Interruption de grossesse / avortement / RU 486 (Mifegyne): informations sans préjugés


La législation de l’IVG dans d’autres pays

Dans le monde entier, la tendance à la libéralisation des lois sur l’avortement se poursuit. Au début de 1997, l’Afrique du Sud s’est ralliée aux pays pratiquant le "régime du délai" (interruption de grossesse légalisée dans les premiers mois de la grossesse). En juin 1998, le peuple portugais a rejeté de justesse un tel régime, qui avait été adopté par le Parlement, tandis que l’Australie occidentale a mis en vigueur une telle solution.
Tableau des législations dans les pays du monde.

Aujourd’hui,

  • 41 % de la population mondiale environ vit dans des pays où la loi autorise l’IVG à la demande de la femme, dans un certain délai ou sans restrictions dans le temps.
  • 20% de la population vit dans des pays qui autorisent l’IVG pour des motifs sociaux.
  • 39 % de la population, principalement dans le Tiers Monde, vit dans des pays où l’interruption de grossesse n’est autorisée que si la vie ou la santé de la femme se trouve menacée.

La plupart des pays européens, les États-Unis, l’Australie occidentale ainsi que la Chine et quelques autres pays en voie de développement connaissent, parfois depuis plus de 25 ans, une solution du délai. Le Canada a abrogé toute disposition concernant l’avortement dans le Code pénal.

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Libéralisation et taux d’IVG

FAUX: "toute libéralisation provoque l’augmentation du nombre d’avortements"

Les craintes de voir l’introduction d’un régime du délai conduire à une augmentation sensible du nombre d’IVG et à négliger la contraception ne sont pas fondées.

La situation en Allemagne, Belgique, Hollande, Norvège et Suède, avant que ces pays n’introduisent le régime du délai, était très semblable à celle que nous connaissons en Suisse : une pratique libérale de l’IVG s’était déjà instaurée et la contraception était déjà largement ancrée dans la population. Or, dans aucun de ces pays, le nombre d’IVG n’a augmenté de manière sensible après la libéralisation.

Taux d’IVG légales avant et après l’introduction d’un régime du délai
(pour 1000 femmes de 15 à 44 ans résidant dans le pays)

Pays Avant l’introduction 1ère année après l’introduction  
Allemagne 8.7 (1990) 7.64 (1996)

7.7 (1999)

Pays-Bas 7.3 (1973) 5.1 (1985) 7.4 (1999)
Norvège * 18.2 (1973) 17.7 (1979) 15.5 (1999)
Suède * 18.5 (1974) 20.2 (1975) 18.1 (1999)

* Pour l’explication du taux relativement élevé d’IVG dans ces deux pays, regardez le tableau à la page "Succès historique aux Pays-Bas" (contraception fiable)


Le développement de l’embryon

Quelques notions :

  • Avant la nidation, on parle d’ovule fécondé.
  • Le stade suivant est celui de l’embryon (jusqu’à 8 à 10 semaines après la fécondation).
  • Après, on parle de foetus.
  • Légalement on ne peut parler d’enfant qu’à partir de la naissance.
  • Du point de vue médical, la durée de la grossesse se calcule à partir du 1er jour de la dernière menstruation.
  • Par contre, la fécondation n’a lieu que 14 jours plus tard.
  • Dans le régime du délai, les 12 semaines concernent donc un foetus de 10 semaines au maximum.
  • Du point de vue du droit pénal, la grossesse commence à la nidation, lorsque l’ovule fécondé s’est fixé dans la matrice, c’est-à-dire 7-14 jours après la fécondation.

Embryon, grandeur en cm

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Jusqu’à la 5e semaine après la fécondation (7 semaines de grossesse) une interruption de grossesse est possible par la méthode médicamenteuse (Mifégyne / RU 486)

En Suisse, environ 80% des interruptions sont effectuées entre la 6e et la 10e semaine de grossesse (4 à 8 semaines après la fécondation). L’embryon mesure alors entre 5 mm et 2 cm; il a à peine forme humaine.

FAUX: "les connaissances scientifiques prouvent que l’embryon est un homme"

La biologie nous permet aujourd’hui de décrire ce qui se passe exactement dans les différents stades du développement de l’embryon. Par contre, quelles sont les caractéristiques qui font l’homme, la personne humaine, quelle est la valeur morale de la vie embryonnaire en comparaison avec d’autres valeurs, ce sont là des questions éthiques et philosophiques auxquelles la science ne peut répondre.

