Source: COURRIER USPDA no 46, nov. 1998
Les méthodes frauduleuses des opposants à l'avortement
Tromperie et démagogie
Avec une initiative au nom trompeur
"Pour la mère et l'enfant", les opposants à l'avortement veulent
combattre l'introduction en Suisse de la solution du délai. Or, le vrai
but de l'initiative n'est pas l'aide aux mères – il y a longtemps qu'une
mère en détresse a droit en Suisse à l'aide sociale – mais
l'interdiction totale de l'IVG, même après un viol et dans l'irrespect
le plus total de la dignité de la femme.
Dans leurs méthodes, les auteurs de l'initiative n'y vont pas par
quatre chemins! En juin, ils envoyaient un prospectus multicolore aux
3,5 millions de ménages en Suisse, dans le but d'attiser les émotions.
Le coût de l'opération : 700'000 francs.
Propagande trompeuse
Tromperie n° 1: Le foetus qui couvre presque toute la
première page du prospectus est déjà au 5ème mois de la grossesse; la
photo a été démesurément agrandie pour donner l'illusion d'un
nouveau-né. Le tout avec un titre accrocheur: "Sauvez 12'000 enfants par
an."
- De tels procédés n'ont rien à voir avec la solution du délai
(délai de 14 semaines). En fait, la plupart des IVG sont réalisées
dans les deux premiers mois de la grossesse, où l'embryon mesure
entre 5 et 20 mm et n'a à peine forme humaine. Quant aux
interdictions d'avorter, elles n'ont encore jamais empêché les
avortements, mais ont mis la vie et la santé des femmes en danger.
Tromperie n° 2: "Une interruption de grossesse peut
avoir de lourdes conséquences physiques et psychiques pour la femme".
- En vérité ces cas sont rares (moins de 1%) et l'accouchement –
seule alternative – est bien plus dangereux.
Tromperie n° 3: Au-dessus d'une photo d'éléments de
foetus, la légende dit "ainsi finissent des enfants conçus en Suisse".
- La photo vient de la propagande anti-avortement américaine, elle
date du début des années 70!
Tromperie n° 4: "En Suisse, il existe plus de 90
points d'aide et d'associations protégeant et soutenant mères et enfants
– nous travaillons en étroite collaboration avec ces mouvements".
- Deux des plus grandes organisations citées, la Ligue suisse des
femmes catholiques et la Fédération suisse des femmes protestantes
ont déclaré dans l'émission "Lipstick" de la TV suisse allemande ne
pas être du tout liées à ce comité. Il n'y a aucune collaboration.
Tromperie n° 5: "Combien coûte l'aide pour la mère et
l'enfant? Nous évaluons à 3000 le nombre réel de situations de détresses
consécutives à une grossesse." Avec 20 millions de francs par an, les
auteurs de l'initiative entendent y remédier.
- Ce ne sont pas 3000 femmes qui sont en situation de détresse,
mais chacune des 12'000 femmes qui chaque année se décident à
interrompre leur grossesse. Seulement cette détresse n'est rarement
que financière. D'ailleurs, pour remédier à la pauvreté, une
indemnité unique d'environ 6'666 francs ne devrait pas suffire
– un enfant coûtant à ses parents, jusqu'à sa 20ème année, au total
340'000 francs.
Tromperie n° 6: "Sans avortements, la caisse maladie
est plus avantageuse!"
- L'"assurance" dont il est question n'en est pas une, c'est une
association, dont les membres renoncent librement au remboursement
d'une interruption de grossesse par la caisse maladie à laquelle
elle est affiliée. Cependant, un tel engagement est nul, les caisses
maladies étant légalement obligées de payer. Il n'y a pas de
réduction de primes, ce qui ne saurait d'ailleurs se justifier,
étant donné qu'un accouchement coûte bien plus cher qu'une IVG.
Mensonge: "La solution du délai rend l'avortement
possible jusqu'à l'aube de la naissance".
