Dernière mise à jour:
LA MEILLEURE "PROTECTION DE LA VIE":
Des lois visant à restreindre l'avortement n'ont nulle part et jamais été en mesure, selon Ketting, de protéger la vie prénatale. Bien au contraire, l'expérience cruelle montre que c'est précisément dans les pays restrictifs (en particulier dans le Tiers Monde) que le taux d'avortement est particulièrement élevé et que dans ces pays, nombreuses sont les femmes qui meurent à la suite d'avortements clandestins.
En Amérique latine, malgré l'interdiction rigoureuse de l'avortement, le taux est en moyenne quatre fois supérieur à celui de l'Europe occidentale. De même, ce taux est considérablement plus élevé en Europe orientale. Cela s'explique par le fait que jusqu'à très récemment, les contraceptifs disponibles en Europe orientale n'étaient pas fiables, pas plus que n'existait une éducation sexuelle.
En Europe occidentale, le taux d'IVG varie entre un minimum d'environ 6 pour mille femmes en âge de procréer (de 15 à 44 ans) par année aux Pays-Bas (1995) et un maximum de 18,5 pour mille en Suède. Chiffres plus récents. Le taux suisse – environ 8 pour 1000 – appartient aux plus bas d'Europe.
Comme le souligne le Dr Ketting, il est aujourd'hui scientifiquement établi que le taux d'IVG ne dépend pas de la loi. Il n'est pas plus bas dans les pays qui connaissent des lois restrictives que dans les pays dont la législation est libérale. Le but des lois restrictives, qui est de détourner la femme de l'avortement, n'est donc pas atteint. Selon Ketting, chiffres à l'appui, le nombre d'IVG ne dépend que des moyens anticonceptionnels à disposition de la population et de la qualité de l'éducation sexuelle.
SUCCÈS HISTORIQUE AUX PAYS-BAS
Le taux d'IVG aux Pays-Bas était le plus bas du monde en 1995 (6 IVG pour 1000 femmes de 15 à 44 ans). Et cela, bien que l'avortement soit légal, facilement accessible et gratuit pour toute femme résidant dans le pays.
[Le taux d'avortement a augmenté aux Pays-Bas depuis 1996 pour atteindre 8.7/1000 en 2002. Cette évolution a été attribuée principalement à l'augmentation de la population étrangère dont la mentalité contraceptive n'est pas encore suffisamment développée. cf. les détails…]
Le Dr Ketting a qualifié les affirmations selon lesquelles la statistique néerlandaise des IVG serait incomplète (il y aurait un grand nombre d'IVG non déclarées) comme un "pur non-sens" :
Aux Pays-Bas il existe une "culture de la planification familiale" très développée. Cela signifie que chacune, chacun est très conscient qu'une grossesse non désirée doit être évitée dans tous les cas. Ainsi le nombre de grossesses non désirées est très restreint. 95% des naissances d'un premier enfant sont planifiées. Environ 2% seulement sont entièrement non désirées.
Une grossesse non désirée et une interruption de grossesse sont vécues comme un acte manqué. L'IVG n'est pas une méthode de régulation des naissances. Dans la plupart des cas, l'IVG résulte d'un échec de la méthode de contraception.
L'introduction du régime du délai fut accompagné d'une forte volonté de tous les milieux (politique, médical, féminin, média etc.) d'activer la prévention.
1. Éducation sexuelle intensive
L'éducation sexuelle et contraceptive est obligatoire dans les
écoles. Mais elle est aussi présente en dehors de l'école, sous forme de
campagnes publiques et dans les media. À ce propos, on essaie de se
rattacher aux expériences pratiques et aux conditions de vie concrètes
des jeunes. L'éducation sexuelle a du succès parce qu'elle prend la
forme d'un dialogue ouvert et ne cherche pas à imposer des points de vue
moralistes. Le but est que l'individu soit pleinement informé et qu'il
soit capable de prendre des décisions responsables dans le domaine de la
sexualité.
L'expérience des États-Unis montre a contrario qu'une éducation sexuelle basée sur l'abstinence ne vaut rien – le taux d'avortement chez les jeunes aux États-Unis est beaucoup plus élevé qu'en Hollande (cf. tableau "Taux d'IVG pour 1000 femmes de 15 à 19 ans").
2. Contraception gratuite
Les coûts de la pilule, du stérilet et de la stérilisation sont
couverts par l'assurance-maladie de base. Cela signifie que ces moyens
sont gratuits pour 60% environ de la population,.
3. Accès au planning familial simple
Ce sont principalement les médecins de famille qui sont
responsables de la planification familiale. Entre 80 et 90% des
Hollandais s'adressent à leur médecin de famille pour ce conseil. Cela
veut dire que psychologiquement et géographiquement il n'y a pas de
barrières à l'accès au planning familial. On le trouve "juste au coin de
la rue". Il existe en plus un réseau de cliniques ambulatoires
indépendantes réservées au planning familial. C'est seulement dans des
cas très particuliers qu'il est nécessaire de consulter un spécialiste.
4. Lors d'une IVG, la contraception est au centre du conseil
Chaque femme ayant subi une IVG est informée en détail sur les
méthodes de contraception et peut tout de suite obtenir la pilule, un
stérilet ou un autre moyen contraceptif. C'est pourquoi les dénommées
"récidives d'IVG" sont relativement rares.
Ces mesures ont conduit à une utilisation très soutenue des méthodes de contraception les plus sûres (pilule et stérilisation). Plus fréquente que dans les pays scandinaves, où la pilule ne s'obtient que chez le gynécologue et n'est pas gratuite. De ce fait, le taux d'avortement est nettement plus élevé en Scandinavie qu'en Hollande.
Dans la classe d'âge des 20 à 24 ans, plus de 80% des femmes utilisent la pilule! Les campagnes anti-SIDA véhiculent le double message "Pilule et Préservatif", pour assurer une protection à la fois contre les grossesses non désirées et les maladies sexuellement transmissibles (ce n'est pas sans raison que cette méthode combinée s'appelle la "double Dutch"). La pilule n'a pas été abandonnée au profit du préservatif, les deux méthodes sont souvent combinées. Cela a aussi un effet éducatif : homme et femme prennent ensemble la responsabilité de la contraception.
Environ la moitié des couples âgés de 35 à 50 ans se sont fait stériliser (l'homme ou la femme). Dans environ 60% des cas, c'est aujourd'hui l'homme qui subit cette intervention.
De plus, la contraception post-coïtale ("pilule du lendemain") est bien connue comme mesure d'urgence, lorsque la contraception a échoué ou a été oubliée. Elle est mentionnée dans toutes les informations à la population et elle peut être obtenue sans problème chez le médecin généraliste. Elle est remboursée par la sécurité sociale sous les mêmes conditions que la pilule. La "pilule du lendemain" n'est pas la raison principale expliquant le taux d'IVG bas aux Pays-Bas, mais elle y contribue: environ 1'500 IVG sont ainsi évitées chaque année – c'est-à-dire que sans elle, le taux d'IVG serait d'environ 10% plus élevé (6,6 au lieu de 6 pour 1000 femmes).