FAUX: "Dès la 7e semaine, l’embryon peut ressentir la douleur"

Les réactions ou les perceptions conscientes (perception de la douleur par exemple) sont impossibles avant la 22e semaine, l’écorce du cerveau foetal n’étant pas fonctionnelle avant. Il n’existe pas non plus d’ondes cérébrales régulières avant ce stade du développement.
Faits biologiques

ATTENTION :
Pour faire appel aux émotions et semer la confusion, les adversaires de l’avortement aiment à présenter des images de foetus bien plus développés que 12 semaines et en outre fortement agrandies.


Les méthodes de l’interruption de grossesse

Dans les premières 14 semaines de la grossesse

  • Jusqu’à la 7e semaine d’aménorrhée (5 semaines après la fécondation), l’IVG peut se faire par la méthode médicamenteuse: Mifégyne (RU 486) + prostaglandine.

    La Mifégyne combinée à une faible dose de prostaglandine (des comprimés de Cytotec) est une alternative sûre et efficace pour l’interruption d’une grossesse jusqu’à 7 semaines depuis les dernières règles. Cette méthode assure une expulsion complète de l’embryon dans plus de 95% des cas, sans effets secondaires marquants et sans intervention chirurgicale. Le risque de complications sérieuses est minime.

    Depuis le 22 octobre 1999, la Mifégyne (RU 486) est disponible en Suisse.
    Informations sur la Mifégyne (RU 486)

  • La méthode la plus courante d’IVG est l’aspiration. Elle est d’usage jusqu’à la 14e semaine environ. Cependant la grande majorité des interventions en Suisse (75% environ) se font entre la 6e et la 10e semaine de grossesse (4 à 8 semaines après la fécondation). Après une anesthésie locale (injections) autour de l’orifice de l’utérus ou une courte anesthésie générale, on dilate doucement le col avec de fines tiges de métal. Une canule est ensuite introduite dans l’utérus pour aspirer son contenu; elle a normalement un diamètre de 6 à 10 mm. A ce stade de la grossesse, l’embryon a à peine forme humaine et mesure entre 5 mm et 2 cm (cf. développement de l’embryon).

La cassette vidéo "L’IVG, techniques légères en milieu hospitalier" du Ministère français des affaires sociales et de la solidarité nationale montre, sans dramatiser, comment se passe l’intervention par aspiration sous anesthésie locale (23 minutes. Prêt possible auprès de l’USPDA, cf. commandes).

  • Pour le curetage conventionnel, le procédé est le même. Seulement, l’utérus est évacué à l’aide d’une curette, instrument en forme de cuillère. Cette méthode n’est plus guère utilisée au premier trimestre de la grossesse.

Après la 14ème semaine de grossesse

Les interruptions après la 14ème semaine sont rares, constituant le 5 % au maximum de toutes les interruptions (statistique du canton de Berne). La plupart de ces interventions tardives sont faites suite à une malformation du foetus ne pouvant être mise en évidence avant. D’autres sont nécessaires à cause d’une maladie physique ou psychique grave de la femme enceinte.

En Suisse, à ce stade de la grossesse, on provoque le plus souvent une fausse couche en donnant des prostaglandines, une hormone déclenchant les douleurs.

Après la 24e semaine de grossesse, on ne fait pratiquement plus d’interruptions en Suisse.


ATTENTION:
Les opposants à l’avortement utilisent des images et des termes hautementdramatisants pour décrire l’interruption de grossesse.


Complications et séquelles

Des études réalisées sur plusieurs milliers de femmes montrent clairement que le taux de complications de l’interruption de grossesse est minime:

  • Pour les interventions effectuées dans les premiers mois de la grossesse, le risque se situe en-dessous de 1%.
  • Le risque est nettement inférieur à celui de l’accouchement, seule alternative.
  • Aucune preuve n’a été établie ni d’une augmentation de la stérilité, ni d’un risque augmenté pour les grossesses ultérieures, ni d’un taux plus élevé de cancer du sein chez les femmes ayant subi antérieurement une IVG.
  • On n’a pas constaté non plus de troubles psychologiques plus fréquents chez les femmes ayant subi une IVG. Si certaines femmes peuvent ressentir de la tristesse et des regrets, la plupart d’entre elles ont une sensation de soulagement après l’intervention. Beaucoup plus tard, elles trouvent toujours que leur décision était fondée, même si pour certaines d’entre elles elle a été difficile à prendre. Le "syndrome post avortement" (PAS) est une invention des milieux anti-avortement.
  • Les femmes qui ont été contraintes de mettre un enfant au monde contre leur gré, ainsi que les enfants non désirés, souffrent plus souvent de troubles psychiques et psychosomatiques que les femmes ayant avorté ou les enfants désirés.


