annoncer la nouvelle par téléphone), elle a bien réagi, certes choquée de savoir sa petite fille enceinte, elle a été extra car elle m'a dit que quoi que je choisisse elle serait d'accord avec moi et me soutiendrait à 100%.
Le lendemain je l'ai annoncé à mon ami qui a bien réagi, j'ai eu peur qu'il parte et me laisse affronter seule cette situation, mais au contraire, nous avons pris la décision les deux, je vais donc me faire avorter par médicament.
J'aimerais dire à toutes les jeunes filles que pour avoir un bébé il faut une situation stable, un copain stable, un appart' et bien sûr un travail. Car l'enfant que nous portons n'a rien demandé lui, il est là car il y a eu fécondation au bon moment. J'ai peur de me faire enlever l'enfant que je porte, même s'il ne mesure que 4mm je l'aime, car il est le fruit de l'amour que mon copain et moi avons l'un pour l'autre, mais n'oubliez pas que dans la vie il y a une étape pour tout, pour pleurnicher, pour sortir et avoir un couvre feu pour ne plus rentrer avant le lendemain midi etc et il y a une étape pour avoir un bébé et pouvoir le rendre heureux. Bonnes chances à vous toutes dans cette étape qui n'est pas facile ni pour vous ni pour moi….

Quelques jours plus tard:
J'ai donc pris 3 pilules lundi qui en fait ont stoppé ma grossesse comme disent les médecins. Personnellement j'ai plutôt ressenti cela comme la mort de mon bébé. Pourtant, contrairement à ce que je pensais je ne regrette pas mon choix et sais que j'ai pris la meilleure décision, j'ai également la chance d'être beaucoup soutenue autant par mes médecins que par ma famille et mon copain.
Le mercredi 24 janvier, je suis allée à l'hôpital pour prendre les 2 pilules qui me feraient avoir mes contractions, j'y suis allée avec ma maman. Je voulais personne d'autre avec moi. Lorsque je les ai prises je me suis sentie mal psychologiquement. J'ai dû rester 4 heures dans cet hôpital. J'avais l'impression que les infirmières me regardaient comme un monstre, j'étais seule, personne n'est venu me voir à part ces infirmières en me disant "vous l'avez perdu?" j'étais déjà si fragile moralement que leur comportement ma détruite. Je me suis sentie encore plus coupable. J'ai perdu mon bébé le lendemain. 
Chaque jour qui passe, je pense à mon bébé qui restera dans mon coeur toute ma vie.
On me dit que j'ai été courageuse! Oui, courageuse mais pas pour moi, pour mon bébé car étant maman (même de 5 semaines) je ne voulais que son bonheur et je savais que je ne pourrais pas le lui apporter. La relation que j'ai avec mon copain à présent est plus profonde. Nous avons pris la décision de l IVG ensemble et nous portons le deuil ensemble, car il ne faut pas croire que tous les hommes partent ou ne nous comprennent pas, si on leur parle de nos sentiments, de nos craintes et de nos peurs, ils nous comprennent plus souvent qu'on ne le croit, j'en suis persuadée. Il faut juste leur laisser le temps de comprendre et d'analyser la situation. Nous pleurons notre enfant, mais nous savons que c'était la meilleure chose à faire pour lui.


Laure
Le 9 octobre 2006 à Namur. Le pire jour de ma vie! Je ne sais pas comment j'ai fait pour en arriver là!
Mi-juillet, j'ai fini par sortir avec le mec qui me plaisait beaucoup, Messut, un musulman. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne tombe amoureuse que d'hommes pas faits pour moi … soit marié ou futur marié, ou qui finit par ne plus m'intéresser. Notre relation a vite été chaotique, après 2 semaines déjà de grosses disputes et bien vite déjà une première rupture, mais je l'aime et je fais tout pour toujours le récupérer. J'ai déjà un petit garçon de bientôt 2 ans, c'est en quelque sorte lui qui m'a dit que j'étais enceinte, j'ai pensé que ça faisait un moment que je n'avais pas eu mes règles, et Ethan venait près de mon ventre et me le montre du doigt en disant "bébé", alors j'ai été chercher 2 tests de grossesse pour en faire un le jour même au soir et s'il avait été négatif, faire l'autre le lendemain matin. Le premier a été positif, je n'ai pas été choquée, j'étais même contente. Mais le dire à mon copain, j'avais peur, il est déjà bien compliqué (si je lui écris de trop, il râle. Si je ne lui écris pas assez, il râle. Il est jaloux… Et aujourd'hui, je sais aussi qu'il est … pas très futefute!). C'est de lui même qu'il s'est rendu compte que j'étais peut-être enceinte, lui aussi a remarqué que je n'avais plus mes règles. Il a été me chercher un test à la pharmacie, j'ai fait comme si je ne savais pas, je tremblais de tous mes membres, le test était évidemment positif, il a pleuré et pas de joie, son super monde s'effondrait, il m'a dit que si je le gardais ce ne serait plus en BMW qu'il roulerait mais en mobilette et qu'il devrait partir de chez ses parents parce qu'ils n'accepteraient jamais et que lui ne pourrait pas voir un de ses enfants grandir sans lui.
Je lui ai dit que je ne pourrais jamais avorter, mais il a quand même réussi à me convaincre en me disant que tout irait mieux entre nous si j'avortais. Mais avant ça, j'avais été voir mon médecin pour faire la prise de sang qui confirmerait ma grossesse et depuis combien de temps je l'étais, presque 8 semaines. Il m'a demandé si ce n'était pas un problème pour moi comme je suis déjà mère célibataire, j'ai dit non, mais aujourd'hui …
Je ne savais plus où j'en étais, j'ai dit à Messut que j'allais avorter mais je n'étais pas convaincue de pouvoir le faire. J'ai suivi toute la procédure pour le faire et j'ai cru jusqu'au dernier moment qu'il m'appellerait pour me dire de ne pas le faire, mais il n'a pas appelé.
On est le 17 janvier 2007, je suis toujours avec Messut, mais ça ne durera plus parce que je n'arrive pas à lui pardonner. Il va probablement se marier pendant les grandes vacances avec une musulmane, c'est à dire pas moi, parce que monsieur trouve qu'il a bien vécu sa jeunesse et qu'il veut maintenant avoir sa femme qui l'attend pour l'accueillir quand il rentre du travail et qu'elle soit dans son lit, c'est lui qui le dit, comment ne pas lui en vouloir??? Et il dit qu'il m'aime, si c'est ça l'amour, je ne veux plus jamais qu'on m'aime!
Je suis en pleine dépression, heureusement que j'ai Ethan sinon, je ne sais pas si je serais encore là aujourd'hui.


