Avortement - Interruption de grossesse : Pour le droit au libre choix



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Expertes et experts pour le régime du délai
Conférence de presse du 26 mars 2002

Un point de vue théologique en faveur du régime du délai

Texte du Prof. Denis Müller (Faculté de théologie, Université de Lausanne)

L’Evangile accorde une place centrale à toute personne aux prises avec un problème existentiel et spirituel, comme l’attestent les nombreux récits du Nouveau Testament où des femmes se battent non seulement pour leur santé ou pour leur guérison, mais également pour leur place dans la société et pour la reconnaissance de leur dignité. Jésus prend toujours clairement position en faveur de ces personnes menacées et fragilisées, afin de redresser la femme courbée (Luc 13,10-13) ou le paralytique.

Comme protestants, nous ne sommes pas favorables en principe à l’avortement, si cela devait signifier que nous serions des partisans enthousiastes et militants de l’interruption de grossesse, pratiquée à haute échelle et devenue banale. Autrement dit, tout en approuvant clairement le régime du délai, pour des raisons pragmatiques qu’il estime possible de justifier théologiquement et éthiquement, le protestantisme tel que nous le comprenons ici ne considère pas l’avortement comme un bien à poursuivre, mais comme un moindre mal à limiter, à encadrer et à réguler.

Le régime du délai n’est donc pas à lire comme une légitimation inconditionnelle et comme une porte ouverte sur la banalisation de l’interruption de grossesse. En tant que disposition juridique minimale, il laisse entièrement place à la responsabilité éthique et à l’accompagnement personnel.

En tant qu’elle porte atteinte à une vie humaine en devenir, toute interruption de grossesse contrevient en principe à l’intention de Dieu et doit être reconnue comme une transgression humaine de l’interdit fondamental de tuer. Une telle affirmation tient compte de la théologie biblique de la création : l’embryon et le fœtus ne sont pas de simples produits biologiques ou naturels de l’activité sexuelle des humains, ils entretiennent un lien avec le projet du Dieu créateur.

En Jésus-Christ, Dieu a tellement aimé le monde qu’il accueille dans son amour, avec un immense respect et une infinie tendresse, les actes libres et responsables de ses créatures, y compris lorsque, dans une situation d’authentique détresse et de conflit de conscience irrépressible, elles en viennent à préférer la transgression dramatique que constitue une interruption de grossesse à un mal plus important, portant à des conséquences plus graves et plus durables encore.

Concrètement, il peut s’avérer plus éthique, dans la perspective de l’Evangile, de se résoudre à une interruption de grossesse, lorsque sa situation de détresse conduirait une femme à mettre en périls des valeurs encore plus hautes ou importantes que la vie du fœtus.

Dans bien des situations, et, espérons-le, dans la majorité des cas, on doit au contraire admettre que la sauvegarde de l’enfant à naître contribuera à un déploiement heureux et harmonieux de ces valeurs. C’est bien sûr le sens d’une consultation proposée dans un esprit de liberté et de responsabilité que de favoriser au maximum l’accueil de la vie.

En aucune manière, le régime du délai (sans oublier la période d’indications qui lui succède nécessairement) ne doit être compris comme une „ solution " à caractère éthique ou normatif tendant à banaliser et à encourager une pratique plus intensive de l’interruption de grossesse. Elle représente seulement un seuil juridique minimal destiné à assurer la légitime et indispensable décriminalisation de l’acte.

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