FAUX: "l’avortement a des conséquences graves pour la santé physique et psychique de la femme"

Séquelles psychologiques: Rapport d’un colloque scientifique du 31.5.01, à Berne Sources


Adoption: une alternative?

Pour la plupart des femmes qui envisagent une interruption de grossesse, l’adoption ne présente pas une alternative valable.

A l’inverse, l’interruption de grossesse est rarement prise en considération par les femmes qui décident de faire adopter leur enfant. Contrairement à l’IVG, le fait d’avoir donné son enfant à d’autres provoque souvent des troubles psychologiques: regret, culpabilité, agressivité, dépression, mépris de soi.

L’adoption n’est pas sans problèmes pour les parents et les enfants adoptifs. Ces derniers traversent souvent de graves crises d’identité au moment de la puberté. Jamais l’adoption ne doit être imposée.

Littérature:
Cosmos-Verlag Bern: "Adoptiert. Lebensgeschichten ohne Anfang".
Golomb E. u. Geller H. "Adoption zwischen gesellschaftlicher Reglung und individuellen Erfahrungen." Reihe Sozial- u. Politikwissenschaften. Essen, 1992
Szypkowski Beerte: "Die Kontinuität der <guten Mutter>", Centaurus, 1997
Stamm H. "Probleme des legalen Aborts in der Schweiz", Ars Medici, 1974
Swientek Ch. "Ich habe mein Kind fortgegeben – Die dunkle Seite der Adoption", rororo, 1982


Interruption de grossesse et contraception

Plus le couples utilisent une contraception efficace, moins il y a d’interruptions de grossesse (cf. "Prévenir au lieu de punir"). Cependant, il n’existe aucune méthode contraceptive totalement sûre et indiquée dans tous les cas.

Taux d’échec des contraceptifs
(grossesses annuelles pour 100 femmes utilisant l’une ou l’autre méthode contraceptive)
Stérilisation 0,1 – 0,4
Pilule 0,5 – 3
Stérilet 0,5 – 3
Préservatif 3 – 12
Diaphragme 3 – 19
Observation du cycle 2 – 24
Spermicide 6 – 21
  • Même si toutes les femmes utilisaient régulièrement un contraceptif fiable à 99 %, 3 sur 10 se trouveraient enceintes contre leur gré au moins une fois dans leur vie.
    Hulka JF. "A mathematical model study of contraceptive efficiency". Am.J.Obst.Gyn. 104:443-47,1969
  • En Suisse, 50% environ des interruptions de grossesse sont dues à un échec de la contraception.
  • Enfin, il existe de multiples raisons psychologiques expliquant pourquoi la contraception peut échouer ou n’est pas utilisée. Les hommes et les femmes ne sont pas des robots.

Avortement et natalité

La réglementation de l’avortement n’a guère d’influence sur le nombre des naissances, en tout cas dans les pays industriels occidentaux, où il est possible d’accéder facilement aux moyens anticonceptionnels. La natalité dépend visiblement d’autres facteurs que de la législation sur l’avortement.

Fécondité 1998 (Nombre moyen d’enfants par femme)

Pays connaissant la solution du délai
Norvège 1,8
Suède 1,5
Hollande 1,63
Italie 1,2
Pays connaissant la solution des indications
Irlande (interdiction absolue de l’avortement) 1,9
Grande Bretagne (pratique libérale) 1,7
Suisse (pratique libérale) 1,46
Portugal (pratique restrictive ) 1,46
Pologne (pratique très restrictive) 1,43
Espagne 1,15

Même les contrôles les plus rigoureux de l’application de l’interdiction absolue de l’avortement, tels qu’ils ont été introduits par le dictateur roumain Ceaucescu en 1966, n’ont pas réussi à rehausser durablement le taux de natalité.

Taux de natalité en Roumanie (Naissances pour 1000 habitants)
1966 14,3
1967 (entrée en vigueur d’une loi rigoureuse) 27,4
1983 13,8

En 1999, la Pologne a introduit des restrictions rigoureuses à l’interruption légale de la grossesse. Le taux de natalité n’a pas augmenté, mais considérablement baissé depuis lors. Les femmes cherchent à nouveau à avorter dans la clandestinité. 

Pologne : nombre moyen d’enfants par femme
1990 2
1992 1,93
1995 (loi rigoureuse en vigueur depuis 1993) 1,61
1998 1,43

Par ailleurs, vouloir rehausser la natalité dans l’hémisphère nord paraît plutôt absurde vu la croissance rapide de la population mondiale.

FAUX: "Dans presque tous les pays industrialisés on constate une croissance démographique fortement négative."

Jusqu’en 1997, on n’a constaté aucune diminution de la population dans les pays occidentaux.


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