Avortement – interruption de grossesse : pour le droit au libre choix

Mifégyne (RU 486) ou méthode chirurgicale ? Comparaison des méthodes

Depuis le 1er novembre 1999, la méthode médicamenteuse de l'IVG par la Mifégyne est accessible en Suisse. Elle est offerte dans la plupart des hôpitaux et des cabinets gynécologiques ainsi que dans certains cabinets médicaux.

Déroulement

Les deux méthodes d’interruption de grossesse :

Méthode chirurgicale
(Méthode par aspiration)

On peut utiliser la méthode par aspiration jusqu’autour de la quatorzième semaine, calculée à partir du premier jour des dernières règles. L’intervention se fait à l’hôpital ou dans un cabinet médical, avec hospitalisation ou en ambulatoire (c.-à-d. que vous pouvez rentrer chez vous quelques heures après).

Afin de faciliter l’intervention, on peut assouplir le col de l'utérus au moyen d’un médicament (prostaglandines) le jour précédant l’intervention ou le jour même.

L’intervention se fait sous anesthésie générale ou locale. Après administration du produit anesthésiant, on dilate le col de l’utérus délicatement jusqu’à environ 6 à 12 mm, à l’aide de tiges de métal. On introduit ensuite un instrument fin avec lequel on aspire le contenu de la cavité utérine. L’intervention dure environ 20 minutes. En fonction de l’endroit où a lieu l’intervention, vous rentrerez à la maison soit 2 à 8 heures après l’intervention, soit le lendemain.

Vous passerez généralement une visite de contrôle 2 semaines après l’intervention.

Méthode médicamenteuse
(Mifégyne avec prostaglandines)

En Suisse, on peut utiliser cette méthode jusqu’à la fin de la septième semaine, calculée à partir du premier jour des dernières règles. L’interruption de grossesse se fait en ambulatoire, ou dans une clinique ou au cabinet médical, à l’aide de deux médicaments : avec la Mifégyne (anciennement appelé RU 486) et une prostaglandine. La Mifégyne bloque l’action d'une hormone appelée progestérone et arrête le développement de la grossesse. Sous l’action de la prostaglandine, l’utérus se contracte et expulse l’embryon.

Vous avalez trois comprimés de Mifégyne en présence d’un médecin. Peu de temps après, vous rentrez à la maison. Deux jours plus tard, vous retournez à la clinique ou au cabinet médical où vous avalez 2 comprimés de prostaglandines. Ensuite, vous restez quelques heures en observation. Chez environ deux tiers des femmes, l’embryon est expulsé au cours de cette période. Chez les autres femmes, l’expulsion a lieu plus tard, à la maison. À ce stade précoce et en fonction de la durée de la grossesse, l’embryon mesure entre 2 et 8 mm.

Vous passerez une visite de contrôle 2 semaines après la prise des prostaglandines.

En fonction du lieu de l’intervention, ce déroulement peut légèrement varier par rapport à cette description.


Effets secondaires

Méthode chirurgicale Méthode médicamenteuse
Douleurs
L’intervention se fait sous anesthésie générale ou locale. Des douleurs peuvent occasionnellement survenir après l’intervention, ou brièvement pendant l’intervention, en cas d’anesthésie locale. En cas de besoin, on vous administrera un analgésique. La majorité des femmes ressent des douleurs qui sont un peu plus fortes que celles ressenties pendant les règles. En général, elles disparaissent rapidement. Des douleurs plus fortes ou de plus longue durée peuvent occasionnellement survenir. En cas de besoin, on vous administrera un analgésique.
Saignements
Après une intervention chirurgicale, les saignements sont généralement moins abondants que pendant des règles normales et durent de 4 à 5 jours. Après l'expulsion, des saignements souvent un peu plus abondants que des règles normales apparaissent. Ils durent en moyenne 9 jours, parfois un peu plus longtemps.
Nausées / Diarrhée
L’anesthésie peut entraîner des nausées. La prostaglandine peut entraîner des nausées et une légère diarrhée.


Risques et complications

Les risques sont minimes pour les deux méthodes. Des complications graves surviennent dans moins de 1% des cas. Les problèmes de santé ultérieurs sont rares et surtout, l’interruption n’augmente pas le risque de ne plus pouvoir avoir d’enfants par la suite. Il n’y a pas plus de problèmes psychiques liés à la méthode médicamenteuse qu’à la méthode chirurgicale.

Complications éventuelles :

Méthode chirurgicale
  • Blessures au col utérin et/ou à la paroi utérine
  • Infections
  • Saignements importants
  • Évacuation incomplète, ce qui nécessite une deuxième aspiration
  • Caillots dans les vaisseaux sanguins (thrombose).
Méthode médicamenteuse
  • Saignements importants ou expulsion incomplète de l’embryon, ce qui nécessite une aspiration pour éliminer les tissus restés dans l’utérus
  • Échec de la méthode et poursuite de la grossesse, ce qui nécessite également l’aspiration de la cavité utérine.


Comparaison des deux méthodes

L’efficacité et la fiabilité des deux méthodes sont pareilles. Dans de rares cas, le médecin est obligé de déconseiller l’utilisation de l’une ou l’autre méthode, pour raisons médicales.

Il existe en revanche des différences quant au délai dont la femme dispose pour prendre la décision, ainsi qu’au vécu des deux méthodes, deux aspects dont il faut particulièrement tenir compte.

L’interruption médicamenteuse convient aux femmes qui prennent une décision rapide et claire. Pour les femmes qui se décident plus tardivement ou qui ont besoin de plus de temps pour réfléchir, seule l’interruption chirurgicale entre en ligne de compte.

Les différences les plus importantes concernant le vécu de l’interruption:

Méthode chirurgicale
  • Intervention chirurgicale, avec anesthésie générale éventuelle
  • Le moment de l’intervention est clairement fixé dans le temps. L'opération dure peu de temps
  • En règle générale, l’intervention ne se fait pas avant la septième semaine
  • Possibilité de disposer de plus de temps pour prendre une décision
  • L’interruption n’est pas vécue consciemment si elle est réalisée sous anesthésie générale
  • Saignements de courte durée et généralement peu abondants après l’opération
  • Des douleurs plus durables sont rares.
Méthode médicamenteuse
  • Dans plus de 95% des cas, aucune intervention chirurgicale n’est nécessaire. Pas d’anesthésie
  • Le processus dure 3 jours
  • L’interruption peut avoir lieu très tôt, ce qui apporte souvent un soulagement au niveau psychique
  • L’interruption est vécue consciemment
  • Beaucoup de femmes trouvent cette méthode plus naturelle
  • Prise de responsabilité personnelle plus importante
  • Saignements plus longs
  • Douleurs abdominales qui peuvent durer plus ou moins longtemps après l'expulsion.

Rédigé en collaboration avec Dr. Judit Pók, gynécologue, Zurich
Lucia Ritter et Kurt Pfister, COSAN SARL, Volketswil / Zurich

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