Catarina
L'ivg a eu lieu le 27.07.05. Le personnel (à part l'anesthésiste) ne m'a pas du tout aidée psychologiquement. Ils ont été très durs, très secs alors que la seule chose dont on a besoin à ce moment-là c'est du soutien et du réconfort…
Alors voilà, je découvre avec stupéfaction ma grossesse à 6 semaines le 06.07.06. Il est vrai que je me pose un tas de questions : Comment est-ce possible? Pourquoi maintenant? Je n'ai que 19 ans! Je suis en apprentissage donc un salaire ridicule! Quoi faire? J'appelle tout de suite mon copain pour lui annoncer la nouvelle et on décide d'en parler le soir chez lui. J'arrive chez lui, il m'accueille avec un sourire jusqu'aux oreilles et me sert fort dans ses bras avec une tendresse que je ne lui connaissais pas encore, on se pose sur le canapé et voilà qu'il me dit le plus naturellement au monde "en fait il faudra que t'avortes".
C'est à ce moment-là précis que je me suis rendue compte que cet enfant, j'en étais déjà folle dingue amoureuse. Que ma foi on serrerait la ceinture un temps et qu'après, les bonnes finances arriveraient un jour… et avec toutes les aides qu'il y a de nos jours, je me faisais pas trop de souci, ils sont là pour ça.
Je n'ai jamais eu l'impression d'être une sous-merde avant le jour de l'avortement. Et non pas pour ce que je faisais, parce que je comprends qu'il y ait des femmes qui optent pour cette solution, bien qu'elle soit difficile pour toutes celles qui passent par là, mais à cause de mon copain qui au lieu de m'épauler me traite de tous les noms, ne prend pas soin d'moi, ne veut pas me voir verser une seule larme pour ce "machin que j'avais dans bide" comme il dit si bien, et j'en passe. Et en + le personnel qui était apparemment de son côté pour me pourrir encore + l'existence, j'vous dis pas la haine, le regret, l'envie de mourir, l'envie de tuer celui qui me disait je t'aime encore 4 semaines avant et qui là, c'est à peine s'il me crache pas en pleine tronche. Qu'ai-je fait pour mériter ça et pour en arriver là?
Ma famille étant en vacances à ce moment-là j'ai vécu la chose plutôt solitairement, mais ils m'ont soutenue du mieux d'eux-mêmes. Ils continuent à m'aimer comme si rien ne s'était passé. ça ne les a peut-être pas marqués, mais moi oui et à vie. C'est d'autant plus difficile de savoir que j'aurais dû accoucher le jour de mon anniversaire…
J'ai laissé tomber ce crétin, j'voulais plus avoir à faire à lui. Pendant les trois mois qui ont suivi, je l'ai pratiquement pas revu, je faisais aller-retour entre le boulot et mon lit pour m'effondrer sous la couette et vider mon corps de toutes ses larmes.
On a fini par se remettre ensemble, un peu obligée vu qu'il me menaçait de se tuer, que si ceci que si cela… Quelques semaines plus tard, je lui dis que je partirai en vacances avec mon amie d'enfance, une semaine au soleil, que ça nous fera du bien parce que ça fait longtemps que je la vois pas etc. Il me dit ok mais tu pars seulement si t'es enceinte de moi à ce moment-là. Comment a-t-il osé me dire ça, alors que 5 mois avant il m'a obligée à avorter!?!? Pour éviter engueulade et tout le tralala je ne dis rien, je n'y ai même pas répondu. J'avais de plus en plus de haine contre lui malgré le fait que je l'aimais.
Un an et demi après cet avortement, je suis toujours avec ce garçon. ça va bien mieux, même si je ne lui pardonnerai jamais ce qu'il a fait. Je ne me le pardonnerai jamais à moi-même non plus! Je pense que je le regretterai jusqu'à l'éternité à cause du fait que ce n'est pas moi qui ai pris la décision, mais lui!
Mais tout va pour le mieux maintenant (il n'empêche qu'il y ait des hauts et des bas et il y en aura toujours, comme dans tous les couples) mais on fait aller. Il y a deux jours, j'ai appris que j'étais de nouveau enceinte. Ma gynéco étant en vacances, je dois attendre quelques jours pour prendre rdv. Je suis super heureuse! Lui il est hésitant, il a peur, on est jeune, lui en train d'achever sa formation, moi à la recherche d'un emploi. J'ai aussi mes craintes, mes doutes, mes questions et tout, mais une chose est sûre c'est que je ne compte plus jamais repasser par ce que j'ai dû vivre ce mercredi 27 juillet 2005. Je préfère devoir élever mon enfant seule…
N'oubliez pas, c'est à vous seule de prendre le choix de donner naissance ou non à l'être vous habitant, pas aux autres! Pas même au père!


Catherine, 27 ans
Il y a maintenant près de trois semaines que j'ai la confirmation de la grossesse. J'en suis à huit semaines. Je suis à l'étranger ce qui me forcera à revenir prématurément dans mon pays (Québec) pour effectuer l'intervention. Lire ces témoignages me fait sentir moins seule. Alors je vous dis merci.
J'en ai parlé à deux amies, l'une qui m'accompagnera et une autre que j'ai accompagnée par le passé. J'aimerais pouvoir échanger avec ma mère sur l'IVG mais je sais qu'elle souffrirait de savoir que je vais avorter, alors je préfère l'épargner. Mon conjoint est ambivalent. Mais en parler nous fait du bien. Notre pensée évolue. J'avais toujours dit que si ça arrivait, sachant les risques de notre méthode contraceptive (calendrier-condom), je le garderais, ce à quoi il n'avait jamais répondu mais je connaissais sa position: ce n'était jamais le bon moment. Surprise, le moment venu, c'est ma propre réaction qui fut inattendue.
Mon choix semble maintenant être fait pour mon propre bien, celui de l'enfant et celui du "père". Ce qui ne veut pas dire que je ne deviens pas émotive quand je vois des images d'embryon et de foetus, que je pense à la date de naissance, ou le sexe possible… et je n'ose pas imaginer ces femmes enceintes que vous décrivez dans les salles d'attente.
Avant, je n'avais jamais considéré les conditions matérielles ou économiques comme pouvant être un frein à la venue d'un enfant. Je me disais qu'on trouve toujours les ressources nécessaires. Maintenant que ça m'arrive, je réalise que c'est plus important pour moi que je n'aurais pu le croire auparavant. Avant, je ne jugeais pas le choix des autres mais je ne l'envisageais pas pour moi. Contrairement à mes attentes, la confirmation venue, je n'ai pas senti le ciel me tomber sur la tête. J'étais triste, je ne voulais pas que ça se passe ainsi – dans un sens comme dans l'autre. Mais ça s'est clarifié. Je ne me suis jusqu'à maintenant pas jugée, ni culpabilise, et de ça je suis très fière. Il n'était pas question de garder un enfant qui ne soit pas désiré pour toutes les complications à venir pour lui comme pour moi. Puis je n'arrivais pas non plus à me voir en prendre la charge seule connaissant l'incertitude de la relation présente (7 ans ensemble, 2 ans de séparation, reprise récente et fragile).
Bien sûr je réalise que peu importe le choix… on n'est jamais libre des jugements des autres. Mais cela ne m'a que rendue plus tolérante envers moi-même et les autres. Ce n'est qu'une raison de plus pour faire son propre choix. J'ai réalisé aussi qu'il y avait bien plus d'amour derrière un tel geste que je ne pouvais l'imaginer.
Au départ, je ne voulais pas parler à ce petit bout même si spontanément j'en avais le goût. Je ne voulais l'envisager que comme un élément essentiellement biologique. Je ne voulais pas m'attacher pour ne pas souffrir. Maintenant, je crois que le temps qu'il est là il mérite toute ma considération. Nous sommes deux entités. Il pourrait me quitter, et je peux le quitter. Je me réconcilie ainsi davantage avec ma propre humanité, ma propre dignité. Et puis ensuite ce sera le moment pour lui de retourner vers une autre mer…
La personne du centre de planification des naissances à qui j'ai parlé a été très compréhensive et empathique. Je pense que cela m'aidera à mieux traverser cette épreuve psychologique et physique qui aura de surcroît lieu durant la période du temps des fêtes. Rendez-vous après…


Julie
Mon IVG va avoir lieu dans 1 semaine. Je suis étudiante en soins infirmiers, mon projet professionnel étant de travailler auprès de nourrissons. Je suis avec mon ami depuis presque deux ans, il a déjà 2 enfants et ne souhaite pas en avoir d'autre, pour l'instant, je pense qu'il me dit cela pour que je garde l'espoir d'en avoir avec lui plus tard, mais je n'y crois pas beaucoup, ce qui me rend d'autant plus triste.
Ma grossesse s'est produite car on utilisait la méthode ogino, suite à un traitement que je prenais qui n'était pas conseillé avec la pilule. J'ai pris ce traitement pendant environ un an et je n'ai pas repris la pilule après l'arrêt de ce dernier. La méthode ogino a fonctionné pendant 2 ans jusqu'au jour où je suis tombée enceinte.
Au début, j'ai pensé à l'avortement sans trop de souci et puis je me suis mise à imaginer les solutions possibles pour mener cette grossesse à terme. Je suis seule dans la région et ma famille n'est pas soudée au point de m'aider. Mon ami m'a tout de suite donné les arguments pour que je réalise cet avortement, les problèmes financiers, le fait de ne pas pouvoir terminer mes 3 ans d'études, les problèmes de garde, etc, etc.
Je vais avorter à contre coeur, car je ne le souhaite pas du tout, mais je me sens tellement seule et perdue que je préfère en souffrir plutôt que de prendre une seule seconde le risque que mon bébé en souffre. Je suis sure que je m'en serais sortie car j'ai tout ce qu'il faut pour me débrouiller seule, mais je ne veux pas non plus qu'il vive sans papa, car ce dernier ne veut absolument pas de son bébé. Je ne sais pas si notre couple va résister à cette étape de la vie, car il est vraiment maladroit dans ses paroles et banalise l'avortement.
Mes consultations chez les professionnels ont été soit très déculpabilisantes et rassurantes ou au contraire un vrai désastre, une non compréhension, un manque de tact, de finesse, d'humanité !!! Le gynécologue qui va réaliser l'intervention à l'air blasé, il vous en parle comme si c'était un arrachement de dents !!! Moi qui suis élève infirmière, cela me donne vraiment le courage de persévérer dans mes études pour faire évoluer les choses, à une toute petite échelle.
Je vais donc subir un avortement par aspiration sous anesthésie générale, je rentre à 7h30 du matin et repars pour 17h le soir même. Je serai à 10 semaines de grossesse. Je vais prendre rendez vous chez un psychologue pour en parler dès demain car c'est tellement dur, je me sens tellement seule, j'ai mal au coeur, je suis brisée, surtout depuis que je l'ai aperçu à l'échographie.
Je pensais jeter tout le dossier de mon IVG après que cela soit réalisé, mais je m'aperçois que c'est la seule chose concrète que je pourrai conserver. Je dédie ce témoignage à mon bébé que j'aime de tout mon coeur.