- Aujourd'hui déjà, il est théoriquement possible de pratiquer une
interruption de grossesse "jusqu'à la naissance". Dans la pratique,
cela ne se fait pas. Les interventions tardives, jusqu'à env. la
24ème semaine, ne sont pratiquées que très rarement dans des cas
extrêmement graves. Aucune femme, aucun médecin procède à une telle
intervention de gaieté de coeur. La solution du délai n'y change
rien; elle renonce simplement à l'avis conforme d'un 2ème médecin
pour les interruptions thérapeutiques tardives.
Interprétations faussées
Sur les pages Internet des opposants à l'avortement, nous sommes une
fois de plus tombés sur des demi-vérités, des désinformations et des
interprétations gravement faussées de travaux scientifiques:
"Selon une étude américaine, 94% des femmes ont dit regretter une
IVG. La plupart d'entre elles souffrent de problèmes psychologiques et
présentent les symptômes psychosomatiques les plus divers".
- Cette "étude" est une enquête faite auprès de 260 membres du
groupe anti-avortement WEBA (Women exploited by Abortion), donc de
femmes qui se sont précisément rencontrées parce qu'elles ont des
problèmes – pour quelle raison que ce soit. On ne parle pas des
enquêtes représentatives faites auprès de milliers de femmes et qui
ont montré qu'il n'y a pas plus de problèmes psychiques parmi
les femmes qui ont subi une IVG que parmi celles n'ayant jamais
interrompu une grossesse.
Sources (entre autres):
Gilchrist AC. et al. "Termination of Pregnancy and Psychiatric
Morbidity" Brit.J.Psych. 167:243-48, 1995
Russo NF, Dabul AJ. "The Relationship of Abortion to Well-Being",
Prof. Psychol: Research and Practice 28:23-31, 1997
"On dispose de statistiques médicales sur les suites physiques de
l'avortement (.. stérilité, naissance prématurée lors de grossesses
ultérieures, etc.)".
Il est fait référence à la page Internet de l'Elliot Institute, une
institution des opposants américains à l'avortement. Cet Institut
affirme que l'IVG provoque des complications lors de grossesses
ultérieures et qu'il y a un plus grand nombre d'enfants malformés. Il se
réfère à une publication de Hogue, Cates et Tietze.
- En vérité, Hogue, Cates et Tietze, sur la base d'une étude
exhaustive de la littérature, arrivent à la conclusion suivante:
"Une IVG réalisée par la méthode de l'aspiration n'augmente pas les
risques lors de la prochaine grossesse".
L'Elliot Institute affirme plus loin:
"Une IVG augmente fortement le risque de grossesse tubaire". Source :
Janet Daling.
- En vérité, Daling arrive à la conclusion suivante dans son étude:
"Nos résultats montrent que les IVG légales n'augmentent pas
sensiblement le risque de grossesse tubaire. On n'a trouvé
pratiquement aucun risque plus élevé auprès de femmes qui n'avaient
subi qu'une seule IVG." Sa conclusion concorde avec celles d'autres
études.
Ce même Institut prétend encore:
"Lors d'une IVG, environ 10% des femmes souffrent de complications
immédiates dont un cinquième (2% des cas) est considéré comme menaçant
la vie de la femme". Source: P.I. Frank.
- En vérité, Frank écrit dans son étude sur 6100 femmes: "Des
complications sérieuses telles que nous les avons définies se sont
présentées dans 2,1% des cas. On peut toutefois considérer qu'une
perte de 500 ml de sang n'est pas une complication grave. De
nombreuses personnes donnent régulièrement autant de sang sans avoir
le moindre problème. Si on ne tient compte que de la nécessité de
faire une transfusion de sang, le risque de complications graves se
réduit à 0,8%". Nulle part dans sa publication Frank ne parle de
complications menaçant la vie de la femme. Bien au contraire, dans
ses conclusions il considère l'IVG comme "une intervention
relativement sûre avec un taux faible de suites sérieuses".