Avortement - Interruption de grossesse : Pour le droit au libre choix



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Source: COURRIER USPDA no. 56, janvier 2002

Astuce publicitaire de mauvais goût

Ni vu ni connu – la boîte à débarras

Avec beaucoup de tapage médiatique, le groupe anti-avortement «Pour la mère et l’enfant» a installé, au printemps 2001, une «boîte à bébés» à Einsiedeln (canton de Schwyz). Jusqu’à ce jour cependant, aucun enfant n’y a été déposé. Suite au récent incident tragique de Zurich, où une jeune femme droguée a tué son nouveau-né, la discussion autour de la boîte à bébés a été relancée. Conformément aux attentes, cette mesure ne permet toutefois pas d’empêcher de tels drames.

De toute manière, la boîte à bébés n’a rien à voir avec le régime du délai et ne constitue en aucune façon une alternative à l’IVG. Les femmes qui décident d’interrompre une grossesse et qui entreprennent à temps les démarches nécessaires, agissent de manière réfléchie et maîtrisent la situation – tout au contraire des femmes qui abandonnent ou même tuent leur bébé après la naissance.

La stratégie des adversaires de l’IVG ressort clairement : en créant la boîte à bébés, ils ont voulu une fois de plus se mettre en évidence. Et ils ont réussi.

Pourquoi à Einsiedeln ?

D’un point de vue rationnel, cette localisation est absurde, Einsiedeln étant une petite ville située assez loin des grandes agglomérations et difficilement atteignable par les transports publics.

Le choix de l’hôpital d’Einsiedeln paraît s’expliquer en premier lieu par le fait que le médecin gynécologue en chef de cet hôpital est «un des leurs». Ajoutons que Einsiedeln est connu comme lieu de pèlerinage catholique.

Importé d’Allemagne

L’idée des boîtes à bébés vient d’Allemagne, où elles ont également été propagées par des adversaires de l’IVG. Toutefois, en dépit d’une publicité massive elles n’ont été que très rarement utilisées. Parallèlement est née l’idée de l'accouchement anonyme, censé garantir des soins médicaux appropriés à la mère et à l’enfant.

Une forte opposition à ces deux phénomènes est cependant en train de monter en Allemagne, notamment de la part d’expert-e-s en matière d’adoption, d’universitaires des sciences sociales et psychologiques, mais aussi d’organisations de personnes ayant été adoptées.

Aucun problème résolu

Ces critiques avancent que les femmes qui abandonnent ou tuent leur nouveau-né souffrent de troubles psychologiques graves. Elles nient ou refoulent le fait d’être enceintes. Dans le stress physique et psychique lié à l’accouchement, elles agissent sous la panique. Or la panique exclut toute action consciente et réfléchie, comme la décision d’aller déposer l’enfant dans la boîte à bébés. Ce que démontre clairement le drame de Zurich.

La Professeure Christine Swientek, chercheuse dans le domaine de l’adoption à Hanovre, constate dès lors que la boîte à bébés peut constituer une option uniquement pour les femmes informées, en mesure de planifier leurs actions et qui, par conséquent, seraient tout aussi capables de mettre en place une procédure d’adoption ordinaire. Un choix dont les conséquences sont nettement moins graves. (1)

Le nombre d’enfants abandonnés ne diminuera pas grâce à la boîte à bébés ou à l’accouchement anonyme. Par contre, le risque existe de créer une nouvelle « clientèle », celle d’acteurs criminels cherchant à « se débarrasser » d’enfants gênants nés de situations de prostitution forcée, de relations incestueuses ou du trafic de femmes, sans courir le risque d’être dévoilés.

L’enjeu de l’adoption

Swientek et d’autres chercheurs font remarquer le caractère généralement problématique de l’adoption. La plupart des mères qui ont recouru à cette possibilité souffrent toute leur vie de sentiments de culpabilité. Elles sont souvent atteintes de maladies psychosomatiques et présentent même fréquemment des tendances suicidaires. L’abandon de l’enfant à travers la boîte à bébés ou l’accouchement anonyme pourrait aggraver ces problèmes. Swientek écrit à ce sujet: «L’accouchement anonyme (et la boîte à bébés, n.d.l.r.) va effacer tous les progrès que nous avons faits ces vingt dernières années en matière d’adoption».

Ce sont les enfants abandonnés qui sont le plus gravement touchés. Ils ne connaîtront jamais leurs racines. Beaucoup d’entre eux en souffriront toute leur vie. En France, le seul pays autorisant l’accouchement anonyme, des personnes nées de cette manière se regroupent pour lutter contre cette loi.

« Mères porteuses » d’un autre genre

L’argument selon lequel les femmes devraient mener à terme toute grossesse non désirée au lieu de l’interrompre, pour ensuite remettre l’enfant à un couple qui n’en a pas, porte le débat sur les « mères porteuses » à un autre niveau. Dans les deux cas, l’enfant est réduit à un produit. La seule différence c’est qu’au lieu d’être rémunérée, une femme enceinte contre son gré est censée mener la grossesse à terme et céder l’enfant gratuitement.

L’institution de l’adoption se trouve ainsi pervertie car elle ne sert plus à procurer des parents à un enfant qui n’en a pas, mais un enfant à un couple sans descendance.

voir aussi adoption

(1) Swientek Chr. "Warum anonym – und nicht nur diskret? – Babyklappen und anonyme Geburt." Zeitschr. Familie, Partnerschaft, Recht Nr. 5/2001, 353-57

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