Sophie
j'ai 28 ans, il y a 6 mois, j'ai eu recours à l'IVG. Maman d'une petite fille de 6 ans et d'un petit garçon de 3 ans, je m'aperçois que je suis enceinte alors que je prends la pilule. J'en parle à mon ami qui est le père de mes enfants, mais sa réaction est comme la mienne: cela n'était en aucun cas prévu et nous ne savons plus quoi faire. Nous en parlons à des amis qui nous aident beaucoup et nous prenons la décision de ne pas le garder. Nous aimons nos enfants et nous voulons leur donner ce que nous pouvons pour leur éducation future. A partir de ce moment commence un long parcours, mais aussi rapide car lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, il ne me restait plus que 3 semaines pour avorter. Je suis allée au planning familial d'un centre hospitalier et là ce fut l'horreur. J'étais un numéro, une femme qui n'avait pas fait attention en prenant sa pilule, la sage-femme n'a pas du tout essayé de me rassurer et m'a parl tout de suite d'IVG par médicaments et ne voulait pas me faire la méthode chirurgicale – pourquoi je ne sais pas. Pendant ce temps, je voyais une femme dans le couloir qui était en train d'avorter, elle vomissait, ne tenait plus debout et était là dans le couloir devant tout le monde en train d'attendre son tour pour l'échographie de surveillance, c'était l'horreur. Personnellement, je ne voulais pas de cette méthode, je ne voulais m'apercevoir de rien et mon médecin de famille ne m'avait parlé que de la méthode chirurgicale.
Le rendez-vous est quand même fixé, je dois venir un dimanche matin aux urgences de la maternité prendre ce fameux médicament et y retourner le mardi matin pour la phase finale. Cependant entre temps je suis venue sur votre site et me suis renseignée pour la méthode médicamenteuse, il y avait un délai de préférence et j'ai commencé à avoir très peur, j'ai dit à mon ami "dimanche je n'y vais pas". Je me suis renseignée chez un gynéco privé et lui m'a dit : je vous le fais par méthode chirurgicale et n'aurais jamais tenté par médicaments. Il a été très gentil avec moi, m'a expliqué comment cela allait se passer et surtout m'a dit que jusqu'à la dernière seconde avant que je m'endorme, si je ne voulais plus le faire que je lui dise, pour lui cela serait normal. Le 11 mai 2006, le rendez-vous était fixé à 14h30, j'étais sur la table d'opération et mon ami a attendu et est resté avec moi toute la journée ce qui m'a rassurée. Tout s'est très bien passé et je me suis sentie soulagée, je suis sortie le lendemain de la clinique et ai retrouvé mes 2 enfants.
Cette épreuve à été pour notre couple quelque chose que nous avons surmonté ensemble et sans lui je n'y serais pas arrivée. Aujourd'hui je ne peux pas vous dire que je n'y pense plus, mais nous sommes bien et je profite de mes enfants encore plus malgré mon travail qui me prends du temps. A vous toutes qui avez fait ce choix : ne regrettez rien c'était le bon choix pour vous et votre future vie.


Anouk
j'ai avorté en mai 2006, à 25 ans. J'étais en Guyane française lorsque j'ai appris que j'étais enceinte et ce fut une nouvelle qui m'a mise dans une grande détresse. J'étais en CDD et je ne souhaitais pas d'enfant. De plus mon histoire avec mon ami était trop récente selon moi. J'ai voulu de bonnes raisons, non pas pour justifier mon acte mais surtout pour ne pas le regretter.
Ce n'était pas facile car j'étais seule, sans famille et peu de personnes pour m'épauler. Je revenais de France ou j'avais vu mon ami, je rentrai en fait d'un congrès maladie et il me restait 2 mois à passer en Guyane.
J'ai avorté par médicaments à 7 semaines d'aménorrhée chez moi (je fais parti du corps médical). J'avais pris de quoi me soulager. Ma grossesse a été découverte tôt, à 5 semaines, donc j'ai décidé de me laisser 2 semaines de réflexion pour être certaine de prendre la bonne décision. Mais plus je laissais le temps passer, plus je m'attachais à mon bébé, et plus la décision devenait dure à prendre. Cela dit avec le recul je ne regrette pas de m'être laissé autant de temps…
Je n'avais pas de contraception hormonale car je ne vivais pas avec mon ami et le voyais très peu puisque nous n'étions pas sur le même continent. Alors je choisissais ou la méthode OGINO avec retrait, ou le préservatif. Je suis tombée enceinte sous méthode OGINO et retrait.
Pour le vécu, je dois dire que faisant partie du corps médical, je n'ai pas vraiment rencontré de problèmes. Seulement un médecin était au courant. A cette époque je voyais d'autres femmes qui avortaient, je m'occupais d'elles, et cela m'a aidé car je ne me sentais pas seule dans ma situation. J'ai beaucoup pleuré pendant mes deux semaines de réflexion, ne voulant pas garder cette grossesse, mais ne souhaitant pas non plus tuer mon bébé… parfois je le haïssais et parfois je me surprenais à lui parler… et puis j'ai pris ma décision. J'ai consulté une psychiatre qui m'a beaucoup aidée. J'ai donc avorté seule chez moi, expulsé dans les WC. Drôle de sensation lorsque l'on tire la chasse sur son oeuf.
Après l'avortement je ressentais un soulagement car tout était enfin terminé… et au fond de moi je savais que j'avais pris la bonne décision. Mais quelques semaines plus tard, un ou de mois peut-être ça a été difficile. Sentiment de m'être trompée, de regretter mon acte…
Depuis, cela fait (attendez je compte)…6 mois… je dis je compte car ouf, je n'y pense pas chaque mois à la date "anniversaire"… je souhaite oublier ce 4 mai, même si je sais que je penserai à mon ainé jusqu'à la fin de mes jours. Je lui demande pardon. Mais je sais que c'était la solution à l'instant


Bouchra
Je viens d'apprendre aujourd'hui même que je suis enceinte, j'ai fait un test ce matin au boulot, je me sens toute bizarre, ma décision est prise. J'ai lu tous vos témoignages, j'en ai pleuré, car j'ai déjà subi une IVG il y a quatre ans. J'ai un retard d'une semaine, j'ai 24 ans, je viens de me marier, et contrairement aux autres témoignages j'ai une relation stable avec mon mari, ça fait 6 ans qu'on est ensemble, on s'aime, on vient de commencer nos carrières professionnelles et ni lui ni moi ne sommes prêts à avoir un enfant, à avoir une responsabilité. Je viens d'intégrer un nouvel emploi depuis un mois et je ne me sens pas devenir mère. Je vais prendre rendez-vous avec un médecin et faire le nécessaire, je suis triste je suis désemparée de ne pas me donner le choix de le garder, mais c'est la vie.


Pierette
J'espère que mon témoignage pourra servir à celles qui subissent une pression extérieure, que ce soit pour subir ou non l'avortement.
Je suis tombée enceinte par accident en mai 2006 : la pilule du lendemain n'a pas marché. Après maintes réflexions j'ai décidé de garder mon enfant seule et j'ai fait face aux menaces de mon compagnon (ex maintenant).
Ceci n'a pas été facile mais je ne pense pas que j'aurais pu vivre l'avortement. J'ai failli le faire tant il m'a mis la pression. Je tenais à rappeler la phrase de mon médecin quand il m'a vu en pleurs devant l'écho "oubliez le père, c'est à vous de décider".
J'ai assez de courage pour vivre cette situation seule. J'ai le soutien de ma famille et mes amis proches, mais seule moi ai les responsabilités de cet enfant. Il a permis de relier les liens tendus entre ma mère et moi. De plus je bénéficie d'une aide de l'Etat mais je ne m'y repose pas trop : il vaut mieux gagner son propre argent car c'est une revalorisation personnelle et une bonne image pour mon enfant.
Aujourd'hui je suis une jeune maman comblée !!! Je vais reprendre les études en septembre.
Courage à toutes celles qui hésitent et n'oubliez pas, subir c'est déjà souffrir !!! Votre choix est à respecter. Qu'importe votre décision, n'oubliez pas qu'elle vous appartient!!!


Catherine
Mon IVG a eu lieu le 21 février 2006… j'avais 43 ans… mère déjà de deux merveilleux ados dont une presqu'adulte!  Wow le choc !!!!! J'avais rencontré celui qui est toujours mon amoureux 4 mois auparavant. Je me croyais en pleine pré-ménopause mais oufffffffff un test positif… croyant que c'était une erreur je passe un deuxième test qui s'est avéré lui aussi positif ! Dans ma tête tout était clair… c'était l'avortement! Tout s'est déroulé à Québec. Tout n'a pas été simple dans mon cas. Après plusieurs examens, j'ai subi l'IVG. J'étais tellement contente, le personnel a été tellement compréhensif, j'avais peur des préjugés ! Mais même si nous sommes certaines de notre décision, nous devons penser au après… en parler! en parler c'est cicatriser le coeur!


