Avortement - Interruption de grossesse : Pour le droit au libre choix



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Source : COURRIER no 58, novembre 2002

Votation populaire du 2 juin 2002:

Un résultat magnifique!

Le 2 juin, personne n’aurait osé rêver d’un résultat aussi formidable. Certes, on s’attendait de toutes parts que l’initiative populaire extrémiste au titre trompeur de «pour la mère et l’enfant» aboutisse à un échec écrasant, mais 72,2% de OUI pour le régime du délai c’est au-dessus des espoirs les plus fous.

Chaque sondage d’opinion fait de 1996 à 2002 donnait entre 60 et 76% de voix favorables, mais personne ne pensait que dans une votation populaire les valeurs les plus élevées seraient atteintes. De notre côté, nous visions une majorité de 60 pour cent, et pourtant le jour de la votation nous n’étions pas très sûrs de notre succès, le risque d’un double non nous semblait bien réel. Toutes les personnes rassemblées l’après-midi du 2 juin à Berne pour la fête de la votation attendaient fébrilement les résultats. Lorsque le premier nous parvint, celui de Glaris, et qu’il indiquait 71% de oui, nous crûmes tout d’abord à une erreur. Au fur et à mesure de l’arrivée des autres résultats, nous ne nous sentions plus de joie.

Tous les milieux ont dit oui!

Un fait nous réjouit tout particulièrement: tous les cantons, sauf deux, ont voté oui au régime du délai. Dans les cantons romands de Genève, Vaud et Neuchâtel, qui avaient déjà approuvé le régime du délai en 1977 par 75 à 79% des voix, les résultats ont même encore progressé de 10% – une chose qu’on aurait crû impossible. En outre, il n’y a pas eu de «barrière de rösti» lors de ce vote, puisque même dans la majorité des cantons catholiques de Suisse alémanique le régime du délai a été accepté à environ 60%.

Même les deux cantons défavorables, Appenzell Rhodes intérieures et le Valais, ont fait un grand pas en avant: en 1977, seulement 17,6% des votants valaisans avaient dit oui – aujourd’hui ce sont 46%. En AI les voix favorables ont passé de 7,4% en 1977 à 40% en 2002; ça aussi c’est un succès!

Comme l’a montré l’analyse VOX, dans tous les milieux une nette majorité a approuvé le régime du délai, jeunes et vieux, catholiques et protestants, à la campagne comme en ville. Seuls les pratiquantes et les pratiquants assidus ont clairement rejeté le régime du délai (24% de OUI), tout en n’acceptant que de justesse l’initiative fondamentaliste.

Une chose reste incompréhensible: 6% des votants ont approuvé les deux projets, pourtant l’un excluait l’autre. Les détails de l’analyse VOX montrent qu’en fait ces personnes approuvèrent l’initiative sans vraiment en connaître le but; au vu de leurs convictions, elles auraient dû la rejeter. On peut donc dire que l’initiative «pour la mère et l’enfant» aurait dû atteindre encore moins de voix que les 18,2% obtenus.

Le PDC entre toutes les chaises!

Avec sa stratégie du double non, le PDC n’avait aucune chance. Bien que l’UDC voulait elle aussi un double non, seuls un peu plus de 10% des votants ont suivi cette recommandation. Quant à la base du PDC, elle a laissé tomber le parti: un tiers des partisanes et des partisans du PDC ont voté pour le régime du délai, un autre tiers pour l’initiative des fondamentalistes; un tiers seulement a donc suivi le mot d’ordre. Ainsi, le modèle des consultations obligatoires voulu par le PDC, mais que nous avions combattu dès le début, est définitivement hors de question. Le PDC a su se montrer raisonnable en retirant aussitôt après la votation son initiative parlementaire qui entendait remettre une nouvelle fois sur le tapis la discussion sur ce modèle.

Nous avions des craintes à cause de la votation conjointe des deux projets, finalement elle a peut-être joué en faveur du régime du délai. La polarisation ainsi provoquée a incité les personnes qui ne voulaient pas de l’initiative fondamentaliste interdisant tout avortement à donner leur voix au régime du délai.

Le droit au libre choix enfin reconnu

La persévérance de l’USPDA et son travail d’information sérieux pendant des années ont porté leurs fruits, mais surtout l’idée du régime du délai avait mûri. D’ailleurs, il y avait longtemps que la pratique s’était développée dans ce sens.

Aujourd’hui la Suisse reconnaît enfin, et au niveau légal, le droit des femmes au libre choix dans une question aussi personnelle et existentielle que l’interruption volontaire d’une grossesse non désirée.

A part le PDC, les opposants inconditionnels à tout avortement, la Conférence des évêques et le Vatican – qui pensait, contre toute coutume diplomatique, devoir s’immiscer dans une affaire ne concernant que la Suisse – tous se sont réjouis du résultat de la votation. Le comité OUI au régime du délai et l’USPDA ont été inondés de lettres de félicitations et de remerciements.

Dès maintenant: favoriser la prévention

Chacun a enfin compris que la prévention est le seul moyen d’éviter les problèmes liés aux grossesses non désirées.

Avant la votation, les partis étaient tous unanimes: le nombre d’IVG doit être aussi bas que possible. Nous nous réjouissons de constater que de nombreux parlementaires, dans les cantons comme au niveau fédéral, ont déposé des interventions exigeant le développement des services de planning familial.

Il y a deux ans, le Conseil national avait approuvé un postulat demandant que les coûts de la stérilisation soient pris en charge par les caisses-maladie. Nous espérons que cette requête sera bientôt satisfaite, malgré les discussions permanentes sur les coûts de la santé.

Quant à une future assurance maternité, elle semble prendre un nouveau départ.

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