Olivia, 35ans 
Je suis enceinte de 7 semaines. Je dois subir une ivg vendredi 1er septembre par médicament. J'ai appris par le gynécologue que c'était une grossesse jumelée et c'est vrai que pour moi c'est très dur, mais mon choix est fait. Mon ami n'est pas au courant, car notre relation n'est pas stable du tout. Nous ne vivons pas ensemble, ,je ne travaille pas et j'ai déjà deux enfants. Mais c'est vrai que ça me fait mal de le faire, car j'adore les enfants.


Lisa
J'ai vécu en septembre 2002 une IVG. A l'époque cela faisait 6 mois que je connaissais mon petit ami, nous avions 19 ans et plein de projets en tête… c'était idyllique et dans notre tourbillon de folie (ou connerie plutôt avec du recul) nous faisions l'amour sans arrêt, je ne prenais pas la pilule et au fond de moi, je ne me l'avoue que maintenant, j'étais consciente de ce que cela pouvait engendrer, mais j'étais sur mon nuage. Puis un jour d'août, ma très chère maman (que je remercie encore pour sa dévotion) m'a demandé si j'avais eu mes règles, elle pressentait quelque chose me disait-elle. Alors pleine de nonchalance je lui dis que non, mais qu'elles ne devraient plus tarder. Prise d'initiative… zéro chez moi à cette époque, elle m'a donc invitée à faire une prise de sang, et le lendemain dans l'après-midi j'avais les résultats… j'étais enceinte, j'ai cru que le ciel s'écroulait sur moi, des tremblements, un noeud dans la gorge… non je n'y croyais pas. Je suis directement allée chez mon gynécologue, qui a confirmé le diagnostic, j'étais enceinte de 4 semaines. Je voyais sur l'écran mon enfant, mais je ne réalisais pas encore. J'ai appelé mon ami, qui m'a bien fait comprendre que ce n'était pas le moment, ce qui n'était pas faux, nous étions dans nos études et n'avions pas de revenu. J'ai donc fait seule les démarches pour subir une IVG. Mon ami trouvait cet acte "normal"… je me suis retrouvée dans une chambre la veille de l'intervention (c'était une aspiration) avec une autre fille qui subissait une IVG, et dans les couloirs du service de maternité on voyait vaquer les femmes enceintes… heureuses et nous… nous étions dans notre chambre dite pour "IVG" (c'est une infirmière qui a dit cela). J'ai été très soutenue par ma famille lorsque je me suis retrouvée à l'hôpital. J'ai eu des douleurs et des écoulements de sang après l'intervention, mais mon gynécologue était formidable, il m'a très bien suivie après l'intervention, et juste après celle-ci il est même venu dans ma chambre pendant que je somnolais me demander si tout allait bien. J'ai beaucoup pleuré une fois l'acte fait, j'en ai voulu à la terre entière, même à ma famille qui m'a soutenue…
Avec du recul, je me dis que cet enfant aurait été malheureux car il n'y avait rien en place encore dans ma vie pour l'accueillir, mon ami et moi nous nous sommes séparés après 3 ans de bonheur – notre rupture n'avait rien à voir avec l'IVG (je le précise pour celles qui s'inquiètent de voir leur relation couler suite à une IVG). Actuellement je suis dans ma 5ème semaine de grossesse avec un homme que j'aime et qui désire cet enfant, je suis heureuse, mes souvenirs s'estompent peu à peu, mais à tout jamais je garderai une place dans mon coeur pour ce bébé.
Bon courage à toutes et dites vous bien que la vie vous réservera encore de bonnes surprises, croyez-y.


Roxanne
j'ai dans un mois 39 ans, je suis maman divorcée d'une petite fille de 6 ans, et j'ai subi une IVG chirurgicale, le 11 septembre 2006 à 11 semaines et demi de grossesse. L'hospitalisation et la prise en charge médicale ont été de qualité, peut être même trop banalisées, mais rien ne m'a été proposé à un niveau  psychologique alors que dès ma première visite j'avais fait part de mes hésitations quant à une IVG, à aucun moment on m'a proposé un espace de parole.
Le père de cet enfant avec qui j'ai une relation complètement instable depuis 4 ans n'en voulait pas. Il ne souhaite pas s'engager. Je pense que c'est une souffrance pour lui, cette impossibilité et incapacité à être homme et père. Pendant un mois j'ai décidé de garder la grossesse et de ne plus revoir cet homme ni lui demander d'assumer. Il faut savoir que je suis très amoureuse de cet homme et que je souhaitais un enfant de lui, inconsciemment ou non on a pris tous les deux le risque d'une grossesse car on n'a jamais utilisé de moyens contraceptifs…  A l'annonce de ma grossesse j'ai été paniquée, puis épanouie, je me projetais avec ce bébé, cherchais un prénom, puis malheureuse car j'ai pris la décision d'avorter ne pouvant me résoudre à l'obliger à être père (il n'en voulait pas mais il ne pouvait pas non plus ignorer cet enfant et ne pas l'assumer en tant que père), et mesurant ce que cela impliquait pour un enfant. Je n'étais pas sûre de pouvoir lui procurer une sécurité affective suffisante pour grandir. Depuis j'ai mal, je ne sais plus où j'en suis, entre doute et tristesse, culpabilité, je me sens vide et très seule. Le père je ne l'ai pas revu, il me fuit alors que j'aurais besoin de lui pour tourner la page. Depuis 3 semaines je pleure énormément, je sens que cette IVG a réveillé mes blessures d'enfant, peur de l'abandon, de ne pas être aimée. je sens que je suis en pleine remise en question, qu'il va me falloir réagir et accepter de regarder en moi pour avancer. Je pressens que la route va être longue et je choisis aujourd'hui de me faire aider par une prise en charge psychologique afin de comprendre pourquoi je voulais un enfant dans ces conditions, quel vide il devait combler?
Merci pour cet espace de parole.


Cécile
J'ai avorté il y a 4 ans maintenant. A ce moment là, je venais d'avoir 18 ans, j'étais encore au gymnase et ma situation financière et familiale ne me permettait pas de garder ce bébé. Lorsque je me suis aperçue que j'étais enceinte j'en étais déjà au troisième mois de grossesse. La question ne s'est pas posée tout de suite puisque je n'ai eu aucun signe qui m'aurait fait penser à une éventuelle grossesse. Je prenais la pilule à ce moment là et je ne l'ai jamais oubliée. – Cette expérience était la plus dure que j'ai vécue.
Etant donné que j'étais déjà enceinte de trois mois le médecin ne voulait tout d'abord pas m'opérer et elle m'a traitée comme la dernière des merdes en me disant que j'étais inconsciente que j'aurais dû le voir, etc…il était pourtant marqué sur mon dossier que je prenais la pilule et que je m'étais donc protégée et que je n'avais pas eu un comportement à risque.
Finalement elle m'a quand même prise et elle m'a expliqué comment allait se dérouler l'opération avec des mots comme: "éclatement du foetus", "refaire le puzzle à l'extérieur pour être sûr qu'il ne restait rien". Le lendemain, le jour de l'intervention, j'étais super tendue et je n'avais plus envie de la faire, même si je savais que je le faisais autant pour moi que pour mon bébé.
L'intervention était un simple curetage.
Après l'intervention j'étais en premier lieu soulagée que tout se soit bien passé, mais ce sentiment a vite changé et j'ai senti comme un vide en moi et je me sentais seule car personne autour de moi n'a subi un avortement. En parler à des copines? oui bien sûr mais elles ne peuvent pas se mettre à ta place si elles ne l'ont pas vécu. ll m'a fallu je pense en tout cas deux ans pour m'en remettre et même encore maintenant j'y pense et ça me rend triste parfois. Et je me demande quelle aurait été ma vie si j'avais eu ce bébé.
J'oublierais jamais ce jour ni cette période de ma vie mais je sais, au fond de moi que c'était la bonne décision.


Luna
J'ai procédé à une ivg il y a 2 mois à l'hôpital cantonal. Je suis tombée enceinte une deuxième fois après une fausse couche, mais voilà que mon ami ne voulait plus de cet enfant, même si ce n'était pas un accident. Il me disait qu'il fallait que j'avorte ou il allait me quitter, j'ai donc été sous pression, car il disait aussi que si je décidais de le garder il me pourrirait la vie.
J'en ai longuement discuté avec mon médecin qui avait fait les écographies, mais la décision était prise, j'ai donc avorté à la 11ème semaine avec intervention chirurgicale, les soignants très compréhensifs m'ont comprise et aidée. Je pense sincèrement que jamais je ne pourrais oublier ce que j'ai ressenti avant d'entrer au bloc opératoire: le doute et la tristesse m'envahissaient mais pour le bien de mon "futur" enfant il en était mieux ainsi, car il allait venir au monde sans père. Le coeur d'une femme heureuse me disait de le garder, mais pas celui de la future maman que j'aurais pu être.
À toutes celles qui sont confrontées à ce choix, si votre ami vous dit les mêmes choses qu'à moi, méfiez-vous, le mien me quitta le lendemain de l'intervention ! et prenez en considération la femme et la mère, parlez-en autour de vous et s'il vous plaît ne culpabilisez pas…


Eliane
J'ai avorté le 8/12/2004… après 8 semaines de grossesse… que j'ignorais totalement.
J'ai arrêté ma pilule "comme ça", sûrement à cause d'un désir inconscient d'enfant sans en parler à mon conjoint.
Après avoir parlé à ce dernier, j'ai décidé de ne pas continuer avec la grossesse, car les conditions mêmes de la conception étaient particulières… moi n'étant pas très consentante dans ce moment d'intimité pour dire la vérité…
Quand j'ai récupéré ma prise de sang ce soir de novembre, je suis rentrée chez moi sans même regarder les résultats et en lisant de plus près, là j'ai vu le taux de HCG… j'étais donc enceinte. Quel sentiment étrange à ce moment là, bonheur et inquiétude totalement mêlées. Je me regardais dans le miroir et mes larmes coulaient toutes seules pendant que je parlais à cet enfant qui ne verrait jamais le jour… Je lui ai dit que je l'aimais et qu'il serait toujours dans mon coeur malgré tout.
Mon conjoint n'était pas contre, mais il n'a pas sauté de joie comme je m'y attendais… il m'a dit "ton corps va changer au cours des 9 mois prochains"…
Le Planning Familial de la ville a été très accueillant et très chaleureux, sans jamais me juger. Le médecin qui m'a opérée est un partisan de l'avortement, et ironie du sort : il m'avait administré une pilule au Planning Familial environ un an et demi auparavant… c'est lui même qui m'a reconnue quand j'ai été à la visite médicale avant ce fameux jour de décembre.
Je vais bien, mais j'y pense parfois et je me dis que je ne pourrai jamais mettre un visage sur ce début de vie… passée.


Liliana
J'avais 15 ans quand cela m'est arrivé. Mon IVG c'est passée à l'hôpital cantonal de Genève. J'avais un copain qui a été là pour me soutenir – d'ailleurs c'est toujours le même. Nous étions jeunes et ma mère ne m'avait jamais proposé la pilule. Je croyais que ça ne m'arriverait jamais… Je n'ai pas fait attention à la régularité de mes règles, j'étais enceinte sans le savoir. Un jour, le 2 avril 2002 précisément, j'ai eu un malaise, on m'a emmenée à l'hôpital, l'infirmière m'a oscultée puis a fait sortir ma mère de la salle. Elle voulait m'informer de ma grossesse. Tout s'est passé très vite après, car j'étais déjà enceinte de 14 semaines. J'étais vraiment trop jeune pour le garder et mes parents n'acceptaient pas ce qui m'arrivait, j'ai donc opté pour l'avortement. Le problème est que le foetus était déjà grand et on m'a provoqué une fausse-couche. Je suis restée 2 jours à la maternité. L'infirmière m'a montré son sexe. C'était un petit garçon. Quand on a l'identité du petit être, c'est très difficile. Je me suis sentie très coupable, mais avec le temps cette culpabilité diminue. 5 ans plus tard, je suis à nouveau tombée enceinte. Encore une fois trop tôt, à cause de mes études. J'ai avorté le 24 avril 2006, cette fois j'étais plus mature et le fait que cela me soit déjà arrivé une fois m'a donné la force pour ne pas que je déprime. La présence de mon entourage a été très importante, je le vis bien, et je sais que la prochaine fois ce sera le bon moment.


Anne, 17ans
J'ai avorté il y a 4 mois. Depuis très longtemps j'étais en conflits réguliers avec ma mère. Au début c'était des disputes qui ont vite dégénéré en hurlements puis en coups. Je rêvais de quitter la maison (devenue synonyme de dispute et d'incompréhension) pour faire ma vie avec un enfant et mon copain. Un jour, j'ai décidé de passer à l'acte et de faire un bébé. Je sortais avec mon copain depuis un an. On en avait longuement discuté et il était d'accord. Il avait 25 ans. J'ai décidé de quitter la maison quelques semaines au moins pour prendre l'air. Je comptais séjourner chez mon copain. Avant de partir, ma mère qui se doutait de mes intentions (faire un bébé) et qui ces derniers temps surveillait mes cycles, m'a demandé de faire un test de grossesse. Sur le moment, je pensais ne pas être enceinte puisque je ressentais une douleur dans la poitrine qui survenait habituellement à l'approche des règles. Le mois d'avant je n'avais pas eu mes règles, mais comme j'y pensais trop je croyais que psychologiquement je me les avais arrêtées. C'est lorsque le test s'est avéré positif que j'ai réalisé que j'étais enceinte. Et là ce n'était plus du jeu. Il fallait prendre une décision rapidement. A ce moment, mon cerveau s'est mis à fonctionner à toute allure. Il y avait 2 présences en moi: la présence consciente qui était la réalité (l'impossibilité de le nourrir car manque d'argent, la situation non convenable pour ce petit bout) et la présence inconsciente qui était l'envie, l'attente d'avoir un bébé et les sentiments. J'ai choisi mon côté conscient et décidé d'avorter. Tous les entretiens avant l'avortement ce sont passés avec mes parents et mon copain qui n'était pas trop d'accord avec ma décision.
Au début j'ai choisi la méthode médicamenteuse qui était pour moi la plus pratique, mais au moment de prendre le médicament j'ai pas pu le mettre dans ma bouche à l'idée d'arrêter ma grossesse moi-même. Je pense que je m'en serais voulue toute ma vie. Ils ont dû refaire tous les papiers pour me prescrire la méthode par aspiration.
Maintenant que j'ai avorté je me dis que c'était la meilleure chose à faire parce que je n'aurais pas pu lui offrir la vie que je rêvais de lui faire découvrir. Mais l'inconscient revient régulièrement car les sentiments ça ne se contrôle pas et cette partie qui dominait dans moi se fait voir à certains moments. Je pense qu'on ne peut pas l'oublier et qu'on doit apprendre à vivre avec en se disant que c'était le mieux pour le bébé et moi. C'était plus facile à dire qu'à faire. Pour faciliter les choses j'ai écrit une lettre à mon bébé et je l'ai enterrée. C'est un message où j'exprime tous mes sentiments et où je lui fais comprendre mon choix. Ça m'a beaucoup aidée.


Laure
Je suis rentrée de voyage en février 2004, j'étais enceinte. Très amoureuse mais très perturbée par cette histoire toute nouvelle et si loin de mon quotidien. J'en ai parlé à ma mère, en coup de vent, n'ayant pas le temps d'en discuter longuement avec elle, je lui ai demandé de tenir sa langue pour pouvoir en reparler avec elle. Mais elle en a touché mot à mon père qui a eu une longue conversation téléphonique avec moi. Il souhaitait que j'interrompe ma grossesse. Pour lui, ça semblait être l'unique solution. J'avais 24 ans. Majeure, mais pas encore indépendante financièrement. Nous nous sommes fortement disputés au téléphone. J'ai beaucoup pleuré, beaucoup hésité, pesé le pour et le contre, j'en ai beaucoup parlé aussi avec des amies et j'ai réalisé que je n'étais ni la première à vivre cela, ni la dernière.
J'avais accompagné une amie dans ses démarches pour interrompre sa grossesse quelques années plus tôt, mais quand il s'agit de soi-même c'est beaucoup plus difficile de se prendre en main. Finalement je suis sortie du cercle de mes connaissances proches: visite au planning familial, juste avant la fermeture, mais quelqu'un m'a reçue: une femme très à l'écoute qui m'a conseillé de garder mon calme, de réfléchir au pour, au contre, de lister même si je le souhaitais et de revenir parler avec elle ensuite. J'avais déjà réfléchi énormément. Je savais que mon ami n'aurait pas hésité à garder l'enfant, mais je ne savais ni quand j'allais le revoir, lui, ni s'il était possible qu'on se retrouve et vive ensemble quelque part. En plus je me sentais très peu soutenue par mes parents. J'en ai beaucoup discuté par téléphone avec mon ami, j'avais très peur de ma décision, quelle qu'elle soit. Et puis j'ai eu le sentiment que je devais me laisser le temps: Laisser partir cet enfant cela ne veut pas dire que tu n'en auras pas…
J'ai appelé à la Maternité de Genève pour prendre un rendez-vous, comme me l'avait conseillé la personne du planning, mais au téléphone on m'a reçue de manière extrêmement désagréable. J'ai ensuite appelé un gynécologue conseillé par ma gynécologue habituelle. J'ai pris rendez-vous. Dans la salle d'attente j'avais envie de vomir en voyant toutes les femmes rondes, souriantes et accompagnées, envie de partir en courant.
Après l'échographie, le médecin m'a fait signer un papier, m'a donné 4 cachets et la photo du bb, et m'a dit texto: "amusez-vous bien". J'aurais pu lui casser la figure. Je suis sortie et j'ai pleuré, pleuré et repleuré. J'ai regardé l'image de ce petit truc en moi, cette image qui d'habitude évoque la joie était tout à coup une source de tristesse. J'étais toute seule. J'ai recommencé à hésiter, les cachets à la main. J'ai appelé mon ami qui m'a dit pour la première fois depuis le début de mes démarches: "je te soutiens, c'est notre décision, c'est pas le moment d'avoir cet enfant". Je crois que ça m'a calmée. J'ai pris les cachets et puis je me suis dit: c'est mieux comme ça, c'est notre décision.
J'ai eu une grosse période de déprime ensuite. Une des amies avec qui je voyageais est tombée enceinte en même temps que moi et elle à gardé son bébé. Pour moi ce fut un énorme pas d'aller la voir avec sa petite fille qui a l'âge qu'aurait mon enfant si je l'avais gardé. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Mais ça m'a laissé un bleu au moral, j'ai très envie d'avoir un enfant à présent mais j'ai peur de me sentir à nouveau perdue. voilà.


Anne Sophie, 21ans
j'ai avorté le 3 mars 2006 et j'étais enceinte de 12 semaines. Un moment douloureux de ma vie que je n'oublierai jamais et qui me hante. Je ne voulais pas de l'enfant c'était une certitude: pas de relation stable avec le père (malgré tout un très très bon ami), des projets d'études longues, aucune ressource propre pour l'élever. Bref un désir d'être mère mais dans quelques années. Pourtant ce petit bout est venu sans que je ne lui demande rien. Après un rapport ou le préservatif a craqué, j'ai pris la pilule du lendemain, persuadée de son efficacité. J'ai eu des pertes de sang à la date de mes règles. Mais j'ai quand même commencé à m'inquiéter: les seins qui gonflent, des vomissements à répétition… j'ai décidé de faire un test qui s'est révélé négatif. Je me suis donc dis que je n'étais pas enceinte. Mais mes règles suivantes ne venant tjs pas,j'ai compris. Cette fois ci le test était positif. Mais un gros doute sur la date de conception. Pour moi elle était récente étant donné que le 1er test était négatif et que j'avais eu des "règles". Le rendez-vous a donc été pris pour 1 IVG médicamenteuse. Mais lorsque a été réalisée l 'écographie et que j'ai vu ce petit bout sur l'écran j'ai compris que la grossesse était avancée (cette image m'a marquée à vie). La peur m'a envahie quand le médecin m'a parlé de 11 semaines voir plus. Le délai était-il dépassé ou non? Je me suis liquéfiée. Après des minutes terribles de silence, de calculs et de photos du foetus on m'annonce que je suis tout juste dans les délais. Un soulagement suivi de frissons lorsqu'on me parle de toutes les complications possibles… au final j'ai donc pris des cachets quelques jours avant l'opération vu le stade de la grossesse. Le jour j arriva: un moment des plus difficiles de ma vie et surtout douloureux, toutes ces contractions, un enfer… mais quel soulagement quand tout était fini (même si j'ai rencontré quelques problèmes par la suite). Heureusement le personnel médical a été extra et très adorable. Egalement des parents géniaux: un grand merci à eux pour leur soutien. Merci à mes amis. Une petite pensée aussi au "papa": malgré certaines tensions je le remercie pour sa présence et précieuses câlineries. Je souhaite beaucoup de courage à toutes celles qui se retrouvent dans mon cas. Une pensée à vie pour ce petit bout qui n'avait rien demandé et à qui j'ai ôté la vie, pour son bien…


Melissa, 17 ans
Au mois de février, je suis sortie avec un garçon, très peu de temps. Nous avons eu des rapports sexuels sans préservatif … comme je prenais la pilule, je ne me suis pas trop posé de questions … ensuite, mes règles ne venaient pas … dans ma tête: impossible d'être enceinte … on m'a toujours dit que la pilule était fiable à 99.9%, donc ce serait vraiment très peu probable …
Après, dans ma tête c'était clair, je savais que j'étais enceinte … j'en étais persuadée mais je n'osais toujours pas faire de test … je prends mon courage à deux mains … je vais à la pharmacie et en achète un … le lendemain, le test se révèle positif et je ne suis pas surprise …
J'ai toujours dit que je n'avorterais jamais… pour moi, ça aurait été trop dur… mais je respecte totalement les femmes qui l'ont fait… je pense que c'est bien qu'une femme puisse décider de garder ou non le bébé et que si elle ne désire pas le garder, c'est qu'elle a ses raisons et que ce n'est sans doute pas facile pour elle…
L'heure est venue de dire à mon copain que j'attendais un enfant… problème : on s'était séparés avant… sans que je lui parle de mes doutes… Lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, j'en étais à 6 semaines… j'ai pris deux semaines où j'en ai parlé à personne… pour ne pas être influencée… ensuite, j'en ai parlé à mon copain… au début, c'était facile… il a super bien réagi … ça s'est corsé quand je lui ai dit que j'allais le garder… à partir de ce moment-là, il soutient que ce n'est pas le sien … j'attends donc de faire un test de paternité, après ça … il ne pourra avoir aucun doute …
L'annonce à ma famille s'est plutôt bien passée … je désirais partir de chez ma mère … pour moi, je ne pouvais pas être mère en étant chez la mienne … à mes yeux, il fallait que je parte du cocon familial pour me construire en étant mère à 100% … ce que j'entends par 100% c'est la lessive, les courses, les repas, le ménage … une merveilleuse solution s'est offerte à moi … aller dans un accueil mères-enfants … j'y suis depuis le 20 septembre… là-bas, on est vraiment bien soutenues … on est 3 à vivre dans un appartement, avec chacune notre chambre et des pièces communes … ici, le principal c'est qu'on soit bien avec notre bébé et qu'il soit en sécurité avec nous … si on n'a pas de métier, ce n'est pas grave… on reçoit de l'argent pour les courses et le petit …
personnellement, j'ai un apprentissage … j'aurai 16 semaines de congé maternité durant lesquelles je devrai quand même suivre les cours … j'en suis actuellement à 8 mois de grossesse … mon terme est prévu pour le 5 novembre …
Peut-être certaines filles ou femmes aimeraient garder leur bébé mais n'ont pas les moyens … moi, je voulais le garder et j'ai trouvé ces moyens.


Mylène
j'ai subi 2 IVG (malgré la prise de pilules) et je vis avec cela depuis 12 et 11 ans. J'étais mariée et j'avais deux enfants de 1 an et 2 ans et demi. Je ne me suis pas posé de question car mon mari m'avait dit tu avortes ou je pars avec les enfants. Il avait un travail et moi pas, donc j'ai eu peur de perdre mes enfants. J'en ai parlé à une amie qui m'a parlé d'une clinique. J'ai pris RV et le gynéco très sympa me le confirme et je lui explique que je ne peux pas garder cet enfant. Il me rassure et me donne RV 4 jours plus tard pour l'IVG. Je me suis débrouillée avec mes souffrances, mes doutes;  mon ex mari me laissant affronter cette douloureuse épreuve seule. Ma mère m'a pas spécialement aidée car elle est contre.
Pour la seconde IVG, j'ai cru mourir, je me suis dis ce n'est pas possible, mais que vais-je faire? et là mon ex me menace de nouveau, je suis effondrée, et je prends RV avec un gynéco. Je lui dis que je ne peux pas garder cet enfant parce que mon mari va me prendre mes enfants. Il tente de m'expliquer qu'il ne peut pas etc.. mais je n'entends rien, il faut qu'il m'aide à me faire avorter. RV fixé, je m'y rends, mon ex me dépose devant la clinique, le personnel est super sympa et me réconforte du mieux qu'ils peuvent mais je me sens si mal. J'avais presque 25 ans et j'ai subi une 2éme IVG… tant de gens souhaitent un enfant et moi je retire une vie de nouveau.
Je vis depuis avec ce poids, j'en ai parlé à mes enfants qui sont grands maintenant et mon fils avait besoin de savoir. Je ne regrette pas mon geste, même si depuis je suis en instance de divorce. Je n'aurais jamais pu élever 4 enfants.
Bon courage à vous toutes et un grand merci aux femmes qui se sont battues pour avoir le droit de choisir, même si moi cela n'a pas forcément été mon choix.


Audrey, 26 ans
J'habite en France et j'ai eu une IVG. Je suis mariée et j'ai 2 enfants. Je n'exerce pas de profession salariée. Je suis tombée enceinte à cause d'un oubli de pilule… C'est vraiment nul. Si je n'avais pas oublié, rien de tout cela ne serait arrivé. J'avais un retard de règles donc j'ai fait un test. Comme il était positif, j'ai pris RDV le jour même chez mon médecin généraliste.
Quand je suis sortie du cabinet, je suis allée faire une prise de sang dans l'hôpital de ma ville. J'étais en larmes… Tout le personnel du labo a été vraiment gentil avec moi: des infirmières m'ont consolée, la secrétaire m'a proposé à boire, etc.
A la sortie du labo, je suis allée au planning familial de l'hôpital avec un mot de mon médecin. Une personne pas très sympa m'a reçue, et m'a dit qu'elle pouvait aider seulement les mères en difficultés, les mineures, les démunies… Et que je devais avoir un entretien obligatoire avec une assistante sociale avant de faire mes démarches.
Je n'ai pas écouté ses conseils et suis allée, par moi-même, au service consultations de gynécologie. On m'a donné RDV le lendemain pour une écho. Le gynéco a été très sympa. Il m'a posé qques questions du genre: pourquoi c'est arrivé, etc. Il a fait l'écho, sans rien dire, sans commentaires (ce que je redoutais). Il a daté le début de grossesse et m'a demandé de patienter devant le bureau des infirmières. L'entretien avec l'infirmière s'est bien passé. Quelques questions de routine, m'explique ce qu'est une IVG, comment ça se passe. Elle prend RDV pour moi chez l'anesthésiste.
J'ai deux semaines d'attente avant l'intervention, tellement la liste d'attente est longue. Il y a autant de femmes qui se font avorter dans ma ville? Je n'en reviens pas… Pour moi commence une grande réflexion. Est-ce que je fais le bon choix? Est-ce que je ne vais pas le regretter? J'ai deux enfants, mon couple qui bat de l'aile, et j'ai envie de retravailler, de pouvoir sortir etc. Et surtout je ne me sens pas le courage d'avoir un 3e enfant. Non, je n'en veux pas. Cette décision me fait mal au coeur. Mais je sais qu'au plus profond de moi, c'est la bonne.
Deux jours avant l'intervention j'ai pris un cachet qui dilate le col de l'utérus. Et ce matin je suis rentrée à l'hôpital. Le temps de poser mes affaires et de mettre la chemise ouverte derrière, et on est venu me chercher. Je suis rentrée au bloc, perfusion, masque à oxygène et plus rien… ça a duré 15 min.
Et je me sens tellement mieux. Le personnel du service gynéco a été vraiment bien avec moi. Celui du bloc et de la salle de réveil également. On a pris soin de moi, on m'a écoutée, on m'a traitée avec professionnalisme. J'avais peur qu'on me traite comme une méchante meurtrière qui n'avait qu'à pas oublier sa pilule, ou qu'on me fasse culpabiliser. Evidemment il n'en a rien été. Je voudrais encore remercier tout ceux et celles qui se sont occupés de moi.


Catia
J'avais 16 ans quand je suis tombée enceinte, je prenais la pilule mais …Il y avait à peu près un an que j'étais avec mon petit copain, tout allait pour le mieux, quand des nausées et une envie incontrôlable de manger ont commencé à se faire sentir, 1 semaine passe, ensuite 2 et ainsi de suite jusqu'à ce que mes règles arrivent enfin avec 3 semaines de retard – donc aucune inquiétude, mais j'avais quand même ces nausées et cette faim persistante… Je décidai de faire le test dans les toilettes de chez moi, avec mon papa au salon… Le test s'avère positif, je me souviens que ça a été le trou noir… que faire ? à qui en parler ? pourquoi moi, pourtant je me protégeais ? je n'ai que 16 ans …
Je décidai de le dire le jour même à mon copain de l'époque et il me répondit une phrase qui résonne encore dans ma tête : "hé ben! c'est rien, t'as qu'à avorter" comme si c'était comme aller acheter une livre de pain….
J'ai décidé d'en parler à ma maman qui a eu un comportement admirable, elle ne m'a pas imposé de choix, elle m'a simplement dit que quelle que soit ma décision, elle sera toujours là pour moi et qu'elle m'aimait…
J'ai avorté à 14 semaines dans une clinique privée en mai 1993, il y a un peu plus de 13 ans ! Je me souviens qu'après l'intervention je me suis réveillée et que les nausées avaient complètement disparu… et que je pleurais car je ne savais pas si j'avais pris la bonne décision…
J'ai aujourd'hui 29 ans et pas d'enfant… j'y pense encore souvent et me demande quelle serait ma vie aujourd'hui avec un enfant de 13 ans – aucune réponse – tout ce que je sais c'est qu'à l'époque, dans ma tête de 16 ans, il était inconcevable de pouvoir élever un enfant et de lui donner tout ce dont il a besoin, j'étais moi-même encore une enfant !


Cynthia, 19 ans
Je suis enceinte de 8 semaines et je l'ai appris il y a maintenant 3 semaines… Je vivais au moment une peine d'amour très douloureuse, alors la première idée qui m'est venue à l'esprit était de garder l'enfant parce que j'étais toujours amoureuse de mon copain et qu'en faisant cela j'avais la certitude de rester en contact avec lui.. Je sais maintenant que je ne pensais qu'à moi dans cette histoire et à mon amour pour mon ex… Quand je le lui ai annoncé il a décidé de ne plus m'adresser la parole, donc j'ai dû traverser ça seule en plus de vivre une affreuse peine d'amour… J'ai pris un premier rendez-vous pour l'avortement et j'ai renoncé… Peu de temps après, mon ex m'a téléphoné après deux semaines de silence. Il est venu chez moi et m'a fait de belles promesses qui ont duré à peine 2 jours… Il m'a une seconde fois laissée tomber… J'ai alors pensé à moi et je m'ai beaucoup parlé à moi-même et j'en ai conclu étant donné mes études et ma condition présente qu'il était mieux d'avorter… Mon rendez-vous est prévu pour demain et je dois vous avouer que j'ai vraiment très peur… J'aurais aimé que mon ex soit là pour m'aider à traverser cette étape de ma vie qui le concerne aussi, mais heureusement je suis bien entourée.. Le conseil que je peux vous donner est d'en parler… J'ai vécu cela seule et ça a été très difficile pour moi.. Je débute ma vie d'adulte et je suis certaine de mon choix parce que certaines personnes m'ont aidée.. Parlez-en!!

2 semaines plus tard, Cynthia écrit:
J'avais choisi l'avortement parce que je n'étais plus avec mon copain et je ne voulais pas élever un enfant sans papa!! et je voulais me consacrer à mes études. J'étais toujours amoureuse de lui, mais maintenant je me sens beaucoup mieux. J'avais très peur et voilà maintenant que c'est fait!! Je voulais vous en parler un peu parce que je sais que beaucoup de femmes ont peur de l'avortement. J'y suis allée très anxieuse, mais pourtant l'opération s'est très bien passée et pour ma part je n'ai pas trouvé que c'était douloureux physiquement.. Les premiers jours tu te sens un peu à l'envers, mais peu après je me sentais tellement libérée! Un énorme poids sur les épaules qui avait désormais disparu. Je suis allée avec une personne que j'aime beaucoup et qui est importante pour moi. Je crois qu'il est important de bien choisir la personne pour nous accompagner car son support est important. Je vous souhaite à toutes bonne chance et pour ma part tout va pour le mieux… 😉


Emilie, 25 ans
Cela fait 7 ans que je sors avec le même homme, âgé de 4 ans de plus que moi, mais nous n'habitons ensemble que depuis 3 mois. Je suis tombée enceinte parce que une seule, je dis bien une seule fois je n'ai pas pris ma pilule. Et bêtement, de plus de par ma profession para-médicale, je n'ai point pensé à prendre la pilule du lendemain. J'ai ressenti que j'étais enceinte peu de temps après, mais je ne voulais pas y croire, alors j'ai attendu 7 jours de retard de règles pour effectuer un test qui s'est avéré positif. Après réflexions avec mon compagnon et des réponses une fois et d'autres -, nous avons pris la résolution d'une IVG médicamenteuses à 5 semaines de grossesse effectuée cet après-midi en clinique. Le médecin m'a un peu engueulée, irresponsable, bref, je ne le referai plus! Voilà, j'ai pris les 3 premiers cachets ce soir, les 4 autres vendredi en deux prises et j'ai rendez-vous au gynéco ds 15 jrs… Je ne regrette pas de l'avoir fait, et en hommage à la Journée de la Femme…


Angeline
j'ai 22 ans et le 5 juillet 2005 j'ai avorté! Cet événement a bouleversé ma vie! Je suis étudiante et réussi dans mes études je touche mon rêve du bout des doigts!
Je prenais la pilule, mais je suis tombée enceinte, je vivais avec mon ami. Lorsque j'ai fait le test et qu'il s'est avéré positif, ma vie a défilé devant mes yeux. J'ai voulu garder cet enfant, puis je ne voulais pas et mes sentiments se sont mélangés, j'ai pris rendez-vous a l'hôpital sans que mon ami ne sache que j'étais enceinte. Après la prise de sang et l'échographie je lui ai avoué, il le voulait absolument. On est allé voir une conseillère, mais j'étais perdue! Je me suis décidée le jour où mon copain m'a giflée. Je me suis dit que s'il le faisait enceinte il le ferait devant notre enfant! J'ai pris rdv à l'hôpital où tout s'est enchaîné! Le jour même j'ai hésité toujours, mais je l'ai fait. Voyant mon mal-être les infirmières m'ont rassurée alors que je me suis sentie sale face aux regards des médecins. Depuis, je suis toujours avec mon copain, mais tout s'est dégradé. Pas un jour ne se passe sans que je pense à mon bébé. C'est pour lui que j'ai fait ça. Moi, petit à petit je tente de m'en remettre. Pourtant je ne regrette pas ce geste et quand je vois 8 mois après, la relation qu'on a avec mon ami, je me dis que si c'était à refaire je le referais, mais ça ne m'empêche pas d'aimer mon enfant perdu, bien au contraire!


Pauline
J'ai 23 ans et j'ai subi mon avortement il y a maintenant 1 an et 4 mois. Pour commencer, j'ai senti ma poitrine gonfler et de légères douleurs au ventre, mais l'idée que je puisse être enceinte était exclue puisque j'avais eu mes règles 2 semaines auparavant. Malgré tout je me rends à la pharmacie pour y acheter un test. Lorsque j'ai vu qu'il était positif, j'étais au travail et le monde a fait mille tours… ça y est je suis enceinte… Il faut que j'en parle à mon homme, comment il va réagir? Plutôt bien, enfin du moins nous étions d'accord sur le fait que nous ne pouvions pas garder cet enfant, même s'il était le fruit de notre amour, nous n'étions pas prêts et notre couple à ce moment battait un peu de l'aile.
J'ai aussi appelé ma mère, qui m'a également aidée à fond en faisant des recherches sur le net, en appelant sa gynéco et surtout en me soutenant moralement. S'en suit la visite chez le gynéco au planning familial, il était censé m'aider, m'expliquer et non pas m'accabler de reproches, presque à me culpabiliser…
Bref j'étais enceinte de 7 semaines et un jour, autrement dit il était trop tard ou presque pour faire le traitement médicamenteux. Il me le prescrit tout de même afin de m'éviter l'intervention chirurgicale. Pas de chance!! Au bout de la 1ère prise de cachet, l'oeuf était bien sorti – je ne pensais pas qu'il serait aussi grand – malgré tout il restait quelques résidus. Je reprends donc un comprimé sur la demande du médecin et là c'est le début de l'enfer: Comme je travaillais, cette prise s'est faite sur mon lieu de travail. Je commençais mon service au restaurant, mais le sang coulait le long de mes jambes et ne s'arrêtait plus. Je rentre donc chez moi et appelle immédiatement le médecin.
Il me dit finalement qu'il va falloir effectuer un curetage, 2 jours après j'étais hospitalisée et dieu merci c'était définitivement fini, tout allait mieux, j'étais tellement soulagée que ce cauchemar soit enfin terminé!!
Depuis, j'ai arrêté la pilule afin de me faire poser un implanon sous le bras et c'est génial, ça change la vie. Je me suis séparée de mon ami, mais je ne le remercierai jamais assez de m'avoir tant soutenue et d'avoir assisté à tous les rendez-vous essentiels au bon déroulement de cette épreuve.
Bon courage à toutes, la vie est belle et malgré ces aléas elle continue…

Commentaire: Pauline n'a pas eu de chance! Elle compte parmi les 1 à 2 % de femmes qui saignent aussi massivement après l'IVG médicamenteuse.


Elodie
Lorsque j'avais 15 ans je suis tombée enceinte d'un homme qui a abusé de moi. Je ne sais pas pourquoi, mais je savais ce qui se passait à l'intérieur de moi. Je me suis tue, murée dans un silence profond pendant 11 semaines. Souvent, j'avais des nausées matinales, des envies étranges de concombre et je le rejetais. Un matin, ma mère s'est approchée de moi et m'a emmenée comme si de rien à la clinique. Je marchais en regardant le mouvement de mes pas, je me sentais honteuse. Au planning familial mon cas est passé en priorité, rdv au gynécologue, avec l'anesthésiste et l'aide psychologique et là le plus dur la question était-il majeur? A cette question j'ai répondu non, mais j'ai menti. Mentie pour que ce cauchemar ce termine, pour en finir. Quatre jour plus tard je me suis fait avorter, je suis sortie de la clinique, j'étais libre et une nouvelle Elodie est apparue. Je ne regrette rien, je n'ai jamais revu cet homme. Le problème c'est que je les crains, oui j'ai peur que cela m'arrive à nouveau.


Céline
Mon IVG a eu lieu le vendredi 21 octobre 2005. Ce fut une IVG médicamenteuse. Je n'ai que 18 ans et je suis avec mon petit ami depuis 2 ans environ. On savait très bien qu'il était impossible de garder ce bébé car nous sommes tous les deux dans nos études. On a alors décidé de consulter un médecin pour savoir ce qu'il fallait faire. Ce fut une expérience très douloureuse au niveau psychologique car personne n'était au courant à la maison. Mes parents ne le savaient pas et c'était très difficile de tout cacher. Au niveau physique, l'avortement a été quelque peu douloureux, mais c'est resté supportable. J'essaye petit à petit de ne pas y penser, de vivre avec, mais c'est très difficile.


Justine
Ma première ivg je l'ai faite à 15 ans et j'en ai souffert malgré le grand soulagement que j'ai eu quand je suis sortie de la clinique.
C'était ma première fois, il n'a pas mis de préservatif.
Je n'ai rien remarqué le premier mois ni le deuxième, je me suis dit que mes règles ne venaient pas à cause du stress. Entre début août et mi août je suis partie au planning familial d'un hôpital et là on m'a informée que j'étais enceinte de 14 semaines et demie et que c'était trop tard.
J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, mais je n'ai rien dit à ma mère. J'avais tellement peur qu'elle me rejette. J'ai laissé passer le mois d'août puis le mois de septembre et là je l'ai dit à un ami qui a prévenu l'assistante sociale de l'école. Elle a prévenu ma mère le lundi, le mardi on est parti faire l'échographie et les examens nécessaires, le mardi soir on prenait le car pour la Hollande, le mercredi j'étais hospitalisée dans une clinique privée.
Les médecins et les infirmières m'ont aidée puis rassurée, on m'a opérée en 2 fois, on m'a d'abord dilaté le col de l'utérus et ensuite on m'a retiré le foetus. Quand je suis sortie de la clinique j'ai eu un grand soulagement, mais une profonde tristesse s'est installée en moi.
Ensuite je suis retournée à l'école comme si de rien n'était.
2 mois après je me suis trouvé un petit copain avec qui je suis fiancée depuis. Au mois de février, une deuxième grossesse, on avait mis des préservatifs, mais il y a quand même des risques. J'ai avorté par médicaments 2 jours après que j'ai appris ma grossesse .
Je suis heureuse d'avoir pu avorter, mais j'ai un grand vide en moi et j'espère avoir des enfants dans les années qui arrivent.
Si une personne mineure lit ce message, je lui dis de dire la chose tout de suite et de ne pas attendre.


Danièle
Quand je suis tombée enceinte de mon 4ème enfant en septembre 2002 je ne voulais pas y croire. J'étais séparée de mon mari depuis 8 mois, j'avais 3 enfants, j'étais sans emploi et je vivais une liaison tumultueuse avec un homme marié. Quand je lui ai appris ma grossesse, il l'a refusée tout net. J'étais désemparée et il s'est avéré que je ne pouvais pas assumer un 4é enfant seule. J'ai pris r-v au centre d'ivg de Nancy et le médecin a fait une échographie afin de dater la grossesse qui était très récente. Toutes les personnes auxquelles j'ai eu affaire ont été très compréhensives. J'ai passé la semaine de réflexion dans un état second car je voulais cet enfant, je l'aimais déjà et je ne pouvais pas le garder. J'ai versé des litres de larmes et quand je me suis rendue au centre pour faire l'ivg, je suis restée à pleurer devant la feuille que je devais remplir, j'avais le coeur déchiré et je ne pouvais pas reculer. C'était une grossesse de 4 semaines et jamais je ne me suis pardonnée d'avoir été si irresponsable car bien sûr je n'avais aucune contraception.
J'ai tué mon enfant et je le pleurerai toute ma vie. Ca a été un des plus durs moments de ma vie et je regrette amèrement de ne pas avoir écouté mon coeur plutôt que ma raison car je me dis que j'aurais été capable d'assumer ce bébé.
Pour la suite de l'histoire, j'ai un 4é enfant, une petite fille qui a eu un problème de santé assez important à la naissance. A l'accouchement, j'ai eu une 4éme césarienne et j'ai fait une hémorragie lors de la délivrance. Les médecins accoucheurs n'ont pas eu d'autre choix que de me faire une hystérectomie pour sauver ma vie. Maintenant je ne pourrai plus jamais avoir d'enfant alors que j'aurais aimé en avoir encore et là vraiment je n'ai pas mon mot à dire. Serait-ce ma punition??

Je ne peux m'abstenir d'un petit commentaire. J'ai écrit plus haut: écoutez votre coeur et agissez conformément – sans pour autant perdre de vue les réalités. Il me semble que dans ce cas particulier, Danièle a mieux fait d'écouter la raison… et après 4 césariennes, l'hystérectomie, loin d'être une punition, était plutôt peut-être le signe pour lui faire comprendre: cela suffit!
Anne-Marie Rey


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